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Un
usage possible de l’accolade
À
Typographie, le 2 décembre 1997.
J.
ANDRÉ :
A-t-on jamais utilisé en français les accolades
anglo-américaines qu’on a aujourd’hui sur nos claviers comme
parenthèses […] ? (Les accolades servaient à… accoler
plusieurs lignes, par exemple d’une liste.)
Dans
un travail en cours (depuis quatre ans…), comme je ne veux pas me
priver des parenthèses (au sein du texte courant), je me sers des
accolades pour signaler {des exemples critiquables mais
admissibles} et j’emploie les crochets pour [les exemples fautifs
et inadmissibles]. Il va sans dire que cet emploi particulier *
(et peu recommandable hors des textes didactiques ou spécialisés…)
est expliqué dans la table des abréviations.
*
J’ignore s’il est inédit.
« On
dissimule quelquefois dans un traité, de part et
d’autre, beaucoup d’équivoques qui prouvent que
chacun des contractants s’est proposé formellement de
le violer dès qu’il en aurait le pouvoir. »
Luc de VAUVENARGUES,
Réflexions et Maximes.
En
principe, les accords se différencient des traités, car ils ne
sont pas soumis à ratification : les accords d’Évian, les
accords franco-tunisiens du 20 mars 1956, les accords du Latran,
les accords de Munich, les accords de Paris (1954).
Guéry
1996.
Attention
aux « accords » qui ne sont pas des conventions mais
des organismes ! La règle n’est pas la même : l’Accord
monétaire européen (A.M.E.).
Jadis,
les diplomates connaissaient les subtilités de la langue :
un accord était, en principe, une convention entre adversaires
(ennemis ou simples concurrents) ayant fini par tomber d’accord
pour mettre fin à un litige, à un désaccord. Il n’y a
pas d’[accords de Yalta] mais une conférence de Yalta.
Aujourd’hui, on signe des accords de coopération entre amis.
Conférence :
la conférence de Genève.
¶ L’achevé d’imprimer mentionne le nom de l’imprimeur et la date à laquelle l’ouvrage est sorti des presses. On peut l’associer à la mention du dépôt légal :
Achevé
d’imprimer le 2 mai 1992
sur les presses de l’imprimerie Kahn
à Castres (81)
Dépôt légal : mai 1992
1. Vocabulaire
Cet
anglicisme, que nous avons fort bien fait d’accueillir et
d’acclimater, peut désigner des catégories de mots jusqu’alors
anonymes ; à condition de le débarrasser de son acception
d’origine : en anglais, acronym signifie
« sigle ». Aucun intérêt. Il faut ajouter quelque chose.
La plupart des usuels (Académie
1994, Doppagne
1991, Hachette
1995, Larousse 1999,
Robert 1985)
définissent acronyme ainsi : « Sigle prononcé
comme un mot ordinaire. » C’est indiscutable. L’ennui c’est
que les mêmes sources donnent une définition traditionnelle et
restrictive de « sigle » : mot formé des initiales
de plusieurs mots. N’étant pas des sigles ainsi définis, Benelux
et radar ne peuvent pas être des acronymes. Dommage, car ces deux
mots comptent parmi les exemples d’acronymes les plus fréquemment
cités.
Robert
1993, qui ne modifie pas la définition de
« Sigle », est plus complet à « Acronyme ». À
la précédente acception, il ajoute : « Mot formé de
syllabes de mots différents ». Radar devient un acronyme,
mais Benelux n’en est toujours pas un, car Be n’est ni l’initiale
ni une syllabe de « Belgique ». En outre, cette seconde
partie de la définition s’applique à quantité de mots-valises qui
n’ont nul besoin d’être admis parmi les acronymes.
Pour Lexis
1989, l’acronyme est constitué par les premières
lettres de mots composant une expression complexe. Benelux devient
enfin un acronyme. On regrette toutefois que la caractéristique
essentielle de l’acronyme — la prononciation — soit tue.
Gradus
1980 :
[acronyme et sigle sont synonymes].
L’Hoest
&
Wodon 1990 distingue les sigles [réservés aux
institutions et aux pays] et les acronymes [abréviations de
systèmes méthodiques, de documents particuliers ou de
choses] ; et de fournir comme exemple
d’« acronyme » : PDG (sic) pour [Président
directeur général] (sic).
Ici,
« acronyme » signifie : mot formé des initiales
(OTAN, ovni) ou des premières lettres de plusieurs mots (Benelux,
radar) — ou d’éléments initiaux de mots composés (sida) —, et
devant se prononcer comme un mot ordinaire. OTAN, ovni, sida
(sigles), Benelux (sigle pseudosyllabique), radar (hybride) sont
des acronymes.
(La
plupart des mots-valises — motel, progiciel, etc. — ne sont pas
des acronymes, car ils contiennent des fragments qui dans les mots
d’origine ne sont pas initiaux : hôtel, logiciel.)
Tentative
de clarification.
Acronyme
(initiales) : OTAN.
Acronyme
syllabique ou pseudosyllabique : Benelux.
Acronyme
hybride (initiales et syllabes) : Afnor, radar.
Sigle
pur (épelé) : C.G.T.
Sigle
hybride : T.F.1.
Par
définition, une abréviation n’est jamais un acronyme.
2.
Afin
de traduire graphiquement la différence de prononciation entre les
acronymes et les sigles épelés, les premiers sont privés de point
abréviatif : l’UNITA, le M.P.L.A.
Remarque.
— Un sigle pouvant, mais ne devant pas, se lire comme un mot
ordinaire n’est pas un acronyme : O.U.A. (Organisation de
l’unité africaine).
Quelques
acronymes sont devenus des noms communs et s’écrivent
intégralement en minuscules : afat (auxiliaire féminin de
l’armée de terre), laser (light amplification by stimulated
emission of radiation), ovni (objet volant non identifié),
radar (radio detection and ranging), sida (syndrome
d’immunodéficience acquise). Ils obéissent aux règles de leur
catégorie d’adoption. Ainsi prennent-ils pour la plupart la marque
du pluriel : selon l’A.F.-P., l’OTAN suspend ses vols à cause
de sales ovnis qui brouillent les radars.
Les
acronymes qui se sont imposés hors des milieux spécialisés sont
les plus propices à une lexicalisation rapide et définitive :
un ovni. L’origine étrangère est en outre un puissant facteur
d’intégration… mieux vaut un nom commun français qu’un
« sigle » indéchiffrable : un laser.
I. Sigles et acronymes
À
F.L.L.F., Fr.Lettres.Écriture et Fr.Soc.Internet, le 10 juin
1999.
B.
F. : … Et doit s’écrire en version acronyme : CD Rom,
et non : CD ROM.
CD-ROM,
ou CD-Rom, ou C.D.-ROM, ou cédérom, ou disque optique compact, ou
DOC, ou disque, ou galette à la con, mais certainement pas les
deux étranges choses que, selon vous, nous « devrions »
écrire.
De
toute façon, ces supports qui exigent un moteur archaïque seront
probablement démodés avant que leur nom ne soit fixé… Inutile de
se fatiguer à chercher l’unanimité.
À
F.L.L.F., du 13 mars au 30 mai 2001.
L.
D. ESAT :
Je suis à la recherche du nom que l’on donne à des mots (ayant
une signification dans le dictionnaire) qui sont composés de
l’initiale d’autres mots.
