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|
Point
cardinal
Abréviation.
•••
Nord, sud, est, ouest sont des noms et des adjectifs
invariables : les quartiers nord ; le maire de B*** a
perdu le nord, la majorité perd le Nord.
Majuscule et minuscule
•••
La règle peut se résumer ainsi :
direction | > | minuscule |
lieu | > | majuscule |
Cette
règle s’applique aux points cardinaux simples (nord, ouest…) ou
composés (nord-ouest…), à leurs synonymes (septentrion, noroît,
suroît…), aux termes équivalents (occident, orient, couchant,
levant, ponant, midi…) ou assimilables (centre…) : le cap
Nord, le pôle Nord, le pôle Sud ; la gare de l’Est, la gare
du Nord ; le Grand Nord, l’hémisphère nord, l’hémisphère sud.
Abréviation
•••
Toutes les abréviations formées par apocope prennent le point
abréviatif, les points cardinaux n’échappent pas à la règle :
N., S., E., O. Voir : Abréviation,
§ 3.2.2.
Berthier
& Colignon 1979, Bref
Larousse 1995, Code
typ. 1993, Dumont
1915, Grevisse
1986, Larousse
1997, Ramat
1994, Typogr.
romand 1948.
Impr.
nat. 1990, Perrousseaux
1995, Typogr.
romand 1993.
Les
formes abrégées ne s’emploient que dans l’expression des latitudes
et des longitudes :
•••
.
•
.
••
Leforestier
1890.
•
On suggère parfois de remplacer O. (ouest) par W. (West).
Points
composés : nord-ouest > N.O. ; nord-sud >
N.-S.
À
Typographie, le 20 mars 1998.
O.
RANDIER :
Ben, on écrit bien « S.-E. » (Sud-Est).
Ben
non… c’est une exception. On écrit S.E., N.E., S.O…
En
revanche, on écrit N.-S., E.-O. ou N.N.O.-S.S.E… Le trait d’union,
c’est un peu l’axe de la boussole...
À
Langue-Fr., le 15 juillet 1999.
B.
CHOMBART :
0°19'34"o - 49°9'20"n.
Cher
ami, pardonnez mon absence de longanimité typographique... mais je
vous trouve un rien latitudinaire : .
Point d’exclamation Ponctuation.
« Comment ?
Qu’est-ce que tu dis ? Qu’un seul point
d’exclamation est insuffisant, compte tenu de la gravité
de la chose ? Tu as raison. Tiens, en voilà d’autres,
rajoute ce que tu jugeras utile :
! ! ! !!!!!!!!!!!!!!! »
SAN-ANTONIO,
Al Capote.
••
L’interjection est exclamative. L’onomatopée, pas toujours :
« Là-dessus, vroutt, il se jette sur une place libre et s’y
assoit, boum. » – Raymond QUENEAU,
Exercices de style.
Ce
« boum » résonne magnifiquement. L’exclamation en ferait
un médiocre pétard.
••
L’interjection elle-même peut renoncer à l’exclamation
ostentatoire : « Qui est là ? Ah très bien :
faites entrer l’infini. » – Louis ARAGON,
Une vague de rêves.
••
Mis entre crochets et inséré dans une citation [!], le point
d’exclamation traduit le sentiment engendré chez le commentateur
par une phrase ou par un mot : perplexité, étonnement,
agacement, mépris (éventuellement associé à un sourire ou à une
franche hilarité), consternation… On n’abusera pas de ce procédé
facile, sournois et déloyal. Si l’on considère qu’un mot ou une
phrase dus à un tiers sont indiscutablement condamnables à un
titre ou à un autre, on leur attribuera un [sic], beaucoup
plus explicite. Si la citation ne suscite que de la perplexité, on
se contentera d’un point d’interrogation entre crochets [?],
beaucoup moins équivoque que le point d’exclamation.
••
Certains auteurs transforment le point d’exclamation entre
crochets (ou entre parenthèses) en point d’ironie destiné à
souligner la finesse d’un de leurs traits d’esprit ou à sauver un
pauvre jeu de mots par l’artifice d’une habile dénonciation.
Comparable
à la suspension ironique (voir : Points
de suspension § 1.1), le procédé n’est guère
recommandable : « Toujours est-il que l’invention et la
démocratisation de notre numération de position ont eu sur les
sociétés humaines des conséquences incalculables [!], car elles
ont facilité l’explosion de la science, des mathématiques et des
techniques. » – Georges IFRAH,
Histoire universelle des chiffres.
Point d’interrogation Ponctuation.
Le
point d’interrogation marque l’interrogation directe.
Ramat
1994.
Dans
une phrase interrogative suivie de « dit-il » (ou d’une
formule équivalente), le point d’interrogation se place avant
l’incise et ne doit pas être suivi d’une virgule : « Où
est l’os ? s’enquit le cadavre de Mor
Lame. » – Birago DIOP,
les Nouveaux Contes d’Amadou Koumba.
« Pourquoi
a-t-elle mis les adjas quand j’ai neutralisé son garde du corps
(ou son geôlier 1 ?) ?
« (1) Je
demande à mes potes de l’imprimerie de respecter ma ponctuation.
Je sais que deux points d’interrogation successifs font bizarre,
néanmoins ils sont justifiés puisque l’un concerne la phrase dans
son ensemble et l’autre exclusivement la parenthèse. À part ça, ça
va, les gars ? » – SAN-ANTONIO,
le Silence des homards.
Faut-il
toujours une capitale
après un point d’interrogation ?
À
F.L.L.F., du 5 au 10 décembre 2001.
D.
PELLETON :
D’après Colignon, je cite : « Derrière un point
d’interrogation, on mettra une minuscule si les termes suivant
ce point constituent une réponse à la question formulée
auparavant par la même personne. »
Tu
veux tout savoir ? Je ne suis pas colignonien. Du tout… ou
plutôt, un point c’est tout… Sa formule est une généralité. Dans
certains cas, elle est valide. Dans d’autres, non. Dans la
plupart, le choix est offert… Nous voilà bien avancés.
D.
PELLETON :
Exemple : « Veux-tu savoir si je suis
[hugolien] ? oui, je crois l’être. »
Irréprochable,
très chic, mais une majuscule ne serait pas fautive pour autant…
Maintenant, essaie un peu d’éliminer celle-ci :
« Veux-tu savoir de qui mon cœur a le plus souffert ?
Des brunes. » (Comprendre, évidemment : des Gauloises ou
des Gitanes, selon les jours.)
D.
PELLETON :
Un seul locuteur [pose la question et y répond]…
Oui,
c’est certain, mais il faut que la notion de
« locuteur » soit bien comprise par celui qui se chope
la formule magistrale dans les naseaux… Quant à la « réponse
formulée par la même personne » proposée par Colignon, elle
est beaucoup plus perplexifiante…
Concoctons
un exemple qui pourrait rendre songeuse une jeune âme encore peu
habituée à débusquer les locuteurs et surtout les « autres
personnes » : « […] l’autre crevure s’y met,
toujours la même rengaine, t’as pas cent balles ? non, j’ai
pas cent balles, j’en ai cinq cents, et je t’emmerde, connard, pas
content qu’il était le vioque à moitié moisi, ça m’a fait rigoler
[…], non je ne veux pas Non. »
Tu
me diras que c’est un monologue (donc un seul
« locuteur », mais certainement pas « la même
personne »…), c’est vrai, élégant et classieux qui plus est,
mais c’était juste pour faire observer que les auteurs de manuels
devraient être prudents dans la formulation de leurs conseils et
surtout de leurs « règles ». Drillon l’est, car il sait
de quoi il parle (sauf sur de légers détails typographiques), il
sait ce qu’écrire veut dire.
L’auteur
d’Un point c’est tout ! (tout un programme) et
quantité d’autres directeurs des ressources ponctuatives ne jouent
ni sur la même scène ni dans la même catégorie.
D.
PELLETON :
Si l’on veut donner une impression de vivacité, autant se passer
de majuscule.
Oui,
éventuellement, dans certains cas.
Points de suspension Ponctuation.
« On
entend dire : “Bon. Très bien. Il met
trois points, trois points…” Vous savez,
trois points, les impressionnistes ont fait
trois points. Vous avez Seurat, il mettait
des trois points partout ; il trouvait que
ça aérait, ça faisait voltiger sa peinture.
Il avait raison, cet homme. »
Louis-Ferdinand CÉLINE,
Louis-Ferdinand Céline vous parle.
1. •••
Rôle
Les
points de suspension sont un signe de ponctuation qui se compose
toujours de trois points et qui joue trois rôles différents.
1.1.
Suspension, interruption, réticence, aposiopèse (voir
ce mot), décence…
Comme
leur nom l’indique, les points de suspension expriment que quelque
chose est ou s’est interrompu avant son achèvement normal. «
Quelque chose », c’est-à-dire tout et n’importe quoi, la
forme ou le fond, selon les circonstances… : mot, phrase,
construction grammaticale quelconque, cours orthodoxe de la
syntaxe, énumération, citation…, mais aussi discours, pensée,
sentiment, travail de la mémoire, voix, détermination, certitude,
force physique…
Exemples.
— Toutes ces bêtises… ces sornettes…, j’en ai ma claque… ;
c’est indécent, j’hésite à pours… ; le jeune F… est un vrai
f… (voir : Abréviation) ;
une seule règle, mon cher : « Patience et longueur de
temps… »
« Je
devrais sur l’autel où ta main sacrifie
Te…
Mais du prix qu’on m’offre il faut me contenter. »
Jean
RACINE,
Athalie, acte V, scène V.
La pause s’accompagne souvent d’une pose ; le lecteur est
informé d’un fait qui aurait pu lui échapper : l’auteur n’en
dit pas plus… mais il n’en pense pas moins ; ou il fait
observer aux distraits que la proposition ou le mot précédents (ou
suivants…) donnent dans la subtilité, l’humour. Les points de
suspension se transforment alors en pénibles petits points
d’ironie : Hugo est un poète… misérable.
1.2.
Reprise.
Phrase
qui se poursuit > alinéa, minuscule initiale (même si une
ou des phrases « complètes » sont intercalées) :
Je
suis malade…
Il
ouvre son armoire à pharmacie.
…
mais je me soigne.
Nouvelle
phrase > alinéa, majuscule initiale :
Le
tunnel était long.
…
Mais on a fini par en voir le bout.
Parfois,
seule la reprise est indiquée (la pause peut intervenir entre deux
phrases, deux alinéas, deux chapitres…). L’« avant »
suspendu peut n’avoir jamais été exprimé : titre, premier mot
d’une œuvre, d’un poème… Nombreux exemples chez Saint-John
Perse : « … Ô ! j’ai lieu de louer ! », Éloges.
André
Chervel a intitulé un de ses ouvrages : … et il fallut
apprendre à écrire à tous les petits français. C’est un très
joli titre, et les points de suspension initiaux y sont pour
quelque chose. La minuscule initiale du premier mot est
admissible, elle est même subtile. (En revanche, celle qui affuble
« français » est une faute grave, singulièrement dans le
titre d’un procès en règle de la grammaire scolaire…)
Remarque.
— Tous les points de suspension placés en tête de phrase ou
d’alinéa n’indiquent pas nécessairement une reprise ; ils
peuvent conserver leur valeur suspensive ou de réticence :
« —
Le barrage était à la hauteur du parc ? répéta Vargas.
—
Oui…
—
Mais il y avait des camions en avant, vers vous ?
—
… Oui. » – André MALRAUX,
l’Espoir.
Belle
ponctuation… Le premier « oui » est lancé sans attendre
mais demeure en suspens…, le locuteur hésite à fournir une réponse
plus explicite ; le second n’est émis qu’après une hésitation
plus ou moins longue… mais la réponse est définitive, le locuteur
n’a pas l’intention d’en dire plus dans l’immédiat. Attention à
l’espace, obligatoire, qui sépare les points de suspension et le
second « … Oui. »
1.3.
Comblement.
Certaines
suspensions ne méritent pas leur nom : ce sont d’authentiques
suppressions, voire des trous… Les points de suspension ne
suspendent rien mais, providentiels, ils se chargent du
remplacement ou du comblement :
—
Vous en pensez quoi ?
