Consulter
le sommaire Orthotypo en librairie
au responsable du site
(Pour poser une question, suggérer une amélioration ou signaler une coquille) Typographie, choix éditoriaux, et brève histoire de… l’Opus Lacroussianum Magnum Ce site web et les fichiers qu’il contient sont placés sous Licence Creative Commons (by-nc-nd) |
|
Pacte
Accord,
conférence, traité, Alliance,
Convention.
Le
pacte Briand-Kellogg, le Pacte atlantique, le pacte de Varsovie.
Page Belle page, Feuille, feuillet, Folio, Ligne creuse.
Abréviation :
P., p. (Page, pages).
••
Le mot page ne s’abrège que dans les notes, les annexes,
etc. (voir : Abréviation,
Index). Dans le
texte courant, il ne s’abrège que dans les références situées
entre parenthèses.
Lefevre
1883.
Page
courte : qui a une ligne de moins qu’une page pleine.
Page
longue : qui a une ligne de plus qu’une page pleine.
La
dernière page d’un chapitre doit avoir plus de cinq lignes.
Impr.
nat. 1990.
Paginer :
folioter les pages d’un ouvrage.
Pagination :
ensemble des folios d’un ouvrage.
Mises
en page, mise en pages…
À
Typographie, le 3 décembre 1997.
É.
ANGELINI :
J’aimerais savoir pourquoi personne, dans cette
« lidie », ne met de s final à mise en
pages ?
[…]
Osons deux explications (sérieuses ?). Influence (abusive,
car « mise en pages » n’appartient à aucune des
catégories concernées) des rectifications du Conseil supérieur…
Influence (abusive, également…) des metteurs en pages travaillant
dans la publicité, où ils mettent souvent en pages une seule
page (affiche, annonce de presse, etc.)…
À
Typographie, le 28 novembre 2000.
J.
ANDRÉ :
Je n’ai jamais vu cette subtilité. Tous les bouquins que j’ai
parlent toujours de mise en page sans s, même quand ils
parlent d’imposition.
Même
tes dictionnaires de la française langue ? La plupart des
bouquins sérieux dont je dispose écrivent « mise en
pages ».
S’agissant
de l’édition et de la presse, c’est la seule forme correcte… car
elle seule a un sens intelligible. Si un objet graphique n’avait
qu’une « page »… par définition, il ne s’agirait
pas d’une page en tant que telle… mais, par exemple, du recto d’un
bout de papier… une affiche, une étiquette, un machin qu’on colle
quelque part… ou que l’on insère au petit bonheur dans un flux
ordonné… devenant ainsi une page, mais une page qui s’est fait
mettre ailleurs, sous un autre nom.
Il
est certain que « mettre en pages » une page de grand
titre serait assez étrange. C’est pourquoi on la compose… Il me
semble aussi que la tentation du singulier tient à la confusion de
deux activités distinctes : la maquette et la mise en pages.
A priori, la part dite créative ressortit « avant » tout
à la maquette. La confusion tient probablement au fait que
« maquettiste » désigne des gens qui le plus souvent ne
font que de la mise en pages. (Attention ! Nul mépris dans
cette observation ! Le grand art, la vraie création consiste
souvent à bien mettre en pages à partir d’une maquette foireuse.)
Si
l’on tient absolument à « mettre en page(s) » une
affiche ou une étiquette de calendos, alors là… le singulier
s’impose, évidemment… mais, encore une fois, faudra d’abord
démontrer qu’il s’agit de pages… N’évoquons pas les « pages
web », déjà que je passe pour un mec pas très à la page,
inutile d’en remettre une dose…
J.
ANDRÉ :
D’aucuns ici disent, avec raison, qu’on met toujours en page
deux pages (paire et impaire).
On
ne devrait pas se donner l’inutile peine de mettre une (ou deux,
ou mille…) page(s) en pages… Les pages n’ont pas à être mises en
pages, les plis n’ont pas à être mis en plis, et la scène n’a pas
à être mise en scène. […] On met du texte (ou des images) en
pages… et, tu as raison, mieux vaut le mettre sur une double…
Palais
Monument
Palme
Académie
Partie
arrondie des lettres : a b c d e g o p q.
Papier
Format
Paragramme
Coquille
Paragraphe Alinéa, Astérisque.
•••
Souvent confondu avec l’alinéa (ligne dont le premier mot est
rentré, renfoncement au début d’une ligne, portion d’un texte
comprise entre deux de ces renfoncements), le paragraphe est
séparé d’un autre paragraphe par une ou plusieurs lignes blanches
(un ou trois astérisques viennent parfois aider à borner leurs
territoires). Un paragraphe peut accueillir plusieurs alinéas.
Drillon
1991, Gradus
1980, Grevisse
1986, Impr.
nat. 1990, Littré
1872.
Larousse
1999, Lexis
1989, Robert
1985.
Un
paragraphe peut être extrêmement court :
« En
arrivant, je coupais des roseaux secs et nous faisions un lit pour
la Guitte, je ne vous ai pas dit : une belle petite que nous
avions, grasse, rose, avec des cuisses…
Il
s’arrêta.
—
Quand on est si heureux, on devrait se méfier ; seulement,
voilà, on ne s’en aperçoit jamais sur le moment.
J’avais
mes soucis, comme tout le monde, mais je n’étais pas de gros
désir. » – Jean GIONO,
« Champs », Solitude de la pitié.
Abréviation
Quoi
qu’en pensent quantité de scripteurs, le signe § connaît de
très sérieuses limitations d’emploi.
1.
Il doit être nécessairement suivi d’un nombre exprimé en
chiffres ou d’une combinaison quelconque de signes indiquant son
rang : § 8.1 et 9.43, premier paragraphe ;
§ 5-A.
2.
Le moindre déterminant exclut que l’on fasse appel à
lui : les paragraphes 8 et 9.
Code
typ. 1993, Impr.
nat. 1990.
Exemples
d’emplois fautifs : [§ « Agriculture » ; 2e § ;
voir les § 6 et 7 ; je vous renvoie au § 5 ;
relire l’ensemble du § 3.]
Conséquence.
— § ne s’emploie que dans les notes et les renvois, sauf pour
certaines publications spécialisées : techniques, juridiques,
scientifiques, etc. Pour les autres ouvrages et si l’on tient
absolument à l’amputation, l’abréviation régulière paragr. est,
dans le corps du texte, la seule tolérable (voir : Abréviation).
Le
signe § ne se « double » pas au pluriel :
[§§ 4, 5, 8] > § 4, 5, 8.
¶
Espace insécable entre le signe § et le chiffre qui le suit.
||
Signe qui s’emploie surtout dans la composition des dictionnaires,
afin de séparer deux acceptions d’un même terme.
¶
Aligner des caractères de différentes forces de corps.
Se parangonner (argot des typographes) : s’appuyer quelque
part pour éviter de tomber.
Parc
Jardin
Parenthèse Énumération, Ponctuation, Tiret.
Une
parenthèse ouvrante doit être complétée par une parenthèse
fermante. (Une parenthèse ouverte doit être fermée.)
Une parenthèse fermante n’est pas nécessairement précédée d’une
parenthèse ouvrante. Ces parenthèses solitaires ne sont guère
recommandables. Les romanciers font ce qu’ils veulent :
« — Écoute, Maman, concentre-toi bien. Dois-tu utiliser les
feux de croisement, aussi bien le jour que la nuit, 1) quand il
pleut, 2) quand il y a des chutes de neige, 3) quand tu aperçois
le Saint-Esprit au milieu de la
route ? » – François WEYERGANS,
Je suis écrivain.
Si
le texte entre parenthèses est une phrase autonome : point
final avant la parenthèse fermante : « Ce sont des ânes…
des ânes bâtés. (Elle parlait des médecins.) Je ne veux plus en
voir un seul. » – Marcel PRÉVOST,
les Anges gardiens.
Si
le texte entre parenthèses appartient à une phrase : pas de
ponctuation avant la parenthèse ouvrante, ponctuation éventuelle
avant et après la parenthèse fermante.
Girodet
1988, Lefevre
1883.
¶ Espace
Voici la règle :
espace justifiante (pas d’espace — pas d’espace) espace justifiante
Eh
bien, cette règle est trop stricte…
Jadis,
on n’hésitait pas à jeter un peu de blanc après les parenthèses
ouvrantes et avant les parenthèses fermantes. On veillait
simplement à ce que ces blancs soient très inférieurs à l’espace
des mots.
I.
Tirets, ponctuation
et parenthèses imbriqués
À
Typographie, le 1er
décembre 1997.
D.
PERNELLE :
Quelles sont les règles admises en typo pour les imbrications de
parenthèses ? Dans un texte et non pas dans une
démonstration mathématique : peut-on en imbriquer plusieurs
et, quand elles sont côte à côte, ne doit-on en mettre
qu’une ?
Ça
dépend… Si l’on écrit un texte sans rechercher d’effet (de tous
ordres) particulier, on peut employer les crochets (à condition
qu’ils ne jouent pas un rôle spécifique [par exemple la
délimitation des interventions d’un tiers — par exemple l’éditeur,
à tous les sens du terme — sur le texte d’un auteur])…
Si
l’on s’appelle Raymond Roussel (ou si l’on cherche à l’imiter (ce
qui est imprudent)), on peut s’amuser aussi à imbriquer les
parenthèses (pour éviter le ridicule (toujours possible (hélas…)),
une certaine maîtrise est nécessaire).
