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(Pour poser une question, suggérer une amélioration ou signaler une coquille) Typographie, choix éditoriaux, et brève histoire de… l’Opus Lacroussianum Magnum Ce site web et les fichiers qu’il contient sont placés sous Licence Creative Commons (by-nc-nd) |
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Au
sein d’un texte, l’échelle des cartes se compose :
•/••
soit en chiffres arabes : cette carte au 1/250 000 ne nous
fournit aucune information utile ;
••
soit, plus rarement, en toutes lettres : j’ai retrouvé une
vieille carte au vingt millième.
Impr.
nat. 1990 (toujours en chiffres arabes).
L’École
centrale des arts et manufactures, Centrale ; l’école Estienne,
Estienne ; l’École nationale supérieure des arts décoratifs,
les Arts décoratifs, l’ÉNSAD ; l’École normale supérieure,
Normale sup, Normale ; l’École polytechnique,
Polytechnique ; l’École pratique des hautes études, les Hautes
Études ; l’École spéciale militaire ; l’École supérieure
de guerre ; le Prytanée militaire (de La Flèche).
école ?
École ?
À
France-Langue, le 22 juillet 1998.
J.-L.
DION :
À votre avis, n’y a-t-il pas une différence importante de sens
entre les deux termes des groupes suivants : École
polytechnique, École Polytechnique ? Bibliothèque
nationale, Bibliothèque Nationale ? Comédie
française, Comédie Française ? Comme moi, vous
devriez convenir facilement que les deux termes d’une paire ont
des interprétations différentes.
Non…
je n’en conviens pas… car j’ignore si la cap initiale du premier
terme du premier élément de chaque paire est démarcative ou
distinctive… ou les deux (ce qui est très probable)… Si elle se veut
distinctive, aucune « interprétation » ne peut
différencier École polytechnique et École Polytechnique…
car, ici * (dans vos exemples), le statut de dénomination
propre n’est pas indiqué par l’inutile cap initiale de l’adjectif
postposé mais par celle du substantif. Il n’y a qu’une divergence de
conception orthotypographique, et sur ce terrain je crois que la
capitalisation outrancière, ou majusculite, est une pratique assez
funeste.
*
J’insiste sur ce point… car dans d’autres cas ce serait bien sûr
inexact… En revanche, je crois, avec beaucoup d’autres, qu’il y a
une différence énorme entre une école polytechnique et l’École
polytechnique ou Polytechnique, entre une bibliothèque
nationale et la Bibliothèque nationale, entre une comédie
française et la Comédie-Française (cas très
particulier), etc.
J.-L.
DION :
Ministère des ressources naturelles du Québec : MrnQ ?
Ministère des Ressources Naturelles du Québec : MRNQ ?
Université des sciences et techniques du Languedoc : UstL ?
Université des Sciences et Techniques du Languedoc : USTL ?
Si
je vous suis bien, vous pensez qu’il est indispensable que les
capitales des sigles (et éventuellement des acronymes) correspondent
à celles de la dénomination (ou de l’expression) développée ?…
Alors, attention ! vous risquez de vous retrouver avec, par
exemple, des prépositions capitalisées…
A.N.P.E. :
Agence Nationale Pour l’Emploi ?… (« Agence nationale pour
l’emploi » est largement suffisant…)
J.-L.
DION :
Pour ma part, les premiers sont indéfinis et désignent des
institutions quelconques : il s’agit de noms communs.
Ce fait est marqué par la minuscule du deuxième mot.
Non
(en l’occurrence)… du premier… Pourquoi diable voulez-vous accorder
une capitale à un nom commun ?…
J.-L.
DION :
Par contre, à mon sens, la majuscule du deuxième indique
clairement qu’il s’agit d’institutions particulières bien
définies : les deux mots de chaque terme constituent des noms
propres.
Non…
Dans les cas que vous citez, l’ensemble des termes constitue
une dénomination propre et non une addition de noms propres
[…].
J.-L.
DION :
C’est tout simplement une simplification logique.
Non…
Ce n’est pas une simplification logique… C’est une généralisation
abusive… En effet, il est impossible de régler cette affaire en se
contentant de parler de noms propres. Une
« règle » unique et prétendument simplifiée ne peut
s’appliquer aux noms de personnes, de collectivités, d’institutions,
d’œuvres, de lieux, d’événements…
J.-L.
Dion : Pourquoi s’embarrasser d’un tas d’exceptions et se
compliquer la vie inutilement ?
Appliquez
systématiquement votre règle… et vous verrez les exceptions pousser
comme mauvaise herbe…
J.-L.
DION :
N’y a-t-il pas des choses plus importantes, à commencer par
l’orthographe et la syntaxe en général !
Bien
sûr… la syntaxe est plus importante que l’orthotypographie ! Et
alors ? Dans la vie, il y a aussi des « choses »
mille fois plus importantes que la syntaxe… Est-ce une raison
suffisante pour mépriser ou piétiner celle-ci ? L’irruption du
tragique rend dérisoire l’accord en genre et en nombre, c’est
certain, mais à ce compte-là, fermons le ban… ou parlons d’autre
chose…
À
Typographie, le 6 novembre 2001.
J.
TOMBEUR :
Un trait d’union ? Mais pourquoi donc ?
Parce
que c’est comme ça et que cela ne se discute pas ! […] Parce
qu’il s’agit d’un établissement et non d’un être humain, et que la
nuance n’est pas mince.
« Allez-vous
au collège, Jules Renard ? »
« Allez-vous
au collège Jules-Renard ? »
« Tu
t’es farci Henri-IV ? — Non, Henri III. »
« Tu
t’es farci Henri-IV ? — Non, Saint-Louis. »
« L’Église ?
Je dirai là toute ma pensée ; exactement
toute. L’appel au respect de la tradition ne va pas
sans danger. Car enfin les bûchers de Jean Hus et
de Savonarole appartiennent à la tradition ; ceux
des juifs aussi. »
Henri GUILLEMIN,
l’Affaire Jésus.
1.
•••
Majuscule initiale (accentuée…) quand Église désigne
soit l’assemblée (grec : ekklêsia) de ceux qui ont foi
en Jésus-Christ, soit les fidèles et les prêtres d’une confession
chrétienne, considérés dans leur ensemble ou au sein d’un groupe
local, soit l’institution qui les représente (ceci que les
dénominations soient exactes, tronquées, approximatives, voire
erronées) : l’Église catholique, la sainte Église, les États de
l’Église, l’Église de France, les Églises protestantes, l’Église
anglicane, un homme d’Église, Marcel a trahi son Église.
Remarque.
— Traditionnellement, l’emploi absolu (« l’Église ») est
réservé à l’Église catholique, apostolique et romaine, qui, il est
vrai, se veut « universelle » (grec : katholikos).
Dans un contexte précis, il est cependant légitime et œcuménique
d’accorder cette facilité à toutes les Églises, même si, dans bien
des cas, renoncer à l’absolu sera salutaire à la clarté. Sans
information complémentaire, une formule telle que « les
rapports du Kremlin et de l’Église passionnent modérément ce
pope » est très ambiguë.
Élision
Apostrophe
Empattement Classification typographique, Lisibilité.
L’Empire
ottoman, l’Empire romain, l’Empire séleucide, l’empire d’Autriche.
L’empire du Milieu, l’empire du Soleil-Levant.
Larousse
1999 : {empire du Soleil levant} (article
« Soleil »), pays du Soleil-Levant (article
« Japon »).
Si
l’enseigne est reproduite intégralement, l’italique s’impose.
Si
l’enseigne inclut un terme générique (auberge, café, hôtel, magasin,
etc.), le romain s’impose : l’hôtel d’Angleterre, le café du
Commerce. Mais : auberge Au Cheval-Blanc.
Les Auberges de la Jeunesse.
Introduire dans la composition des signes de divers caractères, de divers corps, graisses, styles, etc. :
Énumération
Alinéa, Parenthèse,
Tiret,
Titre
intérieur.
À
Typographie, le 25 janvier 1998.
F.
DELY :
L’important, avant tout, c’est que le message et sa structure
ressortent et perdurent.
Oui...
si cette formule concerne des diapos ou des affiches bavardes.
1.
Les plus belles structures ne sont pas exhibitionnistes…
2.
Le lourd soulignement des articulations est une marque des discours
insignifiants…
3.
Sauf exception…
4.
Mais, certes, ça dépend de quoi l’on parle…
5.
Néanmoins, ce qui est frappant, c’est que les textes les plus
ostensiblement structurés sont souvent, au bout du compte, les plus
rudimentaires et même… les moins construits…
6.
N’en déplaise à M. Richaudeau…
7. :-).
À
Typographie, le 2 septembre 1998.
Y.
GOUISSET :
J’ai un problème avec les alinéas. Exemple :
« Les
causes de ces dysfonctionnements sont principalement :
—
implication mitigée de certains partenaires ;
—
fragilité dans la continuité de la chaîne de décision ;
—
préparation insuffisante des dossiers. »
Je
crois savoir que la règle est de terminer les alinéas par des
points-virgule et c’est ce que je fais.
Attention !
Vous parlez d’une règle… mais il existe plusieurs
possibilités (à choisir en fonction de la structure de la phrase, de
la nature de l’énumération et de sa place dans le flux du texte)…
La
ponctuation — et les caps… — dépend du signe qui introduit chaque
élément de l’énumération… Ils se répartissent en deux catégories…
Les
signes « avec point » :
A.
B.I.
II.1.
2.
Les
signes « sans point » :
1o
2oa)
b)—
(tiret… formule la plus fréquente).
Avec
les premiers, on a une majuscule initiale au premier mot et un point
final pour chaque élément de l’énumération. Avec les seconds, on a
une minuscule initiale au premier mot et un point-virgule pour
chaque élément de l’énumération (sauf le dernier, qui, dans les cas
où l’énumération clôt la phrase, est un point final).
