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Madame,
mademoiselle, monsieur
Abréviation,
Exposant.
« Voyons,
continua le Piémontais, parlant tout
haut au lieutenant des chevau-légers et tout bas
à La Môle, Messieurs, qu’y a-t-il ? »
Alexandre DUMAS,
la Reine Margot.
« C’est un
poulet pour M. M… »
Gérard de NERVAL,
Mémoires d’un Parisien.
1.
Selon
les circonstances, ces titres de civilité s’écrivent sous une
forme abrégée ou au long :
—
Mme {Mme} : madame, Mmes {Mmes} :
mesdames ;
—
Mlle {Mlle} : mademoiselle, Mlles
{Mlles} : mesdemoiselles ;
—
M. : monsieur, MM. : messieurs.
•••
La règle peut se résumer ainsi :
—
forme abrégée devant le nom, le prénom, le titre ou la qualité de
quelqu’un dont on parle ;
—
forme pleine dans tous les autres cas.
Exemples.
— M. Alain Legrand succède à M. Bruno
Fontaine ; cette fresque est l’œuvre de Mme Renée
G. ; j’aperçois Mlle Louise ;
pardonnez-moi, monsieur, de vous avoir confondu avec
M. Brun ; pardonnez-moi, monsieur le sénateur, de vous
avoir confondu avec M. le maire ; pardonnez-moi, madame,
de vous avoir confondue avec ce monsieur ; pardonnez-moi,
mademoiselle, de vous avoir confondue avec madame votre mère (ce
dernier terme n’est ni un patronyme, ni un prénom, ni un titre).
Il
est efficace d’avoir en mémoire cette « grande
orientation ». Néanmoins, quantité de cas particuliers
exigent une formulation plus fine de la règle.
Remarque.
— Maître (Me) et Monseigneur (Mgr) ont
un comportement identique. Docteur {Dr} n’est pas un
titre de civilité.
Les
graphies {Mme, Mmes, Mlle, Mlles} sont admissibles, mais
aujourd’hui déconseillées. Les graphies [Mr, Mr, Mr.
pour Monsieur, Mrs, Mrs, M.M. pour Messieurs] sont
fautives.
On
peut le regretter pour Mr, graphie hâtivement qualifiée
d’anglicisme, tare impardonnable en des temps où pourtant les
vrais anglicismes prolifèrent dans notre langue. (Les Anglo-Saxons
abrègent Mister en Mr, naguère en {Mr.}) On
accepte dumping sans sourciller mais, au moindre
« Mr » d’un correspondant inculte ou audacieux (ou
archaïsant), on se montre censeur vigilant, féroce et méprisant.
Or ce Mr (ou, mieux, Mr) tant décrié fut naguère
l’abréviation française recommandée et remplacerait
avantageusement notre intouchable M., qui, source d’innombrables
ambiguïtés, est l’abréviation conventionnelle la plus inepte et la
plus pernicieuse : « J’aime beaucoup
M. Duhamel. » S’agit-il de Monsieur Duhamel (Georges) ou
de Marcel Duhamel ? En outre, les graphies Mr et Mrs
formeraient une série cohérente (formation identique) avec Mme,
Mmes, Mlle, Mlles.
Je
ne peux (contre tous les codes et tous les dictionnaires actuels)
recommander explicitement l’emploi de Mr et de Mrs,
mais je crois aux vertus de l’implicite et des rappels
historiques.
Rappel
historique. — Les défenseurs les plus sourcilleux de nos
traditions nationales sont ici, comme souvent, ceux qui les
connaissent le moins. Ce prétendu « anglicisme » figure
comme seule abréviation française de « Monsieur » dans
des grammaires françaises du XIXe siècle,
par exemple Girault-Duvivier
1838. À l’article « Abréviation », Littré
1872 donne « Mr » et « Mme »
pour Monsieur et Madame… (Il est vrai que Larousse
1885 donne « M. » et « Mme »…)
Lefevre
1855 et 1883,
bible des typographes de la seconde moitié du XIXe siècle,
donne « M. » et « Mr ».
Remarque.
— Ceux qui s’esclaffent en voyant « Mr Untel »
sur une enveloppe et précisent que la seule forme française
acceptable serait en l’occurrence « M. Untel » sont
des connaisseurs : dans une adresse, où par définition l’on
s’adresse au destinataire, la seule forme courtoise est
« Monsieur Untel ».
2.
•••
Désignation
de tiers
(
dont on parle à la troisième personne du singulier ou du
pluriel)
•••
Les abréviations sont en principe obligatoires devant un patronyme
ou un titre, une qualité : j’ai bien connu
M. Thiers ; j’ai bien connu Mme Demy ;
M. le sous-secrétaire d’État est en vacances ; navré,
mais M. le député-maire est en prison ; consultez Me Lelièvre
ou Mgr Lefébure.
Lecerf
1956, Lefevre
1883.
Guéry 1996, qui ne respecte pas sa propre
« règle », il est vrai très imprécise, et donne comme
exemple à l’article « Noms de personnes » :
« J’ai rencontré [monsieur] Blavette. »
Lefevre
1855 et Frey
1857, qui recommandent la forme complète devant un
titre non suivi du nom propre : « On dit que {monsieur}
le comte est arrivé. »
¶
Exception. Après une lettrine, on compose toujours la forme
complète (petites capitales), voir : Lettrine.
Quelques auteurs recommandent la forme complète lorsque l’on parle
d’une personne très proche du destinataire (correspondance
privée) : « J’ai eu l’occasion de rencontrer votre
cousin, monsieur Duchêne. » (Girodet
1988). Cette exception à la règle peut
paraître courtoise et claire — théoriquement, il n’y a aucun
risque de confusion, car, s’agissant du destinataire (dans
l’hypothèse où il porterait le même nom que son cousin…), la
formule « titre de civilité + patronyme » serait
incorrecte — mais, entre l’étiquette des salons et celle de la
langue, mieux vaut toujours privilégier la seconde, plus précise,
plus raffinée et plus durable : j’ai eu l’occasion de
rencontrer votre cousine, Mlle Dugland.
Le nom n’est pas nécessairement précisé. Précédé de Mme(s),
de Mlle(s) ou de MM. (graphies dénuées d’ambiguïté), il
peut être suggéré, abrégé, symbolisé sans risque : j’ai bien
connu Mme de La M. ; j’ai bien connu Mlle G… ;
j’ai assez peu connu Mlle de ***.
M.
est d’un maniement plus malaisé. Certaines graphies sont (tout
juste) acceptables : M. J.-J. R. (Genève) ;
M. G*** ; M. *** est introuvable. D’autres sont à
éviter : {j’ai écrit à M. N.}. Constituant un tout avec
le titre de civilité, les sigles et certains symboles exigent la
forme complète : Monsieur K. [M. K.],
Monsieur X [M. X].
•••
Devant les prénoms suivis de patronymes, l’abréviation
s’impose : il apprécie beaucoup le talent de M. Michel
Dalberto ; j’ai relu le dernier discours de M. Jacques
C.
••
Devant les prénoms (ou devant leurs diminutifs) non suivis de
patronymes, la règle est moins stricte, mais les formes abrégées
sont préférables dans la plupart des cas : je n’ai jamais
revu Mlle Lulu.
Lorsque
le couple « titre de civilité + prénom » est
assimilable à une enseigne, la forme pleine (avec la majuscule
initiale) est judicieuse : Mlle Doiseau a
rencontré M. le ministre chez Madame Claude.
L’ironie
ou l’affection produisent parfois les mêmes effets :
« En trente ans, Madame Maud avait eu le temps de modeler
Monsieur Dédé totalement à sa
convenance. » – Pierre COMBESCOT,
les Filles du Calvaire.
Dans
tous les autres cas, la forme complète s’impose : je ne
connais pas ce monsieur ; ce Legrandin est un tout petit
monsieur.
3.
Désignation
d’interlocuteurs ou de destinataires
(
à qui l’on s’adresse, généralement, en employant
la deuxième personne du singulier ou du pluriel)
La
forme complète est obligatoire en toutes circonstances. Voici
un titre qui illustre la différence de traitement graphique
entre destinataire(s) et tiers : Lettre à messieurs de
l’Académie française sur l’éloge de M. le maréchal de
Vauban, Pierre Ambroise François CHODERLOS
de LACLOS.
4.
Titres d’œuvres
Avant
le nom ou le titre d’un tiers, la forme abrégée s’impose
lorsque madame, mademoiselle ou monsieur n’est pas le premier
mot d’un titre d’œuvre : « la Chèvre de
M. Seguin » est une des Lettres de mon moulin,
d’Alphonse Daudet ; le Crime de M. Lange est
un film de Jean Renoir.
En
revanche, la forme complète est obligatoire s’il s’agit du
premier mot du titre : Madame Bovary est un roman
de Gustave Flaubert.
5.
Cas particuliers
Par
déférence, respect, contrainte ou ironie, on s’adresse parfois
à quelqu’un à la troisième personne. Le titre de civilité
s’écrit évidemment sous sa forme complète, avec une majuscule
initiale : alors, Monsieur a bien dormi ?
Tiers
et destinataire se confondent parfois, sans aucune conséquence
graphique :
« —
Vous pouvez m’indiquer où se trouve Mme Ghyka ?
— Oui, bien sûr, c’est moi. » – Didier DAENINCKX,
le Der des ders.
« Quand
j’arrivais chez Mme Swann, elle me
demandait : — Comment va Madame votre
mère ? » – Marcel PROUST,
À l’ombre des jeunes filles en fleurs.