Le
mieux, franchement, c’est encore d’éviter la multiplication des
parenthèses et surtout leur imbrication… La plupart du temps, ce
sont des béquilles (certes courbes) qui masquent mal une pensée
claudicante…
À
F.L.L.F., le 8 janvier 2002.
Hier
soir, pour me consoler de la mort d’Étiemble, j’ai repris son Art
d’écrire et j’y ai trouvé ceci :
« Par
le Créateur, laissez tomber parenthèses et guillemets ! Pour
les propositions incises, il y a un excellent signe de
ponctuation, le double tiret (— le mot que vous voudrez —). Il y a
deux sortes d’écrivains qui utilisent les guillemets : ceux
qui sont timides et ceux qui n’ont pas de
talent. » – Anton TCHEKHOV,
Lettre à Lazarev-Grouzinski.
J’ignore
si les parenthèses sont du bon Anton ou du traducteur…
À
F.L.L.F., le 3 juin 2002.
M.
GOLDSTEIN :
Que convient-il d’écrire ?
1.
Va-t-en (il le pensait vraiment !). 2. Va-t’en (il le
pensait vraiment !) 3. Une jupe bleue ou verte, je ne sais
plus (?) 4. Une jupe bleue ou verte, je ne sais plus (?).
1…
Mais : « Va-t’en. (Il le pensait vraiment !) »
serait aussi bien…
4…
Mais : « Une jupe bleue ou verte, je ne sais
plus. » ; ou : « Une jupe bleue ou verte. Je
ne sais plus. » ; ou : « Une jupe bleue ou
verte ? Je ne sais plus. » suffirait largement…
M.
GOLDSTEIN :
Faut-il retenir que le point final est superflu lorsque la
parenthèse se ferme sur un point d’exclamation ?
Non,
rien à voir :
« Va-t’en
(il le pensait vraiment !). » ; ou « Va-t’en.
(Il le pensait vraiment !) »
F.
B. : Si, par exemple, je tape « Comme démontré dans
l’article de Machin, Journal de Tautologie Théorique
(1995). », je suis certain que mon correcteur s’arrêtera
dessus lors de la relecture, en me disant (je paraphrase) qu’une
parenthèse ne saurait être suivie d’un point.
Puis-je
dire que votre vérificateur électrochosique est un connard… sans
susciter les protestations offusquées des ligues locales de
vertu ?
II.
Parenthèses, gras et italique
À
Typographie, les 9 et 10 décembre 1999.
J.
ANDRÉ :
Si ce bout de texte est en gras, les parenthèses doivent-elles
être en gras ? (Si, si : il y a des cas, rares il est
vrai, où ça arrive.)
Oui,
parenthèses grasses, mais j’espère bien qu’ils sont rares, tes
cas… Parce que, hormis les entrées de glossaire ou quelques cas
similaires, j’ai quelque peine à saisir l’astuce…
Si
un fragment de texte est en gras (pouah…), c’est qu’il est
salement important, first class, à ne pas manquer… et s’il est si
important que ça… qu’est-ce qu’il fout entre parenthèses ?
J.
ANDRÉ :
Mais… p. 70 de l’I.N. (art. « Dialogues »),
vous trouvez : « Ô rage ! (Se
reprenant.) Homme de bien », etc.
Les
tenants de la « non-italisation » des parenthèses
balisant un fragment intégralement en italique et sis au sein
d’une phrase en romain te répondront qu’il s’agit là d’un autre
cas… celui de la parenthèse autonome.
Ce
faisant, ils ruineront eux-mêmes leur argumentation… car, si une
parenthèse peut être autonome… c’est bien la preuve que les deux
signes qui la balisent lui appartiennent !
E.
CURIS :
Une convention souvent rencontrée en chimie, c’est de noter les
produits par un nombre en gras. On a alors souvent des phrases
du genre : « Soit le N,N-diméthylformamide (1)
et le… »
Je
ne pense pas assez à ces choses-là… Remarque, cela vaut sans doute
mieux, je n’y connais rien…
P.
JALLON :
J’avais l’habitude d’expliciter tous les sigles et acronymes,
afin d’être intelligible pour tout le monde. Typiquement, ça
donnait ceci : « Le nouveau patron de Canal France
international (CFI) a rencontré le
président-directeur général de l’Agence France-Presse (AFP)
à la suite de l’affaire. »
Sauf
que, là, tu fais exactement le contraire de ce que tu annonces… Tu
n’explicites pas les sigles, tu précises qu’aux dénominations
développées que tu emploies dans la phrase correspondent des
sigles… Tu fais donc ce que je dénonçais : tu mets en gras le
subalterne, le secondaire (qui est à sa place entre parenthèses…).
Expliciter
un sigle, c’est ceci : « Le nouveau patron de C.F.I.
(Canal France international) a rencontré… » Ici, tu peux
engraisser ton sigle, bien qu’à mon sens la manœuvre soit hideuse
et inutile (les caps suffisent largement à attirer l’attention des
lecteurs distraits…).
P.
JALLON :
Pour d’évidentes raisons esthétiques, seul le sigle ou
l’acronyme était mis en gras.
Je
ne te demanderai pas de préciser ta conception de
l’« esthétique » (cela nous entraînerait trop loin) mais
celle de l’« évidence »…
P.
JALLON :
Dans tous les autres cas de figure, les noms en gras n’étaient
jamais encadrés par des parenthèses.
Parce
que cela aurait été trop évidemment inesthétique ?…
« Une
démocratie où la vie publique est constituée
par la lutte des partis politiques est incapable d’empêcher
la formation d’un parti qui ait pour but avoué de la détruire.
Si elle fait des lois d’exception, elle s’asphyxie elle-même.
Si elle n’en fait pas, elle est aussi en sécurité qu’un oiseau
devant un serpent. »
Simone WEIL,
l’Enracinement.
L’Action
française, les Forces françaises de l’intérieur (F.F.I.), les
Frères musulmans, le Ku Klux Klan, le Mouvement de la paix, le
Mouvement républicain populaire (M.R.P.), le Parti communiste
français (P.C.F.).
« Le
parti des Constipés exige, au dessert, les
pruneaux. » – Georges BERNANOS,
les Grands Cimetières sous la lune.
Particule Article dans les noms propres, Bibliographie, Index, Majuscule, Voie et espace public.
« Il est
toujours avantageux de porter un titre nobiliaire.
Être de quelque chose, ça pose un homme, comme être
de garenne, ça pose un lapin. »
Alphonse ALLAIS,
le Chat noir, le 25 janvier 1890.
1.
Particules françaises
En
français, il convient de bien distinguer la particule
« de » (forme élidée : « d’ ») qui est
une préposition, des particules « Du »,
« Des » (de le, de les) qui sont des articles
contractés.
Rappel.
— Dans les patronymes, l’article s’écrit avec une majuscule
initiale ; il ne peut être supprimé, il détermine l’ordre
alphabétique : La Mettrie, Le Goff.
Après
une particule, il conserve la majuscule : Roger de La
Fresnaye, Emmanuel de Las Cases. La minuscule était déjà un
archaïsme à la fin du XIXe
siècle ; c’est aujourd’hui une faute (
sauf dans la composition « non modernisée » de textes
anciens).
L’article
appartenant (majuscule) à un patronyme ne doit pas être confondu
avec l’article qui précède (minuscule) un patronyme ou un
surnom : le Caravage, la Voisin, le Greco ; la Callas
lisait-elle La Bruyère ?
Code
typ. 1993, Impr.
nat. 1990.
Gouriou
1990 [Jean de la Fontaine, M. de la Palisse, etc.],
Leforestier
1890, Ramat
1994, Zacharia
1987.
La
distinction entre particules nobiliaires et
« roturières » n’a aujourd’hui aucun sens ; elle ne
passionne que les nostalgiques des lettres de cachet.
•••
Les particules « de » et « d’ »
(prépositions) s’écrivent
toujours en minuscules : Jean de La Fontaine, Alphonse de
Lamartine, Jeanne d’Arc, Charles de Gaulle, la famille de La
Rochefoucauld, Monsieur de M., le cardinal de Richelieu, le baron
d’Holbach, le comte de Vigny.
Devant
les patronymes plurisyllabiques, si un prénom, ou un terme de
parenté (famille, frère, oncle, etc.), ou un titre (nobiliaire ou
de civilité), une fonction ou un grade ne sont pas précisés, la
particule « de » est supprimée : La Fontaine,
Lamartine, Richelieu, Vigny ;
mais, éventuellement, les frères Goncourt.
La
particule élidée est, en principe, conservée : d’Artagnan,
d’Holbach ;
mais, éventuellement, les Orléans. On ne supprime pas la particule
« de » devant les noms monosyllabiques (ou bisyllabiques
avec un « e » muet final) : de Gaulle, de Grasse,
de Lattre, de Mun, de Thou. Exceptions : cardinal de Retz,
Retz, Donatien de Sade,
Sade.
Les
particules « de » et « d’ » ne
déterminent pas l’ordre alphabétique (bibliographies,
dictionnaires, index, etc.) : Holbach (d’), Labiche, La
Fontaine (de), Larbaud, Vigny (de). La particule néerlandaise
« De » n’est pas une préposition mais un article,
voir : § 2.5.
Code
typ. 1993, Girodet
1988.
•••
Les particules « Du », « Des » (articles
contractés) s’écrivent avec une majuscule initiale : Joachim
Du Bellay, Bertrand Du Guesclin, Pierre Des Essarts. Le duc du
Maine (Louis Auguste de Bourbon) ne saurait être présenté comme
une exception… pas plus que le roi du Maroc.