Si
le mot est lu au long : acronyme (laser, ovni).
S’il
est épelé : sigle (A.D.N., I.V.G.).
Mais
attention ! En français, siglaison et
« acronymisation » ne jouent pas strictement dans la
même catégorie. La première porte avant tout sur le mode de
formation. La seconde, sur le mode de lecture. Un acronyme peut
être obtenu par siglaison. L’inverse est impensable, absurde.
Les
acronymes ne sont pas nécessairement composés des seules initiales
de l’expression développée ; ils peuvent être syllabiques (et
rejoignent parfois les mots-valises), partiellement syllabiques (radar)
ou pseudo-syllabiques (loran)…
Dans
le cas où l’acronyme n’est composé que d’initiales (ovni),
j’emploie : sigle acronymique…
L.
D. ESAT :
Est-ce que le terme acronyme peut s’appliquer à des mots
qui ont déjà une signification avant la formation de
l’acronyme ?
Il
peut s’agir d’« auto-acronymes » (si l’on tient
absolument à leur coller un nom… ce qui ne me semble pas
indispensable), du genre NEAR pour Near Earth Asteroid
Rendez-vous, ou gift pour Gametes Intra-Fallopian
Transfer, ou écu (ancêtre de l’euro…).
Là,
le « sens » de l’acronyme évoque celui de la forme
développée et parfois en rappelle un des éléments.
Dans
d’autres cas, le lien est inexistant ou construit a posteriori et
de manière très artificielle, par exemple dans pal (Phase
Alternating Line). Quoi qu’il en soit, autoréférents ou non,
ce sont d’indiscutables acronymes…
J’ajoute,
mais les exemples l’ont déjà montré, que cette étrange manie n’est
pas encore très française… et qu’il faut souhaiter qu’elle ne le
devienne jamais, car c’est un très sûr moyen de multiplier les
homographes (dans les cas de lexicalisation et d’abandon des
majuscules) et surtout, imparablement et plus dramatiquement, de
multiplier les homophones…
O.
DUPUIS :
Pourquoi ne pas suivre la lecture auditive de l’acronyme F.L.L.F. ?
Primo,
parfe qu’on ne lit pas avec les oreilles. Fecundo, parfe que
F.L.L.F. n’est pas un acronyme.
L.
BENTZ :
f.l. fait penser à Eiffel.
La
preuve… vous le lisez comme un figle ! (Oc, oc, tout fela est
un poil fallafieux.)
Jipéhel
O.
DUPUIS :
Hum, ASSEDIC est prononcé tel quel alors qu’ANPE est prononcé en
séparant chaque lettre. Cet exemple me fait penser qu’il n’y a
pas de règle générale pour prononcer un sigle.
Assedic
n’est pas un sigle, mais un acronyme partiellement
syllabique : Ass (sorry) pour Association. A.N.P.E.
est un sigle. URSSAF est un sigle et un acronyme.
O.
DUPUIS :
Acronyme : « Sigle qui peut être prononcé comme un mot
ordinaire. » Si je suis cette définition tirée du Larousse
[…]
Cette
définition du Petit Larousse est incomplète et n’est
valide qu’en strict lien avec celle qu’il donne pour
« sigle ». Or, celle-ci est dramatiquement ambiguë
(« lettres initiales » ne signifie pas nécessairement
« initiales ») et, courageusement, ne dit rien sur la
prononciation. Mieux, lisez-la en attribuant à chacun de ses
termes la signification que lui donne ce dictionnaire… et vous
conclurez que p. ex. ou etc. sont des sigles…
Le
Petit Robert donne heureusement la seconde acception, et
(car ?) sa définition de « sigle » est plus
précise, plus contraignante, mais l’incohérence est plus visible
que chez Larousse : en effet, il est étrange de
définir un sigle comme une « suite des initiales de plusieurs
mots qui forme un mot unique prononcé avec les noms des
lettres » et définir un acronyme (première acception) comme
un « sigle prononcé comme un mot ordinaire ».
Le
flou tient au chevauchement hasardeux de deux plans : le mode
de formation et la prononciation.
O.
DUPUIS :
J’en conclus que tout acronyme est un sigle.
Non.
O.
DUPUIS :
Mais existe-t-il un terme pour désigner les sigles qui ne sont
pas des acronymes ?
Oui,
« sigle » ! (Vous pouvez ajouter
« pur »…) C’est les autres — ceux qui ont deux
casquettes, les sigles « acronymiques » —, qu’il faut
qualifier.
II. Écriture des acronymes
À
France-Langue, les 21 et 22 octobre 1997.
A.
LABONTÉ :
Bref, peu importe ce que je pense, la règle absolue est que l’on
ne met pas d’accent sur les lettres d’un acronyme. L’ISO a
d’ailleurs corrigé tous les C.É.I. que Bernard Chauvois
(inspecteur général de l’Éducation nationale, France,
co-rédacteur de l’ISO/C.E.I. 9995-7) et moi avions sciemment mis
dans l’ISO/C.E.I. 9995-7 dont il est question plus haut.
L’accent
est disparu… Snif !
Non !
Ce que vous pensez importe ! Comme importe ce que pensent les
francophones qui écrivent ! L’accent dans les acronymes et
les sigles est peut-être mort à l’ISO ; en français, il est
toujours vivant ! L’ISO peut dire ce qu’elle veut, on s’en
fout ! Dans les acronymes et surtout dans les sigles, on
devrait accentuer les lettres issues de mots où elles sont
accentuées. (Je sais… les exemples ne manquent pas pour illustrer
la proposition inverse, à commencer par notre E.D.F, eudéhéf,
responsable de tant d’« electricité » dans les copies et
les manuscrits…)
Les
graphistes sont en train de comprendre tout le parti qu’ils
peuvent tirer des accents dans la conception des logotypes issus
de sigles ou d’acronymes. Je compte beaucoup sur eux pour rappeler
aux amateurs d’uniformité planétaire la beauté des règles
singulières ! Quand les marchands redécouvriront l’efficacité
des accents, les oukases isoterm(inologiqu)es n’auront aucun
poids…
La
graphie et l’orthographe du français ne sont pas
négociables ! Donc elles ne se négocient pas. L’ISO peut
s’imaginer le contraire tant qu’elle le souhaite… De tout cœur
avec vous dans le combat que vous menez !
A.
LABONTÉ :
L’ISO ne fait que suivre les règles « normales » (!)
du français.
Cher
fondateur de l’A.A.A.,
Alors,
le Code typographique du syndicat des correcteurs suit les
règles « anormales » du français en accentuant tous
les sigles… Alors, le Larousse et le Robert
suivent les règles « anormales » du français en écrivant
respectivement A.-É.F. et A-ÉF pour Afrique-Équatoriale
française…
S’agissant
de la graphie des sigles, il n’y a pas (plus) de règles ! On
est en pleine fantaisie arbitraire…
Si
l’ISO suit les règles « normales » et actuelles du
français, je ne peux dire qu’une chose : elle a de la veine
de les avoir trouvées…
Ce
qui est amusant dans l’affaire, c’est que les sigles et les
acronymes datant d’une époque où l’on pensait que le français
pouvait respecter sa propre « normalité » sont
accentués… alors que les petits nouveaux (depuis quand même
quelques décennies…), comme C.E.I., sont soumis à d’autres
« lois »… Cela dit, il me semble normal que des
institutions chargées de la normalisation jugent leurs propres
erreurs normales. Il est vrai que l’on ne parle plus d’Agétac mais
du GATT…
Pourquoi
faut-il accentuer les sigles ? Pour réduire leur
autonomie ! On n’est pas ici sur le seul terrain de la
graphie, assez dérisoire, mais sur celui de la langue.