La Grande Mademoiselle, Madame Royale.
Mademoiselle
Madame,
mademoiselle, monsieur
Majuscule Accentuation, Capitale, Petite capitale.
« Un
imprimeur de Paris avait fait une tragédie
sainte, intitulée Josué. Il l’imprima avec tout
le luxe possible, et l’envoya au célèbre Bodoni,
son confrère, à Parme. Quelque temps après,
l’imprimeur-auteur fit un voyage en Italie ; il alla
voir son ami Bodoni : “Que pensez-vous de
ma tragédie de Josué ? — Ah ! que de
beautés.
— Il vous semble donc que cet ouvrage me vaudra
quelque gloire ? — Ah ! cher ami, il vous
immortalise.
— Et les caractères, qu’en dites-vous ? — Sublimes et
parfaitement soutenus, surtout les majuscules.” »
STENDHAL,
Racine et Shakespeare.
Du bon usage des majuscules et des minuscules
On
ne le répétera jamais assez : majuscule et capitale
ne sont pas synonymes ! Minuscule et bas de
casse pas davantage ! Majuscules et minuscules
ressortissent à l’écriture, capitales et bas de casse à la
composition typographique. Dans « JE PENSE, DONC JE
SUIS », tout est en capitales, mais il n’y a qu’une
majuscule.
Cette
première distinction (écriture et composition) est
insuffisante : l’essentiel réside dans la différence des
rôles, singulièrement pour le couple majuscule-capitale.
D’ailleurs,
dans cette affaire, tout dépend des couples : écriture-
composition, majuscule-capitale, majuscules
énonciatives-majuscules distinctives, terme générique-terme
spécifique, unicité-multiplicité, temps-espace…
L’emploi
des majuscules distinctives est souvent considéré comme la
terre d’élection du caprice, de la coutume corporatiste, de la
marotte archaïque. Or, ici comme ailleurs, la composition
typographique française n’est ni arbitraire ni incohérente.
Elle obéit à deux grands principes. Le premier est
intangible ; le second est une grâce conquise, une
élégance menacée. De leur hymen naissent parfois d’étranges
rejetons.
1.
Les noms propres (et assimilés) prennent la majuscule
initiale : il sort de la Monnaie, il sort de la monnaie.
2.
Contrairement à beaucoup d’autres langues, le français n’aime
pas la fatuité. Il sait vivre et répugne à multiplier les
signes ostentatoires. D’où la beauté du musée du Louvre et de
l’Académie française, de la mer Morte et du Massif central.
Le
premier principe semble limpide et d’application aisée.
C’est
d’ailleurs vrai dans la plupart des occurrences : la
graphie d’Azor — ou de Bruno, de Cuba, de Dupont — ne présente
aucune difficulté.
Les
ennuis arrivent avec les transfuges, qui passent d’une
catégorie à l’autre (restauration-Restauration,
Diesel-diesel), et, surtout, avec les dénominations complexes
(École polytechnique, grand-duché de Luxembourg) qui sont
soumises au premier et au second principes…
Utilisation stylistique
Marouzeau
1941 : « La majuscule initiale nous
permet de personnifier une notion (la Loi), de magnifier une
évocation (le grand Tout), d’exprimer la déférence (Madame, Sa
Sainteté). »
Majuscules
et capitales
Site
Web de Jean-Pierre Lacroux.
En
français… et en dépit des dictionnaires d’usage courant et des
traducteurs de logiciels, les deux mots ne devraient jamais
être synonymes… surtout aujourd’hui !
Une
majuscule est toujours un caractère. Une capitale non… pas
nécessairement… c’est un format… Différence considérable
(théoriquement et pratiquement…). La première est affaire de
langue écrite. La seconde est uniquement, étroitement,
pauvrement, affaire de typographie… Certes, ces deux empires
ont un territoire commun (l’orthotypographie…), mais il ne
faut pas l’élargir à l’excès et surtout ne pas considérer que
leurs mots sont interchangeables. Certes, le glyphe d’une
majuscule est celui d’une capitale (kif-kif avec les
minuscules et les bas de casse), mais ça s’arrête là…
Prenons
la phrase suivante : « Ici, dénigrer Claudel est le
plus sûr moyen d’obtenir un brevet de pensée libre. »
Deux majuscules, la première est démarcative, la seconde est
distinctive. Tout le reste est en minuscules.
Maintenant,
composons la phrase en toutes capitales : « ICI,
DÉNIGRER CLAUDEL EST LE PLUS SÛR MOYEN D’OBTENIR UN BREVET DE
PENSÉE LIBRE. »
Rien
que des grandes capitales… mais toujours deux majuscules… pas
une de plus… L’amusant dans l’histoire est
qu’« étymologiquement » ce devrait être le contraire
(majuscule : plus grand que, capitale : en tête),
mais l’étymologie, ça va cinq minutes…
Parler
d’une « capitale initiale » serait donc
affreusement redondant ? Je n’ose y croire…
Ben
non, justement, sauf si tu appartiens à la secte des
adorateurs de l’étymologie… Dans notre jargon contemporain,
c’est la majuscule qui par définition est en tête, qui est
initiale… (Enfin… pas toujours… mais quand elle n’est pas en
tête, par exemple dans les sigles et les acronymes, disons le
N et le U de « ONU », elle représente quand même une
initiale…) C’est donc « majuscule initiale » qui a
de très fortes chances d’être affreusement redondant… En
revanche, une grande capitale initiale est légitime… et a
toutes les chances de représenter une majuscule… ce qui, bien
entendu, est très rarement la mission d’une petite capitale…
Je
vous demande pardon, mais là, je ne vous suis pas très bien.
Si l’on n’avait pas vu l’autre texte, et s’il ne s’agissait
pas d’un nom connu (comme Claudel), comment saurait-on qu’il
y avait toujours deux majuscules dans la phrase mise en
capitales ?
Justement…
grâce à la différence entre majuscule (caractère) et capitale
(format typographique). Ce point — très important, disons-le,
capital — a fait l’objet de longs débats sur la liste
Typographie où il a recoupé en partie le marronnier des
capitales (et des majuscules…) accentuées (c’est le même
« problème », donc j’en profite pour répondre à ceux
qui contestent bêtement et périodiquement leur absolue
nécessité…).
En
voici des extraits […] :
Accentuation
des majuscules et des capitales
Soit
deux couples : majuscules/minuscules (ortho) et
capitales/bas de casse (typo). La distinction est évidente,
parfaitement compréhensible, connue de tous… mais la
terminologie résiste par endroits.
État :
composé en bas de casse, avec une capitale initiale car c’est
une majuscule, soit trois minuscules et une majuscule.
ÉTAT :
composé en capitales, dont la première est aussi une
majuscule, soit quatre capitales dont une majuscule et… trois
quoi ?
Trois
minuscules ? (Clameurs horrifiées dans les coulisses.)
Comme
il est prudent de ne pas le gueuler sur n’importe quel toit,
je murmure : oui… car, contrairement à toi, je crois que
la réversibilité des casses n’est pas indépendante de cette
notion, qui, sous des dénominations parfois burlesques et
outrageusement contresensiques (le « Tout
majuscules » et le « Petites majuscules »
d’Xpress…), est à l’œuvre dans nos logiciels.
Conséquence : les majuscules s’obtiennent
directement * au clavier, grâce à la touche qui leur est
dévolue ; le tout cap, non, enfin, de préférence, non… et
les petites caps, non, nécessairement non **. C’est
pourquoi le « on compose » de ta phrase citée plus
haut implique une mise hors jeu de la saisie, car on ne
devrait jamais saisir en capitales (avec « maj. » ou
« maj. verr. »)… mais on doit toujours saisir les
majuscules (avec « maj. » ou « maj.
verr. ») ! Sinon, adieu réversibilité ! et même,
adieu choix serein d’une casse…
*
J’aurais volontiers ajouté « et nécessairement »,
mais je crains que des individus pervers ou mal équipés ne
procèdent autrement…
**
Ne me réponds pas que les raccourcis de format ou de style
contredisent cette assertion… Tu as parfaitement compris ce
que j’ai tenté de dire… La majuscule n’est pas un format. La
capitale, si, éventuellement. Et si tu me réponds qu’une
police Small Caps permet d’obtenir sans format des petites
capitales… je te priverai de dessert ! Si tu me réponds
que toutes ces foutaises n’ont aucun sens chez les TeXans, je
m’écrase d’avance et t’offre une Rochefort capsule bleue…
Si
vous cédez à la facilité du verrouillage des majuscules, eh
bien alors, adieu réversibilité des vraies majuscules !
C’est
inexact. À moins que vous n’ayez pas compris de quoi il
retourne ? Hors des contextes rustiques (comme ici…), on
utilise le verrouillage pour obtenir aisément une majuscule
accentuée… non pour obtenir des capitales accentuées (du moins
quand on est conscient du problème).
Voici
trois éléphants initiaux (donc… avec une majuscule
obligatoire) a priori semblables :
ÉLÉPHANT
ÉLÉPHANT ÉLÉPHANT
Le
premier a été obtenu ainsi : maj. verr. +
« é », « léphant » en b. de c., sélection
du mot, format toutes caps.
Le
deuxième a été obtenu ainsi : maj. verr. +
« éléphant ».
Le
troisième a été obtenu ainsi : « éléphant » en
b. de c., sélection du mot, format toutes caps.