Elles
ne peuvent être supprimées : Du Bellay, Du Guesclin, Des
Essarts.
Elles
déterminent l’ordre alphabétique : Daumal, Des Essarts,
Diderot, Du Bellay, Duclos, Du Guesclin.
Doppagne
1991, Larousse
1933, 1999.
Girodet
1988, Gouriou
1990 [du Bellay, du Guesclin, etc.], Larousse
1997, Ramat
1994, Typogr.
romand 1993.
Grevisse
1975 et 1986
relèvent que l’usage est flottant ; certes, il l’est. On
trouve, sous de bonnes (?) plumes contemporaines : [Jean
de la Fontaine] ou [du Bellay] ; à ce triste constat, il faut
opposer la subtilité grammaticale et la logique typographique,
qui, pour une fois, font bon ménage.
Exceptions.
Les
particules « de » et « d’ »peuvent prendre une
majuscule initiale dans les dénominations commerciales : une
voiture De Dion-Bouton.
Elles doivent prendre la majuscule initiale dans tous les cas où
une autre règle l’impose : « De Gaulle est monté sur le
cuirassé De Grasse. »
Il
est inutile — il est même déconseillé — de mettre une majuscule
initiale à la particule « de » pour la distinguer de la
préposition grammaticale : la flotte de de Grasse, le képi de
de Gaulle, [la flotte de De Grasse, le képi de De Gaulle],
« Ce fils à Papa de de Lorges ! Marquis de Lorges ou
baron de Lorges, je ne sais plus. » – François WEYERGANS,
Je suis écrivain.
La
typographie n’a pas pour tâche de masquer les maladresses ou les
subtilités d’expression. Dans certains cas, la majuscule
introduirait au contraire une confusion ridicule : « Que
les Français ne se fient pas à ceux qui se sont réclamés de de
Gaulle pour défendre de Gaulle. » – François MAURIAC,
le Nouveau Bloc-Notes. La graphie adoptée par Mauriac est
la seule correcte.
[de De Gaulle pour défendre de Gaulle], [de De Gaulle pour
défendre De Gaulle].
Gouriou
1990, Hanse
1987.
Code
typ. 1993, Doppagne
1991, Girodet
1988.
2.
Particules étrangères
En
français, une particule patronymique désigne une préposition ou un
article contracté (préposition + article) : l’article seul
n’est pas une particule. Toutefois, il est difficile de respecter
cette belle et claire acception dès lors qu’il s’agit d’examiner
le comportement orthotypographique de « particules »
étrangères au sein de textes ou d’ouvrages rédigés et composés en
français. Dans les « particules » qui suivent se cachent
des articles, voire des conjonctions…
•••
Dans les textes, les bibliographies, les index, etc. rédigés en
français, les « particules » ne prenant pas la majuscule
initiale n’ont pas d’incidence sur le classement alphabétique,
qu’elles soient « françaises » ou
« étrangères » : Beethoven (Ludwig van), De Valera
(Eamon), Kleist (Heinrich von), Van Gogh (Vincent), Viau
(Théophile de).
2.1.
Allemandes : an, auf, van, von, von dem, von
den, von der, zu, Am, Im, Vom, Zum, Zur.
Dans
le corps du texte, la particule « von » disparaît dans
les mêmes circonstances, voire encore plus aisément que le
« de » français : Otto von Bismarck, Herbert von
Karajan, Walther von Wartburg ; le chancelier von Bismarck,
{le chancelier Bismarck}, Bismarck, Karajan, Wartburg. Il est
inutile de faire intervenir ici la notion difficilement
appréciable de notoriété, voire d’ancienneté de la
notoriété : Hans-Jürgen von Arnim, Werner von Braun, Franz
von Papen, Joachim von Ribbentrop.
2.2.
Anglo-saxonnes : Toutes les particules
anglo-saxonnes (à l’exception de « of ») prennent une
majuscule initiale : A, De, De La, Dos, Fitz, Mac, Mc, O’.
Gouriou
1990 [« les particules étrangères suivent, pour
la majuscule, les mêmes règles que la particule française »].
Attention
aux anciennes particules françaises, qui ont perdu leurs bonnes
habitudes et prennent la majuscule initiale : Mazo De La
Roche, Warren De La Rue.
Conséquence :
quelle que soit leur origine, les patronymes américains,
britanniques, irlandais et de la plupart des pays anglophones sont
classés en tenant toujours compte du premier élément.
Attention
au tri des « Mac ». Il y a des « Mac » et des
« Mc » : tous doivent être classés à
« Mac ».
¶
Les méthodes « automatiques » ne peuvent fournir un tri
correct des patronymes que si la saisie des données prend en
compte — dans un champ spécial — les règles relatives à cette
opération.
Tri
automatique
(erroné) |
Tri
manuel
(correct) |
Mac Orlan | MacDonald |
MacDonald | McEnroe |
Machin | Machin |
Madeleine | McLaren |
McEnroe | Mac Orlan |
McLaren | Madeleine |
3.
Récapitulation des tendances
(voir les
exceptions mentionnées ci-dessus)
Majuscule
et indexation des particules dans les patronymes anglo-saxons,
italiens, néerlandais et flamands.
Minuscule
et rejet des particules dans les patronymes allemands, espagnols,
français, portugais, scandinaves.
I.
Le problème de de Gaulle
À
France-Langue, du 23 au 29 juillet 1997.
A.
BOURLAKOFF :
Après tout, le général De Gaulle, avec un D capitale,
comme : van De Walle, dixit le Dictionnaire
étymologique des noms et prénoms de France (Larousse) et…
l’Institut Charles De Gaulle… Sorry pour les aficionados… c’est
moins superbe !
Et
le général de Gaulle orthographiait son nom comment ?… Comme
Du Rempart ?… Cher ami, j’ai des doutes… et ils sont partagés
par la quasi-totalité des ouvrages de référence (dont le
dictionnaire de Dauzat que vous citez…) et par de Gaulle himself…
Même
si l’on peut trouver une origine flamande à ce patronyme, il reste
que ce « de » n’est plus un article (comme dans De
Klerk, De Graaf, etc.)… mais est devenu une préposition… Le temps,
la France et le français sont passés par là, et aujourd’hui
« Gaulle » passera difficilement pour un mot flamand…
Pourquoi vouloir réintroduire un article flamand (ou néerlandais)
devant lui ? Je ne suis pas un aficionado du Général… mais
des bas de casse…
D.
CÔTE-COLISSON :
Mon dictionnaire semble valider « de ». Mais
l’annuaire du téléphone (CD-Rom de France Télécom, pages
« Coup de fil ») confirme que les deux orthographes
coexistent. Exemple : le collège Charles De Gaulle à
07 – Guilherand-Granges et le collège Charles de
Gaulle à 56 – Ploemer.
Y
a pas photo… Faites confiance à votre dictionnaire et oubliez
France Télécom… D’autant que pour un nom de voie publique ou
d’établissement scolaire, les traits d’union s’imposent… :
collège Charles-de-Gaulle.
K.
MUKUNDI :
S’agissant de la position dans une liste alphabétique, les
normes du catalogage elles-mêmes (en matière de bibliographie),
leurs usages plutôt, varient d’une bibliothèque ou d’un centre
de documentation à l’autre. Certains mettront par exemple (pour
De Gaulle, je n’en suis pas sûre) : Ajuriaguerra,
Julien de (ce qui placera cet auteur en tête de liste),
tandis que d’autres préféreront : De Ajuriaguerra,
Julien (il viendra ainsi loin après les patronymes commençant
par A, B, C, et autres Da…).
Eh !
bien, certains ont raison, et les autres ont tort… (du moins selon
les règles françaises). C’est quand même une drôle d’idée de
classer à « D » un homme que l’on appelle Ajuriaguerra…
II.
Particules nobles
et particules « roturières »
Site
Web de Jean-Pierre Lacroux.
L’origine
noble ou roturière n’est plus un critère valide dans les règles
typographiques françaises, qui ont un agréable cachet républicain
depuis fort longtemps… […] On ne va tout de même pas passer notre
temps (je parle surtout du mien…) à faire le tri entre les purs
fins de race, les aristocrates de seconde main, les nouveaux
riches, les prolos à particule syntaxique ! On s’en
fout ! À moins d’être rédacteur à Point de vue ou à Gala,
pourquoi vouloir repérer les vrais et les faux nobles, puisqu’il
n’y a plus de noblesse ? Je me goure ? J’ai mal lu notre
histoire et les maîtres typographes ? J’ai pas regardé ma
montre et c’est déjà la Deuxième Restauration ?
Nobles
ou roturiers, tous * les « de » précédant un
patronyme « français » sont en France des prépositions
(et des particules) qui ne prennent pas la capitale initiale et
qui ne déterminent pas l’ordre alphabétique…
*
Si les cas particuliers vous intéressent, on pourra y revenir… Ce
soir, je n’ai plus beaucoup de temps (j’ai un calva à prendre)…
Ah ! juste ça, pour éviter un débat inutile (je ne suis pas
Mazo…) : cette affirmation péremptoire ne s’applique
évidemment pas aux patronymes anglo-saxons d’origine française (De
La Rue, De La Roche…), chacun fait ce qu’il veut chez lui, ni aux
patronymes « français » dont l’origine flamande ou
néerlandaise (article) est patente, assumée, revendiquée… ni (sauf
exceptions se comptant sur les doigts d’un manchot) aux patronymes
italiens… (mais aux patronymes espagnols et portugais…).