Selon
les règles classiques… car certains (d’ailleurs estimables…) vous
diront que dans le premier cas on a le choix entre le point et le
point-virgule, dans le second entre le point-virgule et la virgule.
Pour d’autres encore, le tiret appartient aux deux catégories et, de
ce fait, est d’une magnifique souplesse d’emploi. À mon sens, ils
ont tort (« certains »… comme les « autres »),
car ils se privent de délicieuses subtilités (par exemple, les
énumérations de second niveau, où les virgules entrent en jeu avec
finesse)…
À
Typographie, du 24 au 26 novembre 1998.
T.
BOUCHE :
Comment composez-vous un dialogue qui contient une liste (sans
bien sûr perdre de vue les listes de tels dialogues, sachant que
chaque niveau comprendra évidemment des incises) :
—
Je t’aime.
—
Moi non plus.
—
Pourquoi ?
—
T’es pas beau,
—
t’es pas jojo,
—
t’encombres ma liste.
—
Quelle liste ?
—
Toutes les listes :
—
la liste typo,
—
ma liste de courses,
—
et j’en passe.
—
Qu’est-ce que tu passes ?
• Version tradi •
La
discussion fut animée. On s’étripa joyeusement pour des
listes :
« Je
t’aime, dit le quadra teint.
—
Moi non plus, dit Aline.
—
Pourquoi ?
—
T’es pas beau, t’es pas jojo, t’encombres ma liste !
—
Quelle liste ?
—
Toutes les listes : la liste typo, la liste ériose, sa liste
hoirs, ma liste of courses — et j’en passe !
—
Qu’est-ce que tu passes ? »
Aline
Néat resta sans voix. Il ne restait plus qu’à trouver un éditeur et
c’était pas gagné d’avance… mais elle avait bon espoir : on
avait déjà lu pire.
• Version high-tech •
La
discussion fut animée. On s’étripa joyeusement pour des
listes :
« Je
t’aime, dit le quadra teint.
—
Moi non plus, dit Aline.
—
Pourquoi ?
—
C’est simple :
—
a)
t’es pas beau ;
—
b)
t’es pas jojo ;
—
c)
t’encombres ma liste !
—
Quelle liste ?
—
Toutes les listes :
—
1o
ou firsto, la liste typo ;
—
2o
ou deuzio, la liste ériose ;
—
3o
ou troizio, sa liste hoirs ;
—
4o
ou goitro, ma liste of courses ;
—
—
et j’en passe !
—
Qu’est-ce que tu passes ?
—
Ta gueule… tu me fatigues. »
T.
BOUCHE :
Un autre différend sur la composition des listes. Pour moi, ça se
compose comme ceci :
Mais
pour d’autres comme cela :
[…]
Des avis ?
A.
HURTIG :
Je ne comprends pas pourquoi Thierry ne compose pas sa liste (en
tout cas les items principaux) sans retrait :
C’était
une drôle d’époque :
—
pendant l’horreur d’une profonde nuit ;
—
en plus il neigeait ;
—
et pour ne rien arranger, l’aigle baissait la tête.
On comprendra notre stupéfaction, etc.
Ça
paraît le plus logique, puisque le retour-chariot n’indique pas
une fin d’alinéa.
Mais…
parce que c’est atroce ! hideux ! épouvantable ! En
outre, contrairement à ce que tu dis, c’est beaucoup moins clair… Tu
vas voir pourquoi…
Imagine,
par exemple, que la dernière ligne avant l’énumération
commence par un tiret d’incise (ce sont des choses qui peuvent
arriver…) :
C’est
du propre… Tu ne crains pas que, pour le coup, le lecteur « n’y
voie plus rien et confonde tout ».
A.
HURTIG :
Je suis en train de regarder quelques exemples… et je maintiens
que c’est beaucoup plus clair, et nettement plus logique !
Oc,
oc… Disons que ta logique n’est pas la mienne… car pour moi chaque
élément de la liste engendre un alinéa… Logique, puisque, à la fin
de chacun d’entre eux, on va à la ligne… Sinon, j’y perds mon latin.
A.
HURTIG :
« Imagine, par exemple, que la dernière ligne avant
l’énumération commence par un tiret d’incise. » Jean-Pierre,
tu n’as pas honte de sortir des arguments pareils ?
Pas
le moins du monde… J’aurais dû t’envoyer un bordel encore plus
vicieux, avec un peu de rab : des tirets d’incise dans un des
éléments de la liste… Tiens, piskeu t’es têtu, le voici :
Eh
oui, cinq tirets… et seulement deux pour la liste… Ah !
l’obscure clarté qui tombe des tirets (dommage qu’on cause point des
astérisques).
A.
HURTIG :
Dans ce cas d’espèce (rarissime), je suppose que je trafiquerais
un peu les lignes pour que la fameuse dernière ligne ne vienne pas
m’embêter avec son tiret…
Et
voui, parade connue (si t’as assez de jeu pour gagner ou chasser sur
plus d’un cadratin, mais dans mon exemple, c’était pas couru
d’avance)… et qui signifie quoi ? Que tu n’hésiterais pas à
foutre ton gris en l’air pour maintenir un parti et une cause
indéfendables… Oh ! que c’est laid…
P.
CAZAUX :
Ben pourquoi ne pas utiliser des tirets demi-cadratin pour la
liste et cadratin pour les incises ? Hein ? Ça se fait
pas ? Ça se fera.
Ben,
pourquoi ne pas utiliser le renfoncement d’alinéa ? Ça se fait
depuis longtemps… et ça se fera encore longtemps…
Épigraphe Dédicace.
•••
Nom féminin. Une épigraphe est une citation placée en tête d’un
texte (œuvre, partie, chapitre ou article). Selon sa définition
traditionnelle, l’épigraphe vise soit à éclairer ou infléchir le
sens d’un titre, soit à résumer ou à suggérer l’esprit du texte
qu’elle précède. Cette mission semble à la fois ambitieuse et
restrictive. Si certaines la remplissent, quantité d’épigraphes s’en
affranchissent. Le registre va de la dérision à la pédanterie.
¶ Place
L’épigraphe
se rapportant à l’ensemble d’un ouvrage devrait être brève et
composée sur la page de titre. Cette règle est aujourd’hui bien
oubliée ; pour plusieurs raisons, tenant soit à l’évolution de
la mise en pages (le grand titre n’est plus ce qu’il était…), soit
aux pratiques des auteurs, qui n’hésitent pas à choisir de très
longues citations, voire à les multiplier. Résultat, on voit des
livres dont les épigraphes « générales » se baladent
n’importe où : avant ou après les dédicaces, les
avertissements, les préfaces, etc.
Si
l’on renonce à l’associer au titre, l’épigraphe d’un ouvrage doit au
moins être liée au texte principal. Ouvrages ayant des divisions
internes (parties, chapitres, etc.) : épigraphe en belle page,
immédiatement avant le texte principal. Ouvrages non divisés :
soit en belle page, soit en tête du texte.
Les
épigraphes se rapportant à une partie d’un ouvrage se composent sous
le titre des parties principales, en belle page, soit en tête du
texte concerné, sous le titre éventuel.
Ces
citations peuvent être longues et multiples (sans excès…).
¶ Composition
L’épigraphe reprenant une citation en français se compose en romain entre guillemets, ou en italique. Une citation étrangère en version originale se compose obligatoirement en italique, et l’éventuelle traduction en romain entre guillemets.
Quae
lucis miseris tam dira cupido ?
VIRGILE,
Ænidos.
Le nom de l’auteur se compose en petites capitales (initiales du nom et du prénom en grandes capitales), le titre de l’œuvre (facultatif, sauf pour les œuvres anonymes) en italique. Dans les ouvrages spécialisés, les références peuvent être détaillées.
« Aidons
l’hydre à vider son brouillard. »
Stéphane MALLARMÉ,
Divagations, p. 352.
La
justification et le corps sont nécessairement très inférieurs à ceux
du texte courant. Composition sans interlignage. Prose en alinéa.
Renfoncement à droite d’un ou deux cadratins, selon le format.
Vocabulaire
Bien
que des lexicographes et des grammairiens entérinent aujourd’hui ce
fâcheux dérapage, un exergue n’est pas une épigraphe… Il ne s’agit
pas de s’accrocher comme un forcené aux seules acceptions anciennes
(exergue sur une médaille, épigraphe sur un monument ou, par
extension, devant un texte) mais, bien au contraire, de défendre
l’enrichissement de la langue. Par extension, « mettre en
exergue » signifie mettre en évidence. D’excellents auteurs,
comme Bénac
1978, peuvent légitimement écrire qu’une épigraphe met
une citation en exergue.
Faire
d’« exergue » et d’« épigraphe » des synonymes
pour faciliter la vie des cancres n’est hélas pas seulement
démagogique, on s’en accommoderait, cela revient à ravaler de bons
stylistes au rang de manieurs de pléonasmes. Triste victoire du
mauvais usage sur le bon. Dans trente ans, on nous apprendra
peut-être qu’« épigramme » a rejoint la bande. Et dans
soixante, « épitaphe » ?
Girodet
1988, Gouriou
1990, Gradus
1980, Larousse
1933, Littré
1872, Thomas
1971.
Hanse 1987,
Larousse
1970, 1999,
Lexis 1989.
Époque Âge, Ère, Événement historique.
L’Antiquité,
le Consulat, le Directoire, l’Occupation, la Reconquête, la Réforme,
la Renaissance, la Résistance, la Restauration, les Temps modernes.
À
Typographie, le 25 janvier 2000.
O.
RANDIER :
Ma correctrice n’est pas d’accord avec l’Hyène […] : Siècle
des lumières (I.N.) ou siècle des Lumières ?
Ah…
mon bon monsieur… problème ! Beaucoup de sources sérieuses (Girodet
1988, Larousse 1985, Robert 1993, etc.) font comme l’Hyène.