À
Typographie, le 16 décembre 1997.
O.
RANDIER :
Il me paraît donc logique et évident que l’on accentue les
acronymes syllabiques ou pseudosyllabiques, et plus encore les
acronymes lexicalisés.
Oui,
logique et même souhaitable, mais est-il envisageable d’en faire
une règle et d’accentuer systématiquement les acronymes
syllabiques, singulièrement ceux qui sont lexicalisés sans
accent ? Qui va écrire « des modéms » ?
Certains acronymes syllabiques ou pseudosyllabiques peuvent être
assimilés à des mots-valises. Il convient de militer pour leur
autonomie graphique ! À l’inverse, évitons d’accentuer ce qui
ne le mérite pas (quelques experts égarés suggèrent d’écrire Bénélux…).
O.
RANDIER :
Alors qu’on ne doit pas accentuer les sigles vrais, ni les
acronymes formés d’initiales. En effet, pour ces deux derniers,
l’accentuation ne pourrait que prêter à confusion. Un
exemple : si l’on accentue l’acronyme (généralement honni)
ENA, devrait-on mettre un accent grave sur le E
(puisque c’est ainsi qu’il se prononce) ou un accent aigu
(puisqu’il s’agit d’une é-cole) ? Il s’agit donc
d’un cas où on omet volontairement et à raison l’accentuation
des capitales, afin d’éviter la contradiction possible entre
l’accentuation de l’initiale d’origine et la prononciation
logique de l’acronyme.
Moi, j’aimerais que l’on accentue les vrais sigles et les
acronymes formés d’initiales… même si l’usage dominant est celui
que tu décris… La contradiction éventuelle entre prononciation et
graphie du sigle est bien mince et sans réelle importance, mais
celle qui s’instaure entre prononciation du sigle et prononciation
des mots qui le composent (parfois l’E.D.F. se prononce eudéhéf…)
et surtout entre graphie du sigle et orthographe des mots qui le
composent est souvent très néfaste et fort peu pédagogique
(electricité…).
L’ennui,
c’est qu’un mot d’ordre du genre « Accentuez tous les sigles
et tous les acronymes », s’il est séduisant, car facile à
retenir et à mettre en pratique, est un tantinet abrupt (mais
moins absurde que le slogan inverse…), car la question n’est pas
simple… Je crois que la plupart des vrais sigles peuvent
s’accentuer sans problème et avec profit mais que les acronymes
sont plus capricieux.
Dernier
point, la graphie des sigles et des acronymes est une question
« orthotypographique » (ce qui « permet » de
faire à peu près tout et n’importe quoi, hélas…) mais celle des
rares acronymes lexicalisés est une question par bonheur
strictement orthographique (ce qui est bien reposant)…
URSSAF :
Ultime Remarque, Samedi Soir, les Acras étaient Formidables…
À
Typographie, le 2 juin 1998.
J.
ANDRÉ :
Non ! Ce devrait être alors ATI (Association de
Typographie Internationale). Si ledit Vox a choisi ATypI,
c’est comme un logo, non ?
Non,
ce n’est pas « d’abord » un logo, c’est un acronyme
syllabique, comme Benelux, et personne de sensé ne compose
BeNeLux… Si on le considère ensuite comme un logo, c’est
une autre affaire… Car un logotype est une
« représentation » graphique (qu’il est impossible de
restituer en toute circonstance typographique).
À
F.L.L.F., Fr.Lettres.Écriture, Fr.Soc.Internet, le 10 juin 1999.
L’adéquation
entre l’oral et l’écrit […] n’est pas si fréquente en français… Ne
ruinons pas un des rares cas où elle pourrait être effective… […]
Il est judicieux de composer les vrais sigles (épelés) en grandes
capitales suivies d’un point abréviatif (C.G.T.), sans
espace, les acronymes formés d’initiales en grandes capitales
collées (OTAN), les acronymes syllabiques ou
pseudosyllabiques en bas de casse avec l’initiale en grande
capitale (Afnor) et les acronymes lexicalisés en bas de
casse (radar).
Ça
complique la vie du scripteur mais ça facilite celle du lecteur…
Or les « règles » typographiques sont faites pour cela…
non pour autre chose. […]
X
[lors d’un autre débat] : Je comprends bien la règle
distinguant ce qui se dit de ce qui s’épelle. Mais la raison
séparant les « acronymes formés d’initiales en grandes
capitales collées » des « acronymes syllabiques ou
pseudosyllabiques en bas de casse » m’échappe : étant
des acronymes, ils se disent, donc pourquoi pas Otan ?
Les
sigles (purs ou acronymiques) sont composés en grandes capitales
(ce qui indique qu’ils sont formés d’initiales). Les points
abréviatifs indiquent que les « vrais » sigles sont
épelés (C.G.T.). Leur absence dans les acronymes indique
(et entraîne) la lecture au long (OTAN).
Les
acronymes syllabiques ou pseudosyllabiques, n’étant pas composés
(exclusivement) d’initiales, ne prennent la capitale qu’à leur
première lettre (Afnor).
Vous
me direz, voilà de beaux principes… qui parfois ne résistent pas à
l’usage […]. Tout de même, il est sage de les respecter le plus
possible…
À
Typographie, le 9 octobre 1999.
O.
RANDIER :
Si j’écris : « OTAN acronyme » (sigle
prononcé) ça te va ?
Non,
pas du tout… mais cela importe peu. Juste par curiosité : que
serait un sigle « non prononcé » ? Je sais, mon
comique de répétition est lourdingue…
O.
RANDIER :
Si l’on suit la règle, on devrait composer UNESCO et non
Unesco, puisque ce n’est pas un acronyme syllabique.
Quelle
règle ? La mienne ? Alors, oui… on devrait composer UNESCO.
Par chance et par définition, ma « règle » n’en est pas
une… En outre, elle n’est pas à moi…
O.
RANDIER :
J’en conclus que l’usage admet qu’Unesco est lexicalisé,
non ?
Non,
je ne conclurais certainement pas cela… Si j’adoptais ton mode de
raisonnement, je finirais par croire que… puisque l’usage dominant
élimine les points abréviatifs des sigles, CGT est devenu
un acronyme… Tu vois le tableau ?
À
F.L.L.F., du 14 au 19 janvier 2000.
G.
SOUVAY :
INaLF-CNRS Service Informatique.
INaLF ?
Cette graphie (typographiquement fort peu française…) est-elle
adoptée dans tous les documents de votre institut ?
(Ce
n’est pas une critique en l’air, pour le plaisir : les
motivations de telles pratiques m’intéressent beaucoup.)
P.
HALLET :
Le A d’appui restant minuscule, puisqu’il n’est pas
l’initiale d’un mot mais seulement la seconde lettre de
« national ».
Selon
le même « principe » et pour donner un brin de cohérence
à l’emploi de cet anglicisme graphique, je suppose que vous
écrivez AssEDIC ? ASSEDIC est tolérable (pas
par moi…), mais Assedic (acronyme partiellement
syllabique) est bien préférable.