—
…
Certains
trous n’ont pas à être comblés : ils se traduisent par un
blanc d’une longueur au moins égale à celle d’un mot de plusieurs
lettres. Ce procédé ne devrait être employé qu’avec prudence. Dans
les textes médiocres ou plats, il a des chances d’être ridicule.
Ailleurs… il est d’une force exceptionnelle, parfois terrifiante.
Dans
l’exemple qui suit, on imagine mal des points de suspension :
« Tous les termes que je choisis pour penser sont pour moi
des TERMES
au sens propre du mot, de véritables terminaisons, des
aboutissants de mes
mentales,
de tous les états que j’ai fait subir à ma
pensée. » – Antonin ARTAUD,
le Pèse-Nerfs.
2. ••• Cohabitation
2.1.
En fin de mot ou de phrase, dans les interruptions, dans les
abréviations euphémiques ou de discrétion, les points de
suspension sont collés à la dernière lettre (ou à un éventuel
signe de ponctuation placé avant eux) et sont suivis d’une espace
forte : « Bon… Ça va… je ne suis pas c… J’ai
compris !… »
2.2.
En début d’alinéa (reprise), les points de suspension sont
suivis d’une espace forte : « … Enfin, il me semble que
j’ai compris. »
Au
sein d’un alinéa, avant un mot ou une phrase (reprise), ou
lorsqu’ils remplacent totalement un mot ou un groupe de mots, ils
sont précédés et suivis d’une espace forte : « Je ne
suis pas aussi … que vous l’imaginez. »
Lorsqu’ils
remplacent le début ou la fin d’un mot, les points de suspension
doivent être collés au(x) fragment(s) lisible(s). Lorsqu’ils
remplacent des lettres médianes, l’orthodoxie typographique
voudrait qu’ils soient suivis d’une espace ; il me semble
cependant que l’entorse est non seulement admissible mais
judicieuse : « Ses dernières paroles, dont le sens
m’échappe, furent “Au …cours, un rhi…céros piétine ma
bicycl…” »
Dans
les vraies suspensions de l’élocution, il convient de respecter la
règle… Dans les suspensions-étirements, il convient de la
bafouer… : « Lisette est sa…age, / Reste au
villa…age… » – Alphonse DAUDET,
« Les Douaniers », Lettres de mon moulin. {Sa…
age} et surtout {villa… age…} sonneraient très différemment…
« Ou…i,
souffla-t-elle. » – Auguste LE
BRETON,
Razzia sur la chnouf. À l’évidence, la graphie adoptée par
Le Breton (ou par le typographe…) nous fait entendre un
« oui » hésitant (ou-oui) et non un ou-hi
dépourvu de sens (syllabe décomposée et, pour les amateurs :
synérèse > diérèse).
2.3.
Tolérants, les points de suspension acceptent de coopérer avec
presque tous les autres signes de ponctuation… mais pas à
n’importe quelle condition.
Point.
Quatre
points, c’est trop… L’un des points de suspension
n’« élimine » pas le point (final ou abréviatif), il se
confond avec lui. Deux petits astres noirs se rencontrent sous nos
yeux : éclipse totale de l’un d’eux : Grève à la
R.A.T.P…
Remarque byzantine… Dans l’exemple précédent, où se cache le point
final ? Sans la suspension, il se confondrait avec le dernier
point abréviatif… mais elle l’a contraint à se déplacer (après un
point final, il n’y a plus rien à suspendre). On peut considérer
qu’il y a deux superpositions : le premier point de la
suspension se confond avec le point abréviatif, le dernier avec le
point final… Un seul point est uniquement suspensif : celui
du milieu…
Code
typ. 1993, Girodet
1988.
Drillon
1991, sans toutefois le préconiser, semble admettre
que le point abréviatif puisse subsister, séparé des points de
suspension par une espace. Cette double ponctuation est fautive,
pis, elle est nuisible. Exemple : « Demain, grève à la
R.A.T.P. … Ça promet. » À quelle phrase appartiennent les
points de suspension ? À la seconde… ce qui n’a aucun sens.
Virgule.
Elle
se place nécessairement après les points de suspension :
c’est normal, logique, compréhensible…, c’est même indiscutable…
Aujourd’hui… car naguère on préconisait parfois l’inverse :
[« Non,… non,… assez ! »]
Code
typ. 1993, Drillon
1991, Girodet
1988.
Règles
Hachette 1924.
¶
Pas d’espace entre les points de suspension et la virgule.
Point-virgule.
Si
sa rencontre avec les points de suspension est acceptée, le
point-virgule se place, comme la virgule, en deuxième
position… ; c’est normal, logique, compréhensible… ;
mais ce n’est pas indiscutable…
Code
typ. 1993, Girodet
1988 admettent la cohabitation.
±
Drillon
1991 considère que les points de suspension et le
point-virgule sont incompatibles. Sa formulation est excessive…
mais il n’a pas tout à fait tort. L’association n’est pas
interdite : hideuse et le plus souvent superflue, elle n’est
guère recommandable. On la trouve pourtant — irrécusable — chez
d’admirables prosateurs : « Ce temps est révolu où
l’homme se pensait en termes d’aurore ; reposant sur une
matière anémiée, le voilà ouvert à son véritable devoir, au devoir
d’étudier sa perte, et d’y courir… ; le voilà au seuil d’une
ère nouvelle : celle de la Pitié de
soi. » – Émile Michel CIORAN,
Précis de décomposition.
¶
Espace insécable entre les points de suspension et le
point-virgule.
Points
d’exclamation et d’interrogation.
Selon
le sens, ces deux signes se placent avant ou après les points de
suspension. Il suffit de déterminer qui intervient en premier
lieu. Logique !… Non… ?
Amen 1932,
Lefevre
1855.
Suspension
après l’interrogation ou l’exclamation : êtes-vous
libre ?… Quel culot !…
Suspension
avant l’interrogation ou l’exclamation : êtes-vous disposé
à… ? Quel s… ! Que préférez-vous ? Les pommes, les
poires, les abricots… ? J’aime les pêches, les bananes, les
fraises, les framboises… ! « Sur la mer, à la lunette,
je vois et je salue au large le vague
numéro… ? » – Paul VALÉRY,
Mélange.
La
suspension antérieure à l’exclamation (… !) est, cela se conçoit,
assez rare. Admissible après la suspension d’une énumération, elle
n’est vraiment crédible qu’après les abréviations euphémiques ou
de discrétion.
Dans
la plupart des cas, la double ponctuation est superflue. Elle
n’est pas fautive, elle est souvent ridicule : cet article
l’illustre complaisamment !… Alors que la très utile
suspension-interrogation (… ?) est peu employée,
l’exclamation-suspension (!…) et l’interrogation-suspension (?…)
sont aujourd’hui en plein essor !… Paf ! Je t’assène un
argument décisif !… et je te laisse le temps de le
savourer !… Je te pose une question ?… J’en souligne la
subtilité… Malin, non ?… C’est surtout agaçant.
Et
puis, comme toujours, cela fait perdre toute force aux occurrences
justifiées. L’admirable et savante ponctuation de Céline a bon
dos : ceux qui ponctuent comme Louis-Ferdinand ont sûrement
des enfants qui dessinent comme Pablo.
¶
Espace. Les points d’exclamation et d’interrogation sont, en
principe, précédés d’une espace insécable. Donc :
—
espace insécable entre les deux ponctuations si les points de
suspension sont en tête : d’accord… ?
—
pas d’espace entre les deux ponctuations si les points de
suspension sont en seconde position : d’accord !…
Deux-points,
guillemets, voir : Citation,
Deux-points,
Dialogue,
Guillemet.
«•Le
choix est simple…•: Se soumettre ou…•»
Il ne put en dire plus. L’autre suggéra•:
«•…•se démettre•?•»
¶
Dans l’exemple précédent, les espaces insécables sont signalées
par le signe : •.
Tiret,
voir : Dialogue,
Tiret.
Parenthèses,
crochets.
Emploi,
voir : Citation,
Crochet,
Parenthèse.
¶
Points de suspension collés aux parenthèses ou aux crochets qui
les renferment : (…), […].
Points
de suspension collés à la parenthèse ou au crochet qui les
précède : chevals (sic)…, chevals [sic]…
Espace
entre les points de suspension et la parenthèse ou le crochet qui
les suit : chevals… (sic), chevals… [sic].
Barre
oblique.
Dans
la correspondance, des points de suspension placés en bas à droite
de la page signalent aux esprits peu curieux qu’il n’y a justement
pas de suspension prématurée de la missive et que le texte se
poursuit sur la page ou la feuille suivante. Mission
difficile : pour la remplir, les points de suspension jouent
parfois en double, c’est-à-dire à six, aidés et séparés par une
barre oblique : …/…
Abréviation équivalente : T. S. V. P.
¶
Points de suspension collés de chaque côté de la barre oblique.
3. Etc
Jamais
de points de suspension après etc., qui est déjà
suspensif. (Exceptions admissibles, voir : Etc.,
§ 5.)
4.
¶
Aucun adepte sérieux du traitement de texte ou de la publication
assistée par ordinateur ne devrait « entrer » trois
points successifs : les points de suspension sont un
signe de ponctuation ; son caractère peut être obtenu sur les
claviers de tous les bons ordinateurs au moyen d’une combinaison
de touches.
D’abord
parce qu’il y a un risque d’en entrer quatre (ou plus) mais
surtout parce que les blancs qui séparent les points sont trop
étroits et donc typographiquement fautifs. La différence est
évidemment surtout perceptible dans les grands corps.
Points de suspension : | . |
Trois points : | . |
5.
Suspensions longues, comblements divers…
À
cause de l’analogie de sens et de forme, on imagine parfois que
les lignes de points sont constituées de points de suspension.
C’est inexact : dans une « ligne pointée », le
nombre de points n’est pas nécessairement un multiple de
trois ; une espace forte sépare chaque point :
. . . . . . . . . . . . .
(faute de quoi, on obtient, à la rigueur, une ligne à découper
selon le pointillé […………………]).
Suspension
longue :
À
huit ans, il partit pour les Amériques.
.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . .
À
son retour, il était marié.
¶
Comblement.
Crayons | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | 20 F |
Gommes | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | 586 F |
Papier bl. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | 3 F |
Attention
à l’espace forte entre le dernier signe des mots situés à gauche
et le premier point de la ligne (elle permet de discerner
d’éventuels points abréviatifs, qui sont collés à la dernière
lettre).
Pôle Point cardinal.
« C’est
à Eagle Island que tous les plans
des expéditions vers le pôle Nord furent
dressés, et que la femme, la fille et le fils
de l’explorateur [Peary] guettent les messages
tant espérés de la conquête du Pôle. »
Jean MALAURIE,
Ultima Thulé.
•••
Le mot pôle ne prend
jamais de majuscule initiale, sauf s’il est employé absolument
pour désigner l’un des deux pôles géographiques : le Pôle,
les pôles, le pôle Nord, le pôle arctique, le pôle boréal, le pôle
Sud, le pôle antarctique, le pôle austral, le pôle sud d’une
aiguille aimantée, le pôle magnétique.
Girodet
1988, Robert
1993.
Attention
à l’accent circonflexe, qui disparaît dans tous les dérivés de
pôle : polaire, polariser, polarisation, etc. : l’étoile
Polaire, la Polaire, la baie de l’Étoile-Polaire.
Police Casse.
Étymologiquement,
le terme n’a rien de commun avec son homonyme : pour les
fondeurs et les typographes comme pour les assureurs, une police
est un document écrit. Fournie par le fondeur, une police
« typographique » est la liste chiffrée (indication des
quantités respectives) de tous les caractères mobiles d’une fonte,
dans une graisse et un corps donnés. Par extension, police désigne
l’assortiment lui-même, la fonte.
Les
photocomposeuses puis l’informatisation de la composition ont
rendu cette définition caduque.
Larousse
1999, Lexis
1989, Littré
1872, Robert
1993 (du grec apodeixis, preuve).