Maintenant,
supposons que les caps subitement nous gonflent… Passons en b.
de c. Nous obtenons :
Éléphant
ÉLÉPHANT éléphant
Seul
le premier sort victorieux de l’épreuve.
Allons
plus loin et revenons à nos moutons. Voici deux autres
éléphants, non initiaux et légèrement différents :
ÉLÉPHANT
ELÉPHANT
Le
premier suit les recommandations des accentueurs systématiques
et dogmatiques. Le second obéit aux joyeux accentueurs
alternatifs. Revient l’envie ou la nécessité de passer en b.
de c. Allons-y :
éléphant
eléphant
Vous
me direz que ces passages d’éléphants du cap au b. de c. sont
exceptionnels… Peut-être… mais il n’y a pas que les éléphants
qui changent de casse… et surtout, surtout, il serait
temps de commencer à comprendre que le plomb et la machine à
écrire sont morts et enterrés… que l’on ne
« compose » plus dans l’inerte, le figé, que l’on ne
« saisit » plus des glyphes mais des
caractères ! qu’un autre temps est déjà là ! un
temps où ce que l’on « saisit » n’a plus à être
recommencé quand le « contexte » change ! un
temps aussi où le dogmatisme et l’archaïsme sont visiblement
difficiles à discerner… […]
Je
n’aime guère que l’on traite de « dogmatiques » les
accentueurs systématiques… Non que cela me peine… j’en ai vu
d’autres… mais parce que ceux qui brandissent ce vocable
— et ceux qui ne le contestent pas… et ceux qui disent ou
pensent « ben oui, y a du vrai… » — sont en
réalité les vrais dogmatiques, les vrais archaïques, les vrais
coincés…
L’accentuation
systématique des majuscules est un des fondements de la
« liberté » (formelle…) que les textes composés ont
acquise désormais (théoriquement…). Ils peuvent modifier leur
apparence sans le moindre risque. Les modernes, c’est
nous ! Les archaïques (un usage bien sélectionné et mes
petites habitudes…), c’est vous ! […]
Selon
vous, en France, l’usage serait de ne pas accentuer les
majuscules.
L’usage…
comme s’il n’y en avait qu’un.
(Il
est question de typographie, alors éliminons d’emblée les
facéties des instituteurs et des dactylographes, qui peuvent
expliquer pourquoi nombre de nos semblables s’imaginent que
les majuscules ne s’accentuent pas en composition
typographique, mais rien de plus…)
Sur
ce point comme sur quelques autres, il n’y a pas qu’un
usage typographique, et il est presque aussi erroné de
prétendre que l’usage est d’accentuer les majuscules que
d’affirmer le contraire. Il convient de préciser de quoi l’on
parle, surtout si l’on fonde son raisonnement sur l’analyse
des usages : à quelle époque, dans quelles circonstances
éditoriales, pour quelles voyelles, etc. Et c’est là que je
vous trouve particulièrement habile (pour ne pas nous
fâcher…), car au fil du discours vous intégrez certains
paramètres… sans que cela ne modifie d’un iota le leitmotiv de
votre assertion fondatrice… alors que, vous le savez
pertinemment, cela suffit à la disqualifier.
Sortir
d’un contexte donné la question de l’accentuation et de la
non-accentuation des majuscules ou des capitales ne mène à
rien.
Ça
dépend… Oui, quand les adversaires de l’accentuation
systématique pondent des généralités hors contexte, alors que
leur position « théorique » exige que les
circonstances soient précisées… pour tous les cas
envisageables ! En revanche, difficile de reprocher aux
partisans de l’accentuation systématique de sortir d’un ou du
contexte… puisque leur position implique précisément de n’y
point entrer. (Pas de quiproquo : je parle ici de leur
recommandation, non de la description historique.)
Au
fait, quelle est la véritable question, sinon celle de la
validité d’une recommandation ? d’une recommandation
d’aujourd’hui, pour les scripteurs et les compositeurs
d’aujourd’hui et de demain matin ?
À
vue de nez, il n’y a que trois solutions :
—
accentuez systématiquement toutes les caps ;
—
n’accentuez jamais les caps ;
—
accentuez selon les circonstances.
Éliminons
la deuxième, que personne ne défend, et renonçons à opposer
les deux survivantes à coups d’approximations et d’erreurs
historiques ou techniques.
Dans
un premier temps, je propose aux tenants des
« circonstances » de nous décrire celles-ci,
précisément, toutes (techniques, éditoriales, linguistiques).
Une recommandation se doit d’être précise et, si possible, non
équivoque, tout en restant opérationnelle. Inutile de se
donner la peine de justifier l’invocation de telle ou telle
circonstance : cela pourrait faire l’objet d’une
passionnante deuxième étape.
Les
tenants du « systématisme » ont eux aussi à
justifier leur parti, c’est une évidence. […] Dès qu’ils
sauront ce que sont toutes les « circonstances »
qu’on leur oppose implicitement (seules quelques bribes sont
explicites), ils se feront un plaisir d’en dire un peu plus.
Les
Espagnols, que certains ici citent avec plaisir, écrivent elefant,
et nous « éléphant » : sont-ils plus cons que
nous ?
Les
Espagnols écrivent civilización et caña de azúcar,
et nous « civilisation » et « canne à
sucre »… Sommes-nous plus cons qu’eux ? Je vous
avoue que c’est une question que je ne me pose pas, car je la
trouve, comment dire ? un peu conne…
Feindre
de voir un lien entre l’accentuation et la connerie supposée
de tel ou tel peuple est un sport dangereux. Laissez-le aux
xénophobes.
Manchette
Addition
Manifestation culturelle ou commerciale
Biennale,
carnaval, concours, exposition, festival, foire, jeux, salon.
•••
Capitale initiale au premier substantif et à l’éventuel
adjectif qui le précède (
et aux éventuels noms propres inclus dans la dénomination).
Code
typ. 1993, Girodet
1988, Gouriou
1990, Impr.
nat. 1990.
Le
Carnaval de Rio (de Nice, etc.), le Concours Lépine,
l’Exposition universelle, le Festival d’Avignon (de Cannes, de
Venise, etc.), la Foire de Paris (de Marseille, etc.), les
Jeux floraux, le Salon des arts ménagers (les Arts ménagers).
Le Salon d’Automne, le Salon de l’automobile (du livre, etc.),
le Salon nautique.
« Le
sport multiforme, aux innombrables
tentacules, c’est la grande chance de la
société bourgeoise. Aucune Bastille n’eût
été prise si la boxe et si le catch, si le ballon
rond ou ovale, si la bicyclette avaient existé. »
François MAURIAC,
le Nouveau Bloc-Notes.
Les
Jeux olympiques (voir : Jeu),
les Six-Jours de Paris, le Tour de France, le Tour d’Espagne,
d’Italie, les Vingt-quatre Heures du Mans, la Coupe de France
(de football).
Le
championnat de France (d’aviron, etc.), les championnats
d’Europe d’athlétisme, une médaille d’or.
Noms
propres, néologismes,
fautes volontaires
Si
le manuscrit contient des mots à orthographes multiples ou
contestées, des néologismes étranges, des barbarismes ou des
solécismes volontaires, des patronymes ou des toponymes
exotiques, peu connus ou inventés, l’auteur indiquera
clairement en marge que les formes adoptées doivent être
respectées par le correcteur. Si les mots concernés ont de
très nombreuses occurrences, il établira une « liste des
difficultés ».
Pagination
Toutes
les pages doivent être numérotées, sans interruption. Éviter
les 145 bis, 257 ter, 23 a, 451 b, etc. Rien
n’indique à l’éditeur, au correcteur ou au compositeur qu’une
page 451 c ou 145 ter n’a pas été oubliée ou égarée.
¶
Aujourd’hui, la pagination automatique des logiciels de
traitement de texte rend très rare et très inexcusable ce
genre de numérotation discontinue.
Les
coupures d’ouvrages imprimés seront collées sur des feuilles
d’un format identique à celui de l’ensemble du manuscrit. Si
les extraits couvrent plus d’une page, deux exemplaires de
l’ouvrage repris seront nécessaires afin de pouvoir coller
successivement le recto et le verso des feuillets extraits sur
des feuilles distinctes qui reprendront la pagination courante
du manuscrit.
Marque
déposée
Nom propre.
•••
Les noms de marque se composent en romain.
•••
Ils prennent la majuscule et sont invariables.
Certains
noms de marque tendent à devenir de véritables noms
communs :
Un Aérotrain, voir : Aéro-.
Une
fermeture Éclair, des fermetures Éclair > fermeture à
glissière.
Girodet
1988, Impr.
nat. 1990, Larousse
1999.
Robert
1985 écrit d’abord « Fermeture
Éclair », puis donne comme exemple « sacoche à
fermeture éclair ».
Formica.
Girodet
1988, Larousse
1999.
Frigidaire,
des Frigidaire > réfrigérateur.
Girodet
1988, Larousse
1999, Lexis
1989, Thomas
1971.
Robert
1985, 1993.
Yo-Yo,
des Yo-Yo
Girodet
1988, Larousse
1999.
Robert
1985, 1993.
I.
Une étude de cas :
le « l’ » et la capitale de
« l’Internet »
À
France-Langue, du 12 au 28 février 1997.
M.
VAN
CAMPENHOUDT :
Convient-il de placer un article devant le mot Internet ?
Faut-il écrire « J’ai trouvé cette référence en
naviguant sur Internet » ou « J’ai trouvé
cette référence en naviguant sur l’Internet » ?
Comment justifieriez-vous votre réponse ?
L’Internet
est meilleur qu’Internet.