La prudence voudrait qu’on les suive… Pourtant, cette graphie est
très conne, car dans le même texte, tu risques de te retrouver avec
les Lumières et le Siècle des lumières…
Donc, tu vois ce qu’il te reste à faire… À ta place, je suivrais la
correctrice… et si les donneurs d’ordre discutent, renvoie-les au Grand
Larousse universel… Ils y verront un épatant siècle
des Lumières…
O.
RANDIER :
Second Empire (I.N.) ou second Empire ?
J’aurais tendance à suivre l’Hyène, mais aussi à éviter les
conflits internes…
Là,
aucune discussion… Suis l’Hyène…
Un
coup sur deux, c’est négociable…
Ère Âge.
Minuscule
initiale à ère et aux adjectifs qui qualifient ce nom :
l’ère chrétienne, l’ère tertiaire (mais le Tertiaire).
Impr.
nat. 1990.
Errata :
liste des erreurs et des fautes contenues dans un ouvrage, avec
l’indication des corrections.
Espace Blanc, Cadratin, Deux-points, Espacement, Ponctuation, Tiret.
¶
Mot féminin : une espace est un blanc qui isole les mots ou les
signes de ponctuation.
Berthelot
1992, Impr.
nat. 1990, Lecerf
1956, Ramat
1994, Williams
1992.
Espace
fine : un point.
Espace
avant-fine : un point et demi.
Moyenne :
quart de cadratin.
Forte
ou grosse : tiers de cadratin (c’est l’espace-mot théorique).
Composition
au plomb : petite lame de métal, moins haute que les
caractères, qui sépare les mots.
I.
Espaces insécables,
espaces fines et espaces justifiantes
À
Typographie, le 13 janvier 1998.
J.
ANDRÉ :
Si on compare [le titre J’accuse, de Zola] de 1898 avec
celui des compos d’aujourd’hui (par exemple le Monde
d’hier soir), on remarque quelques différences. En 1898 : l’Aurore
écrit J’accuse…! (sans espace avant le point
d’exclamation). En 1998 : le Monde écrit J’accuse… !
(avec une fine devant).
Je
me trompe peut-être, mais il me semble que le Monde, comme
tant d’autres, a du mal à oublier la Linotype. J’ai l’impression
qu’il tente de restituer l’énorme approche naturelle des
ponctuations hautes en ajoutant une espace là où il n’en faudrait
pas. Pas simple… S’il est impératif d’introduire des espaces
insécables entre une lettre et une ponctuation haute, je crois
qu’aujourd’hui (comme du temps de la composition manuelle, sauf dans
les compos très blanches…) on devrait s’en abstenir entre deux
signes de ponctuation (à l’exception des guillemets, évidemment, et,
cas plus rares… du deux-points et du point-virgule) : xxx !,
« xxx ! », mais xxx…!, xxx !?,
xxx !!!, xxx (!), xxx [?], etc. Dans ces
derniers cas, la petite approche « naturelle » de nos
polices est largement suffisante. […]
Je
n’aimerais guère que l’on adopte un système d’introduction
automatique de blanc avant les ponctuations hautes (sauf, peut-être,
pour le deux-points…). Ou alors, il faudrait qu’il soit
« débrayable »… Sinon, ce ne serait qu’une ossification
supplémentaire, une béquille pour les cancres mais une entrave à la
liberté des autres. Le jeu sur les espaces liées à la ponctuation
était et devrait redevenir un moyen, « gérable par le
compositeur humain… », de justifier subtilement.
À
Typographie, les 31 août et 1er septembre 1998.
B.
LERAILLEZ :
Dans le même genre de pression à exercer sur un éditeur, pourquoi
ne pas demander aux éditeurs de polices de fournir des signes de
ponctuation correctement espacés ?
NON !!!
Surtout pas !!! Vous voyez pourquoi… (?). Non…?!
En
outre, le jeu sur les espaces antérieures des signes de ponctuation
a toujours été un procédé de justification très subtil ! […]
Si
nous devions exercer une pression, je la verrais bien en sens
inverse… En effet, certaines polices introduisent davantage de blanc
à gauche des ponctuations hautes, d’autres s’en gardent bien… Dans
Fontographer ou un logiciel similaire, comparez les points
d’interrogation et d’exclamation en Times et en Palatino… En Times,
ils sont légèrement décalés vers la droite et ménagent une solide
approche à gauche, en Palatino ils sont strictement centrés et les
approches sont faibles. Cela explique bien des choses…
Le
léger blanc intégré ne fait l’affaire que des typographes
anglo-saxons (et de leurs émules mondialisés…). Pour nous, il ne
fait qu’augmenter stupidement la valeur des fines… Quant aux
immenses insécables engendrées par les logiciels de traitement de
texte, elles sombrent dans la caricature… S’il y a une pression à
exercer, c’est bien celle-ci : imposer la présence de fines
dans tous les logiciels traitant peu ou prou des textes…
Qu’un machin aussi puissant que Word n’en dispose pas est un
scandale… un scandale dangereux, car ils n’ont pas tout à fait tort
tous ceux qui trouvent que ces prétendues « espaces
françaises » avant les ponctuations hautes sont ridiculement
grandes… De là à préférer les rustiques conventions des autres…
B.
LERAILLEZ :
À ce propos, pourquoi les espaces étaient rajoutées à la main du
temps du plomb et pas intégrées au caractère ?
Quel
temps du plomb ? Dans les matrices Lino, le (léger) blanc
antérieur des points d’interrogation, d’exclamation et du
point-virgule était intégré… Là aussi, cela explique bien des
choses…
J.
ANDRÉ :
Il est exact que la tendance actuelle de la typographie est que
c’est le dessinateur de caractères qui règle certaines espaces
(notamment quelques approches) et non plus le compositeur.
C’est
bien là le drame… Le blanc antérieur des ponctuations hautes est une
approche pour les Anglo-Saxons, donc (avant tout) une affaire de
dessinateur de caractères… alors que pour nous c’est une espace,
donc une stricte affaire de compositeur…
À
F.L.L.F., le 1er juin 2000.
P.
CAZAUX :
L’insécabilité n’a rien à voir avec la chasse.
Je
ne l’ai pas prétendu (j’évoquais une différence de nature). Ce qui
ne veut pas dire que ce soit complètement faux. En effet, hormis
l’espace-mot, qui est éventuellement insécable (dans des
circonstances précises), toutes les autres sont nécessairement
insécables, toujours, sempre, always, immer, siempre. D’où la
charmante inutilité d’au moins un quart des espaces xpressiennes…
alors qu’il en manque d’indispensables…
À
Typographie, le 3 octobre 2000.
OUDIN-SHANNON :
Hurtig m’explique que si la suppression des espaces liées à la
ponctuation permettait d’éviter des lézardes, pourquoi ne pas les
supprimer toutes ? Merci, j’y songerai, mais en attendant
pourquoi cette « évolution » faite par les Anglais
serait inconcevable en France ?
Parce
que, contrairement à ce que vous prétendez, si la suppression des
fines devant les ponctuations hautes n’élimine pas nécessairement
les lézardes… elle peut, éventuellement, en créer, et parfois de
plus redoutables… car éliminer une fine au-dessus de plusieurs
justifiantes a pour effet de rapprocher une justifiante de ses
semblables… (sauf dans les cas où la fine précède plusieurs signes
de ponctuation). Il conviendrait par conséquent d’imaginer d’autres
« raisons », un tantinet plus convaincantes.
À
F.L.L.F., le 23 septembre 2001.
S.
NATARAJA :
Pouvez-vous me rappeler quelles ponctuations reçoivent une espace
fine subséquente ?
Subséquente ?
Aucune…
S.
NATARAJA :
Bon, et mes espaces fines ?
Chaud
devant ! les voici…
Entre
une lettre (ou un chiffre) et ces ponctuations hautes (et non
« doubles » *…) : point d’interrogation, point
d’exclamation, point-virgule. Avant le deux-points, deux
écoles : espace mots insécable ou, mieux (à mon sens), espace
légèrement plus petite que la justifiante (mais plus grande qu’une
fine…). Kif-kif après les guillemets ouvrants et avant les
guillemets fermants. Vous vous demanderez peut-être pourquoi j’ai
précisé « lettre (ou chiffre) »… En raison de ceci :
(?), [!], ?!, …?, etc. Autant de cas qui rendent impossible
l’insertion automatique et aveugle des fines (sauf à disposer d’un
logiciel gérant finement les exceptions…).
*
Les ponctuations doubles (intervenant deux fois…) sont les
crochets, les parenthèses (dans leur rôle-titre, donc pas
toujours), les guillemets (sauf cas particuliers…) et (le plus
souvent) les tirets…
À
F.L.L.F., du 5 au 10 décembre 2001.
J.
FONTAINE :
Mais ces signes devraient quand même être plus près du mot qui
précède que du mot qui suit, ce qui n’est pas le cas si, toujours
à défaut d’espace fine, on choisit plutôt d’insérer une espace-mot
insécable.
[…]
Tout dépend du parcours et de la destination ultime du texte. S’il
doit migrer vers un logiciel de mise en pages, il est tout à fait
inutile — voire nocif… — de se préoccuper de finesses visuelles au
stade de la copie (dans ce processus, un fichier de traitement de
texte n’est jamais que de la copie).
La
question ne se pose que s’il doit être diffusé sous la forme qu’aura
pu lui donner un logiciel incapable d’offrir des fines et d’autres
subtilités typographiques… Ici, alternative angoissante. Faut-il s’y
résigner ou tenter d’améliorer les choses en bricolant ? À
chacun de voir…
Pour
les fines, il existe une astuce bien connue (à ne surtout pas
employer dans un processus d’édition digne de ce nom) : il
suffit de réduire (considérablement) le corps de l’espace…
L.
BENTZ :
L’imprimerie distingue les espaces insécables (espaces fines et
espaces-mots) et les espaces justifiantes.
Laissez
tomber l’espace-mot, notion qui ne dit rien à personne ou presque.
Quant à l’« imprimerie », elle pose un petit problème.