Robert
1985 [du grec politeia, de polis, cité].
Exemple. — Une police type de 100 000 caractères
destinée à la composition de textes français comptait environ
3 000 chiffres, 4 000 petites capitales, 7 500
signes de ponctuation, 9 000 capitales, 76 500
caractères de bas de casse (dont 4 000 accentués).
I.
Fonte, police et « type »
À
Typographie, du 2 au 12 octobre 1997.
J.-F.
PORCHEZ :
Le mot police vient de l’italien policia (mot
que l’on retrouve dans police d’assurance) et je crois que notre
police municipale ou nationale doit aussi son nom aux rapports
que les gendarmes faisaient. Je ne sais pas si c’est parce que
le sens premier de police désigne les gardiens de la paix, mais
je n’aime pas ce terme. Il est dépassé depuis la fin du plomb.
D’accord…
mais ce n’est pas le même terme… À l’arrivée, c’est pareil, mais à
l’origine ça n’a rien à voir. Vous me direz que le Petit
Robert lui-même s’est planté dans ses premières éditions…
Nos polices, ainsi que celles des assureurs, viennent d’apodeixis
(quittance, reçu), alors que celle de Maigret vient tout
simplement de polis (cité) comme le métropolitain ou la
politique. À part ça, si l’on tient à une bonne adéquation de la
réalité actuelle et du sens hérité, « fonte » me semble
encore plus dépassé que « police »…
D’abord,
mais c’est pourtant secondaire, parce qu’on ne fond plus rien. Ce
qui me retient davantage, c’est ceci : au temps du plomb, les
polices ont déjà un caractère (si j’ose dire…) virtuel. Elles sont
chiffrées. Elles correspondent à une réalité matérielle mais elles
ne la désignent pas (ce dont se charge le terme de
« fonte »). Elles ne coïncident pas avec la capacité des
casses (celles-ci ne contiennent qu’une petite partie des fontes
commandées au fondeur). Les fontes en revanche
« désignent » une réalité matérielle intimement liée au
plomb : la preuve, on les commandait au poids…
Nos
polices demeurent des listes, non chiffrées certes, mais rien
n’interdit d’imaginer le signe
(infini) devant (ou derrière…) chaque élément… Des listes qui
s’allongent même terriblement (voir Unicode)…
Certes
il y a une différence considérable entre une police de fondeur
(une par corps, par graisse, etc.) et nos polices (toutes les
variations imaginables), surtout celles qui s’annoncent… car
toutes les listes seront identiques… Je ne vais pas plus loin, car
je crains de retomber dans le débat sur les caractères et les
glyphes… Je n’aime pas trop « typos », car il introduit
une ambiguïté inutile, voire dangereuse. Si on me dit :
« Tiens ! voilà une typo originale ! », que
dois-je comprendre ? Qu’on loue le choix de cette garalde
destroy ou l’audace de la composition ? Je préfère, selon le
sens, m’en tenir à police… c’est plus sûr (sécuritaire ?), à
famille, à caractère.
Vous
créez des caractères, il est donc parfaitement légitime que vous
teniez à nommer une des réalités physiques issues de votre travail
(versions numériques). En ce sens, « fonte » est
évidemment irrécusable, mais je reste persuadé que ce terme ne
peut être compris avec précision que dans un cadre restreint,
celui des professionnels ou des amateurs très éclairés : il
appartient donc au jargon. Pour l’« utilisateur », ce
qui compte vraiment, ce n’est ni la fonte ni la police, c’est ce
qu’il voit, c’est le caractère. Et c’est d’ailleurs cela que les
typographes s’amusent à répartir dans des classifications de plus
en plus étranges…
P.
JALLON :
Si quelqu’un a les définitions du Grand Larousse du XIXe
siècle, cela m’intéresserait beaucoup.
Sur
le sujet, je crois que les typographes sont de meilleures adresses
que les lexicographes… Voici néanmoins les réponses de Pierre
Larousse (Dictionnaire universel du XIXe
siècle). Des extraits seulement (sans les exemples, les
citations et les développements encyclopédiques…), car, sur police,
c’est le plus complet (il a lu Henri Fournier et le reconnaît
volontiers)…
« Fonte.
Ensemble de toutes les lettres et de tous les signes qui composent
un caractère complet de grosseur déterminée […]. »
« Police.
Liste de toutes les lettres qui composent un caractère, avec
l’indication de leur proportion respective pour un total déterminé
[…]. Ensemble des caractères portés sur cet état. […] Encycl.
Quand un maître imprimeur veut acquérir une fonte, son premier
soin doit être de dresser la police du caractère dont il a besoin,
c’est-à-dire la liste de toutes les lettres qui composent la
casse, avec l’indication de la quantité respective de chaque sorte
de lettres pour un poids général déterminé. D’ordinaire, c’est le
fondeur qui établit la police ; mais le maître imprimeur peut
la modifier suivant les besoins particuliers en vue desquels il
commande la fonte. »
« Type.
Caractères d’imprimerie […]. »
Tout
le monde est d’accord sur la définition de
« caractère ». Les ennuis commencent avec le couple
« fonte/police ». Je voudrais m’expliquer sur l’opinion
que j’ai déjà émise, à savoir que « police » est
préférable et que la distinction entre les deux termes ne peut
être retenue et comprise que dans un cadre restreint, celui des
typographes et des professionnels de l’écrit s’intéressant
particulièrement à la typographie.
Le
problème est que la technique n’est pas la seule à avoir changé
(piètre mot pour traduire les bouleversements engendrés par
l’informatique), il y a également le nombre et la qualité de ceux
qui la mettent en œuvre. Jadis, seuls les typographes (au sens
large) maniaient les fontes. Aujourd’hui, je ne vous apprends
rien, secrétaires, journalistes, écrivains, comptables, médecins,
boutiquiers, agriculteurs, etc. jonglent avec les polices. Demain,
tout le monde le fera.
Or,
que voient-ils sur leurs menus francisés ? Polices.
Que voient-ils comme type (tsss…) de fichier dans leurs
fenêtres ? Police. Que voient-ils sur leurs menus non
traduits ? Fonts. Faut-il s’étonner si
« police » est employée pour tout désigner et si
« fonte » est considérée comme un simple synonyme
(certains vont même jusqu’à considérer ce vieux mot français comme
un anglicisme…) ? Il me semble illusoire de vouloir faire
admettre aux utilisateurs que sous le menu Polices se
cachent des polices et des fontes, qu’un fichier désigné comme
« police » par le système d’exploitation est en réalité
un fichier de fonte…
Je
crois qu’il faut tenir compte de l’usage contemporain, même s’il
est imprécis. Il ne l’est pas tant que ça d’ailleurs, il est
surtout indistinct, et l’emploi plus fréquent de
« caractère » permettrait de le clarifier. Je me répète…
mais, par exemple, on ne « choisit » pas une police (ou
une fonte) pour composer tel ou tel texte, on
l’« utilise » (ou on l’achète, on la vole, etc.). Ce que
l’on choisit pour ses qualités supposées, c’est un caractère. Pour
le reste, pour la mécanique, pour les machins qui se trouvent sous
le capot et dans lesquels rares sont ceux qui mettent le nez (les
machins que l’on utilise, que l’on achète ou qu’on pique), parlons
de polices, comme presque tout le monde.
Je
crois aussi qu’il ne faut pas opérer de distinction entre fonte et
police qui risque d’être rapidement mise en cause par l’évolution
des techniques (on l’a vu à plusieurs reprises depuis quinze ans
et même depuis plus d’un siècle, et on en verra d’autres…).
En
revanche, il me semble tout à fait légitime et judicieux que les
typographes opèrent les distinctions qu’ils souhaitent (sous le
capot…). C’est pourquoi j’ai trouvé très intéressante la
définition de fonte proposée par Jean-François Porchez. C’est
pourquoi aussi j’ai considéré que l’on entrait ici dans le jargon,
ce qui n’a rien de péjoratif, disons dans le lexique
professionnel. Bref, je ne crois pas que le couple police/fonte,
même défini avec précision par les typographes, puisse s’imposer
largement dans l’usage courant. C’est pourquoi je privilégie pour
l’heure la seule opposition caractère/police, réservant
l’opposition fonte/police pour des jours meilleurs où une
distinction pérenne sera établie par les typographes (notre
discussion peut y contribuer, je le crois).
Sur
l’héritage du plomb… Nous lui sommes tous attachés, à juste titre.
C’est un patrimoine sur lequel nous allons vivre encore très
longtemps, quoi qu’en disent ceux qui ne voient pas plus loin que
le bout de leur écran. Il est bon que les mots survivent dans des
acceptions nouvelles, parfois proches, parfois très éloignées des
anciennes. Le bas de casse vit très bien sans les casses, et si un
néophyte demande une explication sur l’origine de ce terme il la
comprend très bien. Pourquoi ? Parce que l’opposition
capitale/bas de casse existe toujours. Avec police et fonte le
problème est que le lien qui unissait ces deux termes n’existe
plus depuis longtemps. On parle du plomb… mais il faudrait parler
de composition manuelle, car dès le XIXe
siècle la Linotype et la Monotype avaient déjà bouleversé le
paysage… Dans un message précédent, j’ai indiqué pourquoi, même
sur ce plan (continuité du sens), « police » (liste) me
semble bien préférable à « fonte » (réalité matérielle).
Continuité approximative du sens : s’il est bon de conserver
les mots, il est prudent de ne pas vouloir calquer les anciens
liens qui les unissaient, du moins si l’on veut être compris du
plus grand nombre.
À
France-Langue, le 8 octobre 1997.
D.
COTE-COLISSON :
En toute rigueur, une « police de caractères » (typeface)
est constituée de l’ensemble des caractères disponibles
(lettres, chiffres, signes de ponctuation et caractères
spéciaux) dans un style, un corps et une graisse déterminés.
Pardonnez-moi,
mais je ne suis pas tout à fait d’accord… Les définitions étaient
jadis précises (et à mon sens différentes de celles que vous
donnez), mais cette question lexicale (police, fonte) est loin de
faire l’unanimité chez les typographes d’aujourd’hui, et c’est
normal, car il n’y a pas que l’héritage du plomb qui brouille les
choses, il y a l’évolution très rapide des techniques
informatiques. Par exemple, le lien entre corps et police n’est
plus ce qu’il était.
Juste
un mot sur le sujet. Hors du cadre professionnel, la distinction
entre police et fonte est sans grande importance. Ce qui compte
vraiment, c’est ce que l’on voit sur le papier (ou sur l’écran),
ce n’est donc ni la police ni la fonte, c’est le caractère.
C’était déjà vrai au temps du plomb.
À
F.L.L.F., le 11 décembre 2000.
D.
LIÉGEOIS :
[L’étymologie de fonte] est, à mon sens, encore moins que
secondaire. On décroche même quand il n’y a rien d’accroché, on
carrosse même quand il n’y a pas de carrosse, l’imprimante
dépose sans doute bien plus qu’elle ne presse et le papier ne
pousse plus au bord du Nil.
Bien
entendu […]. À l’époque, il me semble que je répondais à une
critique de « police » selon laquelle le terme serait
dépassé, ne correspondrait plus aux réalités techniques actuelles.
Sur ce strict plan, les fontes sont à mon sens encore plus mal
loties… mais cela n’est en rien un handicap rédhibitoire.
D.
LIÉGEOIS :
Soit, mais « police » est-il compris avec davantage de
précision ?
Non,
mais son emploi est davantage répandu. […]
D.
LIÉGEOIS :
Dans l’état actuel de la technique, en tout cas, chacun de ces
fichiers est une fonte plutôt qu’une police.
Oui,
si vous voulez. C’est une conception défendue par d’éminents
typographes. Votre « dans l’état actuel de la
technique » est capital et recoupe mon souci précédemment
exprimé : évitons d’opérer une distinction entre fonte et
police qui risque d’être rapidement mise en cause par l’évolution
des techniques.
Lorsque
l’on dit que les fichiers Postscript sont les fontes d’une police
donnée, on ne fait que déplacer la synonymie vers le couple
police/caractère… ce qui n’arrange pas les affaires du dernier
nommé qui supporte déjà un fardeau polysémique pas piqué des vers…
D.