P.
HALLET :
Au fait, quid du I de SMIC ?
Vestige
de « interprofessionnel »… et non deuxième lettre de
« minimum »…
P.
HALLET :
Étant Belge, je n’ai pas la moindre raison, à quelque moment que
ce soit, d’écrire assedic, de quelque manière que ce
soit.
Frottez-vous
de temps en temps à des cultures étrangères…
P.
HALLET :
Votre message me fait soupçonner qu’il s’agit d’assurances.
Ce
soupçon est, comme souvent, injustifié. Ass pour Association.
Pas confondre avec Assubel…
P.
HALLET :
Donc je suppose que oui, on écrirait AssEDIC selon le
principe cité.
Selon
votre « principe ».
Celui
qui va vous conduire à écrire BeNeLux, CoMEcon…
P.
HALLET :
J’ignore pourquoi vous parlez de ce principe entre guillemets.
Parce
que ce n’en est pas un…
P.
HALLET :
Et j’ignore en quoi il constitue un anglicisme (j’ai même des
doutes à ce sujet).
Si
vous ne voyez pas d’anglicisme dans AssEDIC (j’avais
pourtant fait un effort…), vous n’aurez pas votre DipESL (Diploma
in English as a Second Language) ! (Je vous expédie
cela avec mon bon MacSOUP… qui a quelque chose à voir avec
Simple Offline Usenet Protocol.)
T.
SCHOLLIER :
Et Capac signifie « caisse auxiliaire de paiement des
allocations de chômage ».
Donc,
CAPAC…
À
Typographie, le 21 janvier 2000.
P.
DUHEM :
Les acronymes lexicalisés peuvent s’écrire avec une cap et des
minuscules (Unesco).
Les
acronymes lexicalisés (au sens non orthodoxe d’« intégrés au
lexique ») ne prennent pas de capitale initiale (radar,
ovni, etc.). Mêmes les AFAT, une fois lexicalisées,
deviennent des afats… À quoi bon être lexicalisé… si c’est
pour conserver la marque des dénominations propres ?…
Quant
à l’acronyme UNESCO (ou Unesco, mais c’est à mon
sens regrettable…), il n’est pas lexicalisé et n’a aucune chance
de l’être un jour. Selon moi (et quelques autres…), pour prendre
la cap uniquement à l’initiale, il faut être à la fois un acronyme
syllabique (ou pseudo-syllabique) et une dénomination propre (Benelux,
Afnor, etc.).
À
F.L.L.F., le 26 août 2000.
L.
BENTZ :
Car j’ai effectivement vu, dans différents forums, écrire :
les FAQ, les FAQs, les faqs, les Faqs.
Les
FAQ sont très bien, les Faqs posent d’inutiles
problèmes — statut de la chose ? dénomination propre ?
—, et les FAQs sont inadmissibles. Quant aux faqs,
forme souhaitable pour un acronyme « lexicalisé » (une
faq, des faqs comme un ovni, des ovnis),
méritent-elles d’accéder déjà au panthéon lexical du « tout
minuscule » et de l’accord en nombre ? Possible… À
chacun de voir… Moi, je vote non… mais je ne ferai pas campagne…
À
Langue-Fr., du 14 au 16 mars 2001.
A.
LABONTÉ :
Un sigle ou un acronyme […] s’accorde en nombre s’il se prononce
comme un mot.
Si
ce n’était pas le cas, ce ne serait pas un acronyme… (en
français). Et si c’est le cas, ce n’est plus un sigle pur…
A.
LABONTÉ :
À remarquer que le ministère français de l’Éducation nationale
le recommande dorénavant pour les travaux de secrétariat.
Tant
qu’il s’agit de « travaux de secrétariat », il peut
recommander ce qu’il veut… même les pires dingueries.
A.
LABONTÉ :
De ne plus mettre de points abréviatifs dans le cas des sigles
(pour des raisons, discutables à mon avis, de contraintes
informatiques dans certains logiciels). Que l’on soit d’accord
ou non, cet usage existe et existera de plus en plus. Il fera
école (c’est le cas de le dire).
J’espère
bien que non. (Je suis sûr que non…)
A.
LABONTÉ :
Heureusement ou malheureusement (je dois dire que je trouve
lourd d’écrire O.T.A.N.,
O.N.U., etc. inutilement lourd).
Pas
de problème… On écrit OTAN, car il ne s’agit pas d’un
sigle pur (épelé) mais d’un sigle acronymique. Quant à ONU,
on fait ce que l’on veut, ou plus précisément on l’écrit comme on
le prononce… ou comme on souhaite qu’il soit lu… Voir plus bas.
A.
LABONTÉ :
Je suis donc d’accord pour des raisons de simplification.
Ce
n’est pas une simplification… au contraire ! c’est un
massacre (de plus…) qui complique la vie des lecteurs. Dire que ce
sont les mêmes qui se plaignent de l’écart entre langue orale et
langue écrite et qui, ici, tentent de ruiner une adéquation que
des conventions graphiques garantissent… l’OTAN et l’OUA
sont moins « simples » à lire que l’OTAN et l’O.U.A.
Cela
semble contraignant […] ? Pas du tout ! Ici, comme
toujours, c’est la loi qui garantit votre liberté ! Vous
prononcez ô haine, hue et tenez à le faire savoir ?
Écrivez O.N.U. Vous préférez prononcer eau nue ?
Écrivez ONU… N’abandonnez pas votre liberté à des
professionnels (typographes… ou pédagogues) qui ne cherchent qu’à
simplifier leur boulot… Pour celui qui écrit, la grande règle (la
seule, au fond…), c’est le respect du lecteur…
P.
DECLERCQ :
Un nom commun ne s’écrit pas en capitales : cela n’est pas
cohérent avec la logique typographique par ailleurs.
Parfois,
si… en particulier lorsqu’il s’agit de sigles, qui plus est de
sigles brefs, « lisibles » ou non. Écririez-vous un
gi, un ce, une ivg ?
P.
DECLERCQ :
Je garderais plutôt les capitales pour les institutions ou les
marques comme ONU ou BMW. Et encore, on voit
fréquemment écrit Fiat, ce qui n’est pas non plus très
choquant. Alfa Romeo, encore moins (Anonima Lombarda
Fabbrica di Automobili + Nicola Romeo).
Même dans les noms propres on peut donc lexicaliser assez vite.
Vous
prenez le problème à l’envers… Il n’y a pas de lexicalisation ici,
mais construction d’acronymes « propres » coïncidant
avec des termes d’un lexique donné, fût-il latin…
Le
cas de Fiat (Fabbrica Italiana Automobili Torino)
est particulièrement éclairant, surtout avec les modèles de
lux(e)…
P.
DECLERCQ :
Enfin à partir du moment où l’on écrit cd, le pluriel
pourrait être en toute simplicité cds.
Prononcé
cédéesse ? Si nous vous suivions, nous aurions aussi
des hlms, des bds, des gis, des ivgs,
des pvs ? Des crss ? Si vous renoncez au
s pour les sigles se terminant déjà par un s, comment
reconnaîtrez-vous ces ces (collèges d’enseignement
secondaire) et ces ces (comités d’entreprise) ? Déjà
que l’on a des contrats emploi solidarité…
À
F.L.L.F., du 10 au 11 août 2001.