Elle n’a pas toujours connu les espaces insécables. Au plomb, cela
n’aurait eu aucun sens, sauf avec une scie… Ce sont les séquences de
caractères qui étaient (et sont toujours…) insécables… La notion
d’« espace insécable » est davantage liée à la P.A.O., que
la destination finale de la « publication » soit le papier
(imprimerie) ou l’écran…
J’écrirais
volontiers : « La composition typographique et la P.A.O.
distinguent quantité d’espaces, dont les espaces fines (toujours
insécables) et les espaces justifiantes. »
Site
Web de Jean-Pierre Lacroux.
Mais,
dites-moi, une espace justifiante insécable n’a-t-elle pas la même
valeur qu’une espace sécable ?
Théoriquement,
oui… par définition. Dans les faits, non… car l’espace insécable
réellement justifiante n’est pas disponible en tout lieu.
Une
espace sécable est nécessairement justifiante. Théoriquement et dans
les faits. L’inverse n’est pas théoriquement vrai (une espace
justifiante n’est pas nécessairement sécable…). Pourtant, nombreux
sont ceux qui font comme si… y compris certains concepteurs de
logiciels, d’où quelques petits problèmes…
II.
Un espace, une espace ?
À
Typographie, le 31 mars 1998.
J.-D.
RONDINET :
Une espace fine crée un espace fin.
Théoriquement…
je suis d’accord… mais… honnêtement… je ne fais pas cette
distinction… Pour moi, toutes les espaces typographiques sont
féminines, même sur le papier… J’veux ben être snob, attaché à nos
traditions… mais dans des limites raisonnab’… Je ne me vois pas
expliquer à un quidam que « cet » espace, là, sur le
papier, est fautif, trop fort, trop gros, et qu’il conviendrait
d’introduire une espace fine…
À
F.L.L.F., le 3 mars 2000
M.
GUILLOU :
« Et d’où cela vient-il ? » Je n’en sais trop rien.
J.-P. Lacroux va nous venir en aide, j’en suis certain.
Cela
vient du français… tout simplement ! « Espace » fut
longtemps masculin ou féminin, au choix. Le féminin a dépéri, sauf
chez les typographes.
À
F.L.L.F., du 19 au 20 mars 2001.
ALEXIA :
Dans la phrase « Appuie sur la barre Espace pour laisser une
espace entre les mots » : pour moi l’emploi du féminin
est correct (Larousse : « Espace, n. f. Imprim.
Blanc servant à séparer les mots »).
Cette
définition est incomplète, disons… anecdotique, donc un tantinet
erronée… « Ah ? » (Trois espaces, dont pas une ne
sépare deux mots…)
ALEXIA :
Le réviseur (de ma traduction) conteste l’emploi du féminin comme
n’étant pas approprié dans ce contexte (il s’agit d’utiliser le
clavier de l’ordinateur pour saisir du texte). Je suis perplexe et
souhaiterais avoir différents avis.
Il
y a de quoi être perplexe… à cause du verbe employé. Un puristissime
(et votre réviseur en est peut-être un) vous dira que l’on introduit
une espace pour engendrer (« laisser ») un espace. Selon
moi et de nombreux acribiques décontractés, le masculin est à
déconseiller dans tous les cas relatifs à la composition… « Une
espace », qu’il s’agisse du caractère ou du blanc sur la page.
Inutile de se compliquer inutilement la vie et le vocabulaire.
T.
BOUCHE :
Non, une espace imprime un blanc. À moins que ton puriste vive à
l’échelle du micron et voie en effet l’espace laissé entre
l’empreinte des caractères en relief (encre, toner…).
Tututut…
Demande donc à Jean-Denis ou à des ancêtres qui connaissent encore
la tradition…
T.
BOUCHE :
C’est la même chose d’ailleurs pour une interligne (lame
de plomb ou de papier) qui engendre un interligne (un
blanc).
Mais
nous sommes d’accord… cette distinction archéopuriste n’a plus de
raison d’être dans notre monde sans plomb… Féminin partout.
Espacement Approche, Coupure, Espace.
¶
L’espacement régulier des mots est une qualité primordiale pour
toute composition typographique.
Est
Point cardinal
Et,
esperluette
Etc.
I.
La conjonction et/ou
À
Typographie, du 10 novembre 1997 au 15 janvier 1998.
J.
FONTAINE :
Il faut reconnaître que ce et/ou est parfois pratique pour
celui qui s’en sert, car il permet d’éviter de longues
périphrases.
Il
permet surtout d’éviter la mise au clair de la pensée… ce qui est le
comble du « pratique »… (Le reste de votre message montre
que nous sommes d’accord sur ce point.)
Je
crois que le souci stylistique existe chez les maniaques du et/ou,
mais il ne vise pas à éliminer les périphrases. Oh ! non… La
preuve : leurs textes en sont farcis ! Leur quête est
ailleurs : ils tentent de se conformer à un modèle surévalué.
D.
PUNSOLA :
De plus et/ou est un mot qui est créé par l’intermédiaire
de l’écrit. Une telle création n’est pas du tout dans la logique
du langage parlé.
D’accord
pour critiquer et/ou, bien sûr, mais votre argument est
dangereux… La néologie savante est pour l’essentiel opérée à
l’écrit. Est-ce un indice de mépris pour l’oral ?
Ne
mépriseriez-vous pas un peu l’écrit ? Pas prudent sur cette
liste… Pour revenir à quelque chose de plus typographique, que dire
alors des sigles ? Créés à l’écrit, ils se répandent sans frein
à l’oral, qui, juste retour des choses, renvoie des dérivés qui
s’installent à l’écrit.
À
France-Langue, le 14 avril 1998.
A.
MIGNEAULT :
Mais tout ceci pourrait aussi s’appliquer à l’implication logique
(le si… alors), qui présente le même genre de difficulté
dans la langue de tous les jours : S’il pleut, j’irai au
musée n’exclut pas, du point de vue logique, que s’il fait beau,
je pourrais tout de même décider d’aller au musée. Mais on
pourrait aussi croire que cette affirmation comporte tacitement le
sens de s’il fait beau, je ferai autre chose, alors qu’en
logique cette implication « en miroir » n’existe
simplement pas.
Laissons
la logique et revenons à la langue, c’est-à-dire au locuteur… S’il
déclare S’il pleut, j’irai au musée avec l’intention de vous
faire entendre que, même s’il ne pleut pas, il ira au musée, alors
nous pourrions lui conseiller de choisir une autre formule… En
revanche, s’il vous dit S’il fait beau, je n’irai pas au musée,
il n’est pas déraisonnable de supposer que, s’il pleut, il ira au
musée.
Quant
au fameux et/ou… on lui trouve des vertus logiques mais on
se garde bien d’envisager sa négation… Il est vrai que le moindre ni
ni serait dangereux pour sa réputation.
O.
BETTENS :
Le ou logique est inclusif, c’est incontestable, mais il
s’agit d’un axiome (donc d’une convention) qui ne répond à aucun
impératif… logique. Il est parfaitement possible de construire une
logique formelle dont le ou élémentaire serait exclusif.
C’est
en particulier celle des restaurateurs… Fromage ou dessert.
O.
BETTENS :
Il existe des gens qui sont allergiques à et/ou. Malgré le
caractère enflammé de certaines interventions, ils ne parviennent
pas à imposer le point de vue selon lequel ou sans autre
précision serait par défaut inclusif…
Je
suis allergique au et/ou, mais je ne cherche pas à prouver
que ou est par défaut inclusif…
Je
suis allergique à et/ou, car cette chose est née de la
confusion entre opérateur logique et conjonction. Qu’un opérateur
puisse avoir la même gueule qu’une conjonction, c’est certain, mais
cela n’entraîne pas mécaniquement que l’association de deux
opérateurs engendre une nouvelle conjonction…
Qui
a jamais entendu un et/ou oral émis par un individu
sensé ? Alors que la plupart des opérateurs sont représentés
par des signes non alphabétiques qui se lisent sans problème, ce
machin qui associe les deux conjonctions les plus employées offre la
particularité d’être une cheville strictement graphique… Pour
quiconque s’intéresse davantage à la langue qu’à la logique, cette
infirmité n’est pas négligeable…
À
Typographie, le 17 mars 1999.
J.
MELOT :
On peut encore insister sur son caractère en quelque sorte contre
nature. Isolément, la pseudo-conjonction et/ou se
présente, certes, sous forme d’une opération logique aisément
compréhensible. Toutefois, aussi étrange que cela puisse paraître,
cela ne correspond pas à une opération spontanée élémentaire de la
pensée humaine. Pour s’en apercevoir, il suffit de lire un texte
où cette pseudo-conjonction est utilisée plusieurs fois à
intervalles rapprochés.
Vous
devez vous en douter, j’ai lu/bu votre intervention comme du
petit-lait. Rien à ajouter, sauf peut-être ceci : inutile de
lire des textes imbitables pour s’apercevoir que la conjonction et/ou
est une pseudo-conjonction ne correspondant pas à une opération
élémentaire de notre pensée, du moins de la pensée des francophones
(pour les autres, je n’en sais rien). Avez-vous déjà entendu
un de vos interlocuteurs l’employer spontanément à l’oral pour
« préciser » par exemple une situation de sa vie
quotidienne ou la nature d’un sentiment ? Ce machin moche et
inutile est prononcé (lourdement) à la lecture ou, tic jargonnesque,
à la restitution partielle de textes où il figure. C’est un artifice
graphique, rien de plus, il n’appartient pas (encore) à notre
langue.
Raison
de plus pour en parler ici… L’affaire du et/ou, épisode
affligeant des aventures de la barre oblique, est incontestablement
typographique.
T.
BOUCHE :
L’écrit contient des tas de choses imprononçables qui y ont droit
de cité.
C’est
évident… mais je ne vois pas en quoi cela concerne une
pseudo-conjonction comme et/ou, qui est parfaitement
prononçable mais que personne ou presque ne prononce.