LIÉGEOIS :
Installera-t-on seulement jamais réellement une police, au sens
vrai du terme, sur un ordinateur, puisque, si je comprends bien,
la police est plutôt quelque chose d’abstrait ?
Ce
que l’on installe s’apparente à une liste (police…) de codes
renvoyant à des glyphes (fonte…). C’est la seule distinction qui
tienne la route, une petite route, un chemin vicinal dans un cadre
restreint, celui d’un jargon daté.
Bref,
par analogie facile, les machins que l’on installe dans nos
machines sont à la fois des polices et des fontes. Faut choisir un
terme pour les désigner en tant qu’objets, et il me semble que
l’usage s’en est chargé… S’il change son fusil d’épaule et
favorise un jour « fonte », je ne verrai aucun
inconvénient à le suivre… Je crois que la reprise de mon vieux
message a été mal comprise. Je ne choisis pas arbitrairement
« police » contre « fonte », je réfute des
distinctions floues quoique brutales, personnelles, trompeuses.
D.
LIÉGEOIS :
À supposer — c’est sans doute déjà possible — qu’un programme
soit capable de générer la totalité des caractères existants
dans toutes les langues du monde à partir du dessin d’un seul
« a », à toutes les tailles et sous toutes les formes
imaginables, le résultat sera-t-il plutôt une police qu’une
fonte pour autant ? Ou s’il est une police, cessera-t-il
pour autant d’être une fonte (ce n’est pas une question
oratoire ; j’essaye de voir si j’ai bien compris) ?
Il
sera les deux à la fois…
D.
LIÉGEOIS :
Pour le reste, je ne suis pas certain que faire œuvre
pédagogique soit si inutile que cela. Le coup de pouce
involontaire de l’anglais a réellement des effets
concrets : le bon, c’est que le mot est beaucoup plus connu
qu’on ne pourrait le croire.
Sans
doute… mais regardez, par exemple, les versions françaises d’Adobe
Type Manager… S’il est un logiciel qui gère les machins situés
sous les capots des professionnels comme des amateurs, c’est bien
lui. Pas trace de « fontes », mais des
« polices » à tour de bras. Bon courage à ceux qui
voudront expliquer à ses utilisateurs qu’il ne gère pas des
polices mais des fontes…
Et
Adobe Type Reunion ? Encore plus frappant… car, lui, il est
chargé de regrouper les « fontes » en
« polices » (selon l’une des écoles en présence)… Eh
bien ! toujours pas trace de la moindre fonte… Rien que des
polices.
D.
LIÉGEOIS :
Le mauvais, c’est qu’à force de lire « police », les
gens sont souvent convaincus que « fonte » est un mot
anglais et l’écrivent même comme en anglais.
C’est
évidemment une erreur grossière… « Fonte » est un très
ancien et très beau mot français, un des fleurons de notre
patrimoine lexicotypographique… Je l’aime, et si mon goût
personnel avait quelque chose à voir dans l’affaire, je
l’emploierais plus volontiers que « police ». Hélas,
lorsque j’emploie un mot c’est le plus souvent à destination
d’autrui… Or, pour l’heure, ce salaud d’autrui comprend mieux
« police ». Dès qu’il sera mieux informé, je vous
rejoindrai… mais j’ai des doutes, des gros…
D.
LIÉGEOIS :
L’autre option consiste, si je comprends bien, à s’offrir le
luxe de s’exprimer comme les professionnels.
Lesquels ?
et pour désigner quoi ? Lancez le débat sur un forum de
paoïstes… et attachez votre ceinture, ça risque de décoiffer… Des
vents irrésolus souffleront en tous sens.
D.
LIÉGEOIS :
En tout cas, l’étymologie de « fonte » me paraît bien
plus simple, bien plus directement à la portée de tous, que
celle de « police ».
Oui,
incontestablement, mais je ne crois pas que l’argument ait une
force suffisante pour modifier un usage bien installé. Plus
efficace, si elle est durable, sera peut-être la pratique de
certains créateurs de caractères (électroniques) qui nomment leur
entreprise « fonderie »…
D.
LIÉGEOIS :
Je suis toutefois d’avis — là, c’est un principe — que la
tactique qui consiste à adopter vis-à-vis du grand public une
terminologie différente de celle des spécialistes (réputée trop
difficile, à l’un ou l’autre titre) est mauvaise, même si elle
part de bons sentiments.
Ce
n’est pas ma tactique (je n’en ai pas)… Si un nouvel usage
dominant dans les milieux « spécialisés » était
discernable et motivé, il s’imposerait sans peine au grand public.
Ce n’est pas celui-ci qui a privilégié « police », mais
des spécialistes… Le public, pas contrariant, s’est dit :
« Bon, j’adopte… » Nul mépris des usagers
« ordinaires » dans mon attitude… Au contraire !
M.
GUILLOU :
C’est là où je ne comprends plus, mais alors plus du tout. Si
tu prends ce parti pris, c’est que tu mets, toi, un sens précis
derrière « fontes » qui n’est pas celui du vulgum
pecus.
Non,
je n’accorde aucun sens précis à « fontes » dans l’usage
contemporain (ce qui ne veut pas dire qu’il soit impossible de lui
en donner un, par exemple en l’associant à la notion de glyphe,
voir ma réponse à Denis Liégeois), j’évoque (globalement,
« indistinctement ») des distinctions effectuées par
d’autres… pour montrer qu’elles ne sont pas opérationnelles…
qu’elles ne reflètent en rien l’usage des usagers des popolices et
des fonfontes.
Ne
retenons que deux écoles (y en a d’autres, pas meilleures…).
Certains pensent qu’une police (I.T.C. Dugenou) comprend plusieurs
fontes (Dugenou ital, demi-gras, gras, S.C., etc.). D’autres
pensent qu’une police (Dugenou, Garamond, etc.) renvoie
aujourd’hui à plusieurs fontes (Adobe Garamond, I.T.C. Garamond,
U.R.W. Garamond, etc.), elles-mêmes subdivisées en je ne sais trop
quoi qui correspondrait à la distinction précédente…
Bref,
c’est le bordel, en partie engendré par l’obsession de recouper au
plus près les catégories floues de la nomenclature anglo-saxonne
(type, typeface, fonts, etc.). C’est un jeu à la con. Sans intérêt
et promis à brève échéance au désastre.
Ne
pas oublier les motivations boutiquières… L’intérêt (surtout pour
les « petits électrofondeurs ») de la distinction
police/fonte est qu’il faut faire comprendre au client qu’il
n’achète pas une police mais des fontes… ce qui revient à dire que
pour avoir une police complète il faut casquer plusieurs fois. Je
ne critique pas cela, car je n’oublie pas que le premier gonzier
venu dispose aujourd’hui (honnêtement, pour quelques milliers de
francs, ou illégalement, pour beaucoup moins) d’un éventail de
polices qui aurait fait baver d’envie le plus riche des ateliers
de composition d’antan… Je réfute uniquement des dénominations
foireuses.
M.
GUILLOU :
« C’est pourquoi j’ai trouvé très intéressante la
définition de fonte proposée par Jean-François Porchez. »
Quelle était-elle ?
Objet
numérique. En gros, un créateur de caractères concevrait et
dessinerait des polices, mais il produirait et vendrait des
fontes.
II.
Faut-il mettre une capitale aux noms de polices ?
À
Typographie, le 24 mars 1998.
É.
ANGELINI :
Faut-il capitaliser certains noms de fontes et d’autres
pas ? Et quid des noms de vins ?
Bonne
question… Ça fait un bail que j’ai envie de la poser… Il me semble
que l’usage d’Ol’ Rand est judicieux : il oppose le nom d’une
police particulière (le Cochin) à un terme générique (un —
quelconque — garamond). « Le Didot de Machin est un didot,
une didone. » Si d’assez bonnes raisons pourraient conduire
au bas de casse intégral quand le nom d’une police est celui d’un
individu, on imagine mal d’avoir à écrire : « Je n’aime
pas l’univers. »
Cela
dit… ma religion n’est pas faite (sauf pour le pinard, domaine où
de solides traditions font loi…). « Pour l’étiquette de votre
pauillac, je verrais bien un didot, par exemple du Bauer Bodoni,
caractère qui ne manque pas de corps. »
À
F.L.L.F., le 3 décembre 2001.
M.
GUILLOU :
??? « Ce ne sont pas des noms communs ! » [dit
un autre intervenant au débat]. Si, si.
[…]
Je crois me souvenir que l’objet du litige est une série de noms
de polices (Times, Courier, etc.) mais j’ai oublié certains de ces
noms… et le contexte… or, cela est déterminant, décisif. Enfin…
pas tant que ça… car, désolé, je pense que la majuscule, si elle
est parfois inutile ou maladroite, ne peut jamais (dans ces cas…)
être gravement fautive…
Pinaillons
un peu, quand même… Selon les cas et les circonstances (et selon
moi… car il n’y a pas ici d’usage dominant et indiscuté), la
majuscule s’impose ou non… Quand ils sont employés génériquement,
certains noms policiers quoique propres […] abandonnent leur
majuscule et se comportent comme des noms communs.
Exemples :
« Si tu veux un beau didot, prends le Didot de Linotype… Ce
Bodoni est trop gras ! Le Walbaum est un bodoni un peu
spécial… Envoie-moi le Garamond Book, oui, celui d’I.T.C… C’est
dingue le nombre de mauvais garamonds qui circulent… »
Parfois,
impossible de s’en sortir honorablement… Comment composerais-tu
ceci ? « Ce salaud nous impose un univers
frauduleux ! — Et encore, c’est rien, t’as pas vu son
courier ! » Même s’il ne s’agit pas (et pour cause…) de
polices nommées Univers et Courier, la majuscule est chaudement
recommandée. La première n’améliorera guère la situation (au
contraire…), mais la seconde aura un avantage non négligeable…
Ponctuation Astérisque, Barre oblique, Citation, Crochet, Deux-points, Espace, Guillemet, Parenthèse, Point d’exclamation, Point d’interrogation, Points de suspension, Tiret, Virgule.
Après
une portion de phrase composée en italique (mots étrangers,
titres, etc.), la ponctuation sera composée en romain si elle
n’appartient pas à l’élément ainsi mis en évidence :
« Quel est le deuxième lied du cycle Die schöne Müllerin ?
— Il me semble que c’est Wohin ? »
Surponctuation
Surponctuer
consiste à multiplier les signes de ponctuation non fautifs
(syntaxe) mais inutiles (syntaxe, expression) ou dommageables
(expression). Ne sont pas surponctuées les phrases
suivantes :
[«
Les formes des signes d’écriture, ne sont pas
neutres. »] – Robert ESTIVALS,
la Bibliologie. (Mais la virgule est gravement fautive…)
« Claudel
a dit quelque chose, sur les cathédrales, qui vaut bien qu’on lise
l’Annonce faite à Marie, quoique je ne voie rien à
comprendre dans ce drame. » – ALAIN,
« Matière et Forme », Propos. À première vue,
les deux premières virgules ne sont pas grammaticalement
indispensables. Pourtant, leur suppression modifierait la charge
du pronom relatif. Ce redoutable « qui » (quelque chose)
deviendrait anodin (quelque chose sur les cathédrales).
Opposer
sous-ponctuation et surponctuation est utile mais hélas un peu
dérisoire. L’essentiel se joue ailleurs, ou avant. Aujourd’hui,
quantité de phrases ne sont pas surponctuées mais regorgent de
signes de ponctuation indispensables, car imposés par une médiocre
construction. La bonne prose n’est ni surponctuée ni
sous-ponctuée, elle est peu ponctuée…
C’était
ainsi jadis et c’est « l’une des beautés de la prose
française du XVIIe
siècle, je veux dire cet agencement savant, ou, pour donner l’idée
de quelque chose de plus vivant, cette savante articulation des
parties qui se tiennent si bien toutes ensemble, par le seul jeu
des conjonctions, que le secours de la virgule et du point et
virgule en devient presque superflu », Brunetière
1880.