S.
NATARAJA :
ASSEDIC. ASSociation pour l’Emploi Dans l’Industrie et le
Commerce.
Oui,
ce qui montre que ce n’est pas un sigle acronymique, mais un
acronyme partiellement syllabique… donc… qu’il ne faut pas
l’écrire ASSEDIC mais Assedic, car dans Ass…
il n’y a pas trois initiales…
P.
RIVAUD :
Donc : AssEDIC ou Ass.E.D.I.C. ?
Vous
écrivez BeNeLux et AFNor ? Peut-être même RaDAR ?
Non ? Alors, je me demande ce que veut laisser entendre votre
« donc ».
B.
ANDERSSON :
Monsieur, je n’ai pas moi-même inventé ce sigle en majuscules,
ce sont les Français qui ont préparé l’imprimé comme ça en
majuscules. Désolé.
Pas
en majuscules, monsieur, en capitales. Sur ma carte d’identité,
sous « RÉPUBLIQUE FRANÇAISE », mon patronyme et mes
prénoms sont eux aussi inscrits intégralement en capitales. Jamais
je n’ai cru que cela m’obligeait à les reproduire ainsi en toutes
circonstances.
Ouvrez
un Petit Larousse, vous découvrirez que d’autres Français,
non moins respectables mais sur ce point un peu plus compétents
que des employés de bureau, écrivent avec raison : Assedic.
À
Typographie, le 30 novembre 2001.
T.
BOUCHE :
On n’a pas à se soucier de savoir si un acronyme est syllabique,
un sigle ou quoi d’autre.
Et
voilà… Adieu consciencieux soucis… En une phrase, tu résumes bien
l’élégante problématique de nos marcheurs à semelles lisses :
ne pas se faire chier !
Le
lecteur, on s’en tape ! Il veut savoir de quoi t’est-ce qu’on
lui cause exaguetly ? Si on lui file un acronyme ou un sigle,
du hard ou du cochon ? N’a qu’à chercher lui-même, on n’est
pas payés pour ça !
Eh
bien si, camarades, vous (auteurs, oui, auteurs, éditeurs,
récriveurs, préparateurs, correcteurs, compositeurs, typochosistes
de toute sorte, voire graphistes, artistes de l’œil ou
d’ailleurs), vous êtes payés pour ça. Peut-être mal, mais c’est
une autre histoire.
Une
acropole, l’acropole de Thèbes, l’Acropole (d’Athènes).
« Le
dernier acte est sanglant, quelque belle que
soit la comédie en tout le reste : on jette enfin
de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais. »
Blaise PASCAL,
Pensées.
1.
•••
Dans les références, on numérote les actes d’une pièce de
théâtre ou d’une œuvre lyrique en chiffres romains, grandes
capitales (scènes en petites capitales) : Polyeucte,
acte IV, scène VI ;
les Pêcheurs de perles, acte III, sc. I.
Impr.
nat. 1990, Tassis
1870.
Ramat
1994.
Attention !
Si les scènes constituent les divisions principales d’une œuvre
(acte unique), on les numérotera en grandes capitales : les
Précieuses ridicules, scène IX.
Greffier
1898.
Remarque.
— Il n’y a là rien d’arbitraire. C’est la règle générale qui
s’applique : numérotation des divisions principales d’un
ouvrage en GRANDES CAPITALES ; divisions secondaires en PETITES
CAPITALES.
••
Dans les titres en vedette, on peut soit numéroter en
chiffres romains (sauf le premier acte), grandes capitales, soit
tout composer en lettres, grandes capitales :
ACTE PREMIER
ACTE IV
ACTE QUATRIÈME
••
Composition en lettres : c’était tellement nul que je suis
parti au début du troisième acte.
••
Numérotation en chiffres romains grandes capitales admise :
l’ouverture emprunte le thème du duo de l’acte III.
Élément
ajouté à la fin d’un texte pour réparer un oubli important (dû à
l’auteur, au compositeur, à l’imprimeur…). Ne pas confondre avec Addition
(note marginale) ou Ajout (voir ces
deux mots).
Il
peut s’agir de quelques paragraphes, de quelques pages ajoutées in
extremis ou, plus rarement, d’un livre entier. Dans le
premier cas, il convient de faire la différence entre appendice et
addenda ; dans le second, entre supplément et addenda.
Au
pluriel : un addenda, des addendas.
Invariable selon Académie
1994.
Un
appendice ne répare pas une omission. Il fournit des éléments liés
au sujet traité mais dont l’insertion dans le corps du texte
ruinerait la limpidité ou l’harmonie de l’exposé.
Un
supplément ne comble pas un trou ; comme son nom l’indique,
il donne des informations supplémentaires, qui, par exemple,
étaient indisponibles ou inexistantes lors de la rédaction et de
l’impression d’une édition antérieure. C’est le cas des mises à
jour d’encyclopédies, de dictionnaires techniques ou de langues
vivantes. En revanche, quand un corpus figé est publié avec une
prétention à l’exhaustivité, toute publication ultérieure visant à
le compléter est un addenda, ce que trop d’éditeurs feignent
d’ignorer, sans doute à cause d’une désagréable ressemblance entre
addenda et errata.
¶
Petite note placée en marge, hors de la justification, sans
appel de note. Ce dernier point la différencie des notes
marginales ou de bas de page qui exigent un appel dans le texte
courant.
Les
additions, ou manchettes, sont avant tout destinées à fournir des
repères chronologiques, des résumés, des concordances, des
références bibliographiques.
Leur
corps doit être inférieur à celui du texte courant et à celui des
éventuelles notes de bas de page. Le blanc qui les sépare du texte
courant doit être au moins égal à un cadratin de leur corps. La
première ligne de base d’une addition doit être alignée avec celle
de la ligne du texte courant où figure le premier mot auquel la
note se rapporte.
Aujourd’hui,
la composition est le plus souvent en drapeau.
Ne
pas confondre avec Addenda et Ajout
(voir ces deux mots).
•••
Que sa dénomination dérive d’un nom commun ou d’un nom propre,
l’adepte ne prend
jamais de majuscule initiale. L’adhérent, le disciple, le fidèle,
le membre pas davantage.
Toutes
les catégories sont concernées (religion, philosophie,
littérature, arts, politique, etc.) : un anglican, sept
bouddhistes, trois catholiques, un dadaïste, deux
existentialistes, un gnostique, un hindou, deux impressionnistes,
trois jansénistes, quelques kharidjites, soixante laxistes, trois
marxistes, quatre nudistes, deux oulipistes, dix presbytériennes,
un quiétiste, un rexiste, des saint-simoniens, deux trotskistes,
dix ultras, une voltairienne, un wahhabite, un zoroastrien.
Code
typ. 1993, Doppagne
1991, Girodet
1988,
Impr.
nat. 1990, Tassis 1870.
Pour
chrétien, {Chrétien}, chrétienté, Chrétienté, voir : Religion.
Albigeois
obéit à la règle. Lorsque ce terme désigne un, ou des, ou
les habitants d’Albi, il exige la majuscule initiale. En revanche,
lorsqu’il désigne un, ou des, ou les cathares, il l’exclut :
les albigeois n’étaient pas tous des parfaits ; les Albigeois
ne sont pas tous parfaits. Remarque similaire pour vaudois
(disciple de Pierre Valdo) et Vaudois (habitant du canton
de Vaud).