Ce
machin n’est pas « une chose imprononçable », ce n’est pas
davantage un signe (que l’on nommerait), c’est l’accouplement
imbécile de deux conjonctions. On ne va pas s’éterniser sur cet
hymen hideux et sur son fruit (lexical et syntaxique […]), ce qui
nous intéresse c’est le rôle qu’y tient la barre oblique. Ce signe
typographique est un leurre, un attrape-nigaud devenu un signe de
reconnaissance. Dans et/ou (et dans d’autres cas récents),
il joue un rôle en complète contradiction avec ses missions
habituelles (anciennes et nouvelles).
Résultat,
cette malheureuse barre oblique est devenue un signe flou, corvéable
à merci, pour tout et pour rien, un ustensile providentiel pour les
scripteurs et les penseurs pressés.
II.
Étymologie de l’esperluette
À
Typographie, le 11 mars 1998.
J.
MELOT :
Selon Grevisse (le Bon Usage) : « 87 […] La
conjonction et est parfois représentée, en typographie,
par la ligature & (autrefois nommée tout d’abord ête,
dans les écoles, elle s’est appelée, par une sorte de jeu de mots
amenant une rime plaisante, à la fin de l’alphabet, perluète, ou
pirlouète, ou esperluète). »
Cette
explication de l’étymologie me semble légèrement douteuse dans le
détail (d’autant plus que Grevisse ne cite pas sa source) […]
En
ce qui concerne & et son nom anglais (ampersand)
voici ce qu’en dit l’Oxford English Dictionary : après
avoir noté les variantes attestées (ampassy, ampussy,
ampus) le mot ampersand est regardé comme altération de and
per se-and, c’est-à-dire & by itself
and. L’explication est simple. Jadis on utilisait l’expression a-per-se,
a, c’est-à-dire a by itself makes the word a, cependant
que la lettre elle-même était parfois appelée A-per-se-A,
[…] O-per-se-O, &-per-se-and (and-per-se,
an-per-se, amperse). Il s’agit évidemment d’une habitude
ayant son origine chez les lettrés, puisqu’il s’agit de latin.
Elle peut donc être très ancienne.
Ma
conclusion, pour le moment, est donc que l’étymologie & per l’et
pour esperluette (et ses variantes) est probable et qu’il
s’agit d’un calque de l’anglais (ou l’inverse)…
La
pire, c’est celle de Bob et du Dictionnaire historique
de Rey (croisement de perna et de sphaerula), qui
est à mon sens désesperluante (pour une fois, parce que, à part ça,
quelle merveille ce bouquin !). Comme la rime plaisante (après
z, & prononcé ette, d’où rime amusante finale perluette…)
est également la version de Vox, j’aimerais bien qu’elle soit
fausse…
En
ce qui concerne la vôtre, il faudrait que soit établie avec
certitude l’ancienneté du terme et une très nette antériorité
d’esperluette sur perluette… Or, selon plusieurs sources (mais on
sait ce que ça vaut…), il semble que ces deux formes soient récentes
(XIXe siècle)
et quasi synchrones. Ce qui, pour l’heure, me fait préférer la rime
amusante, avec le bel espoir que d’anciens grimoires vous donneront
raison !
J.
MELOT :
… sauf si cette formation remonte à l’époque médiévale ou même à
la Renaissance où le latin était encore en usage général dans les
milieux savants. Dans ce cas il s’agirait plutôt d’un calque du
latin « récent », à la fois en anglais et en français.
Ce calque a toute l’allure d’un emprunt professionnel (jargon de
typographe ?) et l’explication par le jeu de mots enfantin
(origine écolière) est, par conséquent, peu probable.
Pas
si vite, cher ami… Votre étymologie (& per l’et) n’est
pas incompatible avec nos rares certitudes &, parmi celles-ci,
la scolarité de l’esperluette…
Si
l’étymologie est obscure, quelques épisodes de la vie de
l’esperluette ont été relatés par des gens dignes de foi… Bob
& Rey donnent comme date de première attestation :
1878 *, c’est-à-dire la date de parution du « Premier
supplément » de Pierre Larousse. Dans cet illustre monument, on
lit ceci : « Nom qu’on donnait, dans les écoles
élémentaires, au caractère &, qui terminait l’alphabet et qui
représentait le mot “et”. »
*
Comme quoi une date de première attestation, quand elle est
uniquement fondée sur un dico d’antan, ça vaut ce que ça vaut…
Trois
remarques…
—
L’esperluette ne figurait pas dans le tome VII (1870).
—
L’imparfait est intéressant… Il semble indiquer qu’en 1878 cet usage
est éteint… Elle est bonne… Depuis quand ? Mystère, mais
probablement pas depuis longtemps.
—
Au XIXe
siècle, j’ai bien l’impression qu’esperluette n’est pas
employé par les typographes…
Bref,
il n’est pas interdit de penser que les deux hypothèses (latin &
école) sont bonnes & peuvent cohabiter avec bonheur :
quelques vieux maîtres des écoles élémentaires, fins latinistes (ou
pieux conservateurs de très anciens usages ?), ont enseigné
l’alphabet en ajoutant, après le z, « l’et-te per
l’et-te », que de plaisants galopins ont transformé en
esperluette plus sympathique, voire en perluette plus vive (et plus
apte à clore brillamment l’alphabet)…
À
F.L.L.F., le 18 avril 2000.
D.
DIDIER :
Selon le Robert historique, l’esperluette ou la perluette
est issue du croisement du latin perna, jambe, sorte de
coquillage, et de sphaerula, dérivé de sphaera,
boule ou sphère.
C’est
à mon sens une des rares bévues de ce remarquable ouvrage… Question
à poser à l’auteur de l’article : quelle est donc l’étymologie
de l’anglais ampersand ?…
Comme
il est envisageable que le cheminement, à partir du latin de nos
écoles : & (et/and) per se (et/and),
ait été similaire dans les deux langues, je serais curieux de savoir
où se nichent la « jambe » et la « sphère » dans
le terme anglais…
D.
DIDIER :
Mais… mais… dans la Comédie des mots (Gallimard-jeunesse),
Régine Detambel écrit que l’esperluette était la dernière lettre
de l’alphabet que devaient réciter les élèves […]. À vous de
choisir votre version…
La
dernière, classique […], est sans doute proche de la vérité mais
elle fait l’impasse sur l’origine réelle… Les écoliers ne sont pas
passés tout seuls de « et-te » à « perluette »
ou « esperluette ». On les a aidés !
III.
Usage de l’esperluette
À
Typographie, du 6 au 8 juin 1998.
Je
viens de recevoir le programme de la conférence annuelle de l’Atypi.
La conjonction « et » y est systématiquement remplacée par
l’esperluette. Que pensez-vous de cette pratique ?
M.
BOVANI :
Ce qui me gêne moi, c’est plutôt que l’esperluette a un air de
cap, je trouve que dans un texte en b. d. c., elle brise
le rythme…
C’est
ce qui m’ennuie aussi… Au sein de la phrase, elle confère trop
d’importance à ce qui n’en a guère, du moins à ce qui n’en a pas
plus que le reste…
On
comprend que (dans les formes et l’œil globuleux qu’elle a adoptés
et figés dans nos polices) l’esperluette soit devenue un « et
commercial ». Elle s’intercale avec grâce entre deux mots dont
l’initiale est une capitale (Dupont & Dupond, Durand & Cie,
etc. On comprend moins que les typographes, jouant sur sa rareté et
son indiscutable charme, l’utilisent comme une marque, un signe de
reconnaissance, un emblème corporatif, jusque dans les compositions
les plus ordinaires. Je ne suis pas loin de penser que cette
utilisation n’est pas exempte de préciosité vulgaire.
C.
LABOUISSE :
Je pense que c’est une question d’habitude. Je me souviens avoir
vu, dans le numéro 22 des Cahiers Gutenberg il me semble,
un fac-similé d’un ouvrage du XVIIIe siècle
qui utilisait l’esperluette comme elle l’a été dans le programme
de l’Atypi. À l’époque de l’impression, personne ne devait trouver
ça bizarre, mais c’est vrai qu’aujourd’hui…
Bien
sûr que c’est une question d’habitude, et nous l’avons perdue.
Pourquoi ? Peut-être parce que c’était une mauvaise habitude…
et, si c’était une mauvaise habitude, pourquoi y revenir ?
T.
BOUCHE :
Cela dit, et avec J.-P. Bobillot (qui est aussi un surconsommateur
d’esperluettes), je te rappellerai l’adage : « Votre
temps est bref, soyez précieux ! »
Sûr…
mais soyons précieux avec discrétion et seulement de temps en temps,
quand ça s’impose… J’ai peut-être été un peu excessif avec ma
« préciosité vulgaire »… « Ostentatoire », ça te
va ?…
G.
PEREZ :
[Sur le site Web de T. Bouche], il y a de très belles
démonstrations et interrogations typographiques : j’aime bien
les elzéviriens en maths.
Moi
aussi, j’aime beaucoup les chiffres elzéviriens ! Pour une
raison qui est exactement l’inverse de celle qui me fait détester
(bien grand mot, mais j’ai rien d’autre à portée de main…)
l’esperluette dans les compos ordinaires : eux, au moins, ils
n’ont pas des tronches de capitales ! ils sonts discrets &
savent un peu baisser la tête… Ils t’arrêtent pas l’œil avec
arrogance… L’esperluette, qui n’est jamais qu’un « et » à
la con, se prend pour une balise essentielle, un phare de la phrase,
le truc à ne surtout pas manquer… C’est bien simple, j’ai envie de
lui taper sur la tête, histoire de lui apprendre à vivre… (Sa
sœurette, l’esperluette petite cap, est d’une modestie bien
séduisante, mais elle est hélas bien rare.)
État Pays.