¶ Espaces
Les
anciens typographes étaient plus souples que les modernes. Ils
savaient jouer avec les espaces liées à la ponctuation.
Lefevre
1883 : « On met une espace d’un point avant
la virgule, le point-virgule, le point
d’exclamation et le point d’interrogation, si la
ligne où ils se trouvent est espacée ordinairement ; mais si
elle est plus serrée, on se dispense d’en mettre avant la virgule,
surtout lorsqu’elle est précédée d’une lettre de forme ronde. Le
contraire a lieu, c’est-à-dire que l’on peut augmenter l’espace
d’un demi-point avant ces diverses ponctuations, et surtout avant
les points d’exclamation et d’interrogation, si la ligne est
espacée plus largement. On ne met pas d’espace avant le point
qui termine une phrase, ni avant le point abréviatif, ni
avant les points suspensifs. »
La
virgule a perdu son espace éventuelle. Resquiescat in
pace ! En revanche, rien n’interdit de continuer à
faire varier les espaces qui précèdent le point-virgule, le point
d’exclamation et le point d’interrogation. Aujourd’hui, rares sont
les compositeurs qui se donnent la peine de modifier au coup par
coup les espaces insécables fixes qui précèdent la ponctuation
haute. Dommage, car de très légères modifications — quasi
imperceptibles — peuvent éliminer des coupures ou améliorer
l’espace justifiante d’une ligne donnée.
I.
Sources documentaires
À
France-Langue, le 29 mai 1997.
P.-O.
FINELTIN :
Je cherche un texte sur les emplois des signes de ponctuation.
Merci de m’indiquer où je peux me renseigner.
Alors
là, no problemo… Sur le sujet, une seule adresse, et c’est un
chef-d'œuvre (d’intelligence, de finesse, de style…) :
Jacques Drillon, Traité de la ponctuation française,
collection « Tel », Gallimard, 1991.
À
Typographie, le 6 mai 1998.
P.
CAZAUX :
Je me demandais ce que tu pensais du « Que
sais-je ? » [de Nina Catach] sur la ponctuation. Je le
trouve très intéressant.
Il
l’est. C’est l’œuvre d’une spécialiste de l’orthographe, donc un
point de vue « théorique » très intéressant (bien que
rapide… à cause des contraintes de la collection). L’assez gros
bouquin de Drillon est l’œuvre d’un écrivain, d’un maître de la
langue écrite… Le plaisir procuré comme les services rendus sont
sans commune mesure.
P.
CAZAUX :
Par ailleurs, je ne partage pas ton avis… péremptoire sur le Perrousseaux
et sur l’Abrégé du C.F.P.J. Je reconnais leurs défauts,
mais mon point de vue est celui du débutant, et ils me
paraissent une bonne entrée en matière.
C’est
ce que j’ai dit à propos du Perrousseaux. C’est également
ce que contient le titre : Typographie élémentaire.
L’ennui, c’est qu’en matière d’orthotypographie (donc de
« code »), je ne vois guère l’intérêt pratique des
« entrées en matière », même aguichantes, pour quiconque
est déjà dans la « production ». On ne peut se contenter
de rester sur le seuil. D’autant que quelques-uns des rares
détails abordés le sont avec une désinvolture dont les vertus
formatrices me semblent discutables. Quant à l’Abrégé,
c’est en gros tout ce qu’il ne faut pas faire : abréger le
chaos pour faire accroire qu’il est ordonné…
P.
CAZAUX :
Alors que le nouveau Code typo me paraît aberrant, ne
serait-ce que dans sa propre compo.
Oui,
mais c’est l’héritier (certes un peu fin de race) d’une tradition
qui a du poids… On ne peut l’ignorer totalement. Il faut le
connaître (ce qui n’est pas le cas du Perrousseaux, de l’Abrégé
ou du Guéry).
P.
CAZAUX :
Je suis assez réticent aussi sur le Ramat, et condamne
définitivement le Gouriou.
Le
Ramat n’est pas si mauvais qu’on le dit parfois… Le Gouriou
n’est guère utilisé (dans les lieux que je fréquente).
II.
Des ponctuations hautes
ou des ponctuations doubles ?
Site
Web de Jean-Pierre Lacroux.
Dire
que ! ? ; : sont des signes de ponctuation « doubles »
au seul prétexte qu’ils sont composés de deux éléments disjoints
revient à dire que « é, à » ou un simple « i »
sont des lettres doubles, des voyelles doubles… et que
« ñ » est une consonne double. Vous imaginez le bordel…
(À dire vrai… l’expression que je critique ici est couramment
employée… Pas grave.)
J’ai
ma conception (internationalisante) de l’espacement des signes
de ponctuation.
J’ai
bien noté que cette conception était personnelle… À mon sens, elle
est également nocive. Non parce qu’elle ne respecte pas une
« convention typographique française » (il en est
d’oubliables), mais parce que cette convention est motivée, utile,
efficace, salement subtile. Comme vous le savez — et comme le
pressentaient les typographes d’antan —, le lecteur ne lit pas
lettre à lettre. Les mots ont une « silhouette » ;
or, quand elles ne sont pas isolées par une espace, les
ponctuations dites « hautes » (; : ! ?) modifient cette
« forme globale » et par conséquent gênent la perception
du lecteur. Parfois fort peu, voire pas du tout, parfois
considérablement. N’y a-t-il pas là une « évidente raison
pratique de communication » ? Ce parasitage n’est bien
entendu pas à craindre avec les ponctuations basses (. , …). Voilà
pourquoi l’« internationalisme » (qui ne me trouble
nullement) est un cache-misère, un alibi au suivisme. Vous me
direz que les lecteurs de textes composés dans quelques autres
langues ne semblent pas trop perturbés par la soudure des
ponctuations hautes, et je vous répondrai : primo et à ma
connaissance, cela reste à prouver ; deuzio, chacun fait ce
qu’il veut chez lui, cela ne me regarde pas…
Si
vous regardez de plus près, vous vous apercevrez que seules !
et ? sont hautes et ; et : simplement
« moyennes ». À partir de là, “ ” ( )
[ ] et { } sont hautes (et curieusement non
espacées), et « » moyennes mais étrangement
espacées.
Vous
êtes bien gentil, mais c’est vous qui devriez regarder d’un peu
plus près avant de me prodiguer des conseils d’oculiste.
« Ponctuation haute » est une expression du jargon
typographique qui ne prend pas en compte la distance à la hauteur
d’x (ou d’œil) ou à la hauteur de capitale mais à la seule ligne
de pied. Les ponctuations hautes « montent » beaucoup
plus haut que celle-ci ; les ponctuations basses, non.
Examinons d’un peu près les ponctuations
« moyennes » : en haut, elles s’alignent sur la
hauteur d’x, ce qui en l’absence d’espace implique un parasitage
comparable à celui qui est produit par celles qui s’alignent sur
la hauteur de capitale. Maintenant, examinons d’encore plus près
les parenthèses, les crochets et les accolades : ces signes
ont une hauteur (absolue) supérieure à celle de tout autre signe
qu’ils sont susceptibles de côtoyer, caractéristique qui élimine
le phénomène déjà décrit.
Cette
disparité de traitement ne démontre-t-elle pas que cette
ségrégation : ponctuation haute/ponctuation basse est
purement arbitraire.
Non,
car la disparité de traitement n’a pas été démontrée. Non, car la
position sur la ligne de pied n’est pas un critère arbitraire.
Elle
est effectivement « efficace », mais certainement pas
dans la « subtilité » : vous parliez des
typographes d’antan, qui positionnaient le texte pour ainsi dire
à l’œil.
Et
aujourd’hui, ils le positionnent comment ? Ça m’intéresse,
pour le cas où ma vue baisserait… ou pour celui, plus improbable,
où l’on tenterait de me faire bosser gratos.
Cela
signifie qu’ils dépassent légèrement la hauteur de capitale,
n’est-ce pas ?
Cela
signifie ce que j’ai écrit : ces signes ont une hauteur
(absolue) supérieure à celle de tout autre signe qu’ils sont
susceptibles de côtoyer, donc, en particulier, de tout signe
alphabétique, qu’il soit en cap, petite cap ou bas de casse et,
pour ce dernier, que la lettre soit « courte » (a, e, c,
etc.), « longue du bas » (g, j, p, etc.) ou
« longue du haut » (b, d, f, etc.).
Cela
signifie que ces signes ont une extension verticale très
supérieure à celle de tout mot qu’ils sont susceptibles de
côtoyer, ce qui n’est évidemment pas le cas avec « » ; : ! ?. Cela
signifie qu’ils ne parasitent pas la « silhouette
globale » de ces mots, qu’ils s’en détachent nettement (en
haut et en bas) et qu’ils ne perturbent pas la perception du
lecteur pressé ou fatigué.
Mais
expliquez-moi pourquoi cela élimine le phénomène de parasitage.
Pour
la raison que je vous avais indiquée et que je viens de répéter en
la précisant, mais je vous concède qu’« éliminer » est
inutilement vrai et que « réduire considérablement »
aurait été plus habile. Expliquez-moi plutôt pourquoi vous tenez
tant à faire accroire que "l'Ill!" est aussi aisément lu que
« l’Ill ! »
Je
ne vois pas bien de quelle liberté il s’agit puisque vous exigez
un blanc et que vous vous condamnez donc à l’insérer vous-même
(= contrainte) : votre liberté n’est que virtuelle.
Non,
elle est réelle, et votre assertion est absurde : ce que je
peux décider de faire ou de ne pas faire
« moi-même » n’est pas une contrainte. J’ai la liberté
de ne pas introduire d’espace antérieure dans les occurrences où
elle n’a pas sa place — détail qui vous a échappé —, liberté
bafouée par les tenants de l’approche antérieure hypertrophiée qui
m’imposent un blanc que je ne leur ai pas demandé ! Les
liberticides sont dans votre camp.
Quand
l’espace est nécessaire — cas bien entendu le plus fréquent, de
très loin —, je suis libre de modifier subtilement sa valeur, sans
être contraint de tripatouiller l’interlettrage et les approches
(horreurs très en vogue) : cela permet parfois de résoudre
des problèmes de justification et de mauvaise coupe.
III.
Ponctuations hautes
et virgules « mixtes »
À
Typographie, le 26 janvier 1998.
J.
FONTAINE :
Selon le Ramat typographique, « la ponctuation
basse (point, virgule, points de suspension) reste toujours dans
la même face (romain, italique, gras, etc.) que le mot qui la
précède, qu’elle appartienne au mot ou au reste de la
phrase. » […]
J’avoue
que la découverte de la règle particulière à la ponctuation
basse troubla quelque peu l’hémisphère gauche et logique de mon
cerveau, mais l’hémisphère droit et artiste peut imaginer les
motifs esthétiques qui la sous-tendent (motifs que le Ramat
n’explicite pas).
Je
dois aussi avouer que je n’avais jamais remarqué auparavant cet
usage illogique, ce qui est peut-être le signe que c’est un
usage conforme au principe qu’une typo correcte est une typo qui
ne se remarque pas… (Faut aussi dire qu’un point romain et un
point italique, ça doit être kif-kif, non ?)
Votre
message contient toutes les réponses à vos questions… Comme vous
le soulignez, la question (ponctuation « basse »
appartenant à une phrase en romain mais succédant à un terme en
ital) se pose uniquement pour la virgule. C’est un usage et il est
illogique. Dans les codes d’hier et d’aujourd’hui vous trouverez
des partisans de deux écoles… Les auteurs à mon sens les plus
pertinents sont plutôt favorables à l’autre usage (pas de
distinction entre ponctuations haute et « basse » dans
ces circonstances, donc virgule romaine) mais je crains fort que
cela ne soit pas suffisant pour infléchir un usage fondé sur la
facilité et la cohérence graphique (par exemple, dans une
énumération de termes composés en italique, pourquoi se fatiguer à
réintroduire du romain à chaque virgule alors que l’ital coule de
source et que sa bizarrerie « sémantique » n’apparaîtra
qu’à quelques lecteurs vétilleux). Cela dit… quand je
« compose » ou quand je nettoie les compositions des
autres, je fais cet effort inutile…
Bien
que ses choix soient sur ce point assez fumeux, laissez-moi vous
citer Gustave Daupeley-Gouverneur (le Compositeur et le
Correcteur typographes, Paris, 1880), qui explique assez
bien en quoi certains usages que nous respectons encore ont leur
origine dans des pesanteurs techniques qui ne sont plus
nécessairement les nôtres (en cas d’erreur, le changement de casse
est aujourd’hui plus aisé ; la confusion entre deux petits
bouts de plomb quasi identiques est un cauchemar oublié…).