C’est
simple, c’est démocratique, très pratique, c’est admis par tous
les rédacteurs, réviseurs, correcteurs d’ouvrages de référence.
L’Institut Charles-de-Gaulle peut dire et écrire ce qu’il veut…
Sur le sujet, il a moins d’autorité et de compétence que, par
exemple, l’Imprimerie nationale ou Larousse…
En
outre, devant les patronymes plurisyllabiques non précédés d’un
prénom, d’un titre de civilité, d’un grade ou d’une fonction,
qu’elle soit noble ou roturière, la particule saute… Et vous
voudriez coller une capitale initiale aux particules
plébéiennes ? Vous voulez vraiment lire des romans de De
Balzac ? C’est des astuces pour Villiers (Philippe de)…
« De
Haan » et « de Haan » n’est pas le même nom,
surtout en Belgique (même si l’origine flamande est attestée).
Cher
ami, la Belgique est un royaume où le goût pour les particularités
héréditaires est encore vivace. Dans mon message, j’ai bien
précisé que j’évoquais les règles typographiques françaises (à mon
sens, les seules qui comptent…). Elles s’appliquent aux patronymes
des citoyens, mais les sujets du roi des Belges ont bien le droit
de chérir des traditions différentes et de croire que les de
Becker n’ont pas d’ancêtre boulanger alors que les De Becker en
ont indiscutablement un.
Je
croyais avoir écrit que les règles typographiques françaises
respectent les usages étrangers : pour les patronymes belges,
elles acceptent les « De » (article néerlandais) et les
« de » (ancien article néerlandais devenu préposition
française devant un nom francisé et même… simple article
néerlandais honteux)…
L’on
perd une information, ce qui est toujours dommage.
Quelle
information ? La règle française élimine toutes les foutaises
liées au sang, à la race, aux prétentions nobliardes, mais
respecte toutes les subtilités grammaticales. Si l’on a un
article, son initiale est capitalisée, as in french : De
Haan (Le Coq). Si l’on a une véritable préposition française
(cas assez rare devant un nom germanique), son initiale demeure
minuscule : de Haan (Haan : lieu). La prétendue
noblesse n’a rien à voir ici, seule la langue est à respecter…
Vous
devrez chercher à deux endroits dans les bibliothèques, puisque
vous aurez perdu cette information (étant donné les règles en
vigueur, ou du moins celles que l’on m’a apprises) — von
Bismarck est classé à B ; De Haan est classé à D, de Haan
est classé à H et de Ghelderode à G.
Comprends
pas… En quoi la règle que j’ai énoncée modifie-t-elle les
conditions de cette recherche ?
Vous
devrez donc réviser aussi les règles de catalographie ou
multiplier les fiches de renvoi.
Non.
Précisément, non.
En
revanche, si vous soutenez ceux qui veulent écrire « De
Gaulle » (car De Wall, Le Mur…, donc « De » serait
encore un article devant un nom francisé depuis belle lurette),
bonne chance avec les fiches de renvoi… En France, tout patronyme
francisé peut rejoindre ses pairs… […]
Je
veux dire que si vous écrivez « de » partout, vous
perdez une information dont était porteuse la distinction de/De
— particule ou article.
Voilà
la preuve qu’un quiproquo s’est introduit entre nous… car je
n’écris pas « de » partout et je maintiens évidemment la
distinction préposition (en l’occurrence française)/article (en
l’occurrence néerlandais). Ce que j’élimine (« je »
stupide et abusif, car c’est la pratique commune en France), c’est
la distinction particule nobilière/particule roturière, qui se
situe sur un autre plan, dénué d’intérêt…
L’indécidable
porterait donc sur l’« origine […] revendiquée… »
Dans
le cas qui nous occupe (patronyme « français », et même
francisé, d’origine flamande), oui… J’attends toujours une source
fiable établissant que de Gaulle considérait son « de »
comme un article… et une autre établissant que
« Gaulle » est de nos jours un terme germanique
signifiant encore « mur »… C’est un coup à réveiller les
Pink Floyd. Pas prudent.
Pour
« De Gaulle » par contre, est-ce une question d’usage
ou bien y a-t-il une raison précise au maintien de la
particule ?
Les
deux. L’usage fait sauter la particule (s’il s’agit d’une simple
préposition… et non d’un article contracté comme « Du »
ou « Des »…) devant les patronymes plurisyllabiques
(Alfred de Musset, Musset ; Jean de La Fontaine, La Fontaine
— mais parfois l’élision fout le bordel : d’Artagnan…)
employés « seuls » (sans prénom, titre, fonction, etc.)
mais la maintient toujours devant les patronymes monosyllabiques
(et assimilés…), qui sans elle se trouveraient bien pauvrets,
voire équivoques : de Gaulle, de Grasse… Quelques exceptions
célèbres : Sade, Retz…
Tout
cela peut sembler inutilement compliqué mais n’a par bonheur
qu’une médiocre importance…
Pays Département, État, Géographie, Saint, Trait d’union, Transcription, translittération, Ville et village.
En
dépit des apparences — hélas confortées par quelques ouvrages de
référence (dictionnaires, codes typographiques) —, les règles sont
extrêmement simples…
Les
règles énoncées dans cet article s’appliquent à toutes les
dénominations de territoires administrativement organisés et aux
entités politiques correspondantes : États souverains, États
membres d’une confédération ou d’une fédération, provinces,
régions, départements, etc., ainsi qu’aux communes, quelle que
soit leur importance.
Attention !
Les règles générales (§ 1) concernent uniquement les
dénominations « officielles » — entre guillemets,
car, dans la plupart des cas, il s’agit de graphies
francisées —, sous leur forme usuelle (l’Argentine) ou
développée (la République argentine). Tenter de réunir sous une
même règle la Corse-du-Sud (forme officielle) et l’ancienne
Allemagne de l’Est (forme « fantaisiste », §
2) conduit inéluctablement au chaos orthotypographique.
1.1.
Formes françaises et francisées.
•••
Un seul mot : majuscule initiale… : Autriche, Mexique,
Louisiane, Tarn.
S’agissant
des noms usuels de pays, la plupart des cas sont ainsi réglés…
•••
Lorsque plusieurs mots entrent dans la composition d’une
dénomination française ou francisée, ils sont tous liés par un
trait d’union (sauf l’éventuel article initial) ; tous les
noms et tous les adjectifs prennent la majuscule initiale :
Pays-Bas, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Trinité-et-Tobago,
Basse-Saxe, Loire-Atlantique.
Exceptions.
Pas
de trait d’union après les termes qui définissent la nature d’un
État, c’est-à-dire son régime, ni après ceux qui définissent le
statut d’une division administrative : l’Algérie, la
République algérienne démocratique et populaire, la Suisse, la
Confédération helvétique, les Émirats arabes unis, la République
dominicaine, les Territoires du Nord-Ouest.
Seule
exception à l’exception :
le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.
Remarque.
— Figurant dans le nom usuel d’un État, le terme État est
un cas particulier, mais pas une exception, car il serait abusif
de prétendre qu’État définit à lui seul la nature d’un
État : les États-Unis (d’Amérique, du Mexique, etc.).
Pas
de trait d’union avant les éléments finaux (généralement des
adjectifs) qui précisent un réel lien de dépendance (depuis le
début des années soixante et la décolonisation, cette catégorie de
dénominations est devenue rare) : les Antilles néerlandaises
(qui dépendent des Pays-Bas), la Polynésie française, l’ancienne
Afrique-Équatoriale française, l’ancien Honduras britannique.
Mais :
la Colombie-Britannique (qui appartient au Canada et non à la
Grande-Bretagne).
1.2.
Formes étrangères.
•••
Aujourd’hui, le strict respect de la graphie d’origine (alphabet
latin) hélas s’impose (faute de quoi on obtient une forme
francisée qui obéira aux règles exposées ci-dessus) : New
Hampshire.
Naguère,
toutes les dénominations, françaises, francisées ou
« étrangères », étaient soumises aux mêmes règles de
composition. C’était simple. Ça manquait de subtilité mais n’était
guère gênant, car la plupart des dénominations étrangères étaient
francisées.
••
Devrait être considérée comme française toute dénomination
intégralement composée de mots français, y compris celles de lieux
situés hors de l’espace francophone. C’était la règle. Naguère.
Félicitons ceux qui la respectent encore, mais n’entretenons aucun
espoir quant au succès de leur combat : Saint Louis
(États-Unis) ou Saint-Louis.
••
Doit être considérée comme francisée toute dénomination modifiée
par le « bon usage francophone », ce qui inclut les
transcriptions et les translittérations effectuées conformément à
cet usage mais exclut toutes les autres : Nijni-Novgorod.
1.3.
Formes usuelles et formes « officielles »
développées.
À
de rares exceptions près, les formes usuelles vieillissent bien.
Les formes développées sont soumises aux aléas de l’histoire. Dans
bien des cas, il est prudent d’éviter leur emploi, à moins de
disposer de sources très récentes et fiables.