Tout
dépend de l’appréciation que l’on porte sur cette toile.
Parler d’Internet, c’est assimiler ce nom à une marque :
je surfe sur Internet. Je travaille chez Chrysler. J’achète
mes nouilles chez Intermarché. Parler de l’Internet, c’est
assimiler ce réseau à un service, à un organisme (pour faire
simple, car c’est un peu plus compliqué, l’article pouvant,
par exemple, précéder des dénominations d’entreprises
commençant par un nom commun) : je travaille pour le
Federal Bureau of Investigation, et mon frère pour la C.I.A.
J’achète les cartes de l’Unicef.
Selon
moi, l’emploi d’Internet sans article traduit une adhésion,
consciente ou inconsciente, à l’idéologie marchande. En
revanche, l’emploi de l’Internet me semble mieux exprimer la
nature initiale de ce réseau et une tentative de résistance
(certes un peu dérisoire).
ANIS :
« En français, le nom propre Internet s’emploie de
préférence sans article, ce qui est l’usage ordinaire en
matière de noms propres, particulièrement de noms propres
étrangers, désignant des réalités uniques : on parle
donc du réseau Internet. » Recherche
terminologique [N. D. É. : il s’agit d’un site Web],
Marcel Bergeron, rédaction : Noëlle Guilloton.
Cette
citation me terrifie… car toutes les catégories de noms
propres (et de noms assimilés à des noms propres) sont
concernées par la présence de l’article… Aucune n’y échappe
complètement (il s’agit parfois d’usages particuliers), et
certaines ne pourraient s’en passer. Cela dit, je trouve
étrange que la démonstration s’appuie sur un exemple où
« Internet » est mis en apposition derrière un nom
commun déterminé par un article défini contracté.
ANIS :
L’usage tranchera sur l’article mais il me semble que Internet
domine largement. Du coup l’Internet fait un peu
snob, réservé aux initiés. Pour la préposition, comme
beaucoup de « listiers », je préfère sur
(on navigue sur la mer et pas dans la mer,
on écoute une émission sur France-Inter, etc.).
S’agissant
de l’Internet, qui sont les non-initiés ? Ceux qui
ignorent tout de ce réseau, sauf que l’adresse des sites www
commence par http:// ? Cette succession de signes serait
donc plus aisée à manipuler que l’article défini ? Qui
parle de l’Internet ou d’Internet sans être
partiellement initié ? Et pourquoi ceux qui ont à peu
près compris la nature de cette chose seraient-ils plus snobs
que ceux qui y naviguent béatement et parfois par
snobisme ?
Quant
à la préposition, je crois qu’il est inutile de trancher, ou,
plus précisément, je ne vois pas où est le problème […]. On
peut se passionner pour l’Internet, apprendre un détail
insignifiant par l’Internet.
Alors,
s’il est certain que l’on navigue de préférence (voir plus
bas) sur l’Internet (à moins d’être un sous-marinier,
et il y en a dans ces eaux), en quoi le problème de la
préposition se pose-t-il spécifiquement ? Pour lire dans
ou sur l’Internet ? Il est spécieux d’assimiler
l’Internet soit à un livre, une encyclopédie, un annuaire, à
un journal, à la presse (et c’est dans), soit à une
affiche, une pancarte, un panneau, à du sable ou à du papier
(alors c’est sur).
Se
contente-t-on de lire ou d’écrire par le biais de
l’Internet ? On peut y voir des images animées (comme on
en voit au cinéma, à la télévision, à l’écran
ou sur les écrans…), y entendre des sons, des voix, de la
musique, y parler (comme à la radio, sur telle
station). Est-ce une raison suffisante pour « parler ou
converser à l’Internet », pour voir Clinton à
l’Internet ? Certes non.
Les
comparaisons (avec la mer, le livre, le téléphone, etc.)
n’apportent aucune lumière, surtout si l’on sélectionne les
seuls emplois qui favorisent la démonstration.
Naviguer
(intransitif) + écouter (transitif) ne prouvent en
rien que sur est la meilleure préposition pour
l’Internet… Après tout, on écoute la radio, ou France-Inter,
alors qu’il est difficile de naviguer la mer. Rien n’interdit
par ailleurs de naviguer dans des eaux troubles ou
d’écouter une émission de France-Inter.
Pourquoi
vouloir attacher une préposition privilégiée à ce mot ?
Sur ce terrain, il n’a rien de bien particulier. Il suffit de
savoir ce que l’on veut dire ou écrire : la préposition
idoine viendra naturellement, et ce ne sera pas toujours la
même, selon les verbes. On peut naviguer sur
l’Internet, recourir à l’Internet, foutre le bordel dans
l’Internet, être séduit ou effrayé par l’Internet. On
peut même se passer de l’Internet. On peut même se
passer de la préposition et aimer l’Internet.
Dernier
mot « la minuscule initiale indique une
lexicalisation quasi définitive… On en est presque là, mais
rien n’interdit de se donner bonne conscience en freinant des
quatre fers…
À
France-Langue, le 20 juin 1997.
F.
HUBERT :
Internet tout court, donc, car il est un nom propre,
tout comme Windows (dit-on le Windows ?).
Votre
« car » me semble un peu abusif, car la plupart des
catégories de noms propres s’accommodent fort bien de la
présence de l’article et certaines l’exigent.
L’Internet
n’est pas un « produit ». Il n’est pas démonstratif
de le comparer avec un logiciel.
F.
HUBERT :
« L’Internet » devrait demeurer, cependant, dans
l’usage familier.
Je
crois au contraire que « l’Internet » appartient à
l’usage soutenu… Ce qui, j’en conviens, n’est certes pas une
garantie de pérennité… Je constate avec plaisir que France
Télécom emploie « l’Internet » dans ses annonces
radiophoniques pour Wanadoo […], puis qu’il revient à
« Internet » dans la presse écrite… Pour une fois,
je suis fermement du côté de l’oral…
À
F.L.L.F., le 14 mai 1998.
A.
LAURENT :
D’ailleurs, lorsque l’on met la majuscule à Internet, on
comprend pourquoi il est inutile de traduire un nom propre.
Que
l’Internet n’ait pas besoin d’être « traduit »,
c’est plus que probable. Que l’explication soit celle que vous
avancez, c’est plus que douteux… La « traduction »
des noms propres est certes en recul mais c’est une de nos
saines pratiques…
Toutes
les catégories sont concernées (toponymes, prénoms et jadis
patronymes, événements historiques, titres, institutions et
organismes, etc.). Les traductions de marques commerciales
sont évidemment plus rares, mais l’Internet n’est pas une
marque…
À
mon sens, s’il n’y a pas lieu de le traduire, c’est tout
simplement parce qu’il est un peu tard et que ça ferait
rigoler pas mal de monde, à commencer par la plupart des
internautes francophones qui naviguent entre les mailles du
filet. Vous me direz que ce n’est pas une garantie contre une
éventuelle recommandation officielle… mais je doute que
l’Internet soit prochainement débaptisé dans l’usage français.
II. Problèmes de majuscules
À
Typographie, le 11 janvier 1998.
J.-D.
RONDINET :
… Car ce sont des marques déposées, en effet ! Pense
aussi que, si tu modifies ces noms, des gens ou des
logiciels qui chercheraient StuffIt dans tes écrits
ne trouveraient pas Stuff It ou les autres
traductions que tu aurais gaiement inventées
(« Bourre-le » par exemple !)…
Sûr,
JiDé… mais « Postscript » ou « Stuffit »
sont reTrouvés par tout bon proGramme ! Chez nous, Greg
LeMond deVient Lemond, comme Cecil B. DeMille est deVenu
Demille (TiRobert) ou… De Mille (LaRousse,
colors by DiLeuxe…). Quand des gens (nous…) transForment avec
une réJouissante audace les patroNymes, on voit mal pourQuoi
ils seraient timides avec les marques déPosées qui leur posent
un problème graphique. Il est vrai que le Petit LaRousse,
depuis quelques années, écrit CinémaScope (avé l’assent taigu
et dans la nomenClature de la langue). Le Petit Robert,
plus sage, reste fidèle à l’orthoDoxe
« cinémascope »…
Les
rares cas (à mon sens et à première vue) où les caps peuvent
siéger dans des endroits étranges sont les symboles du genre
« eV » (électronvolt).
Je
te dis ça sans grande conviction… Enfin si… je suis conVaincu…
Disons : sans espoir… On n’y peut rien… La prolifération
des caps absurdes n’est peut-être pas irréversible mais, pour
l’heure, autant s’en foutre et laisser faire ceux qui les
aiment…
AmiCaleMent,
JeanPierre
LaCroux
À
Typographie, le 29 octobre 1999.
J.-D.
RONDINET :
La majuscule, jusqu´à maintenant, disparaît quand le nom
propre est totalement entré dans la langue.
N’oublions
pas les grands classiques du pinaillage : un diesel, un
moteur Diesel…
J.-D.
RONDINET :
Ce qu´on peut dater du jour où on l´utilise sans même savoir
qu´il a été un nom propre : « Des noms propres
sont si répandus qu´ils sont devenus de véritables noms
communs ; on les compose en romain, en b. de c. et
éventuellement avec la marque du pluriel. » – Règles
I.N. Poubelle en est un bel exemple…
Sauf
que Poubelle n’a jamais été une marque… pas plus Lavallière,
Sandwich, Doberman ou Chauvin… Le cas est très différent.
J.-D.