Juif
a un comportement identique. Élément d’un peuple : majuscule
initiale ; fidèle d’une religion : minuscule initiale.
Les Juifs furent persécutés par les nazis ; les juifs furent
persécutés par les chrétiens (voir : Religion).
Cas
particuliers :
Bizarrement,
la Révolution française a introduit des privilèges et de
regrettables entorses à la règle : {les Feuillants, les
Girondins, les Jacobins, les Montagnards}, etc.
Impr.
nat. 1990.
Lorsqu’il
désigne l’ensemble des services et des agents de l’État, ce mot
peut prendre une majuscule initiale. C’est « l’Administration
avec un grand A ». S’il désigne l’un de ses services ou ses
agents, il ne mérite que la minuscule initiale :
l’administration des Douanes.
Académie
1994, Impr.
nat. 1990, Larousse
1999, Robert
1993.
Code
typ. 1993, Doppagne
1991 {l’Administration des beaux-arts}.
Les
académiciens flottent : « Dans toute
l’administration ; y compris l’Armée […]. » – Jules ROMAINS,
Examen de conscience des Français > Toute
l’Administration, y compris l’armée.
École
nationale d’administration (ÉNA). Elle forme certes l’élite de
l’Administration mais on y enseigne l’art de l’administration.
Robert
1985 {École Nationale d’Administration, E.N.A.}.
Code
postal.
Les
recommandations de l’administration des Postes sont ineptes. Selon
elle, la ligne du code postal ne doit contenir aucun accent,
aucune minuscule, aucune ponctuation, aucun trait d’union, aucune
apostrophe :
89190
Villeneuve-l’Archevêque
89190
VILLENEUVE-L’ARCHEVÊQUE
89190
VILLENEUVE-L’ARCHEVÊQUE
ne
suffisent pas à son bonheur. Elle exige :
89190
VILLENEUVE L ARCHEVEQUE
Autres
curiosités administratives, parmi des dizaines d’autres :
29120
PONT L ABBE (29120 Pont-l’Abbé)
72530
YVRE L EVEQUE (72530 Yvré-l’Évêque)
85350
L ILE D YEU (85350 L’Île-d’Yeu)
À
quoi servent donc les cinq chiffres du code postal ? (89190 =
Villeneuve-l’Archevêque.) Faut-il effectuer un contrôle de
concordance ? La reconnaissance optique des caractères
s’étend aux minuscules et aux signes auxiliaires. Ces
bouffonneries ne doivent pas être prises au sérieux :
l’éventuelle faiblesse technique de notre tri postal ne confère
pas à ses responsables le pouvoir d’imposer le massacre
orthographique des toponymes.
Colignon
1983, Impr.
nat. 1990, Perrousseaux
1995 acceptent et préconisent l’officielle pitrerie
(il est, honnêtement, difficile d’en faire grief à l’Imprimerie
nationale).
I.
Accents, virgules et points
dans les adresses
À
Typographie, le 17 avril 1998.
La
Poste nous impose d’écrire le nom de la localité en majuscules,
sans accent, sans signe de ponctuation, précisément (ou
plutôt : prétendument…) pour assurer une redondance
optiquement reconnaissable…
Remarque.
— Moi, j’accentue les noms de localités, je mets les
apostrophes et les traits d’union… et mon courrier arrive à bon
port, dans des temps honorables…
À
Typographie, le 20 avril 1998.
T.
PEACH :
L’emploi de la virgule ne va pas par ailleurs sans me
surprendre, mon maître de français d’antan ayant insisté qu’il
s’agissait là d’un anglicisme (anglo-saxonisme ?), de sorte
que je m’en dispense même aujourd’hui et reste tout ébaubi
devant sa présence…
Moi
aussi… Je veux dire : je ne mets pas de virgule entre le
numéro et le nom de la rue. 1 rue des Abysses.
C’est
bien sûr un usage très minoritaire… par conséquent… non
recommandable ! Quant à savoir si la virgule est un
anglicisme, je n’ai pas de certitude, bien qu’Étiemble l’affirme…
Je
ne suis pas ébaubi, car certains peuvent prétendre que la virgule,
pour inutile qu’elle soit, remplit un de ses rôles
traditionnels : elle marque une ellipse. 1, rue des
Abysses = au numéro 1 de la rue des Abysses.
L’ennui, c’est que l’ellipse de la préposition et de l’article n’a
pas à être marquée… Sinon… l’apposition deviendrait un sport
impraticable…
Ce
qui pourrait me faire revenir au lourd usage dominant, c’est le
message de Jean Fontaine… En effet, fréquentes en Amérique du
Nord, les rues caractérisées par un simple ordinal posent un petit
problème… La virgule semble indispensable dans 1, 2e Rue…
même si, à la réflexion, l’effet décimal est assez curieux (mieux
vaudrait : 2e rue, 1)…
Comme cette façon de « nommer » les voies publiques est
étroitement localisée, je reste fidèle à l’espace simple…
Dans
les adresses belges, la virgule est obligatoire, puisqu’il y a
inversion : rue des Abysses, 1 = rue des Abysses, au
numéro 1.
Toutefois,
dans certains cas, on se retrouve avec des fantaisies à peine
moins ridicules que celles qui découlent de l’helvète suppression
de la virgule.
J.
ANDRÉ :
Le Guide romand précise : « Lorsque le numéro
précède le nom de la rue, il est suivi d’une virgule ; s’il
est placé après (forme usuelle en Suisse romande), la virgule
est supprimée : 39, avenue de France — avenue de
France 39. »
C’est
une recommandation absurde… à plus d’un titre. (Pour la langue,
voir ma réponse à T. Peach.) Sur le plan strictement
graphique, voyons ce que ça donne avec d’autres exemples : place
du 18-Juin-1944 32 — rue Albert II 3. Joli…
Tu
me diras que place du 14-Juillet-1789, 5 c’est à peine
moins perturbant…
A.
LABONTÉ :
Jean-Pierre Lacroux a écrit : « Quant à savoir si la
virgule est un anglicisme, je n’ai pas de certitude, bien
qu’Étiemble l’affirme… » Curieux, on m’a déjà dit
l’inverse.
L’inverse
de quoi ?… On ne peut dire qu’Étiemble n’a pas écrit
ceci : « Enveloppes : […] après le numéro de la rue
ou de la place, on n’oubliera pas la virgule, selon l’usage
américain […]. » (Parlez-vous franglais ? III,
3.) S’agit-il réellement d’une influence américaine ? Je suis
loin d’en être persuadé… En France, l’usage dominant
(correspondance privée, travaux de ville, édition, etc. […]) a
longtemps été l’inversion… mais avec une petite précision (no) :
rue des Abysses, no 1.
Et,
je l’espère (en vérité, je m’en fous… c’est mon usage, voilà
tout) : 1 rue des Abysses.
A.
LABONTÉ :
On y inscrit le no d’appartement avant le numéro de
rue, et séparé par un trait d’union. Ainsi, alors que l’on
écrivait auparavant : 71, rue St-Louis, app. 25 on
écrit maintenant ici : 25-71, rue St-Louis.
Qu’est-ce
qu’on fait quand une adresse correspond à plusieurs numéros ?…
L’usage français est : 12-14, rue des Abysses. Nous
ne sommes pas près d’adopter l’étrange système de Cloche Canada… 25-71-73,
rue Saint-Louis ?…
À
Typographie, du 20 au 22 mai 1999.