Les
formes usuelles sont des toponymes (noms propres de lieux)
particuliers, car elles désignent à la fois un lieu et une entité
politique (dans certains cas, celle-ci ne se limite pas
nécessairement à celui-là) : j’habite en France ; la
France et le Canada ne parviennent pas à un accord sur les zones
de pêche. (Certaines formes « officielles » développées
ne sont jamais des toponymes : « La République française
est une et indivisible. »)
L’appartenance
à deux mondes — « espace, géographie, lieux » et
« temps, histoire, organismes, institutions, etc. » —
que les règles typographiques traitent différemment est une
contradiction résolue depuis longtemps : les noms de
territoires organisés constituent une catégorie particulière,
soumise à des règles simples. Justifier l’incohérence actuelle en
puisant des règles dans l’un ou l’autre domaine est un procédé
contestable :
—
les Émirats arabes unis, la République centrafricaine, la
République dominicaine, la République tchèque ;
—
l’Australie, la Barbade, le Cambodge, le Canada, la Grenade, la
Jamaïque, le Japon, la Malaisie, la Mongolie, la Roumanie, les
Îles Salomon, la Somalie, l’Ukraine, la Yougoslavie ;
—
le grand-duché de Luxembourg, la principauté d’Andorre, la
principauté de Monaco ;
—
les royaumes de Belgique, de Norvège, du Danemark ;
Et :
l’Albanie (la république d’Albanie), l’Allemagne (la république
fédérale d’Allemagne et l’ancienne République démocratique
allemande), l’Argentine (la République argentine), la Grèce (la
République hellénique), l’Italie (la République italienne).
Les
groupes nominaux finaux et non officiels qui précisent la
situation géographique d’une entité politique, afin de la
distinguer d’une ou de plusieurs autres entités homonymes :
la Corée du Sud, l’ancienne Allemagne de l’Est. Mais (formes
officielles) : le Dakota-du-Sud, la Virginie-Occidentale, le
Mecklembourg–Poméranie-Occidentale, les anciennes Côtes-du-Nord,
la Rhénanie-du-Nord–Westphalie.
Exceptions. —
L’Afrique du Sud, l’Irlande du Nord.
3.
La tradition française était d’une grande limpidité. C’était trop
beau. Elle s’est progressivement dégradée, au point de devenir
déconcertante, quasi inexplicable. Il serait aujourd’hui
recommandé de traiter différemment des entités comparables,
d’appliquer à leurs noms des règles jusqu’alors réservées à
d’autres catégories de dénominations propres, etc.
Des
spécialistes (membres de commissions officielles de terminologie,
ministres, etc.) nous enseignent que les formes
« Cap-Vert », « Pays-Bas », imposées par
l’usage — sous-entendu : archaïque et un brin fantaisiste —,
sont des exceptions à la règle qui veut que l’adjectif postposé
conserve la minuscule initiale (principe il est vrai applicable à
plusieurs catégories de dénominations propres) et ne soit pas lié
par un trait d’union au nom qui le précède… Cette règle n’existe
que dans le chef de ceux qui sont prêts à compliquer la
« grammaire orthotypographique » dans le seul dessein
d’entériner tous les dérapages du mauvais usage.
« Cap-Vert » ou « Pays-Bas » ne sont pas des
exceptions mais des formes qui respectent la règle française. Il
faut être singulièrement audacieux pour affirmer que seul l’usage
(la routine…) les a imposées, alors que c’est la règle qui nous
donne {les Samoa occidentales}.
L’ennui…
c’est que les greffiers de l’usage sont d’une incohérence (interne
et externe) assez troublante (pour l’usager) : Guatemala, Guatémala.
Liberia, Libéria. Hong-Kong, Hongkong, Hong
Kong, Surinam, Suriname. Taïwan, Taiwan.
Dans le Français et les Siècles, Claude Hagège
écrit : Hong Kong, Kénya, Nigéria, Vietnam.
Larousse
1992 : {Virginie occidentale}, Colombie-Britannique.
Hachette
1995, Micro-Robert
1990 : Virginie-Occidentale, {Colombie
britannique}.
Robert
1994 est sur ce point un des rares usuels cohérents.
Afnor
1990, qui ignore ou méprise hardiment les normes de
l’orthographe, écrit [Côte d’Ivoire]… Doppagne
1991 écrit [Guinée Bissau, Tai-Wan].
4. Pays et
gentilés
Hormis
quelques cas inadmissibles, sont privilégiées les formes et les
graphies recommandées par l’arrêté du 4 novembre 1993 relatif à la
terminologie des noms d’États et de capitales.
Période
historique
Âge, Époque,
Style artistique
Petite capitale Capitale, Majuscule, Sigle.
Les
petites capitales ne sont pas des majuscules ! La preuve…
dans un groupe de mots composé en petites capitales, les
majuscules se composent en grandes capitales : Jean de LA
FONTAINE.
Dans
le corps du texte, un mot composé en grandes capitales acquiert un
poids énorme.
Inscriptions
lapidaires, reproduction d’un télégramme : BIEN
ARRIVÉ AUX ANTILLES. VOUS EMBRASSE.
Dans de tels cas, les majuscules (grandes capitales) ne s’imposent
pas en début de phrase (majuscule démarcative) ni comme initiale
des noms propres (majuscule distinctive), car leur présence
ruinerait l’effet d’imitation graphique.
Impr.
nat. 1990.
¶
Manuscrit : les mots à composer en petites capitales sont
soulignés deux fois :
Composition
des petites capitales
À
Typographie, le 9 novembre 1997.
É.
DOMERGUE :
[Écrire les noms de personnes tout en capitales] permet de
différencier le nom du prénom et ce n’est pas toujours évident
lorsque le nom ressemble à un prénom ou lorsqu’il s’agit de
patronymes étrangers. Pour éviter le saut à la figure, il
suffira de descendre la force de ces capitales en changeant le
corps ou d’utiliser des petites capitales.
Il
me semble abusif de considérer que grandes et petites capitales
sont des éléments graphiques de même nature, ne différant que par
la taille (relative) et éventuellement par le dessin. Les petites
capitales ne sont pas des majuscules (grammaticales) mais des
minuscules dont le dessin est quasi identique à celui des
capitales.
Cela
signifie (à mon avis…) que si l’emploi des capitales est avant
tout un problème de graphie, c’est-à-dire de langue
(écrite…), celui des petites caps est exclusivement un
problème typographique. L’attitude face à la tradition est bien
différente : avec les caps, y a du monde dans (et sur) les
rangs ; avec les petites caps, beaucoup moins…
Si
demain la plupart des néocompositeurs se mettent à multiplier
inconsidérément les petites caps, personne n’y pourra rien et une
nouvelle tradition s’instaurera peut-être. Si certains veulent
abuser des caps, tant pis pour eux, seule leur réputation aura à
en souffrir.
É.
DOMERGUE :
Le choix va dépendre aussi de l’expression visuelle du contexte.
J’aime bien l’absence des capitales et même de la majuscule dans
des environnements très graphiques, avec du Futura par exemple.
De
quoi parle-t-on ? De graphisme ou de composition ? De
texte courant ou de titres ? D’ouvrages courants ou
spécialisés ? De nos goûts respectifs ou de l’usage ?
Nul
ne va donner de leçons posthumes aux peintres cubistes en leur
rappelant les recommandations des codes typographiques… Les
graphistes d’aujourd’hui peuvent faire ce qu’ils veulent avec les
lettres, les chiffres et tous les signes qui leur tombent sous la
main !
Mais,
si l’on parle de composition typographique, hors de certains
titres, on ne devrait rien composer en toutes capitales (si…
quelques menus détails comme les chiffres romains des divisions
principales, les vrais sigles, quelques abréviations, l’insistance
assez lourde ou la traduction graphique de divers beuglements…).
Dans le corps du texte, on ne compose pas les noms propres en
toutes caps, pas même les patronymes pour les distinguer des
prénoms !
S’agissant
de la composition des patronymes, les petites caps (avec grande
cap initiale…) sont recommandées dans les bibliographies (et dans
quelques autres lieux…). Si elles sont souvent inutiles, voire
ridicules (mais non fautives *) dans le corps du texte (dans
cet emploi et dans les ouvrages « spécialisés »), elles
sont d’une rare élégance et d’une belle efficacité dans les notes
et les annexes.
*
Pour m’expliquer un peu mieux… Dans une publication scientifique
ou technique, s’il est absurde de composer en petites caps tous
les patronymes, il n’est pas nécessairement idiot (dans certains
cas) de composer ainsi des noms d’auteurs dont les ouvrages ou les
travaux sont évoqués. Même remarque pour les citations.
À
Typographie, le 28 mai 1998.
A.
HURTIG :
Il me semble qu’interlettrer plus fortement un groupe de mots
tout en caps (par exemple : un titre, ou un nom en petites
caps) est une habitude récente (d’origine américaine ?), et
que cette pratique est plutôt néfaste, parce qu’elle blanchit
trop la ligne et fausse (ou ralentit) la lecture.
Je
parlais d’une compo tout en caps… et là l’interlettrage subtil
n’est pas une pratique récente. Interlettré ou non, un seul mot en
caps au sein d’une compo en bas de casse fout le boxon. D’où
l’intérêt des petites capitales, qui en outre n’imposent pas
nécessairement de jouer sur l’interlettrage.
À
Typographie, les 31 janvier et 1er
février 2002.
Ah
si… il y a un cas où les petites caps peuvent légitimement
représenter des majuscules… Très spécial, très rare, très
littéraire… Bon, foin des coquetteries : il s’agit, dans la
prose romanesque, de la reproduction « typographiquement
fidèle » des télégrammes (ou, à la rigueur, d’inscriptions
lapidaires un peu longuettes). Là, comme le tout cap est
évidemment exclu, le souci « imitatif » autorise la
composition des majuscules en petites caps…
T.
BOUCHE :
Moui, mais alors il s’agit de caps de petite taille et non de
petites caps ; sinon ce serait parfaitement illégitime.