•••
État prend la majuscule initiale s’il désigne une entité politique
titulaire de la souveraineté et, par extension, sa forme de
gouvernement, ses pouvoirs publics : les États baltes, les
États-Unis, l’État d’Israël, les États du pape. Une affaire d’État,
un chef d’État, le Conseil d’État, un conseiller d’État, un coup
d’État, l’État providence, un homme d’État, un ministre d’État, la
raison d’État, une religion d’État, un secret d’État, un secrétaire
d’État, la sûreté de l’État.
On
accorde la majuscule à des États qui n’ont jamais connu que la
souveraineté limitée (États non-fondateurs d’un État fédéral :
l’État du Montana) ; on la laissera à ceux qui souhaitent
désormais s’en contenter : la France est un des États de
l’Union européenne.
•••
Dans tous les autres cas, la minuscule initiale
s’impose : état civil.
Hawaii :
deux i, pas de tréma.
Massachusetts :
deux s, un s, deux t.
Mississippi :
deux s, deux s, deux p.
|
Code
postal |
Abréviations
anglo-saxonnes |
Abréviations
françaises |
Alabama | AL | Ala. | Alab. |
Alaska | AK | ||
Arizona | AZ | Ariz. | |
Arkansas | AR | Ark. | |
Californie (California) | CA | Calif. | |
Caroline-du-Nord (North Carolina) | NC | N.C. | Car.-du-N. |
Caroline-du-Sud (South Carolina) | SC | S.C. | Car.-du-S. |
Colorado | CO | Colo. | Color. |
Connecticut | CT | Conn. | |
Dakota-du-Nord (North Dakota) | ND | N.D., N.Dak. | Dak.-du-N. |
Dakota-du-Sud (South Dakota) | SD | S.D., S.Dak. | Dak.-du-S. |
Delaware | DE | Del. | |
District de (of) Columbia | DC | D.C. | D. C. |
Floride (Florida) | FL | Fla. | Flor. |
Géorgie (Georgia) | GA | Ga. | — |
Hawaii | HI | ||
Idaho | ID | ||
Illinois | IL | Ill. | |
Indiana | IN | Ind. | |
Iowa | IA | ||
Kansas | KS | Kans. | |
Kentucky | KY | Ky. | — [Kent.] |
Louisiane (Louisiana) | LA | La. | — [Louis.] |
Maine | ME | ||
Maryland | MD | Md. | Mar. |
Massachusetts | MA | Mass. | |
Michigan | MI | Mich. | |
Minnesota | MN | Minn. | |
Mississippi | MS | Miss. | {Mississ.} |
Missouri | MO | Mo. | — |
Montana | MT | Mont. | |
Nebraska | NE | Nebr. | |
Nevada | NV | Nev. | |
New Hampshire | NH | N.H. | N. H. |
New Jersey | NJ | N.J. | N. J. |
New York | NY | N.Y. | N. Y. |
Nouveau-Mexique (New Mexico) | NM | N.M., N.Mex. | N.-M. |
Ohio | OH | ||
Oklahoma | OK | Okla. | Okl. |
Oregon | OR | Oreg. | |
Pennsylvanie (Pennsylvania) | PA | Pa., Penn., Penna. | Penns. |
Rhode Island | RI | R.I. | R. I. |
Tennessee | TN | Tenn. | |
Texas | TX | Tex. | |
Utah | UT | ||
Vermont | VT | Vt. | Verm. |
Virginie (Virginia) | VA | Va. | Virg. |
Virginie-Occidentale (West Virginia) | WV | W.Va. | Virg.-Occ. |
Washington | WA | Wash. | |
Wisconsin | WI | Wis. | Wisc. |
Wyoming | WY | Wyo. | Wyom. |
Larousse
1992 (Dakota du Nord, Virginie occidentale, etc.).
Etc. Abréviation, Latin.
« Mallarmé
n’aimait pas cette locution, — ce
geste qui élimine l’infini inutile. Il la proscrivait.
Moi qui la goûtais, je m’étonnais. / L’esprit n’a
pas de réponse plus spécifique. C’est lui-même
que cette locution fait intervenir. / Pas d’Etc. dans
la nature, qui est énumération totale et impitoyable.
Énumération totale. »
Paul VALÉRY,
Tel quel.
Abréviation
conventionnelle d’et cetera (ou et cætera) : et le reste.
Conseil
sup. 1990 écrit [etcétéra].
L’emploi
de la forme complète (invariable), composée en romain, est licite (à
très petites doses : hors des textes littéraires, tout abus
témoigne d’une lourde pédanterie).
1.
•••
Etc. est toujours précédé d’un signe de ponctuation et d’une
espace-mot.
Plusieurs
auteurs affirment que ce signe de ponctuation est nécessairement une
virgule. C’est vrai dans la quasi-totalité des occurrences, mais des
rencontres avec le point-virgule, les points d’exclamation et
d’interrogation, les parenthèses et les crochets, pour peu heureuses
qu’elles soient, ne sont pas exclues.
Girodet
1988, Vairel
1992.
Une
série d’exemples séparés par des points-virgules sera interrompue
par un etc. précédé d’un point-virgule, car une virgule
transformerait la série en un ensemble complet dont seul le dernier
élément serait constitué d’exemples…
Comparer :
Albanie,
Belgique, Canada ; Danemark, Égypte, France ; etc.
Albanie,
Belgique, Canada ; Danemark, Égypte, France, etc.
2.
¶
Dans un texte en romain, etc. comme et cetera se composent en
romain. S’il y a une locution latine bien intégrée au français,
c’est bien elle.
Dans
une citation en italique, etc. est composé en italique s’il
appartient au texte cité. S’il l’interrompt, le romain s’impose.
Denis 1952.
Impératives dans l’emploi ordinaire d’etc., les règles 1 et 2 ne
s’appliquent évidemment pas dans les cas d’autonymie (désignation
comme signe du discours).
3.
•••
Le point abréviatif se confond avec le point final (et les éventuels
points de suspension fautifs…). Il se maintient devant tous les
autres signes de ponctuation : etc., etc. ! etc. ?
etc.
4.
¶
Dans la composition, on ne chassera jamais etc. en début de ligne.
Si etc. est le dernier mot de l’alinéa, cette faute grave devient
monstrueuse. On aura donc intérêt à rendre insécable l’espace qui le
précède.
Lefevre
1883.
5.
•••
Etc. ne doit jamais être répété (doublé, triplé, etc.) ni suivi de
points de suspension. Cette règle, peu respectée, a pour seul objet
d’endiguer la prolifération des formes pléonastiques.
Girodet
1988, Impr.
nat. 1990, Thomas
1971.
Hanse 1987.
La
redondance maîtrisée a néanmoins son charme. Jacques Prévert dans Paroles
a fourni l’un des plus célèbres exemples de quadruple entorse
à la règle :
LES PARIS
STUPIDES
Un certain Blaise Pascal
etc… etc…
La
force d’une licence est proportionnelle à la rigidité de la règle
qui est enfreinte. Un seul etc. orthodoxe et ce raccourci du pari
pascalien serait, c’est certain, beaucoup moins troublant… (Cet
exemple brillant n’est pas destiné à absoudre les innombrables
emplois coupables…)
••
Si l’insistance s’avère indispensable, autant recourir aux grands
moyens et employer la locution sous sa forme complète : et
cetera, et cetera.
6.
•••
Etc. indique au lecteur qu’une énumération pourrait se poursuivre,
que ses termes sont des exemples. Est par conséquent gravement
redondante, donc fautive, l’association hélas très fréquente d’etc.
avec : entre autres, par exemple, comme, tel(le)s que.
7.
••
Il est très déconseillé d’employer etc. à la fin d’une énumération
de noms propres désignant des êtres humains, réels ou fictifs. C’est
une simple question de courtoisie typographique. En l’espèce,
« et d’autres » ou les points de suspension sont
préférables : Il interprète magnifiquement Bach, Rameau,
Couperin…
Girodet
1988.
Hanse 1987.
•• L’expression
du dénigrement peut néanmoins justifier le recours à l’abréviation
d’une locution qui signifie « et le reste » : Rien ne
l’arrête : Bach, Rameau, Elton John, etc.
••
Lorsque, dans une énumération interrompue, des patronymes sont
réduits à l’état de compléments, les bonnes manières ne s’imposent
pas : il interprète tout avec un égal bonheur : partitas
de Bach, sonates de Beethoven, de Schubert, de Scriabine, etc.
Exemple
d’emploi très subtil : « Je n’ai pas l’intention
d’écrire un traité d’apiculture […]. La France a ceux de Dadant, de
Georges de Layens et Bonnier, de Bertrand, de Hamet, de Weber,
de Clément, de l’abbé Collin, etc. […] L’Allemagne a Dzierzon,
Van Berlepsch, Pollmann, Vogel et bien d’autres. » –
Maurice MAETERLINCK,
la Vie des abeilles. « Etc. » clôt une énumération
d’œuvres (les traités d’apiculture) ; « et bien
d’autres » clôt une énumération d’auteurs.
Exemple
d’emploi redondant et doublement défectueux : « Hamm
et Clov, successeurs de Gogo et Didi, ont retrouvé le sort commun de
tous les personnages de Beckett : Pozzo, Lucky, Murphy, Molloy,
Malone, Mahood, Worm…, etc. » – Alain ROBBE-GRILLET,
Pour un nouveau roman.
8.
••
L’emploi d’etc. après une énumération réduite à un seul terme est
licite mais très déconseillé.
Vairel 1992.
Ethnique
Peuple
Étirement Points de suspension.
« — Mais
cômmmment peut-on ne
pas aimer Stendhaaaal ?
— On peut. »
Daniel PENNAC,
Comme un roman.
••
L’étirement d’un phonème (son) peut se transcrire grâce à plusieurs
procédés graphiques : points de suspension, répétition de
lettres ou de voyelles. Aucune règle ne limite ici la fantaisie du
scripteur.
On
évitera toutefois le timide doublement d’une seule lettre, car le
plus bienveillant des lecteurs verra là une faute d’orthographe
plutôt qu’un procédé graphique : Archiimède, viens
ici ! > Archiiimède, viens ici !
Étoile
Astre
Euro Franc.