J.
FONTAINE :
Quelqu’un connaît l’origine de cette convention (pas toujours
suivie) de la virgule après le numéro dans les adresses ?
Pas
précisément, mais a priori, enfin à vue de nez, il y en a deux.
1.
L’ellipse légitime. On peut écrire (aujourd’hui uniquement au sein
d’une phrase ou d’une enseigne archéobranchée) : au 5 de
la rue des Alouettes. Tout en maintenant l’article contracté
initial, on peut écrire elliptiquement : au 5, rue des
Alouettes. Normal, la virgule indique une ellipse (« de
la », ou « du » s’il s’agit d’un boulevard…).
Encore
faut-il qu’il y ait un premier déterminant… et c’est là que nous
arrivons à l’horreur du point deux…
2.
Un legs du goût maladif de la symétrie. Une adresse pouvait
s’écrire ainsi : À Saint-Locdu, rue des Alouettes, au Nid
de Poule. Puis : À Saint-Locdu, rue des Alouettes,
no 5. Puis : rue des Alouettes, 5.
Toutes
ces virgules sont justifiées « syntaxiquement ». Elles
marquent soit une rupture, soit une ellipse.
Puis,
finement, on a écrit : 5, rue des Alouettes, 5.
Élégant comme un dessus de cheminée. Quand on s’est rendu compte
que c’était franchement con, on a écrit, en conservant la virgule
de symétrie : 5, rue des Alouettes.
L’ordre
est enfin le bon, puisqu’il conduit du particulier (identité) au
général (localité, voire pays), mais la virgule qui sépare ici le
numéro et la voie publique ne signifie rien. Où est la
rupture ? Où est l’ellipse ? (Attention ! tous ces
« puis » ne sont pas à prendre au pied de la lettre… les
usages se recouvrent sur de longues périodes, mais en gros c’est à
peu près ça, ou pas loin…)
EFGÉ :
Chez M. Dugenou, rue de l’Arbalète. Au numéro 18, rue de
l’Arbalète. Au 18, rue de l’Arbalète. Je n’y vois, finalement,
rien d’illogique ni de choquant.
Elle
est bonne. Évidemment qu’il n’y a là rien de choquant… puisque
dans tous vos exemples la virgule est justifiée. Manque le bon,
celui qui pose un petit problème… Je recommence… (en oubliant
Dugenou, qui à mon avis n’est pas un numéro) :
Il
crèche au 18 de la rue de l’Arbalète.
Il
crèche au 18, rue de l’Arbalète.
Il
crèche rue de l’Arbalète. Il crèche au 18.
Il
crèche 18 rue de l’Arbalète.
Tout
cela est parfait.
Si
vous préférez : Il crèche 18, rue de l’Arbalète, j’aimerais
savoir pourquoi. J’aimerais connaître le rôle de cette virgule.
Que marque-t-elle ?… À mon sens, il crèche 18 de la rue
de l’Arbalète ou il crèche 18 (virgule, car nous
passons à autre chose, éventuellement de même fonction) rue de
l’Arbalète n’en ont aucun.
A.
JOLY :
Cela m’amuse de constater que les exemples donnés pour justifier
l’emploi de la virgule transposent les adresses dans un contexte
littéraire.
Si
j’ai bien compris les messages précédents, il me semble que nous
sommes d’accord pour trouver inutile (et même, en ce qui me
concerne, absurde) la virgule qui sépare le numéro et le nom de la
voie publique dans les adresses pures et dures.
En
revanche, je ne vous suis pas quand vous contestez l’intérêt d’une
immersion de l’adresse dans une phrase. C’est précisément le moyen
le plus simple de démontrer l’ineptie de cette virgule.
À
France-Langue, le 28 février 2000.
K.
MUKUNDI :
Pour revenir à la question des perles qui parent les enveloppes,
en Suisse romande, la Genève internationale exceptée (voisinage
de la France oblige), on place d’abord l’avenue, ou la rue,
etc., avant le numéro. On écrira ainsi : Monsieur
Machin Impasse des Bleuets 2 (pas de virgule, donc).
Si…
là, il en faut une. Cela se comprend : imaginez que le nom de
la voie publique se termine par un nombre exprimé en chiffres
arabes…
Là
encore, attention ! Dans la présentation « à la
française » (numéro d’abord), l’absence de virgule est
correcte (et c’est le meilleur choix…), mais c’est une pratique
minoritaire et condamnée par la plupart des « experts ».
À vous de voir si vous avez envie d’emprunter les sentiers de la
raison ou ceux du conformisme.
II. Un point après une adresse Internet ?
À
Typographie, du 3 au 5 août 2001.
J.-C.
LENORMAND :
Je me suis mal fait comprendre. Mon problème n’est pas
l’insertion d’un tiret conditionnel pour les retours à la ligne
mais sur une URL en fin de phrase et donc avec un point collé à
la fin de l’URL.
Exemple :
mon site est http://www.image-et-net.com. Le point collé
au « com » me gène car il porte à confusion, donc
jusqu’à maintenant je rajoutais un espace comme ceci : mon
site est http://www.image-et-net.com . en étant tout à
fait conscient que c’est typographiquement (très) incorrect. […]
Concrètement,
je cherche la présentation la plus correcte : mon site est
http://www.image-et-net.com ; mon site est http://www.image-et-net.com
. ; mon site est <http ://www.image-et-net.com> ;
ou toute autre proposition…
P.
JALLON :
Si la publication — ou la page — est en couleurs, composer l’URL
en choisissant une couleur discrète. Si elle est en noir et
blanc, utiliser un niveau de gris bien lisible, mais
identifiable comme tel.
Dernièrement,
le peuple est devenu très con, y a pas à dire. Naguère, tu lui
communiquais ton adresse en écrivant un truc du genre : Ducon,
874 (,) av. des Bleuets, 99154 Bagdad. Miracle ou
mystère de l’entendement humain, il t’envoyait une bafouille, le
brave peuple, en inscrivant ceci sur l’enveloppe : 99154
BAGDAD — Incroyable… pas de point après
« Bagdad » !
Je
cherche une explication, il doit bien y en avoir une, oui,
voici : en cet âge d’or, le peuple soupçonnait, d’instinct —
il était malin, alors —, que certains signes, pris dans le flux
syntaxique de ton texte, n’étaient plus de mise en d’autres
circonstances.
Chers
amis de la chose imprimée et du machin virtuel, que s’est-il passé
entre-temps ? Quelle influence mettre en cause ? Des
forces telluriques néfastes ? Extraterrestres ? (Pour
ceux qui rétorqueraient qu’un point peut figurer dans une adresse
ridiculaire, je signale qu’il y en a un dans l’adresse de mon
correspondant mésopotamien telle que je l’ai indiquée…).
•••
Tous les mots commençant par le préfixe « aéro »
s’écrivent sans trait d’union : aéroglisseur, aérospatial,
aérotransporté, etc.
Une
seule exception, injustifiable : aéro-club (des aéro-clubs).
Sur ce point, la rectification du Conseil supérieur de la langue
française est à adopter sans hésitation : un aéroclub, des
aéroclubs.
Robert
1993.