Tous
les passages entre crochets sont des commentaires de mon cru.
« [...]
En ce qui concerne l’emploi des virgules italiques, il règne
malheureusement, dans la plupart des imprimeries, pour ne pas dire
dans toutes, une trop grande indifférence de la part du
compositeur [source de bien des usages… et de
« règles »…]. L’expérience nous prouve tous les
jours combien il est difficile d’atteindre ici la perfection [même
chez les meilleurs : dans le manuel de Théotiste Lefevre,
on trouve quantité d’exemples de virgules fautives…]. Le
mélange des virgules italiques et des virgules romaines est, nous
le savons, un détail qui paraît bien minutieux aux gens qui ne
sont pas du métier, mais il fera toujours la désolation de l’homme
de goût. […] C’est la difficulté d’obvier à ce mélange qui a fait
adopter depuis quelque temps, dans certaines fontes, un genre de
virgules mixtes dont l’œil n’est ni tout à fait romain, ni tout à
fait italique. Nous approuvons fort ce système [quel
« homme de goût » !], qui, n’ayant rien de
choquant en lui-même, a l’immense avantage de parer à
l’inconvénient que nous signalons (1).
(1)
La septième édition du Dictionnaire de l’Académie (1877) a
été composée entièrement avec des virgules mixtes. »
IV. « Pendante ponctuation »
À
Typographie, le 26 mai 1997.
J’avoue
que la hanging ponctuation me laisse perplexe. Elle a
certainement des qualités, mais il me semble que son emploi est
nécessairement marginal (oui, je sais, excusez-moi…),
disons : limité… J’aimerais bien voir ce que donneraient des
textes surponctués, comme Mort à crédit ou un quelconque
San-Antonio, composés avec cette ponctuation pendue.
À
Typographie, le 17 décembre 1998.
P.
MAGUIN :
Les ponctuations que l’on met hors justif sont à ma connaissance
le point, la virgule, le point-virgule, le deux points et la
division.
Pour
le point-virgule et le deux-points, l’espace antérieure est-elle
également « pendue » ?…
P.
MAGUIN :
Ce qui me met dans l’embarras, ce sont les points de suspension.
Quelqu’un a une idée ?
Oui…
Renoncez à Satan, à ses œuvres et à son gibet… Ramenez toutes les
brebis égarées au sein douillet du troupeau, ne les abandonnez
plus au-dessus du gouffre…
M.
BOVANI :
Quant à le faire à la main en sortant les ponctuations dans la
marge… le remède est bien pire que le mal, non ?
Le
« remède » est mille fois pire que le prétendu
« mal » ! Le plus rigolo, c’est encore deux
colonnes bien serrées, avec les saillies de l’une qui tentent de
rejoindre celles de l’autre… Émouvant… Et quelle belle gouttière
(rectiligne ?) !
Et
les notes marginales ? Quel beau cadeau pour elles que ces
traits d’union aventureux ! Imagine trois coupures de
suite : on a déjà le début d’une belle fermeture à glissière…
Utile, pour ceux qui craignent que la note marginale tombe dans le
vide et s’écrase en bas de page…
Sauvons
la ponctuation du gibet !
T.
BOUCHE :
Et les pointes des signes ( ) . V « » - — devraient
sortir un peu dans la marge (pour les mêmes raisons que celles
qui font placer un V ou un O un peu au-dessous
de la ligne de base).
Mais
non, cela n’a rien à voir ! Quand je lis, mon œil suit la
ligne, les lignes du texte… il est donc judicieux que les
caractères posés sur la ligne de base mais qui manquent d’assise
soient placés de telle sorte qu’ils n’apparaissent pas à nos
faibles yeux comme plus hauts que leurs copains… Cela
contrarierait la fluidité de la lecture. En revanche, quand je
lis, mon œil ne se promène pas le long des marges de gauche et de
droite… Dès lors, il n’en a strictement rien à foutre si
l’alignement vertical n’est pas « optiquement »
rigoureux au micron près…
Attention !
Provoc sévère ! Cette obsession de la rectitude
« optique » absolue des fers est un hochet pour ceux qui
ne lisent pas et se contentent d’admirer les pavés… C’est un credo
pour secte paoïste… Le slogan de ma chapelle est un peu
différent : sous les pavés, le texte !
T.
BOUCHE :
Objection intéressante. Mais je ne vois pas en quoi ça te
défrise qu’un alignement, s’il n’est pas impératif à la lecture,
agréable à l’œil soit recherché.
Mais
la recherche (et même l’obtention…) d’un alignement vertical
parfait ne me défrise pas le moins du monde… Elle ne me passionne
pas, c’est vrai, mais ce qui me fait hurler, c’est la méthode
employée ! Que l’on rabote virtuellement l’approche du
premier et du dernier caractère d’une ligne ne me gêne pas
beaucoup, mais qu’on la fasse devenir négative… là, je dis qu’y a
d’l’abus… et même risque de farce typographique quand en outre on
pend la ponctuation haut et court… Cette exigence de
« rectitude optique » devient à mon sens assez drôle
quand elle s’accompagne de retraits d’alinéa suralimentés et de
notes marginales de petit fond composées en drapeau au fer à
gauche…
Mais
tu vas voir que je suis à la fois de mauvaise foi et honnête…
Comme
le faisait justement remarquer Michel Bovani, on pourrait trouver
une justification sémantique à l’exclusion du trait d’union
marquant la coupure d’un mot… Dès lors, nous aurions une solution
élégante pour les coupures tombant pile-poil sur le trait d’union
d’un mot composé : il rentrerait dans le rang !
À
Typographie, le 19 décembre 2000.
P.
PICHAUREAU :
Cela m’a amené à me demander quels symboles de ponctuation on a
intérêt à mettre dans la marge.
Aucun.
V.
Ponctuations à “l’anglaise”,
à « la française » et à »l’allemande«
À
Typographie, le 25 juin 1997.
J.
MELOT :
À ce propos, examinez bien la matière imprimée moderne (en
français). Il est remarquable de constater que l’espace à gauche
de la ponctuation haute, lorsqu’elle n’est pas tout simplement
escamotée (à l’anglaise), est plus petite que l’espace à droite.
On dirait que, sous l’influence de l’imprimé anglo-saxon
omniprésent, le typographe français se sent mal à l’aise de
mettre la même espace devant et derrière la ponctuation haute
comme jadis et procède à une sorte de compromis inconscient en
diminuant celle de gauche.
Pas
sûr, cher ami… car cette dissymétrie est une très ancienne
tradition typographique française. Les anglo-saxophones, pour une
fois, n’y sont pour rien…
Nos
typographes des siècles précédents (qui étaient un peu
grammairiens, les siècles et les typographes… heureux
temps !) ont fort bien expliqué les raisons de ce beau (et
rationnel…) déséquilibre : les ponctuations hautes comme le
point-virgule, les points d’exclamation et d’interrogation
appartiennent davantage à la phrase ou au membre de phrase qui les
précède qu’à la phrase ou au membre qui les suit… Dans la
typographie soignée, l’espace de gauche est donc très inférieure à
celle de droite. Seul le deux-points, qui établit une sorte
d’égalité, est isolé par deux espaces égales. Toutefois, certains
typographes préconisent de diminuer un peu l’espace de gauche (à
mon sens, ils n’ont pas tort…).
J.
MELOT :
J’ai déjà eu l’occasion d’examiner des ouvrages anciens dans
lesquels des espaces égales étaient insérées de part et d’autre
des virgules et des points et je ne suis pas certain qu’à
l’origine l’espacement n’ait pas été égal de part et d’autre de
toute ponctuation.
On
peut toujours trouver des exemples qui infirment les règles et les
usages… mais je vous assure que la dissymétrie en question ne date
pas d’aujourd’hui ou d’avant-hier, loin s’en faut. Les grands
manuels typographiques des siècles précédents en font état et,
lorsqu’ils ne l’évoquent pas explicitement, ils la mettent en
œuvre (ainsi que la plupart des ouvrages composés avec soin). Ce
qui explique peut-être votre perception, c’est le fait que
l’espace qui suit la ponctuation est « justifiante »
(variable) : si la composition est très serrée, l’espace
justifiante est diminuée et tend à ressembler à l’espace fine qui
précède la ponctuation. Dans une composition très aérée, avec de
très fortes espaces-mots, l’égalité que vous évoquez est une
monstruosité typographique.
À
Typographie, le 3 mars 1999.
J.
ANDRÉ :
On n’arrivera jamais à savoir où est la « logique »
dans le fait de mettre une fine avant un point-virgule pour des
raisons de lisibilité en français, à croire que les yeux des
Anglo-Saxons sont différents. Personnellement je parle
d’habitudes culturelles.
…
Mais l’insatiable « besoin de logique » est une
respectable « habitude culturelle », non ?
Oui,
il est « logique » d’éloigner un peu certaines
ponctuations hautes du signe qui les précède… Que d’autres s’en
abstiennent ne suffit pas à discréditer nos raisons…
À
F.L.L.F., du 28 au 30 décembre 2001.
K.
ELGART :
Quand j’ai appris le français (aux États-Unis) je ne me rappelle
pas que mes professeurs demandaient une espace avant ?
et ! Qu’est-ce qu’on fait au Québec, en Belgique… ?
En
Belgique, le français se compose comme partout… Des espaces fines
précèdent les ponctuations hautes (et non « doubles »).
Au Québec, si je me fie à Aurel Ramat, ce devrait être kif-kif.
Inutile
de citer des contre-exemples : il en existe aussi partout…
dus à diverses causes : suivisme béat ou volonté de se
singulariser (ce n’est pas incompatible, au contraire),
incompétence, etc.
JANTI :
Pourquoi l’espace devant ? et ! en
français ? Est-ce que quelqu'un connaît l’histoire de cette
règle exclusivement française ?
Ce
n’est pas une règle exclusivement française.
Il
est vrai — et c’est loin d’être le fruit du hasard — que les
Français sont aujourd’hui quasiment les seuls à défendre des
conventions typographiques rationnelles…
J.
KANZE :
Les Allemands avec qui j’ai travaillé ne pouvaient pas supporter
l’idée que je mette une espace avant les points-virgules dans le
programme. Plus généralement, j’avais l’impression que les
Allemands avaient horreur des espaces dans le code en général.
Je ne peux que croire que ça vient indirectement de leurs
habitudes typographiques, avec des mots qui se collent, et tout
le reste. L’écriture d’un programme n’a pas grand-chose à voir
avec la typographie d’un roman, mais les habitudes semblent
rester quand même.
Tout
cela montre que les Allemands dont vous parlez ont perdu la
mémoire, du moins leur mémoire typographique. Des milliers de
livres composés jadis et même naguère en Allemagne et en allemand
sont à leur disposition : ils y verront des espaces devant le
deux-points et les autres ponctuations hautes. Ils y verront
aussi, après le point, des espaces beaucoup plus grandes qu’en
français : des cadratins ! Ils y verront des espaces qui
ne furent jamais employées en français : celles qui en
Fraktur et même parfois en romain remplacent l’italique par un
interlettrage hypertrophié…
Leur
« horreur » des espaces n’est pas due à des traditions
qu’ils ignorent, mais au conformisme ambiant.
VI. Absorption du point final
À
Typographie, du 26 au 28 janvier 1998.
J.