I.
Euro : dessin d’un logotype
À
Typographie, le 5 mai 1998.
O.
RANDIER :
Sinon, on a commandé à Match Software leur fonte d’euros (50
versions différentes).
J’ai
été faire un tour là-bas… J’y ai lu ceci : « Nous avons
créé une police de caractères spéciale, contenant toute une série de
logos de l’euro, compatibles avec les styles les plus divers :
Times, Helvetica, Courier, American Typewriter, Futura, Eurostyle,
Gothique, manuscript, condensé, italique, etc. ! »
Bien,
me suis-je dit. Puis, en dessous de ce texte, j’ai vu une image
présentant l’intégralité de la police. Et là, un doute m’a saisi…
En
principe, le symbole de l’euro est un « e », un peu
déconnant, certes, genre « onciale techno-linéale », mais
un « e » quand même, non ? Or, pour devenir
« compatible » avec certaines polices poilues, notre
« e » s’est mis à ressembler furieusement à un
« c »…
Le
symbole de l’euro n’est pas terrible, mais ceux qui l’ont conçu ne
sont pas idiots : la graisse des deux barres est identique à
celle de la boucle… Je conçois que les polices à pleins et à déliés
se marient mal avec des signes dont la graisse est uniforme et qu’un
soupçon de finesse s’impose, mais faut quand même rester
raisonnable… Un euro didonesque ou garaldoïde avec deux barres
filiformes deviendra nécessairement un « c barré »
(surtout s’il a été dessiné à partir d’un « c », comme
cela semble probable dans certains cas)…
Bref, le symbole de l’euro ressemble à un « U.S. cent »
dont la barre se serait dédoublée et couchée… Normal, après un
effort pareil…
Pourquoi est-il si difficile d’adapter le symbole de l’euro à
différentes polices ? Ce n’est pas le premier symbole barré ($,
£, ¥, ¢, etc.), mais c’est le premier * dont l’une des barres
appartient au dessin et même au squelette de la lettre (on avait
déjà tenté le coup avec le « F » du franc français, mais
nous y avons échappé…).
*
Sauf erreur… En tout cas, c’est le seul d’usage courant…
Enlevez la ou les barres du dollar, de la livre, du yen, du cent, il
restera un S, un L, un Y, un c. Par conséquent, vous pouvez prendre
n’importe quel S, ou L, ou Y, ou c, et y ajouter une ou deux barres,
vous obtiendrez un dollar, une livre, un yen, un cent… Ça marche
avec toutes les polices… Enlevez les deux barres de l’euro, vous
avez un c. Ajoutez-les à un machin ressemblant à un c d’une police
quelconque, vous aurez un euro foireux…
Tout ça pour dire que les pères du symbole de l’euro sont
certainement plus graphistes que typographes… et que nous voilà dans
la merde… Bien fait…
À
Typographie, le 30 novembre 1998.
M.
BUJARDET :
Il est vraisemblable que le symbole de l’euro deviendra rapidement
de fait l’habitude dans la vie courante, tout en perdant de sa
rigidité, comme la livre anglaise ou le dollar ont naguère eux
aussi évolué ainsi.
Là, j’ai de sérieux doutes… Facile de faire évoluer et de décliner
$, £, ¥ ou ¢… puisqu’il s’agit de S, L, Y, c… barrés. […]
Maintenant, essayez de faire la même chose avec le génial logo de
l’euro…
J.
ANDRÉ :
Encore une FAQ à écrire : d’où vient le symbole du
dollar ? D’un P et non d’un S !
En
tout cas, pour en dessiner un, il est plus facile de partir d’un
« S » que d’un « P »…
J.
ANDRÉ :
P comme peseto. Toute autre légende (Gibraltar, US crénés,
etc.) a été rejetée par… un spécialiste de l’histoire des
maths !
Les anciennes légendes ( ?) relatives au dollar, au peso, voire
à la peseta, avaient du mérite…
Si
l’origine est le peso, quelle autre explication vient remplacer les
Colonnes d’Hercule (et la bannière), symbole que l’on retrouve dans
des armoiries, sur des drapeaux espagnols et même sur une pièce d’un
peso ? Légende rejetée, mais au profit de quelle
explication ? S’il y en a une, décisive, nous voulons la
connaître !
Par ailleurs, la piste du shilling, retenue par d’estimables
typographes du Nouveau Monde, dont R. Bringhurst, est-elle
définitivement abandonnée ? A priori, elle n’est pas absurde…
II.
Usage et typographie de l’euro
À Typographie, du 22 avril au 11 mai 1998.
J.
ANDRÉ :
La presse parle beaucoup de l’euro, mais l’écrit Euro, EURO,
parfois EURO
en petites capitales.
Ces eurotomanes sont des zéros. La presse… écrit n’importe comment
(histoire de réveiller JiDé…), mais les dictionnaires (des types
sérieux) écrivent : euro.
Cet euro est intéressant… Tous les noms de monnaies se composent
intégralement en bas de casse (même s’ils reprennent un nom
propre : cinq louis), ils prennent la marque du pluriel (deux
bolivars), mais tous les symboles (à l’exception des unités
fractionnaires) sont des capitales (F, £, $)… à l’exception de cet
eu-rot, que certains écrivent Euro, et dont le symbole rappelle
fâcheusement une onciale (c’est-à-dire tout sauf une capitale)…
Bref, c’est bien parti pour faire un malheur !
O.
RANDIER :
Si l’on pouvait s’en tenir à une lettre
(« E » ?), ce serait l’idéal, pour l’alignement
dans les tableaux. Vos avis ?
C’est également mon avis, et je le partage… Dans l’usage courant
(hors des opérations bancaires…), « E » devrait
largement suffire pour représenter l’euro, comme « F »
suffisait largement pour représenter le franc…
Toutefois, comme le mien, ton avis est sans poids face à la
séduction des logotypes : y a de plus en plus de clients pour
les petites images archaïques…
Tant mieux si le modeste « E » a davantage de supporters
que le ballon rond barré… Toutefois, quand l’heure sera venue (et
que la petite image sera intégrée à la plupart des polices…), je
crains que nul ne soit à l’abri d’oukases directoriaux ou
eurocratiques, d’arbitrages vicieux… En attendant, je suis bien de
votre avis : utilisons « E » à tire-larigot… non
pour qu’il élimine le logotype (c’est perdu d’avance, on ne lutte
pas contre le onze des banquiers centraux), pour lui assurer un
statut de remplaçant intelligent…
À Typographie, du 27 au 30 novembre 1998.
A. LABONTÉ :
Il y a plusieurs bonnes raisons de s’en servir [de ],
dont une qui a trait à la longueur des champs dans de vieilles
applications, pour minimiser l’impact du changement. Un
caractère passera partout, trois caractères pour en remplacer un
poseront problème (et il y aura confusion avec escudo si
« E » tout court est utilisé)… Il y a bien d’autres
raisons, mais surtout la volonté d’attirer l’attention et
d’éviter toute confusion. [Je suis très] impliqué dans ces
supposées « c…s », pas si « c… » que ça… en
y pensant bien… en ce qui concerne les caractères et les
claviers…
Alain, je ne te suis pas… Il ne s’agit pas de ça… La connerie en
question est que le symbole de l’euro n’est pas un caractère mais
un logotype, c’est-à-dire… une image (et, pour l’heure, rien de
plus). Tu n’y es pour rien…
Cette confusion, cette méprise, bref, cette épouvantable connerie
a déjà été évoquée ici, ainsi que ses « raisons ». Ainsi
que l’énorme difficulté à décliner cette petite mais raide image
selon des critères typographiques !
Quant à l’éventuelle confusion (entre l’escudo et l’euro)
engendrée par l’abréviation courante « E » (que nous
sommes nombreux ici à appeler de nos vœux… puisque l’euro lui-même
semble hélas inéluctable), hors du Portugal, elle n’est pas plus
réelle que ne l’est (encore pour deux ans) celle que le simple et
parfaitement correct « F » aurait pu introduire entre,
par exemple, le franc français et le franc belge… J’en sais
quelque chose… Aucun risque… car, tu es bien placé pour le savoir,
dès que les circonstances l’exigent, on a recours à la norme et à
ses FRF, BEF.
Si tu me dis que « E » (pour euro) est incorrect, tu
devras m’expliquer aussi que « F » pour franc l’était…
Or, c’était et c’est encore l’abréviation courante recommandée par
les typographes… Tu me diras que l’euro est européen et qu’il
vaudrait mieux que l’abréviation courante soit la même partout.
J’en conviens… mais j’ajoute : pas à n’importe quel prix… […]
Je suis d’accord avec toi pour clamer haut et fort que, s’agissant
de « formes abrégées », la seule façon d’éviter les
méprises c’est la norme ISO 4217. Donc : EUR, USD, GBP, CHF…
Pour le reste, laissons aux typographes et aux dernières
marchandes des quatre-saisons la liberté d’employer l’abréviation
qui leur convient le mieux…
L’idéal serait évidemment que les euronuls se rendent compte de
leur erreur et qu’ils fassent dessiner un caractère pour l’euro…
en partant d’un « E » (et non d’un « C »,
comme c’est le cas pour notre dingbat actuel)… mais je n’y crois
pas trop…
L’autre solution (hormis les cas où la norme s’impose avec ses
trois lettres…) serait de ne jamais abréger l’euro… Après tout,
quatre lettres, c’est peu… Mais on tombera sur le délicat problème
du pluriel…
O.
RANDIER :
« E », « e. », « Eu »,
« Eo », « eu. », « eo. », …
?
Tu peux déjà éliminer toutes les formes avec un point abréviatif…
On parle d’abréviation, mais c’est par pure facilité… Les
« abréviations » courantes des noms de devises sont des
symboles et non des abréviations au sens strict. Aucune n’a de
point abréviatif. (La plus fautive des formes proposées est
évidemment « eo. »… puisqu’elle viole joyeusement deux
règles : obtenue par retranchement médian, elle n’aurait pas
de point abréviatif… même si elle était une véritable
abréviation…)
Tu peux également éliminer toutes les formes dans lesquelles le
bas de casse intervient (surtout en initiale ou en caractère
unique !)… Tous les symboles de devises sont en caps (alors
que tous les noms de devises sont intégralement en b. d. c…).