RONDINET :
… mais je vois encore s´écarquiller des yeux quand on dit
que Rustine, Bureautique ou… Ping-Pong furent des noms
propres.
…
Et l’Aérotrain qui jouait au Yo-Yo !
À
Typographie, le 28 juin 2000.
X.
LEGRAND-FERRONNIÈRE :
Je crois comprendre que pour les noms de marque, il importe
de conserver la majuscule, par exemple : une Mobylette,
des Frigidaire. Mais il faut avouer que cela fait curieux
dans les dialogues d’une pièce de théâtre.
Cela
fera curieux partout… et même fautif… dans l’hypothèse plus
que vraisemblable où les objets en question ne sont ni des
Frigidaire ni des Mobylette mais des frigidaires et des
mobylettes, des réfrigérateurs et des cyclomoteurs, des frigos
et des mobs.
À
F.L.L.F., le 17 novembre 2000.
F.
PÉROTIN :
Ou bien parce que tu ne peux te résoudre à écrire un nom
avec la soudure et la capitale du milieu, selon l’usage
américain ?
C’est
exactement cela… C’est physique, et, quand on m’y contraint,
ça me déclenche des brûlures d’estomac, des migraines, parfois
des pertes de conscience…
Oui,
plus sérieusement, je ne m’y ferai jamais… Tu sais que je suis
très atteint : dès que je le peux, j’écris
« Xpress » et « Indesign » !… Tu me
diras, y a de l’espoir : qui aujourd’hui — à part le Petit
Larousse, mais faut avoir l’œil connaisseur — compose
encore « CinémaScope » ? Ici, nous ne sommes
pas loin d’un sujet parfois abordé chez nos amis typochoses,
celui de l’épouvantable contagion « logotypique »
sur la graphie des dénominations propres…
III.
Des marques bien ponctuées
À
Typographie, les 1er et 2 février 2000.
J.
TOMBEUR :
Et bien sûr : « Tu sais quoi ? Je l’ai trouvé sur
Yahoo! ! »…
Désaccord
total, frontal, absolu, définitif ! En gros, la typo
gangrenée par la graphie anecdotique (et éphémère)… Tout un
programme et, ici nous sommes d’accord, il est à l’ordre du
jour… Dramatiquement. Pour en revenir à Yahoo, la pire
solution est « Yahoo! », puisqu’elle traduit la
confusion entre nom et logotype. Cette question est à mes yeux
réglée depuis longtemps : pas de compromis, pas question
de reculer d’un pouce. Restent Yahoo ! et Yahoo.
La
première graphie pourrait se concevoir si les noms des
personnes morales se composaient en ital. Prends l’exemple des
titres : « J’ai revu That’s Life ! »
Aucun problème de ponctuation.
Sauf
que les noms des personnes morales, même lorsqu’ils sont
constitués de termes non français (General Motors), se
composent en romain, convention justifiée et indiscutable.
Donc, problèmes divers avec un éventuel signe de ponctuation
en fin de dénomination propre.
Ne
reste que Yahoo, tout simplement, tout bonnement, évidemment,
bien sûr. On ne va tout de même pas remettre en cause notre
système graphique pour les beaux yeux de trois ou quatre
marchands.
L’enjeu
n’est pas strictement typographique. Songe aux aventures de
l’arrobe… Il est hors de question de laisser
« privatiser » les signes de la langue écrite…
P.
DUHEM :
Je n’approuve pas, même si je comprends votre position. Le
style de dénomination des personnes morales a évolué avec le
temps, et les « Société d’exploitation… » sont
désormais dénommées autrement. Les sigles, mais aussi des
dénominations qui sont à la frontière du graphisme et du
slogan. Quid d’une société de courses qui
s’appellerait « Vite ! » ?
Oui,
mais il faut voir vers quoi nous mène un seul pas (une seule
concession…) dans une mauvaise direction. Les exemples avec un
point d’exclamation ne sont pas les plus malfaisants… puisque
celui-ci ne bouleverse pas fondamentalement le sens d’une
phrase. Imaginons une raison sociale se terminant par un point
d’interrogation (il doit en exister, mais aucun exemple ne me
vient à l’esprit)… Disons, Ailleurs ? (agence de
voyage…).
Dans
bien des cas, vous aurez beau ajouter (fautivement…) toutes
les ponctuations imaginables après le point d’interrogation,
rien n’y fera, vous ne pourrez pas éliminer l’interrogation,
la phrase interrogative… Dans les titres, le problème est
résolu par la mise en italique. Ici, rien à faire, c’est le
bordel garanti…
N’oublions
pas que les signes de ponctuation * appartiennent à la
phrase… non à la graphie du nom… Dans les dictionnaires, pas
de point d’exclamation après les entrées des interjections…
Pas de crochets autour de « sic »…
*
Sauf quelques cas particuliers comme le point abréviatif,
l’espace interne, voire les points de suspension ou les
astérisques de discrétion ou de décence… (Le trait d’union et
l’apostrophe ne sont pas des signes de ponctuation.)
Souvenez-vous
du mensuel qui sur sa première page avait pour titre : (À
suivre)… Le premier signe de son « nom »,
c’était « À », le dernier « e »…
L’accaparement
onomastique des signes de ponctuation par les marchands doit
être combattu avec vigueur !
C’est
un crime contre la langue écrite !… (Je plaisante à
peine…)
Erreur
grave qui consiste à mettre ailleurs qu’à sa place un élément
typographique (dans la composition, l’imposition, le
foliotage, etc.). Exemple : inversion de paragraphes.
Jadis,
mélange de caractères dans la casse.
Larousse
1933, Lexis
1989, Robert
1985.
À
Typographie, le 15 janvier 1999.
Il
semble que l’acception typographique soit récente (XIXe
siècle).
Tiens,
dans le Dict. hist. de Rey, je découvre avec
ravissement une expression populaire hélas « sortie
d’usage », bien qu’elle concerne une pratique en pleine
expansion : « Chier sur le mastic » (abandonner
un travail en cours)…
Maxime
Proverbe
Membre
Adepte
Mer Géographie.
La
mer Méditerranée, la mer Morte, la mer du Nord, l’Atlantique
nord, l’océan Indien.
Mesure
typographique
Corps,
Cicéro.
Point pica | 0,351 35 mm |
Point Didot | 0,375 9 mm |
Point I.N. | 0,398 77 mm |
Point métrique | 0,4 mm |
Midi, minuit Heure.
« J’ai
détesté les midis et les minuits de la planète,
j’ai langui après un monde sans climat, sans les
heures et cette peur qui les gonfle, j’ai haï les soupirs
des mortels sous le volume des âges. »
Émile Michel CIORAN,
Précis de décomposition.
•••
Après midi ou minuit, les fractions d’heure s’écrivent en
lettres : midi moins cinq, midi et quart, midi
vingt-cinq, midi et demi, minuit moins le quart, minuit dix.
Girodet
1988, Impr.
nat. 1990.
Mille
Adjectif
numéral, mille est invariable : nous nous vîmes trois
mille en arrivant au port ; des mille et des cents.
Nom
commun, mille prend la marque du pluriel : à deux milles
du rivage, à deux mille milles des côtes.
Mil
Une
ancienne règle imposait la forme mil dans les dates de l’ère
chrétienne écrites en lettres, lorsque le millésime était
suivi d’un autre nombre (mil est l’ancien singulier de
mille ; par nature, son emploi est limité au deuxième
millénaire) : en mille trois cent cinquante avant
Jésus-Christ, l’an mille, mil huit cent quatorze, mil neuf
cent trente-six, l’an deux mille, deux mille cent quatorze.
Aujourd’hui,
dans toutes les occurrences, l’emploi de mille est correct,
voire conseillé. Celui du doublet archaïque mil n’est pas
encore fautif dans les occurrences définies ci-dessus (de 1001
à 1999), mais deux mille un et ses successeurs le condamnent à
terme.
Tout
cela n’a guère d’importance, car, rappelons-le, hors des vers
réguliers et des actes, les années s’écrivent en chiffres
arabes ou, dans de rares cas, romains.
Millier
(voir : Cent)
Ce
terme est un nom commun. Il prend la marque du pluriel.
Millénaire Date.
L’adjectif
ordinal des millénaires s’écrit en toutes lettres ou en
chiffres romains grandes capitales.
Gouriou
1990, Impr.
nat. 1990 (uniquement en chiffres romains
grandes capitales).
Rappel.
— Les siècles se contentent des petites capitales
(division secondaire) : la fin du vingtième siècle
coïncide avec le début du troisième millénaire, la fin du XXe siècle
coïncide avec le début du IIIe millénaire, le
IIIe millénaire commence le 1er janvier
2001.
1.
Dans
une date, chiffre exprimant le nombre mille : 1995.
Attention
aux mauvaises interprétations ! Supprimer le millésime
dans « 18 juin 1944 » ne donne pas [18 juin] ou [18
juin 44], mais « 18 juin 944 ».
2.
Année
d’émission d’une monnaie, d’une médaille ; année de
publication d’un ouvrage, de production d’un cru. Par
extension plaisante, date de productions diverses (modèle
d’automobile, classe d’âge, timbre-poste, etc.). Tout autre
emploi est fautif.
Exemple
(à ne pas suivre) : [Le titre d’un roman d’Orwell est un
millésime : 1984.]
Larousse
1960, Robert
1993.
Richaudeau
1989.
Ministère, ministre Administration, Féminin, Majuscule.