FONTAINE :
Soit les deux exemples suivants, qui se trouvent dans le Traité
de la ponctuation de Jacques Drillon et que je cite de mémoire,
car je n’ai pas actuellement l’ouvrage sous la main : Il
prétend travailler pour la C.I.A. — Il prétend travailler
« pour la C.I.A. » La règle typographique veut que
le point abréviatif absorbe le point final de la phrase (ou vice
versa ?) pour éviter une répétition inesthétique de points.
Ce
n’est pas une question d’esthétique…
J.
FONTAINE:
Si je me souviens bien, Drillon exprimait toutefois l’avis que,
dans le deuxième exemple, il trouverait préférable d’ajouter un
point final après le guillemet, mais que c’était interdit par
l’usage typographique. Serait-ce effectivement péché
mortel ? véniel ?
…
en effet, si vous refusez un double statut (ponctuation interne et
ponctuation de la phrase) au dernier point (final/abréviatif,
d’interrogation, d’exclamation mais pas toujours de suspension) de
la citation, que ferez-vous dans un cas comme celui-ci : Pourquoi
m’a-t-il dit « Où vas-tu ? » — Pourquoi m’a-t-il
dit « Où vas-tu ? » ? —Pourquoi m’a-t-il dit
« Où vas-tu » ?
La
première formule est de loin la meilleure.
Le
bouquin de Drillon est admirable. Sur le sujet, on ne peut trouver
mieux. Toutefois, deux ou trois de ses choix ou suggestions
« typographiques » sont discutables.
J.-D.
RONDINET :
On voit sans équivoque que le point final se trouve en dehors du
guillemet fermant. Donc : Il prétend travailler
« pour la C.I.A. ».
Moi,
je veux bien… mais connais-tu des sources qui préconisent
explicitement cette formule ? Ça m’intéresse énormément !!!
J.
FONTAINE :
« Ce n’est pas une question d’esthétique… » (Bibi bis)
Hum, réponse absorbante… Pourquoi absorbe-t-on, alors ? Par
flemme ? Par économie ? L’économie (économie
graphique ; je ne parle pas de fric) peut être considérée
comme une qualité esthétique.
Certes…
mais la répugnance à doubler un signe de ponctuation (sauf dans
les cas de répétition expressive !!!) pour lui attribuer deux
rôles différents n’est pas d’ordre esthétique… Du moins pas
« avant tout », du moins pas à mon sens. La ponctuation
n’est là que pour aider à la lecture et à la compréhension du
texte. La surponctuation aboutit généralement au résultat inverse.
Il est vrai que des préoccupations d’ordre esthétique peuvent
aller dans le même sens… mais pas toujours. Les parenthèses et les
crochets engendrent souvent des cohabitations que les guillemets
récusent… Cela s’explique. On pourra y revenir.
J.
FONTAINE :
Supposons que les exemples suivants soient tous les deux des
phrases interrogatives (la seconde étant la version relâchée)
que je ponctue de la façon typographically correct : M’as-tu
dis « Où vas-tu ? » — Tu m’as dis « Où
vas-tu ? »
En
tout cas, les deux sont relâchées… orthographiquement…
J.
FONTAINE:
Il est impossible pour le lecteur de voir que la deuxième phrase
est ici une interrogation (du type : Tu viens ?).
Glp ! c’est bien ponctué, ici ? Tout deviendrait clair
en ponctuant ainsi (Dieu sauve mon âme) : Tu m’as dit
« Où vas-tu ? » ?
Certes…
mais il est illusoire d’imaginer qu’une surponctuation
hyperlogique rendra claire une formulation équivoque… C’est en
cela que la question n’est pas avant tout une question
d’esthétique typographique (étroitement visuelle) mais qu’elle
ressortit, plus profondément, à la stylistique, à la langue écrite
(et même orale…). À l’oral, essayez donc de rendre perceptible la
double interrogation (sans effectuer une pause après
« dit »)…
Écoutons
Daru : « [La ponctuation] ne remédie aux obscurités du
style qu’en décelant souvent un vice de construction. » […]
L’esthétique
et la logique ont été évoquées.
Je
n’ai rien contre ces deux disciplines, je les crois même très
bénéfiques… mais, s’agissant d’orthotypographie et de ponctuation,
elles exigent des précautions. La logique est une aide précieuse
pour résoudre les questions simples, celles surtout qui dépendent
d’une seule « règle »… Dès lors que l’on concocte des
exemples se situant aux confins du genre ou faisant appel à
plusieurs règles, il est vain de se montrer logique dans
l’application d’une règle si l’on oublie les autres. En d’autres
termes, avant d’acculer une règle dans les cordes, il est bon de
se souvenir des relations qu’elle entretient avec ses sœurs et
singulièrement de leur éventuelle hiérarchie.
J’aime
bien les exemples vicieux, rétifs aux normes : pour le
plaisir, non pour adapter la règle à leurs caprices.
Si
l’on trouve logique d’écrire : Tu m’as dit « Où
vas-tu ? ». — ou : Tu m’as dit « Où
vas-tu ? » ? pourquoi serait-il illogique
d’écrire : Tu m’as dit : « Où
vas-tu ? ». — ou : Tu m’as dit :
« Où vas-tu ? » ? ?
Or,
ici, on est en plein « solécisme typographique »…
Question (subsidiaire) : où mettre le point d’interrogation
qui correspond à mon pourquoi ? (La réponse se trouve dans le
dernier paragraphe…)
Si
l’on retient ces façons de faire, on met à mal tout un pan de
l’orthotypographie française (ponctuation des citations)… Sous
quel prétexte ? Celui de donner une ponctuation logique à des
formulations illogiques…
J’entends
déjà les objections… alors voici mon sentiment : à l’oral, je
crois que les doubles interrogations sont rarissimes et que la
plupart des francophones diraient : « Pourquoi m’as-tu
demandé où j’allais ? » ou une des innombrables
variantes (« Pourquoi qu’tu m’demandes où je
vais ? »…). Et là, aucun problème de ponctuation.
Quant
à la phrase non interrogative (que je trouverais plus crédible à
la troisième personne…), imaginons qu’elle se situe à la fin d’un
dialogue globalement sis entre guillemets… Si l’on retenait la
méthode examinée plus haut, on aurait un point final après le
guillemet fermant le discours cité dans le discours… et on aurait
l’air malin, car pour être dans la même logique il faudrait le
faire suivre par un nouveau guillemet fermant le dialogue
(impossible dans ce cas de laisser un point final à l’extérieur du
dernier guillemet)… « Qu’est-ce qu’il t’a demandé ? — Il
m’a dit : « Où vas-tu ? ». »
Certes,
ça passerait mieux (?) avec des guillemets anglais de second
rang : « Qu’est-ce qu’il t’a demandé ? — Il m’a
dit : “Où vas-tu ?”. »
Mais
mieux vaut (façon de parler…) : « Qu’est-ce qu’il
t’a demandé ? — Il m’a dit : “Où vas-tu ?” »
Pour
terminer sur une généralité : la solution de la plupart des
« cas extrêmes » ne réside pas dans la ponctuation mais
dans la gomme, l’encre rouge ou la touche Backspace… Faut tout
récrire, histoire que ça devienne ponctuable… qualité (non
suffisante, certes) qui témoigne que la phrase correspond
peut-être à un cheminement réel de la pensée *.
*
Si l’on cherche une solution… Il n’est heureusement pas exclu de
jouer avec les embûches, mais ça, c’est déjà tomber dans la
littérature.
P.
JALLON :
Malgré son apparence débonnaire, La Barbouze a un lourd passé
d’espion : « Je travaille pour la C.I.A. ».
Tsssss…
P.
JALLON :
[…] La logique « sémantique » voudrait que le point
final précédât le guillemet fermant (citation d’une phrase in
extenso). En revanche, la logique « graphique »
estime absurde de faire suivre le A de C.I.A. de
deux points, l’un abréviatif et l’autre final.
Justement…
Donc :
Malgré son apparence débonnaire, La Barbouze a un lourd passé
d’espion : « Je travaille pour la C.I.A. »
P.
JALLON :
Quant aux « sources » — sachant que je n’en suis pas
une — que réclame Jean-Pierre, la seule que je connaisse sur ce
sujet est la sage parole de l’excellent Girodet, dans ses Pièges
et difficultés de la langue française (cf. sa glose sur les
guillemets, dans l’annexe).
Girodet
(un de mes auteurs favoris…) ne préconise pas la double
ponctuation… Hormis Drillon, je cherche des sources
« autorisées » et favorables à : Il prétend
travailler « pour la C.I.A. » ou Il m’a
dit : « Je travaille pour la C.I.A. »
SABINE :
On peut se reporter à l’ouvrage de Jean-Pierre Colignon,
éditions du C.F.P.J., Un point c’est tout !, 120
pages consacrées exclusivement à la ponctuation.
Vous
n’y trouverez pas de réponse au problème de la double ponctuation
(du « même » signe _) avant et après un guillemet
fermant… Si ma mémoire est bonne, les auteurs de manuels ou de
« codes » se gardent bien de l’évoquer…
Hormis
le cas des deux points finals — coïncidence de la fin des phrases
(complètes…) en discours indirect et direct —, pour lequel sa
suggestion est discutable, Colignon donne des exemples non
problématiques, du genre : Pourquoi donc avez-vous crié
« Au feu ! » ? — Cessez de demander
« Combien ? » !
Quant
à Nina Catach, si je suis parfois en désaccord avec certaines de
ses suggestions, j’applaudis sans réserve ses « lois »
(« Annexe II »).
Chez elle, il y a des éléments de réponse… mais… le problème posé
par l’exemple de Drillon est qu’il peut être résolu différemment
selon que l’on privilégie une des lois concernées (sobriété,
exclusion, neutralisation, absorption…).
Ce
qui est très (trop…) particulier dans cet exemple, c’est la
présence d’un point abréviatif en fin de phrase (incomplète…)
citée entre guillemets en fin de discours indirect… L’absorption
n’est a priori pas pertinente… puisqu’elle serait exclue avec
d’autres signes qui pourtant l’exigent : Il prétend
travailler « pour la C.I.A. »…
Et
pourtant… la question est de savoir ce qui interdit à ce point
abréviatif d’avoir un double statut…
Une
chose néanmoins est certaine : tout renvoi à la règle
générale (phrase complète/phrase incomplète) est d’un faible
secours… Tenez, sur cet autre aspect de la question, une autre
pièce au dossier…
Toujours
Drillon (le salaud… je suis pourtant un de ses admirateurs les
plus fervents !) :
—
Rien ! dit-il. Rien ! (Comme il aurait dit
« tout ! ») – Alexandre Vialatte, les
Fruits du Congo.
« N.B.
Logiquement, il aurait fallu un point après les guillemets
fermants ; ou bien un deux-points après “dit” et une
majuscule à “tout”. Dans cette configuration, la phrase n’est pas
terminée, puisque le point d’exclamation appartient à “tout”, non
à la phrase principale. Cette logique a rarement cours, car elle a
contre elle certaine loi typographique : la querelle est loin
d’être vidée. »
(Fin
de citation.)
Effectivement…
mais une autre chose est certaine : Vialatte savait ce
qu’écrire veut dire (ce qui n’est pas toujours le cas des
« faiseurs de lois »).
VII. Un point final à chaque phrase ?
À
Typographie, le 8 avril 1998.
J.-C.
SIEGRIST :
Gardons également à l’esprit que, lors du processus de lecture,
tout ce qui est inhabituel (formes des lettres et doubles
espaces, dans le cas particulier) ralentit la lecture.
C’est
pourquoi je ne suis pas persuadé que l’on puisse qualifier de
« fonctionnelles » les solutions de Richaudeau…
D’autant
que pour lui la plupart de ces procédés visant à marquer
lourdement les débuts de phrase (double espace-mot, changement de
graisse, vignette, etc.) sont des pis-aller destinés à nous faire
patienter jusqu’au jour béni où les créateurs de caractères auront
enfin compris que l’ostentation est la nouvelle règle d’or et que
les signes de ponctuation doivent être « plus visibles, donc
plus gros »…
Ce
qui revient à dire que chaque signe de ponctuation marque toujours
une articulation essentielle du texte… Ce qui revient à dire que
c’est une conception inacceptable…
À
Typographie, le 4 septembre 1998.