Illégitime
pour les seules majuscules. Théoriquement, tu as raison.
Seulement, voilà : les télégrammes ou les inscriptions
lapidaires un peu longuettes sont le plus souvent composés de
plusieurs mots, voire de plusieurs phrases… Or, au sein`du texte
courant et pour nos yeux attachés à leurs petites habitudes, il
est plus agréable de « lire » de vraies petites
capitales que des grandes capitales atrocement réduites. Si les
petites n’ont pas le même dessin que les grandes, ce n’est pas le
fait du hasard ou d’une lubie ancestrale… (Il va sans dire que je
parle ici des vraies petites capitales et non de leurs succédanés,
sinon le débat n’aurait aucun sens…)
T.
BOUCHE :
En fait, tu nous fais le coup [des sigles en petites capitales]
en l’admettant dans un cas similaire au prétexte que ce serait
très littéraire & très spécial…
Pas
exactement similaire… Tu oublies le « souci imitatif ».
Où se situe-t-il dans le cas des sigles ?
Revenons
à l’« illégitimité » et mesurons son poids… Dans le cas
(très rare…) des télégrammes en petites caps, seules les
majuscules (démarcatives et distinctives) sont
« illégitimes »… Autrement dit, quasiment que dalle, un
petit 5 % à vue de nez. Dans les sigles (très fréquents…) en
petites caps, tous les caractères sont illégitimes, du
100 % garanti ! Et tu oses comparer !
Peuple Pays.
« Duclos
disait, pour ne pas profaner le
nom de Romain, en parlant des Romains
modernes : Un Italien de Rome. »
Nicolas de CHAMFORT,
Anecdotes et Caractères.
Les
noms de races, d’ethnies, de peuples, d’habitants (ou de
ressortissants) prennent la majuscule initiale : un Blanc,
deux Noirs, trois Jaunes. Les Européens, les Africains. Un Arabe,
deux Berbères. Un Allemand, deux Brésiliens, trois Chinoises,
quatre Danois, une Russe. Quatre Méridionaux, trois Provençaux, un
Tarnais. Un Parisien, deux New-Yorkais, une Castrothéodoricienne.
Quelques Batignollais.
Ce
privilège n’est accordé qu’aux humains et à leurs éventuels
homologues extraterrestres : deux Terriens, quatre Martiens,
mille Arcturiens.
Les
autres espèces animales n’y ont pas droit : un européen
tigré, deux siamois, un beau danois (femelle), cinq grands
malinois.
La règle s’applique à certaines * désignations péjoratives,
argotiques ou familières : un Rital, deux Boches, trois
Amerloques. Les Rosbeefs ne sont pas frais, les Macaronis sont
cuits. Parisien, tête de chien, Parigot, tête de veau.
*
La différence entre xénophobie et racisme est parfois ténue. La
règle énoncée ci-dessus étant admise par la quasi-totalité des
auteurs (sans gêne apparente), il convient de lui donner une
justification admissible, et, pour ce faire, de réintroduire ici
une distinction entre gentilé et appartenance ethnique
(distinction qui n’intervient pas dans les désignations normales).
Les
exemples donnés ici qualifient des hommes ou des femmes
originaires d’une nation, d’une province, d’une ville,
c’est-à-dire d’un lieu, ce qui rend ces termes assimilables à des
gentilés, des « gentilés xénophobes ». Pour certains
d’entre eux, une part du mépris initial s’est peu à peu convertie
en familiarité. Ce n’est bien sûr pas le cas des termes racistes
[bicot, bougnoul, etc.] qui désignent un groupe ethnique ou
supposé tel : à jamais immondes, ils n’ont pas à se parer
d’une majuscule initiale. On me dira qu’avec ou sans majuscule ils
n’ont pas à figurer dans un texte quelconque, que la minuscule
n’est pas une garantie contre les pogroms et les ratonnades, et
que ces précautions orthotypographiques sont dérisoires.
Certes.
Mais à ce compte-là, toute l’orthotypographie est dérisoire. Et la
grammaire. Même si leur formation et leur emploi sont moins
malsains, les termes familiers revendiqués voire forgés au sein
d’un groupe qui se définit en partie sur des critères raciaux ou
supposés tels n’ont pas davantage à prendre la majuscule
initiale : un beur, deux beurettes (mais trois jeunes
Français d’origine arabe, ou, plus fréquemment depuis que la
République a perdu la mémoire, trois jeunes Maghrébins nés en
France), quatre blacks (mais cinq Noirs).
Pour
Albigeois-albigeois, Juif-juif, Vaudois-vaudois, voir : Adepte,
Religion.
Adjectif
Une
femme blanche, un poète africain, le peuple allemand, la tradition
boche, un Belge naturalisé français. Je suis Français, c’est un
citoyen français. — D’où vient ce chocolat ? — Il est belge.
— Et toi ? — Je suis Français.
On nous explique parfois que dans : « Je suis
Français », l’attribut du sujet est un adjectif
(ellipse : « Je suis [un citoyen, un ressortissant]
français ») et qu’il convient par conséquent d’écrire
[« Je suis français »] comme on écrit : « Je
suis débile ».
C’est
bien sûr inexact ; l’attribut est un substantif, comme
dans : je suis marin, elle est boulangère, etc.
Dumont
1915, Hanse
1987.
« Ces
réflexions sont particulièrement appropriées au cas des
Mbaya-Guaicuru dont, avec les Toba et les Pilaga du Paraguay, les
Caduveo du Brésil sont aujourd’hui les derniers
représentants. » – Claude LÉVI-STRAUSS,
Tristes Tropiques.
Mots composés
Les
Sud-Américains, les Canadiens français.
(Selon
Maurice Grevisse, si nous sommes des francophones, les
Anglo-Saxons ne peuvent être que des anglo-saxophones.)
Formes particulières
Les
ministres des Affaires étrangères et de l’Éducation nationale
recommandent Émirien(s), Émirienne(s) pour désigner les habitants
des Émirats arabes unis.
Dérivation
ingénieuse. Si la République arabe unie fait une nouvelle
apparition, ses ressortissants seront-ils appelés Républicain(s),
Républicaine(s) ?
Langues
Il
lit le russe,
Impr.
nat. 1990.
« Étazuniens »
À
F.L.L.F., les 2 et 3 juin 2000.
D.
LIÉGEOIS :
Eh bien, il n’y a pas de quoi être fier. Comment le Petit
Larousse justifie-t-il l’escamotage du « t »
[dans « étasunien »] ?
Le
Petit Larousse n’a pas à justifier un escamotage qu’il
n’effectue pas… Il donne « états-unien », sans variante.
C’est le Petit Robert qui privilégie l’entrée
« étasunien », avec la variante
« états-unien » et une très belle référence à l’ancienne
forme « étazunien », qui ne manquait ni d’attrait ni de
mérite…
D.
LIÉGEOIS :
Je n’arrive pas à le croire. Mon Robert à moi (1994)
lemmatise « états-unien » et donne : « Rare
(parfois par plais.). Des États-Unis (l’adjectif usuel américain
— ou américain du Nord, nord-américain — n’étant pas aussi
précis). — Américain. — REM. On écrit aussi états unien, sans
trait d’union. »
Votre
Robert n’est pas un Petit Robert… Dix ans plus tôt,
l’entrée privilégiée était déjà « étasunien » (choix
contestable, je suis d’accord), avec l’excellente variante
« états-unien ». Quant à l’ineptissime graphie
« états unien », si elle figure encore dans les premiers
Petit Robert (l’héritage est encore pesant) sous la forme
« états[-]unien », elle est heureusement éliminée depuis
longtemps.
SCHTROUMPFIX :
L’ennui, c’est que s’il y a plusieurs pays en Amérique, il y a
aussi plusieurs pays qui sont des
« États-Unis » : le Brésil, la Malaisie, …
Quand
un pays n’a pas de véritable nom, il ne faut pas s’attendre à des
dérivations miraculeuses. (En français, les Soviétiques ne s’en
étaient pas trop mal sortis.) Un joli nom n’est hélas pas une
garantie : comment appelez-vous les habitants de l’État de la
Cité du Vatican ?
D.
LIÉGEOIS :
Si je comprends bien, ce sinistre solécisme fait son entrée
triomphale dans la langue française en 1989 et entre aussi sec
dans le dictionnaire.
Mais
non… il est « entré » (timidement) dans notre langue
bien avant 1989. Prenez par exemple la citation de la Croix
dans le Petit Robert : 1965… Quant à
« étazunien », la même source vous renvoie à 1955 !
D.
LIÉGEOIS :
[Il entre] par la grande porte, sans commentaire, et en sort
l’année suivante par la petite.
Il
n’en est pas « sorti ». Il a changé de graphie.
D.
LIÉGEOIS :
Admirez la « réactivité ». J’en ferais un argument de
vente : « Le dictionnaire qui ne craint pas d’encenser
cette année des mots qu’il balancera l’année prochaine. »
Pourquoi
pas ? Un dictionnaire de la langue — et singulièrement un
dictionnaire d’usage courant — n’est pas qu’un répertoire
académique, un club de mots assis. C’est avant tout un outil
répondant à des attentes très diverses. Fournir la signification
de termes que le lecteur a des chances de rencontrer dans des
textes pas nécessairement spécialisés est une mission honorable,
utile, indispensable.