Reste pas grand-chose…
Il
n’y a, pour l’heure, que quatre façons de coucher par écrit notre
future monnaie unique. La première est évidente… La deuxième est
légitime et intelligente. La troisième est légitime et grotesque
(mais seul le premier qualificatif a du poids). La quatrième n’a
pour elle que sa simplicité et sa cohérence avec l’ensemble de
notre système de conventions typographiques (ce dont tout le monde
se fout, ce qui n’a rien de surprenant) : euro – EUR –
(logo) – E.
Perso. Ne t’inquiète pas… tu n’es pas le seul à penser qu’un
ouvrage expliquant en détail le comment et surtout le pourquoi de
nos coutumes ne serait pas complètement inutile.
P.
ANDRIES :
Je trouve cette notation excellente car elle correspond
exactement à la manière habituelle de prononcer les
montants : deux écus 25 centimes (et non 2,25 écus).
Pas d’accord, cher ami… S’agissant de décimales, cet argument peut
vous entraîner très loin…
Dans la vie courante, si vous avez à prononcer « 1,6
m », il est probable que vous lirez « un mètre
soixante »… De là à défendre la notation « 1m60 »…
Cela est réservé au monde non décimal… …
8 h 42, etc. Depuis que la livre britannique a rejoint
le gros des troupes, j’ignore si le cas se présente encore pour
les monnaies…
À Typographie, le 9 janvier 1999.
B. LERAILLEZ :
Quelqu’un sait si la place de l’euro « »
a été définie ?
Elle n’a pas à être définie… Elle est.
Un montant en euros (ou en quelque devise que ce soit) est un
cardinal, donc pas de discussion… en tête. 3 EUR (ça fait tard…),
3 km, 3 pages… Pour tout individu civilisé, un nombre placé en
seconde position est immédiatement transformé en ordinal (page 3).
Même les militaires le savent, qui font très bien la différence
entre « 24 km » et « km 24 »… Il n’y
a que les banquiers et les comptables pour ignorer ce petit détail
chiffresque.
À Langue-Fr., le 7 janvier 2002.
H.
LANDROIT :
Éliminons tout de suite « e » ou « E » qui
sont des abréviations fantaisistes, calquées sur « f »
ou « F » pour franc.
Bonne raison pour ne pas les éliminer. D’autant que l’usage les
sauvera…
H.
LANDROIT :
Le symbole
est nouveau, …
Ce n’est pas un symbole… mais un logotype. C’est bien là le
problème et l’effarante absurdité de la chose.
H.
LANDROIT :
100 EUR.
Oui.
H.
LANDROIT :
Mais l’on préférera, dans la langue écrite soutenue, 100 euros.
Oui. Ou, encore plus soutenu, « cent euros ».
H.
LANDROIT :
«
100 » sera réservé à l’affichage commercial.
Non… c’est fréquent mais inadmissible en toutes circonstances.
Pour une raison simple : en français, l’antéposition de
l’unité transforme un cardinal en ordinal.
Exemples : 100 km (cent kilomètres) et km 100
(centième kilomètre). 100 p. (cent pages), p. 100 (page
cent, c’est-à-dire la centième page). Pour rire un peu :
14 louis et Louis XIV.
H.
LANDROIT :
La virgule sera préférée au point pour séparer les unités des
décimales (ainsi 20,58 euros).
« Préférée » me semble un peu faible… Le point est
fautif.
H.
LANDROIT :
En résumé et pour répondre plus précisément aux questions posées
sur la liste : l’euro doit s’accorder au pluriel, il ne
porte pas de majuscule ; centime est préférable à cent.
D’accord sur tout (sauf, de nouveau, sur
« préférable »…).
Évangile Bible.
L’Évangile
(doctrine du Christ), l’Évangile selon saint Luc (livre
biblique) ; pendant l’évangile (moment de la messe), le curé
s’est mis à tousser ; ton laïus, c’est pas franchement parole
d’évangile ; Démocratie française fut un temps
l’évangile libéral.
Événement historique Âge, Date, Époque, Guerre, Révolution.
« L’histoire
est l’ironie en marche, le ricanement
de l’Esprit à travers les hommes et les événements. »
Émile Michel CIORAN,
Précis de décomposition.
La
Commune, le Déluge, le Front populaire, la Libération, la Longue
Marche, le troisième choc pétrolier.
Exemple
de mauvais usage : « La France, neuf ans après la
libération, a mauvaise mine ; et d’autre part elle ne se sent
pas bien. » – Jules ROMAINS,
Examen de conscience des Français.
Seraient
meilleures les formes « neuf ans après la Libération » ou
« neuf ans après sa libération ».
•••
Événements datés
La
dénomination de nombreux événements historiques fait référence à une
date, à une durée ou à un élément temporel quelconque (saison, fête,
etc.) : les Cent-Jours, la guerre de Cent Ans, la journée des
Dupes, les Trois Glorieuses, les Trente Glorieuses, le 9 Thermidor,
le 18 Brumaire, Mai 1968, les massacres de Septembre, les Pâques
sanglantes, le Printemps de Prague ; le 18 juin, la nuit du 4
août, le 14 juillet 1789, le 18 brumaire an VIII, la révolution de
1848.
Événement
sportif
Manifestation
sportive
Exergue
Épigraphe
Expédition
Guerre
Exposant Abréviation, Appel de note, Madame, mademoiselle, monsieur, Numéro.
Les
éditeurs et les traducteurs de logiciels feignent de l’ignorer mais
les typographes français ont un vocabulaire respectable. Ils ne
connaissent ni exposant ni indice, mais des lettres, des chiffres,
des signes supérieurs ou inférieurs. Les exposants
des mathématiciens se composent en caractères supérieurs, les
indices en caractères inférieurs.
Berthelot
1992.
À
Typographie, le 5 janvier 1999.
T.
BOUCHE :
Quelle est la distinction fondamentale entre
« exposants » et « supérieurs » ?
Pour
la distinction fondamentale, faut t’adresser à un
typofondamentaliste.
Pour
l’anecdote, un signe supérieur est un caractère en tant que tel. Un
signe en exposant est n’importe quel signe ordinaire mis en
exposant…
À
mon sens, les lettres et les chiffres supérieurs, indispensables au
temps du plomb (t’imagines sinon les parangonnages d’enfer…), ont
perdu beaucoup de leur intérêt… Est-il plus habile (et rapide…) de
changer de police (faut de la police expert pour avoir un jeu plus
ou moins utilisable) ou de mettre en exposant (bien réglé…) ?
À
F.L.L.F., le 30 novembre 2000.
LAN
CHAN
THEUR :
J’avais rejeté d’office exposant puisque la définition de
ce terme le réserve au domaine des mathématiques (on ne met pas un
r ou un o en exposant).
Si,
justement… on peut mettre un r ou un o en exposant
(et même en indice…). J’ajoute que l’immense majorité des lettres
que vous voyez flotter au-dessus de la ligne de base sont hélas
mises en exposant.
Yé
m’explique… Au temps du plomb, il y avait déjà des
« exposants » (que l’on n’appelait pas comme ça) et des
lettres supérieures. (Comprendre « lettre » au sens large,
c’est-à-dire « signe », y compris les chiffres…)
Les
premiers s’obtenaient en parangonnant péniblement un corps beaucoup
plus petit que celui du texte courant. Les secondes, d’un emploi
aisé, étaient fondues dans le corps employé. Aujourd’hui, c’est
presque la même chose, sauf que le dessin des exposants n’est plus
spécifique à leur œil… ce qui est parfois ennuyeux.
Donc,
aujourd’hui, sur nos drôles de machines :
—
« exposant » désigne uniquement un format, disponible
partout ;
—
« lettre supérieure » désigne soit un format (dans les
logiciels de mise en pages), soit un simple glyphe
(« dessin ») associé à un caractère quelconque (police
dite « expert »), soit un caractère (encore rare…) associé
à des glyphes spécifiques.
Il
vaut mieux employer les « vraies » lettres supérieures,
dont le dessin devrait — en principe… — offrir des corrections
optiques […], mais rares sont ceux qui perdent leur temps à aller
pêcher de vraies lettres supérieures dans les polices
« expert ». Dans quelques années, quand les polices auront
enfin acquis une saine corpulence et les logiciels de bons réflexes,
la situation s’améliorera…
Dernier
mot… Dans les logiciels qui disposent de deux formats (exposant et
lettre supérieure), il est bon d’employer les deux, afin de régler
finement des pourcentages spécifiques.
LAN
CHAN
THEUR :
Dans un imprimé produit à l’aide d’un logiciel
« moyen », on n’obtient, en règle générale, qu’une
approximation de la « vraie » lettre supérieure du
typographe.
Oui,
mais il ne faut pas exagérer les méfaits de cette approximation…
(C’est beaucoup plus grave avec les « fausses » petites
capitales.) En outre et en P.A.O., n’oubliez pas que le phénomène
concerne (pour l’heure) toutes les grandes variations de corps… et
que vous ne pouvez donc y échapper… Une garalde ou plus encore une
didone bien dessinée pour les corps 9 à 12 sera nécessairement
déficiente en corps 6 et hideusement empâtée en corps 72…
LAN
CHAN
THEUR :
Le logiciel « moyen » utilise une technique analogue au
parangonnage et des caractères grossièrement proportionnés pour
simuler une lettre supérieure.
Oui.
(Sauf pour le « grossièrement »… puisque le problème est
qu’ils sont strictement, précisément, mathématiquement, obtusément
réduits… D’accord quand même pour le grossièrement, car ce n’est pas
la géométrie qui manque ici, c’est la finesse…)
Extrait
Citation