« Plusieurs
ministères s’étaient succédé,
sensiblement pareils, d’une nuance assez
pâle, couleur fleur de pêcher. En les voyant
se remplacer, on se rappelait le mot d’une
femme d’esprit congédiant sa cuisinière :
“Rose, je vous renvoie ; à partir de demain,
vous vous appellerez Lise.” »
Édouard HERRIOT,
Jadis.
« Il n’y a pas de gouvernements populaires.
Gouverner, c’est mécontenter. »
Anatole FRANCE,
Monsieur Bergeret à Paris.
•••
Pas de majuscule à ministre ni à ministère, ils n’y ont pas
droit, mais majuscule au complément : le ministre des
Transports, le ministère de l’Intérieur. C’est normal :
rappelons que le président de la République se contente,
depuis quelques décennies, de la minuscule (mais pas la
Présidence de la République).
Complément :
majuscule aux substantifs et aux éventuels adjectifs qui les
précèdent, minuscules aux adjectifs postposés : le
ministre ou le ministère des Anciens Combattants, le ministre
ou le ministère des Affaires étrangères.
Cette
règle est celle qui s’applique aux organismes d’État multiples
(il y a plusieurs ministères). Ces graphies sont judicieuses.
Un ministère est confié à un ministre ; on imagine mal
d’avoir à écrire {le Ministère de l’agriculture} et le
ministre de l’Agriculture. Le « tout capitale »
s’oppose à l’esprit et au goût typographiques français. Le
« tout bas de casse » est une fumisterie.
Code
typ. 1993, Girodet
1988, Grevisse
1986, Impr.
nat. 1990, Larousse
1992, Robert
1985, Thomas
1971.
Doppagne
1991, Grevisse
1975 [le Ministère de la Justice], L’Hoest
& Wodon 1990.
Depuis
quelques années, le Journal
officiel et le
Monde écrivent [le ministre de l’éducation
nationale, le ministère de la défense], le premier ministre.
La suppression aveugle des majuscules n’est pas moins ridicule
que leur emploi intempestif.
La
métonymie impose la majuscule initiale aux substantifs et aux
éventuels adjectifs antéposés : la Place Beauvau a encore
fait des siennes (mais : le ministère de l’Intérieur est
situé place Beauvau) ; mon voisin travaille au Quai et
mon cousin, sur les quais.
Exemples.
— Le Conseil des ministres, le garde des Sceaux, le
ministre ou le ministère de la Défense nationale (de
l’Éducation nationale, des Finances, de la Santé publique,
etc.), le ministre ou le ministère des Anciens Combattants, le
ministère des Affaires étrangères, le Quai d’Orsay, le Quai,
le ministre délégué, le ministre d’État, le secrétaire d’État,
le président du Conseil (IVe République).
Premier
ministre (Ve République)
Statistiquement,
le Premier ministre l’emporte mais le premier ministre n’est
pas fautif (adjectif antéposé). L’usage, la subtilité et la
déférence imposent une majuscule que la logique aurait
volontiers interdite. Va pour le Premier ministre !
Girodet
1988, Larousse
1992, Micro-Robert
1990, Robert
1993, Thomas
1971.
Berthier
& Colignon 1991, Hanse
1987, le
Monde.
La majuscule est cautionnée par l’usage, par les lexicographes
et les juristes, voire par l’histoire : le Premier consul
avait déjà donné le mauvais exemple. En outre, elle établit un
équilibre graphique plaisant : le président de la
République et le Premier ministre.
Réservée
(en France) aux chefs de gouvernement de la Ve
République (IVe : président du Conseil), elle
est précise : Michel Debré fut le premier Premier
ministre de la Ve République. Elle élimine les
interprétations fâcheuses : le premier ministre venu. En
revanche, l’adjectif antéposé fournit un argument aux
partisans de la minuscule. Le premier de nos ministres — et
avec lui ses services — peut de toute façon s’offrir une
majuscule indiscutable par métonymie : Matignon.
•••
Dans un texte, un livre, un organe de presse, quel que soit le
parti adopté, il convient de s’y tenir : l’alternance est
ici inadmissible.
Exceptions. —
Depuis 1958, le Ministère (l’ensemble des ministres, le
Gouvernement) est vieilli mais toujours correct…
La
France républicaine peut admettre Premier Ministre dès lors
qu’il s’agit de celui du Royaume-Uni ; le Premier
(substantif) est en revanche un anglicisme à proscrire.
Apposition
Minuscule,
pas de trait d’union, marque du pluriel : du papier
ministre, des bureaux ministres.
Féminin
Madame
le ministre.
Robert
1993.
Féminisation
1994 {la ministre}.
Pour
Thomas
1971, le féminin « ministresse » est
familier. Il est surtout grotesque et évoque dangereusement,
pour les franglophones, une petite tension psychologique
(voir : Féminin).
À
Typographie, le 1er juin 2000.
O.
RANDIER :
Étonnement de mon éditeur. Pour me justifier, je saisis mon
Hyène pour confondre l’impétrant… et constate avec
stupeur que l’on y écrit « le Premier ministre ».
Il y a sûrement une explication limpide et évidente, mais
j’avoue que je patauge. JiPé, tu pourrais m’expliquer
clairement pourquoi, là, on ne met pas de cap à
ministre ?
On
ne met jamais de cap à « ministre »… sauf quand on
s’adresse personnellement à un ministre que l’on respecte ou
dont on souhaite obtenir quelque chose…
Quant
au premier d’entre eux, la graphie particulière de sa fonction
est cautionnée par une tradition qui remonte loin. Qui
s’étonne du Premier consul ?
Il
est vrai que c’est une entorse à une tendance lourde
(« malaise face à la décapitalisation du substantif
derrière un adjectif capitalisé »)… mais elle en respecte
une autre, bien souvent contradictoire dès lors qu’il ne
s’agit plus de lieux, d’institutions ou d’événements, mais de
personnes : le peu de goût des Français républicains pour
la multiplication flagorneuse des majuscules dans la graphie
des titres et des fonctions.
Et
puis, y a l’équilibre institutionnel… Le président de la
République n’a droit qu’à une cap (tu me diras qu’aujourd’hui
c’est encore trop…) ; en face, un « Premier
Ministre » la foutrait mal… La graphie « premier
ministre » a ses partisans, mais elle est à la fois
maigrelette, ce qui n’est pas bien grave, et surtout
ambiguë : « Qui sera le premier ministre capable de
réformer la typographie ? » Cela suffit à la
condamner définitivement.
O.
RANDIER :
Encore que… J’ai quand même un (petit) problème avec les
ministères : le « ministère des Affaires
sociales » n’est-il pas un organisme unique à caractère
national ? Certes, il y a plusieurs ministères, mais il
n’y a qu’un seul ministère des Affaires sociales, non ?
L’unicité
est un des critères traditionnels les plus difficiles à
manier, puisqu’il n’est pas d’ordre linguistique ou
typographique : il est intégralement fondé, en supposant
qu’il soit valide en toutes circonstances (ce qui est loin
d’être certain…), sur la connaissance de l’objet et en
particulier de son statut. Il ne faut faire appel à lui qu’en
dernier recours ! Avant, autant poser le problème en
termes strictement typographiques…
Si
tu accordes la cap au générique, tu dois l’enlever au
spécifique (sauf à accepter de multiplier hideusement les
caps)… et alors là, problème ! Tu vas te retrouver avec
un Ministère des affaires sociales et… un ministre des
Affaires sociales… Mieux, quand tu feras sauter le générique
(ce qui est fréquent avec certains grands ministères comme les
Affaires étrangères ou l’Intérieur), tu seras dans une belle
merde… avec des caps sauteuses, alternatives, incohérentes,
bordéliques… Bref, tout ne va pas pour le mieux dans le
meilleur des mondes typographiques, mais avant de déplacer les
bornes anciennes que nos pères ont posées, s’agit de faire
gaffe aux conséquences de notre inconséquence pressée…
Minuit
Midi, minuit
Minuscule
Bas
de casse, Majuscule
Monsieur
Madame,
mademoiselle, monsieur
Monument Musée, galerie.
Les
règles qui suivent s’appliquent aux « vrais »
monuments (arc de triomphe, chapelle, château, colonne,
mausolée, palais, etc.), à certaines de leurs parties
(colonnade, cour, salon, etc.) et à des
« monuments » qui n’en sont pas, ou qui ne sont pas
que cela… Voir : Bibliothèque,
Musée, galerie, etc.
•••
Majuscule
et minuscule
Les dénominations propres (exactes ou approximatives)
ont évidemment une majuscule initiale, ainsi que les éventuels
adjectifs antéposés : l’Escurial, le Kremlin, la
Madeleine, Sainte-Marie-Madeleine, Notre-Dame de Paris, le
Petit Luxembourg, Sainte-Cécile, le Val-de-Grâce.
Dans
les désignations incluant un terme général (château,
colonne, église, porte, etc.), celui-ci ne prend pas de
majuscule initiale : l’abbaye de Westminster, l’arche de
la Défense, la basilique Saint-Marc, la cathédrale d’Albi, la
chapelle Sixtine, le château d’Azay-le-Rideau, le cloître des
Billettes, la colonne Vendôme, l’église
Saint-Julien-le-Pauvre, l’église du Dôme, la fontaine des
Quatre-Saisons, la fontaine de Trevi, la galerie des Glaces,
l’hôtel de Sens, le mausolée de Lénine, le mémorial du prince
Albert, le palais Farnèse, le palais des Doges, le pavillon de
Marsan, la porte Saint-Denis, la pyramide du Louvre, la statue
de la Liberté, la tour Saint-Jacques, la tour Eiffel.