Que
certains de ces termes aient une durée de vie brève ou longue, que
certains soient des horreurs ou des bouffonneries est une autre
affaire. Le cas d’« étasunien, états-unien » est
néanmoins particulier : il ne pose pas de véritable problème
de compréhension… et pourtant, c’est un des très rares gentilés à
mériter une entrée dans le Petit Robert. C’est
compréhensible.
« Sydneysiders »
À
F.L.L.F., le 22 août 2000.
M.
GEVERS :
Mais pour les habitants de Sydney, en effet, il n’y a pas de
terme bien défini.
On
a Belleysans ou Veveysans, pourquoi pas Sydneysans ?… Ou
« Montpelliérains orientaux »… car je viens d’apprendre
(chez le miraculeux Pierre L.) que jadis Sydney mérita le surnom
de « Montpellier de l’Orient » ! Ben mon colon…
M.
GEVERS :
Cela fait un peu trop japonais ! (San veut dire Monsieur,
je crois).
Chacun
sait que le parmesan est une spécialité japonaise !
M.
GEVERS :
Personnellement je n’ai jamais vu cette expression utilisée dans
la presse, alors je ne m’y fie pas trop…
Ne
vous y fiez pas du tout ! Ce n’était qu’une proposition
« analogique »… mais… doit-on comprendre que vous vous
fiez surtout à ce que vous avez vu dans la presse ?…
M.
GEVERS :
Je crois qu’il vaudrait mieux dire « les Sydneyens »
(qui peut aussi se mettre facilement au féminin).
Oui,
pourquoi pas ? C’est bien aussi.
Remarquez,
Sydneysane, comme Veveysane, est également d’une formation facile…
M.
GEVERS :
Je crois que Sydney est bien plus beau (plus belle ?) que
Montpellier… !
« La
modestie en plus ! » Selon P. L., c’est son climat et la
fécondité de son sol qui ont valu à cette vilaine bourgade une
comparaison si flatteuse…
C.
LEDENT :
Je viens de lire un article sur Sydney publié dans le
Figaro Magazine de samedi dernier, les habitants y sont
qualifiés de « sydneysiders ».
Sidérant !
À placer d’urgence dans le top ten du mois ! Un must de
quartier de no bless, parole d’évangile, Good « news
magazine »… N’en changez pas !
« Eskimos »
À
F.L.L.F., le 12 août 2001.
Dr
PHONENSTEIN :
« Les Inuits » (pas les Eskimos, c’est une insulte et
cela veut dire bouffeur de viande crue).
Pas
si simple. En français, « Esquimau » n’est pas
péjoratif.
Voici
des extraits de messages échangés en 1997 :
Si
l’on étudie la question sur l’ensemble de la région circumpolaire,
on se rend vite compte qu’il est impossible de remplacer partout Esquimau
par Inuit. Esquimau est un mot français non péjoratif qui
désigne plusieurs groupes ethniques dont certains revendiquent le
nom d’Inuit, pluriel d’Inuk (« être humain »). Si je
voulais pinailler, je vous demanderais si vous ne trouvez pas que
ce terme (« êtres humains ») n’est pas un peu péjoratif
pour ceux qui ne sont pas Inuits… (Je sais bien que jadis certains
de ces groupes, isolés du reste des hommes par l’effroyable dureté
de leur habitat, se considéraient comme les « seuls »
humains. Mais aujourd’hui, même pour respecter la tradition,
est-ce bien raisonnable de s’appeler ainsi ?…)
[…]
Pendant plusieurs mois, j’ai travaillé avec Jean Malaurie
(spécialiste de l’Arctique, auteur des Derniers Rois de Thulé,
d’Ultima Thulé et fondateur de la collection Terre humaine)
[…], qui n’est pas suspect de mépris pour les peuples hyperboréens
(personnellement, je pense même qu’il en rajoute un peu…). […]
J’ai cru comprendre qu’un certain type de « respect »
ethnotruc pour les Esquimaux (terme qu’il n’hésite pas à employer)
redevenus Inuits (terme qu’il emploie également) est un moyen
assez sûr de les maintenir en état de dépendance.
Les
Canadiens sont des experts en la matière ; les
Scandinaves *, les Russes et les Américains ne sont pas mal
non plus… Appelons-les comme ils le souhaitent et réservons-leur
l’avenir que nous souhaitons.
*
Même si le cas du Groenland semble a priori d’une nature
différente.
C’est
un simple marché de dupes. Nous n’avons pas à le cautionner en
condamnant définitivement Esquimau. Inuit s’impose
peu à peu dans notre langue, même hors de l’usage spécialisé.
C’est bien… mais il ne remplace pas Esquimau, car tous les
Esquimaux ne se prétendent pas Inuits… C’est bien joli de suivre
nos amis canadiens dans leur zèle, mais il ne faudrait pas qu’ils
nous entraînent à dire n’importe quoi…
Bref,
avant d’adopter l’« Inuit à tout faire », faudrait
peut-être songer aux autres Esquimaux, qui ne sont pas moins
respectables… (Il est vrai qu’aujourd’hui les Inuits ont réussi à
imposer leur nom à la quasi-totalité des Esquimaux… Le
paninuitisme est en marche.)
Cela
dit, eskimo veut dire « mangeur de viande
crue », un terme montagnais que les Inuits (qui veut dire
« les hommes ») n’ont jamais accepté car les
Montagnais les appelaient ainsi par mépris profond.
Pas
si sûr… Voici un extrait de l’Universalis :
« Depuis
les années 1970, certains groupes rejettent l’appellation Eskimo,
qu’ils estiment péjorative. Au Canada, ils préfèrent se désigner
eux-mêmes par le terme Inuit (singulier Inuk) et
au Groenland par le terme Kalaallit (singulier Kalaaleq).
En Alaska, l’appellation Eskimo est toujours utilisée,
avec la distinction géographique et culturelle Inupiat
(pour les communautés du Nord) et Yuit (pour celles de
l’Ouest et du Sud-Ouest). Les Eskimo sibériens adoptent aussi, de
nos jours, le terme Yuit pour se désigner.
« Il
fut longtemps admis que le terme “Esquimau”, connu depuis le début
du XVIIe
siècle par les Français établis en Nouvelle-France, aurait été
attribué à ces populations du Grand Nord canadien (qui elles-mêmes
se désignaient simplement du nom d’Inuit, c’est-à-dire les “êtres
humains”) par leurs voisins, leurs ennemis héréditaires, les
Indiens algonquins — ce mot d’“esquimau” signifiant dans leur
dialecte “mangeurs de [viande] crue”. Une recherche de
scientifiques québécois conduit à envisager une autre origine et
une signification différente du terme. Il dériverait, selon eux,
plutôt de Ayassimew, de la langue des Indiens montagnais,
ou de Esgimow, des Indiens micmac, les deux mots
signifiant “ceux qui parlent la langue d’une terre étrangère” et
désignant tantôt les Inuit, tantôt d’autres Indiens dont le
langage leur était inintelligible. »
Fin
de citation […].
Quoi
qu’il en soit de l’étymologie, il reste que tous les Esquimaux ne
sont pas des Inuits… Hormis les spécialistes, personne ne va
attribuer à chaque groupe son véritable nom… Un terme générique
comme Esquimaux *, qui en français n’a rien de
péjoratif, n’est donc pas inutile. […]
*
Ou Hyperboréens…
Poussés
par des ethnolâtres aux intentions diverses, les Lapons (du
suédois lapp) sont en train de nous faire le même coup
et veulent se faire appeler Sámi dans toutes les langues
de la planète bleue, en attendant mieux…
L’affaire
lapone est étrange. Tout le monde sait que, même dans les cas où
l’ethnique français n’est pas péjoratif, le recours à la forme
originelle est une marque de mépris : « un
Anglais » est préférable à « un English ». Renvoyer
l’autre à sa langue (lui refuser le terme français adéquat…),
c’est la marque des xénophobes. (Ce n’était pas, jusqu’alors, une
pratique française. Elle nous vient d’une autre tradition :
celle des ghettos, des réserves et de la ségrégation raciale.)
Dans ce débat, je crois que l’on a un peu trop tendance, comme
souvent, à inverser facilement les rôles.
Certes,
X ne fait que reprendre et défendre une revendication des Lapons.
Je dis « des Lapons », mais j’ignore si elle s’appuie
sur le sentiment d’un peuple ou sur celui de quelques esprits
éclairés (j’entends la revendication visant à épurer toutes les
langues du monde…). Ce que je sais, comme Z, c’est qu’elle ne nous
concerne pas. Ce que je crois, c’est qu’elle est médiocrement
inspirée.
D’autres
peuples ont une attitude plus saine. Les Berbères, par exemple, ne
veulent pas renoncer à ce nom qu’en français ils portent avec
courage et fierté. Selon les critères défendus par X, il est
pourtant bien pire que « Lapon » ou
« Esquimau » : non seulement il leur a été donné
par les Arabes, qui l’avaient piqué aux Romains, qui l’avaient
piqué aux Grecs, mais sa signification est horriblement
méprisante, indistincte, xénophobe (non par déduction ou
supposition, mais d’une manière avérée, attestée…). Et pourtant,
ce nom est porté, revendiqué, il est même devenu un symbole de
liberté, d’ouverture d’esprit, de résistance à l’obscurantisme.
[…]
La volonté d’imposer son nom sous une forme quasi unique et
estampillée pure à l’ensemble des peuples de la planète me semble
une entreprise diablement inquiétante, pour ne pas dire plus. Je
souhaite vivement que l’ensemble des peuples francophones résiste
le plus longtemps possible à ce genre d’appel. Francophones, nous
reconnaissons aux autres peuples le droit de nous nommer comme ils
l’entendent. Nous n’avons ni la prétention ni l’arrogance de
dicter aux autres ce qu’ils doivent dire et écrire, même lorsqu’il
s’agit de nous nommer.