P.
JALLON :
La dernière mode consiste notamment à mettre un point à toutes
les « phrases ». Y compris aux slogans-titres et
autres textes de titraille.
Il
y a des modes plus détestables… Celle-ci est d’ailleurs assez
« rétro »…
Tout
le monde trouve normal que certains titres (ou slogans) s’achèvent
sur des ponctuations expressives ou
« syntaxico-mélodiques » (points de suspension,
d’exclamation, d’interrogation), mais on répugne à employer le
point final… Est-ce bien raisonnable ? Sans
conséquence ? Une au moins est évidente : quand on ose
l’employer dans un titre (ou un slogan) dépourvu de ponctuation
interne, le point final peut devenir étrangement expressif.
P.
JALLON :
Moi, je persiste à considérer que les titres et les slogans ne
sont pas, à proprement parler, des phrases ; dans ce cas,
pourquoi obéiraient-ils à une logique grammaticale alors qu’ils
ne sont pas censés s’y conformer ?
Les
titres ou les slogans sont des phrases… et souvent des phrases
verbales… des phrases ayant une ponctuation interne !
Celle-ci se conforme à la « logique » que tu évoques.
Tout le monde est admis, sauf ce malheureux point final !
Pour justifier cette coutume, on peut avancer des explications
historiques ou esthétiques… mais pas un « statut » qui
rendrait tous les titres « agrammaticaux » par nature.
(Le
débat semble surtout porter sur les « titres de
journaux » ou sur les slogans publicitaires, mais la question
du point final dans les « titres » est beaucoup plus
large et concerne tous les secteurs d’activités où l’on compose
des textes… Il n’y a aucune raison pour qu’une « règle »
ou une convention unique soit appliquée partout et en toutes
circonstances…)
À
Typographie, le 1er
décembre 1998.
Le
temps va me manquer pour répondre à ceux qui exigent de la
ponctuation partout, mais j’y reviendrai… En attendant, je leur
propose un jeu...
1.
Prenez une bible typographique… disons le Lexique des règles
typographiques en usage à l’Imprimerie nationale…
2.
Ouvrez le saint ouvrage à n’importe quelle page.
3.
Observez…
4.
Une fois remis de votre surprise, comptez dans tout l’ouvrage le
nombre d’occurrences où sur ce point précis l’on vous donne tort
(et où, par conséquent, on n’est pas loin de me donner raison)…
5.
Si le nombre d’occurrences « fautives » ou maladroites
(selon vos critères) est supérieur à cent, j’accepterai volontiers
de me faire payer un verre…
6.
Recevez mon amical salut.
[…]
Tiens… pour la peine, je propose un jeu encore plus malhonnête que
celui de l’I.N… (après, faut que je bosse…). On oublie les
formules farcies de signes étranges, on ne retient que des trucs
simples, uniquement composés de lettres…
« J’aime
beaucoup cette phrase pour éventails :
Je
puise l’air
dans
un
pays
ficti
f
généralement
attribuée à Claudel. »
Si
tu me dis qu’il faut mettre une virgule après le « f »,
je crois que nous allons être brouillés pendant au moins deux
jours…
Quoi,
qu’est-ce que tu dis ? Il suffit d’écrire autrement ?
Oui…
« J’aime
beaucoup cette phrase pour éventails, généralement attribuée à
Claudel :
Je
puise l’air
dans
un
pays
ficti
f
Qu’est-ce
qu’on fait ? On met un point final après le
« f » ? C’est pas beaucoup mieux… En outre, il
faudrait peut-être ajouter un guillemet fermant ?… Carrément
hideux, un massacre pur et simple…
À
Typographie, le 18 mars 1999.
J.
FONTAINE :
Si ce sont les contre-exemples pathologiques qui servent
d’arguments aux adversaires du méchant « surcodage »,
je peux jouer aussi à ce petit jeu…
Jouez
tant que vous voudrez, docteur… mais il me semble que vous avez
mal lu les messages précédents et que vous confondez deux choses
bien différentes : le surcodage (en l’occurrence la
surponctuation) de phrases « saines » et le bordel
graphique engendré par des phrases « pathologiques ». Si
ce genre d’amalgame vous sert d’argument, je ne suis pas sûr de
vouloir jouer bien longtemps.
Pour
ma part (je personnalise un chouïa à cause du surcodage, qui n’est
certes pas mon bien mais que je dénonce fréquemment et avec
plaisir), je crois avoir écrit que la profusion de signes de
ponctuation est un « symptôme » inquiétant (sauf,
évidemment, s’il s’agit d’un jeu, d’une pratique maîtrisée).
S’imaginer que la ponctuation va rendre présentables des phrases
mal bâties est une croyance qui relève du charlatanisme. Une
phrase « saine » peut être surponctuée. Un bordel noir,
non : s’il a reçu la ponctuation qu’il mérite, il grouille
nécessairement de signes.
J.
FONTAINE :
(Ce n’est pas que je tienne moi-même mordicus à une ponctuation
« logique », mais j’attends toujours d’être convaincu
de ses inconvénients…)
Moi,
je tiens à une ponctuation logique… Ce que je récuse, c’est la
nécessité (et même l’existence autonome…) d’une
« logique » graphique. Les exemples
« pathologiques » qui vous consternent résultent de la
stricte application de cette « logique graphique ». Le
bon diagnostic ne consisterait-il pas à réserver le qualificatif
« pathologique » à cette « logique graphique ?
artificiellement isolée ? Puis à se tourner vers la seule
logique susceptible d’éliminer l’éruption de tous ces vilains
petits boutons de ponctuation : celle du discours ?
(Est-il besoin de préciser que cela ne signifie nullement que tout
discours doit être logique ?)
Cela
n’éliminera pas les cas particuliers (qui n’ont pas commencé hier
à être irritants…). Mais qui croit encore que les conventions
typographiques, la ponctuation, la langue écrite constituent un
vaste système (ou un magasin d’accessoires) où il suffit de puiser
négligemment pour satisfaire sans peine tous nos petits besoins,
même les plus rares, les plus inattendus ? « Avez-vous
lu Quo vadis ? » Phrase simple, sans pathologie
apparente. Un ou deux points d’interrogation ?
Surcoder,
c’est prendre le lecteur pour un con.
À
Typographie, le 4 octobre 2000.
J.
TOMBEUR :
C’est pourtant une pratique émergente… Pensons un peu à la
ponctuation « à la Rimbaud », virgule verte, point
rouge, tirets en dièses et bémols (variations de tons). C’est
sans doute une réflexion digne du bêtisier de cette liste…
Est-ce si sûr ?
Tu
arrives trop tard dans un monde déjà vieux…
Malcolm
de Chazal, Sens plastique, 1948 : « Virgules
bleues ; points blancs ; points d’exclamation
jaunes ; tirets gris ; deux-points mauves… Mauve :
couleur qui ne commence ni ne finit ; barrière à claire-voie
entre les teintes ; nuance flottante par excellence ;
bac des teintes. »
Points
blancs… Il est con, ce Malcolm… Faut dire que des points noirs, ça
fait crade.
Porte Monument, Voie et espace public.
La
porte des Lilas, la porte d’Orléans, la porte Saint-Denis, la
porte Saint-Martin, la porte de Brandebourg.
Exceptions.
— La Porte, la Sublime Porte, les Portes de Fer, les
Porte-Glaive.
Noms communs composés
Si
l’on oublie les facéties du Conseil supérieur de la langue
française, les choses sont simples : seule la porte-fenêtre
associe deux substantifs ; c’est une porte en même temps
qu’une fenêtre. C’est donc le seul mot composé dans lequel
« porte » prend la marque du pluriel : des
portes-fenêtres.
Invariables :
un ou des porte-bonheur, un ou des porte-aéronefs,
porte-assiettes, porte-avions, porte-bagages, porte-billets,
porte-bouteilles, porte-cartes.
Girodet
1988.
Conseil
sup. 1990, Hanse 1987.
Pourcentage Alliage, Fraction.
••
Employé substantivement (par exemple dans la désignation d’un
emprunt par son taux d’intérêt), un pourcentage simple peut
s’écrire en toutes lettres : le cinq pour cent a été souscrit
en trois jours.
J’ai
repris un peu de 5 % et un bon paquet de 8,25 %.
•/••
5 %, 5 p. 100. 5 ‰, 5 p. 1 000.
La
préfecture du Tarn, le préfet du Tarn.
La
préfecture de Police, le préfet de Police.
Le
Premier ministre, voir : Ministère,
ministre.
La
Première Guerre mondiale (la Grande Guerre, la guerre de
1914-1918), voir : Guerre.
•••
Ne pas confondre chiffres arabes et romains, 1er
(ou 1er) et Ier,
article 1er et Napoléon Ier.
Prénom Abréviation.
Trait d’union
La
tradition typographique, qui impose le trait d’union entre tous
les prénoms composés français ou francisés, engendre des
ambiguïtés : il est déconseillé de la respecter.
Frey 1857,
Impr. nat.
1990.
La
virgule est à proscrire.
Abréviation
Il
est possible de conserver les digrammes (deux lettres pour un seul
son) ainsi que les consonnes qui suivent l’initiale ou le
digramme :
C. :
Casimir, Catherine, etc.
Ch. :
Chantal, Charles, etc.
Chr. :
Christian, Christine, Christophe, etc.
Cl. :
Claire, Claude, Clovis, etc.
Rappelons
aux mécréants que Christ n’est pas le deuxième prénom de
Jésus : J.-C. est la seule abréviation admise ; J.-Chr.
abrège Jean-Christophe ou Jean-Chrétien…
Le
surlignage avec des marqueurs de couleur est une hérésie qui tend
hélas à s’étendre. Pour un avantage illusoire (repérage aisé), ce
procédé engendre deux difficultés majeures :
—
impossibilité de corriger proprement un changement erroné
d’attribut ;
—
impossibilité de photocopier, de faxer, de scanner proprement un
document ainsi surchargé.
Président Ministère, ministre.
« Le
bureau du Président ne m’était pas
ouvert jour et nuit, mais il ne m’était pas
fermé quand je frappais à sa porte. »
Régis DEBRAY,
les Masques.
Le président de la République : Antoine Blondin, Albert
Cohen ; le président du Conseil : Jules Romains.
Le Président de la République : Régis Debray, Jules
Romains, Marcel Proust.
Produit Saint.
Cet
exemple n’est pas à suivre : « J’y ai vu trôner,
au-dessus des portugaises qui n’en menaient pas large, les
Marennes et les Belons. » – Jules ROMAINS,
Examen de conscience des Français.
« Naturellement
un prote a fait du zèle et cru
devoir remettre au féminin “le couleur de rose” ;
que j’avais pourtant indiqué à deux reprises. »
André GIDE,
Journal.
¶
Chef d’une imprimerie ou d’un atelier de composition.
Le
prote à manchettes n’effectuait aucun travail manuel. Le prote à
tablier dirigeait les typographes.
Proverbe Citation.
« Un
proverbe est plus qu’un cliché, c’est
un cliché canonisé par une sorte de concile
du populaire, tandis que le cliché, lui, n’est
encore qu’une façon de bienheureux Labre
de la langue française. »
Lucien RIGAUD,
Dictionnaire des lieux communs.
•••
S’il sont considérés comme des citations, les proverbes, les adages
et les dictons se composent entre guillemets.
Pour
certains scripteurs, les guillemets sont un moyen facile,
providentiel et médiocre de dénudation du cliché : cher
confrère, permettez-moi de vous faire observer que « les loups
ne se mangent pas entre eux ».
••
La plupart des proverbes appartiennent à tous et peuvent être
intégrés sans précaution au discours de chacun : ça, mon pote,
comme on fait son lit, on se couche.
Impr.
nat. 1990.
•/••
En revanche, beaucoup de « formules proverbiales » sont
des citations qu’il est séant de ne pas s’approprier subrepticement.
Les guillemets devraient être obligatoires…
Exemples.
— Miguel de Cervantès : « On n’a pas bâti Rome en
un jour » ; Louis-Ferdinand Céline :
« L’histoire ne repasse pas les plats. »