Exceptions.
— Si le terme général est seulement accompagné d’un
adjectif non dérivé d’un nom propre, il prend la majuscule
initiale, ainsi que l’adjectif antéposé : la Cour carrée,
la Grande Galerie, le Grand Palais, le Petit Palais, le Salon
carré.
Gouriou
1990, Impr.
nat. 1990.
Larousse
1933 [la cour carrée], Larousse
1960, 1970,
1985,
1992,
Micro-Robert
1990 {la cour Carrée}.
Dans
un contexte géographique ou historique donné, un terme général
pris absolument peut devenir un nom propre : l’Arc de
Triomphe (arc de triomphe de l’Étoile, à Paris), la Bastille
(Paris, avant 1789), le Belvédère (Vatican, Vienne), le
Cénotaphe (Londres), les Cloîtres (New York), la Conciergerie
(Paris), l’Ermitage (Saint-Pétersbourg), l’Obélisque (à Paris,
l’obélisque de la Concorde), le Monument (Londres), le
Panthéon (Paris, Rome), le Temple (Paris, Jérusalem).
La
Tour : à Paris, la tour Eiffel. À Londres…
la Tour ou {la tour} de Londres.
•••
Trait
d’union
Le
Palais-Bourbon, le Palais-Royal.
Non
traduites, les dénominations étrangères obéissent à leurs
règles d’origine : Buckingham Palace, l’Empire State
Building, le palazzo della Signora, le Palazzo Vecchio.
Subtilités…
La
Rue de Paris (Conciergerie), les thermes de Dioclétien, le
musée national des Thermes de Dioclétien.
Mot étranger Allemand, Anglais, Italique, Latin, Pluriel des mots étrangers, Transcription, translittération.
« Ah !
dit don Manoël en portugais. »
Alexandre DUMAS,
le Collier de la reine.
« — Fusillé. Et autant pour vous avant
longtemps, Arriba Espana ! »
André MALRAUX,
l’Espoir.
Les
mots étrangers non francisés se composent en
italique : a giorno, mano a mano,
sprinter, starter, voir : Italique
§ 2.
Francisation
des toponymes étrangers
À
France-Langue, le 3 octobre 1997.
J.
MELOT :
Vous verrez […] que certains, toujours prompts à comprendre
de travers, iront jusqu’à proposer d’étendre cette
application des normes sous forme d’une épuration pédante
des prénoms, voire des noms de famille, lors de leur emploi
dans « des documents techniques ou à diffusion
internationale ».
Mais…
c’est monnaie courante… et depuis pas mal de temps… Nos
amateurs de racines sont insatiables. Je rigole, mais, à y
regarder de plus près, cette soif d’uniformisation facilitant
l’harmonie entre les peuples pourrait n’être qu’un masque de
la folie identitaire.
On
veut nous dénier le droit de nommer l’autre… C’est le reflux
de la raison. On ne touche plus aux noms propres ! On
pourrait les salir avec nos sales pattes francographes. —
J’écris trop vite… en fait, c’est sans doute le
contraire : on ne touche plus aux noms propres étrangers,
car ils doivent conserver (au maximum) leur caractère
étranger. On cherche à introduire dans notre langue un frein à
l’appropriation des noms propres, retenue qui, pour le coup,
lui est bien étrangère…
Pour
les obsédés de la pureté onomastique (j’en ai corrigé un bon
paquet cette année, ça pousse comme le chiendent chez les
spécialistes du discours critique), le Pérugin ça s’écrit il
Perugino, Diodore Cronos devient Diodôros Kronos, Soliman le
Magnifique, là, c’est une pure merveille, a droit à Süleyman,
on ne badine pas avec les origines. Demain, Magellan s’écrira
en français Magalhães. Hier, André Maurois, ça s’écrivait
Émile Herzog, et c’était pas bon signe. Amalgame
douteux ? À voir.
Cher
ami, si les nouveaux précieux que vous évoquez n’étaient que
des pédants, on s’en accommoderait gaiement (tous, à un moment
donné, plus ou moins bref, sur un terrain donné, plus ou moins
étroit, nous appartenons un peu à la famille)… mais à mon sens
il s’agit plutôt d’idéologues assez fins (ou de cuistres à
leur remorque)… Quiconque n’appartient pas à la famille du
chef doit porter un nom qui en témoigne… Nous sommes encore
une fois face aux ghettos. Je préfère mes vieilles lunes
assimilatrices.
Encore
un mot… pour provoquer un brin, car j’ai été un peu perturbé
par plusieurs messages récents : n’oublions pas que notre
vaste monde subit l’influence grandissante d’un pays qui n’a
pas de véritable nom et qui parvient même à se satisfaire
d’initiales. Je n’évoque pas une ancienne grande puissance qui
sur ce terrain n’était guère mieux lotie…
D’accord,
j’ai changé de sujet en revenant aux toponymes… mais, au train
où vont les audacieux, les dérivés ne vont pas tarder à leur
revenir dans le nez.
Pauvre
Dédé d’Antwerpen *… tu n’aurais plus aucune chance
aujourd’hui d’être qualifié d’anversois. Antwerpénien ?
C’est renversant.
*
Pour qu’il n’y ait pas de malentendu : aimant ma langue,
je conçois aisément que d’autres aiment la leur, quelle
qu’elle soit. Je trouve légitime que les Flamands aient
reconquis ce qu’ils estimaient judicieux de reconquérir (même
si certaines de leurs justifications sont discutables, pour
rester poli). Cela ne m’empêche pas de continuer à nommer
leurs villes comme les francophones l’ont fait depuis des
lustres et de me foutre complètement de la façon dont ils
nomment les villes francophones (Luik, Bergen, Namen, etc.)…
comme je me fous complètement du sort qui est réservé dans le
vaste monde à nos noms de lieu… Cette indifférence (lourdement
appuyée pour les besoins de la cause) n’est pas du mépris,
c’est du respect : chacun parle et écrit comme il
l’entend. Cette liberté, cette diversité gêne qui ?…
Sûrement pas les « francophones arrogants ou
paranoïaques » que l’on dénonce ici ou là et même sur
France-Langue…
À
F.L.L.F., le 15 février 2001.
M.
GEVERS :
Disons plus prosaïquement que, durant les siècles
précédents, la France était une nation impérialiste et
colonisatrice, et qu’elle impérialisait et colonisait, entre
autres, en imposant son langage et en francisant les lieux
et les gens.
Mais
oui. Ainsi, lorsque la France découvrit Fernand de Magellan,
il faut bien comprendre qu’elle s’apprêtait à envahir le
Portugal. Autre indice historique troublant : Tamerlan
reçut ce blaze méprisant lors de l’occupation française de
l’Asie centrale. […]
Nous
sommes désormais loin des broutilles relatives à la présence
d’un pauvre tréma… Nos conceptions du rapport à autrui, à
l’autre, à l’étranger, au prochain, sont diamétralement
opposées. Sur le sujet qui nous occupe, les seules modalités
qui vous viennent à l’esprit renvoient à l’antagonisme, au
conflit, à la domination, à l’exclusion.
Eh
bien, Madame, faites le compte des formes francisées de noms
propres dits étrangers : vous constaterez que l’immense
majorité est le fruit du respect de l’autre, de l’admiration,
du désir d’intégrer, de comprendre, d’aimer. D’intégrer, non
de s’approprier : Michel-Ange n’est pas français, mais
son nom français témoigne de la présence, de l’influence
italienne dans le cœur des Français, et non de l’inverse.
C’était cela, la tradition française, et elle vaut mieux que
celle qui submerge aujourd’hui le monde et qui, sur ce point,
vise à maintenir l’autre à sa place : quiconque
n’appartient pas à la tribu des maîtres doit porter un nom qui
en témoigne.
Musée, galerie Bibliothèque, Muséum.
« Un
musée est une morgue. La seule
chance de s’émouvoir est d’y reconnaître
un ami. Un ami derrière le cadavre. »
Jean COCTEAU,
Essai de critique indirecte.
••• Majuscule
et minuscule
Deux
écoles s’affrontent. L’une, considérant que les musées sont
avant tout des organismes, préconise l’initiale majuscule à
Musée : le Musée national d’art moderne, le Musée
Galliera.
L’autre
préfère la réserver au premier mot caractéristique (nom
propre, nom commun ou adjectif dérivé d’un nom propre) : le
musée national d’Art moderne, le musée Galliera.
Trois
raisons donnent un avantage décisif à la seconde : les
noms sous lesquels les musées sont connus et cités ne
correspondent pas toujours exactement à leurs dénominations
officielles ; les musées sont perçus comme des lieux
plutôt que comme des organismes ; l’esprit typographique
français ne goûte guère l’inutile multiplication des
majuscules ({le Musée du Louvre} > le musée du Louvre).
Règles
identiques pour les bibliothèques et les galeries.
Pas
de majuscule initiale à musée (ce musée est inintéressant, un
musée océanographique), mais au(x) premier(s) mot(s)
caractéristique(s) * de la dénomination : le musée
des Arts décoratifs, le musée des Arts et Métiers, le musée
national d’Art moderne, le musée des Arts et Traditions
populaires, le musée Galliera, le musée de l’Homme, le musée
du Louvre, le musée de la Marine.
*
L’éventuel adjectif antéposé prend également la majuscule
initiale ; dans les dénominations coordonnées, chaque nom
prend la majuscule initiale (musée des Arts et Traditions
populaires).