Nous
n’espérons plus que cette liberté de pensée et de parole soit
partagée par tous, mais nous tenons modestement à la préserver.
Place
Voie
et espace public
Planète
Astre
Planche Figure.
Numérotation
en chiffres romains grandes capitales.
Abréviation :
pl. (planche, planches).
••
Le mot planche ne s’abrège que dans les notes, les
annexes, etc. Dans le texte courant, il ne s’abrège que dans les
références situées entre parenthèses.
Lefevre
1883.
Les
pires d’entre eux sont les clichés pléonastiques. [Car en effet]
certains scripteurs les [préfèrent volontiers], [mais pourtant]
nul n’en a le [monopole exclusif] : Prévoyant d’avance
une secousse sismique, il a opposé son veto à la
poursuite des travaux actuellement en cours dans les dunes
de sable.
« ÉCORCE.
— Zim… Boum…
Trémolos à l’orchestre.
CARTHAGÈNE.
— On dit
“Tremoli”, mossieu. »
Max JACOB,
Saint Matorel.
« Un
gigolo, des gigoli ;
un spaghetto, des spaghetti »
(généralement
attribué à Alphonse Allais)
À
France-Langue, le 25 février 1997.
RF3FINN :
Je suis étudiant de français à l’université de Swansea et je
cherche des informations sur un aspect spécifique de la langue
française : la pluralisation de mots étrangers dans la
langue française, en particulier, la série de changements
d’orthographe proposée par le Conseil supérieur de la langue
française en 1990-1991. Par exemple : la décision d’écrire
« lieds » plutôt que « lieder », comme le
pluriel de « lied », en français.
Il
n’y a pas de « décision » mais des
« recommandations de graphies » (aux lexicographes),
fondées sur une série d’« analyses » et de
« règles » (dont certaines sont très discutables, ce qui
n’est heureusement pas le cas de celles qui concernent le pluriel
des mots empruntés).
Extraits
du rapport (texte intégral dans le no 100 du Journal
officiel du 6 décembre 1990) :
« Analyses.
6.1. Singulier et pluriel :
On renforcera l’intégration des mots empruntés en leur appliquant
les règles du pluriel du français, ce qui implique dans certains
cas la fixation d’une forme au singulier.
« Règles.
7. Singulier et pluriel des mots empruntés : les noms
ou adjectifs d’origine étrangère ont un singulier et un pluriel
réguliers : un zakouski, des zakouskis ; un ravioli, des
raviolis ; un graffiti, des graffitis ; un lazzi, des
lazzis ; un confetti, des confettis ; un scénario, des
scénarios ; un jazzman, des jazzmans, etc. On choisit comme
forme du singulier la forme la plus fréquente, même s’il s’agit
d’un pluriel dans l’autre langue. Ces mots forment régulièrement
leur pluriel avec un “s” non prononcé (exemples : des matchs,
des lands, des lieds, des solos, des apparatchiks). Il en est de
même pour les noms d’origine latine (exemples : des maximums,
des médias). Cette proposition ne s’applique pas aux mots ayant
conservé valeur de citation (exemple : des mea culpa).
Cependant, comme il est normal en français, les mots terminés par
s, x et z restent invariables (exemples : un boss, des
boss ; un kibboutz, des kibboutz ; un box, des
box). »
Fin
de citation.
Tout
cela est bien joli mais ne règle pas tout… (ces règles ne sont,
par exemple, pas applicables aux noms de monnaies : un leu,
des lei…). Bien des problèmes subsistent (le Conseil en élimine
beaucoup par la soudure systématique des mots composés, mais sur
ce terrain il est loin d’avoir obtenu un assentiment général,
c’est le moins que l’on puisse dire…). Il convient toutefois de
remarquer que les recommandations concernant le pluriel des mots
empruntés sont certainement celles qui ont engendré les
protestations les moins vives.
Je
vous suggère la lecture de la Réforme de l’orthographe au banc
d’essai du Robert, Josette Rey-Debove et Béatrice Le
Beau-Bensa, Dictionnaires Le Robert, Paris, 1991, et de Trait
d’union, anomalies et cætera, Syndicat des correcteurs et
des professions connexes de la correction, éditions Climats,
Castelnau-le-Lez, 1991.
À
Typographie, le 30 octobre 2000.
T.
BOUCHE :
Zut, je m’avais gouré cause l’analogie avec un spaghetto, des
spaghetti !
T’en
fais pas… « Un(e) Targui(e), des Touareg, un chamelier
targui, des chameliers touareg, une tente targuie, des tentes
touareg » sont réservés aux pédants ethnoscientistes (le
summum de l’accord franco-targo-alternatif étant atteint avec
« la langue targuie » qui s’appelle le
touareg…) ; les gens raisonnables écrivent en français et en
toute simplicité « un(e) Touareg, des Touaregs, le touareg,
un chamelier touareg, des chameliers touaregs, une tente touareg,
des tentes touaregs »… Hors des cercles ethno-obscurantistes,
l’accord en nombre avec la marque française du pluriel est
chaudement recommandé. Tu peux même oser, à tes risques et périls
(mais je te soutiendrai !), l’accord en genre avec « une
Touarègue, une tente touarègue ».
Sinon,
pour les ethnopuristes modérément atteints, l’invariabilité (en
genre et en nombre) de « Touareg, touareg » est
bien entendu admissible.
P.
PICHAUREAU :
Si on veut être ultraethnoscientiste, on ne devrait pas dire une
targui ? Puisque le mot targui est transcrit d’une
langue étrangère…
C’est
ce que j’entendais par l’accord
« franco-targo-alternatif »… Ici, nous avons une belle
illustration des méfaits combinés de l’ethnoscientisme et de la
linguistique sexiste, deux des plaies du siècle…
Le
premier récuse la francisation, au nom du respect sacré de la
pureté originelle ; la seconde impose la féminisation
systématique et donc la marque du féminin. Tel le fruit de la
négociation de deux intégrismes, « targuie » est une
forme qui récuse la francisation… tout en admettant la marque
française du féminin. C’est chouette, la science, surtout quand
elle est humaine…
À
F.L.L.F., le 20 novembre 2000.
R.
BUTHIGIEG :
Or, le gars du bureau d’en face me dit : « Lorsqu’un
nom est importé d’une langue, comme scénario, la grammaire
(pluriel/accord/ singulier) se fait en français, et donc on dit
“scénarios”, et ceux qui disent “scenarii”, c’est des
andouilles. »
Il
est très bien le gars du bureau d’en face (Jules de chez
Smith ?). Suivez son excellent conseil.
À
Langue-Fr., le 25 mai 2001.
P.
SCOTT
HORNE :
Sans « s » parce que c’est pluriel.
(« Talib » au singulier, « talibân » au
pluriel.)
En
français : un taliban, des talibans.
À
F.L.L.F., le 24 avril 2001.
B.
BONNEJEAN :
Un box, des boxes.
Un
box, des box… La boxe, les boxes… Un juke-box, des juke-box… Un
fox, des fox… Un match, des matchs… Un boss, des boss…
Si
vous respectez les « pluriels étrangers », composez les
mots en italique, même au singulier… car cela signifie que vous ne
les tenez pas pour francisés, intégrés, digérés…
I.
DEPAPE
HAMEY :
Je continuerai à écrire « boxes »…
Inflexible,
vous envoyez des faxes ?
I.
DEPAPE
HAMEY :
… envers et contre toutes les « autorités » et tous
ceux qui s’y plient…
Des
boxes française et thaïlandaise, quelle est celle qui exige le
plus de souplesse ?
I.
DEPAPE
HAMEY :
Vous savez, moi, à part le foot et, dans une moindre mesure, le
rugby…
Je
vois… les penalties (ou, mieux : penaltys… ou, encore mieux,
quoique « incorrect » à ce jour : pénaltys) et,
dans une moindre mesure, les pénalités… C’est décidément un autre
monde…
Mais
revenons à vos « box, boxes »… Loin de moi la volonté
d’entraver votre liberté d’expression graphique… d’autant qu’elle
est cautionnée par… devinez qui ?… la French Académie
herself… dans la dernière édition de son dictionnaire
humoristique. (Elle est très étourdie… Elle soutient certaines
pitreries nonantensteiniennes, mais, sur un des rares points
indiscutables, elle oublie de modifier ses exemples… La vieillesse
est un naufrage…)
L’ennui,
c’est qu’aujourd’hui les ouvrages de référence sérieux (Larousse,
Robert) ne retiennent pas cette graphie exotique. Cela
suffit à la rendre incorrecte dans un texte rédigé en français,
fautive (sauf en italique), condamnable, à fuir… à corriger
systématiquement, ce que fera tout réviseur ou correcteur digne de
ce nom auquel vos textes seront soumis.
B.
BONNEJEAN :
Alors ? !
Alors…
nous ne sommes plus en 1975… depuis un quart de siècle. Ni même en
1985, année où le Petit Robert donnait encore le
pluriel « boxes ». En 1993, il ne donnera plus que
« des box ». Évolution comparable, imparable et saine
chez Larousse…
Pluriel
des noms propres
Nom propre
Titre,
voir : Titre
d’œuvre.
Composition
des vers, voir : Vers.
Point Ponctuation.
Point
typographique, voir : Mesure
typographique.