Majuscule
si Musée désigne une institution précise, déterminée
par un adjectif non dérivé d’un nom propre : le Musée
océanographique (de Monaco), le Musée postal, le Musée social,
le Musée lorrain.
Majuscule
s’il est pris absolument : Musée (colline d’Athènes
consacrée aux Muses), Musée (poète grec), le Musée (de
Ptolémée, à Alexandrie).
Lexis
1989.
Robert
1985, 1993
{le musée d’Alexandrie}.
Trait
d’union : le musée Victor-Hugo.
••
Musées étrangers,
voir : Muséum
Dans
un texte composé en français, les dénominations traduites
obéissent à la règle française.
Ces
dénominations non traduites conservent leur graphie d’origine
et ne se mettent pas en italique (dénominations
propres) : le musée de l’Ermitage, le musée des Offices,
Metropolitan Museum of Art, Museo Pio-Clementino, National
Gallery (en français : Galerie nationale), National
Gallery of Art.
Muséum Musée, galerie.
Sens
moderne, en français : musée consacré aux sciences
naturelles. Le Muséum d’histoire naturelle (de Paris) et tous
les muséums d’histoire naturelle sont donc affublés de
dénominations aujourd’hui diablement pléonastiques.
Le Muséum d’histoire naturelle (Paris). {Un muséum d’histoire
naturelle} (pléonasme) > un muséum.
Le
Muséum central des arts, le Museum of Fine Arts (Boston), le
Museum of Modern Art (New York), le British Museum (Londres).
« Les
hommes se résignent à
tout, la musique contemporaine
le prouve, sauf au silence. »
André COMTE-SPONVILLE,
le Mythe d’Icare.
Les
noms des notes se composent en italique : ut, do,
ré, mi, fa, sol, la, si :
il n’y a rien après la ? — Si. Si.
Les
altérations (dièse, bémol, bécarre) et les indications de mode
(majeur, mineur) se composent en romain : en ce moment,
j’ai un faible pour les sonates en mi bémol majeur.
Code
typ. 1993, Gouriou
1990, Impr.
nat. 1990.
Dans
un texte composé en italique, le nom des notes passe
évidemment en romain, mais… attention ! Dans les titres
(même approximatifs…), les notes conservent l’italique :
la Messe en si mineur de
Jean-Sébastien Bach comporte douze mouvements en ré
majeur (voir : Italique).
Impr.
nat. 1990, Ramat
1994.
Titres
et parties d’œuvres musicales
À
Typographie, du 21 au 22 janvier 2001.
D.
COLLINS :
[Comment écrire] le Sanctus, l’Offertoire et
le Quærens me du Requiem ?
Problème
classique… Trois « règles » ici contradictoires… Les
parties (en français) non génériques en romain entre
guillemets… Le latin en ital… Les titres
« génériques » français ou francisés en romain sans
guillemets… À vous de voir… (Voir aussi plus bas…)
Questions
nombreuses… Selon vous (ou l’auteur) « Sanctus »
est-il francisé ? et surtout : que faut-il
privilégier ? Le respect de règles qui méritent à peine
ce nom ?… ou la cohérence d’une succession qui n’en a
guère ? Toujours à vous de voir…
D.
COLLINS :
Je sais qu’on met en principe les titres d’œuvres en
italique. Mais que faire des titres qui ne sont pas des
vrais titres, comme Requiem (puisque Berlioz a
intitulé son œuvre Grande Messe des morts) ?
Cela
ne change rien… Titre « réel », titre
« intégral », titre « abrégé », titre
« traduit », titre « attribué » ou titre
« fantaisiste », c’est du pareil au même :
italique (sauf pour l’éventuel article initial qui ne demeure
en ital que dans les titres intégraux).
D.
COLLINS :
Ensuite, pour les différentes parties, que faire ? Ces
parties sont tantôt une indication de mouvement (adagio),
tantôt une « prière » plus ou moins connue, tantôt
un vrai titre.
Romain
sans guillemets pour les titres génériques (français…), ital
sans guillemets pour les titres génériques non francisés,
romain entre guillemets pour les vrais titres français de
parties… Quant aux vrais titres de parties non traduits (donc
nécessairement en ital…), c’est à vous de voir… Si vous
supportez l’ital entre guillemets (moi, non…), mettez des
guillemets…
D.
COLLINS :
Merci beaucoup pour cette réponse. Mais qu’en est-il des
majuscules ou des capitales (?) pour les « titres
génériques » ? J’en reviens à ma neuvième
symphonie de Beethoven. C’est bien ce que vous appelez un
titre générique, n’est-ce pas ?
Pas
nécessairement… surtout dans ce cas… où le terme générique
(symphonie) est très fortement qualifié (presque autant que
par Fantastique ou par Pathétique…) par un
« petit » numéral (Neuvième Symphonie) et
renvoie (le lecteur) plus que probablement à la neuvième
symphonie (hihi… là, c’est bon… mais c’est rare…) de
Beethoven… ou, selon le contexte, de Dvorak, de Mahler, de
Bruckner ou de Schubert (autant ajouter, ô combien !
« la Grande »), ou du gugusse qui fait l’objet de
l’étude et qui a écrit au moins neuf symphonies… mais pas
beaucoup plus… sinon on retombe dans des génériques à mon sens
insuffisamment qualifiés par de simples numéraux (Mozart,
Haydn…), mais que beaucoup composent néanmoins en ital, tout
en revenant au romain pour, par exemple, les sonates, faudrait
peut-être leur demander pourquoi…
Attention !
cette distinction (dix ou moins… et plus de dix) ne change
rien au fond de l’affaire… et n’est qu’une digression… Elle
n’apparaît dans aucun code, bien entendu, et n’est mise en
œuvre par personne ou presque : elle n’a évidemment
aucune justification « typographique » (la barbe…)
ou « linguistique » (c’t’encore pire…), elle est
bêtement culturelle… ce qui n’est pas forcément négligeable,
elle correspond, vous le savez mieux que moi, à une rupture
dans l’histoire des formes musicales. Qui contestera qu’il y a
une différence non de qualité mais de perception du
« titre » (à exprimer graphiquement) entre la Cinquième
(Symphonie) de Beethoven et la cinquième symphonie de
Haydn ?
Pour
revenir à l’orthotypographie telle qu’elle se pratique en ce
monde de viles concessions… disons que pour sauver l’ital de
la Neuvième de Beethoven ou de Schubert, je serais
tout disposé, si on me le demandait, à l’accorder sans la
moindre hésitation à la 99e de Haydn…
Donc,
pas de précipitation… Primo, je n’évoquais, d’après vos
exemples, que les titres de parties. Pour les titres d’œuvres,
c’est un peu la même chose, mais pas tout à fait…
Deuzio,
ce qui est commun à tous les « problèmes »
orthotypographiques… c’est l’harmonieuse combinaison de
stricts principes (parfois contradictoires mais à toujours
conserver à l’esprit…) et de leur souple mise en œuvre,
adaptée aux circonstances… sans je-m’en-foutisme, bien sûr,
mais aussi sans raideur… ou, plus précisément, sans raideur
fixée sur un point qui n’aurait pas été défini comme
essentiel, primordial… car des « points », il y en a
souvent plusieurs au même endroit et qui ne sont pas toujours
régis par des règles concordantes. Nous l’allons voir
ci-dessous…
D.
COLLINS :
Donc, romain sans guillemets. Mais neuvième Symphonie,
Neuvième Symphonie ou neuvième symphonie ?
Non…
ital ! La Neuvième Symphonie et même la Neuvième.
D.
COLLINS :
Autre petite question, pendant que je vous tiens :
faut-il faire une différence, dans les titres de lieder, par
exemple, entre les « vrais » titres (Die
Forelle, An die Musik), qui doivent être en
italique (si j’ai bien suivi) et les titres qui sont en fait
l’incipit du lied en question (guillemets ou
italique ?) ?
Encore
un truc pas simple… Non que l’orthotypographie soit
compliquée… c’est le réel qui l’est… et elle ne peut le
simplifier. C’est à vous de le faire, en effectuant des choix,
en définissant le primordial…
Il
est en effet légitime de distinguer vrais titres et incipits…
Supposons que tous les titres et tous les incipits soient en
allemand, histoire d’aller au plus simple possible… Si vous
effectuez une distinction graphique à ce niveau (vrai
titre/incipit), en disposerez-vous d’une autre quand
nécessairement — pour les lieder (ou les lieds…) de Schubert —
surviendra l’obligation de distinguer titre de cycle, titre de
lied appartenant à un cycle et titre de lied autonome ?
Pas sûr…
Face
à un tel problème, il faut savoir qui doit le résoudre… Si
c’est le « typographe » (au sens très large…), la
distinction s’effectuera nécessairement au seul niveau de
connaissance qu’il est légitime d’exiger de lui, ici, plus que
probablement, Winterreise, Schwanengesang et Die
schöne Müllerin en ital sans guillemets, et, pour le
reste… tous dans le même sac… ital ou romain entre guillemets…
Si c’est l’auteur, il devra indiquer précisément sur la copie
les autres niveaux… et le typographe pourra dès lors concevoir
une expression graphique appropriée, s’il le peut…
Un
centaure, une dryade, une naïade, une néréide, un satyre, une
sirène, un sylphe, une sylphide, un sylvain, un triton.
Tassis
1870.
Les
Cyclopes, les Grâces, les Muses, les Parques, les Titans, les
Walkyries.
Les
Gorgones, des gorgones. Le dieu Faune, un faune.
Le
Walhalla.