Aérotrain prend, en principe, la majuscule initiale :
c’est le nom déposé d’un engin qui glissa quelque temps entre la
banlieue de Paris et celle d’Orléans.
Robert 1993,
Universalis
1990.
« L’aristocratie
a trois âges successifs :
l’âge des supériorités, l’âge des privilèges,
l’âge des vanités : sortie du premier,
elle dégénère dans le second et s’éteint
dans le dernier. »
François René de CHATEAUBRIAND,
Mémoires d’outre-tombe.
« Qui
croirait que ce châtiment d’enfant
reçu à huit ans par la main d’une fille de trente
a décidé de mes goûts, de mes désirs,
de mes passions […]. »
Jean-Jacques ROUSSEAU,
les Confessions.
1.
••
Dans la quasi-totalité des occurrences, l’âge d’un être, d’une
chose ou d’une abstraction s’écrit et se compose en lettres.
Berthier
&
Colignon 1979, Bref
Larousse 1995, Code
typ. 1993, Girodet
1988, Gouriou 1990,
Guéry 1996.
Impr.
nat. 1990, Perrousseaux
1995 (chiffres arabes).
Exemples.
— Mon chien va sur ses quinze ans ; Schubert est mort
à trente et un ans ; elle entre dans sa treizième
année ; ce porto aura bientôt cinquante ans ; ce siècle
avait deux ans… Jean-Hubert a déjà six mois.
•
Dans les ouvrages spécialisés, les chiffres arabes sont
admissibles, voire recommandés dans les énumérations, les
comparaisons et, naturellement, dans les tableaux.
Exemple.
— « D’abord une aggravation des retards scolaires avec
l’âge : 44,14 % à 11 ans, 73,50 % à
12 ans, 81,48 % à 13 ans et 83,03 % à
14 ans. » – Henri SALVAT,
l’Intelligence, mythes et réalités.
¶
En fin de ligne, on ne peut séparer un nombre exprimé en chiffres
du terme auquel il se rapporte (11 / ans). Il est en
revanche parfaitement licite de couper après un nombre exprimé en
lettres (onze [ ans).
•••
Âge n’a
jamais de majuscule initiale, sauf dans Moyen Âge.
Exemples.
— L’âge d’or, l’âge d’argent, l’âge d’airain, l’âge de
fer (âges mythiques). L’âge de la pierre taillée, l’âge de la
pierre polie, l’âge du bronze, l’âge du fer, l’âge du
renne, du mammouth, etc. (périodes préhistoriques et
protohistoriques). L’âge d’or, le troisième âge, l’âge de raison,
etc. (sens figuré).
L’Âge ingrat est une comédie d’Édouard Pailleron, l’Âge
d’airain est une œuvre d’Auguste Rodin.
Moyen
Âge : trait d’union très déconseillé. Pour le reste,
selon Thomas
1971, il faut choisir : ou l’on écrit
l’Antiquité, le Moyen Âge, les Temps modernes, ou l’antiquité, le
moyen âge, les temps modernes. De nos jours, l’emploi de la
majuscule semble devenir la règle. Elle n’est pas nécessairement
judicieuse ; suivons-la néanmoins, sans hésiter : le
Moyen Âge.
Académie
1994,
Girodet
1988, Gouriou 1990,
Guéry 1996,
Impr.
nat. 1990, Larousse 1985,
Larousse 1999,
Lexis 1989,
Robert
1993, Thomas
1971 et, si cela ne suffit pas : Paul Verlaine.
Catach
1994 [Moyen âge], Hanse
1987 : moyen âge, [Moyen âge], Larousse
1885, Littré
1872 : moyen âge, Robert
1985 : moyen âge, {moyen-âge}.
À
F.L.L.F., le 19 décembre 1999.
MONTCALM :
Le moyen âge n’est pas correct ?
Je
n’ai pas dit ça (mais je le pense très fort…). J’ai laissé
entendre que des graphies contradictoires dans des dictionnaires
du même éditeur ne pouvaient que perturber le lecteur.
MONTCALM :
Hanse admet Moyen Âge, moyen âge et Moyen
âge.
Il
est bien le seul… Il a trouvé Moyen âge dans quelques
bouquins mal relus, mais il s’est bien gardé de justifier cette
graphie. Sa collection est d’ailleurs incomplète : manque le
moyen Âge… et les mêmes variantes avec trait d’union…
MONTCALM :
Il me semble que les majuscules ne s’imposent pas.
Comme
l’insinuait le cher Thomas, il ne vous reste plus qu’à écrire l’antiquité
et les temps modernes…
À
F.L.L.F., le 10 janvier 2001.
L.
BENTZ :
Le Lexique de l’Imprimerie nationale ne donne que Moyen
Âge.
Il
a bien raison… et il n’est pas seul : c’est aujourd’hui la
forme dominante (dans les ouvrages de référence), donc, pour les
ceusses qui se veulent respectueux du bon usage, la forme
correcte…
L.
BENTZ :
Sur le Haut, on peut (peut-être, m’avancéj avec
prudence) appliquer la règle des régimes (comme Second
Empire)…
Tssss…
Même les époques, à commencer par la Belle, désignées par
un adjectif antéposé et un substantif ne seraient d’aucune aide…
L.
BENTZ :
… et retenir Haut Moyen Âge (sinon, pourquoi l’illogique
haut Moyen Âge au lieu de haut moyen Âge ?).
Rien
d’illogique dans la graphie haut Moyen Âge, au contraire…
et les deux horreurs citées le démontrent… en accordant le même
statut à deux qualificatifs qui ne qualifient pas la même chose…
L’Âge en question serait donc haut et moyen
à la fois ? De quoi troubler le lecteur…
Haut
ne qualifie pas Âge, mais Moyen Âge. Seul le trait
d’union pouvait sauver le Haut Moyen-Âge… Quand on écrit Moyen
Âge (comme il convient de le faire aujourd’hui…), on écrit haut
Moyen Âge…
À
F.L.L.F., le 10 août 2001.
Moyen
Âge est aujourd’hui la seule graphie recommandable. Pas de
discussion, circulez, y a rien à voir !… […] Quant au trait
d’union… que ceux qui s’accrochent à moyen-âge ou à Moyen-Âge
écrivent temps-modernes ou Temps-Modernes… et, sur
leur lancée, pendant qu’on y est, trait-d’union…
À
Typographie, le 11 décembre 2001.
É.
ANGELINI :
… mais la phrase du Grand Bob : « On écrit moyen
âge, Moyen âge, Moyen Âge, moyen-âge, Moyen-âge,
Moyen-Âge. » … ne signifie-t-elle pas :
« Nous constatons les graphies (…) » ?
Causons
un peu lexicographie… J’imagine que tu n’ignores pas une de ses
conventions les plus utiles… celle qui consiste à donner les
graphies des variantes dans un ordre « préférentiel »
décroissant. Ainsi, la graphie considérée par beaucoup d’ouvrages
de référence comme la plus (voire aujourd’hui la seule)
recommandable, Moyen Âge, nous est-elle offerte en
troisième position, après l’inepte Moyen âge. Je crois que
le gros Bob s’oublie un peu.
Élément
ajouté par l’auteur dans un texte déjà composé. Si les corrections
d’auteur dans le texte en placard sont évidemment admissibles, les
longs ajouts effectués sur les épreuves mises en pages le sont
beaucoup moins.
Rien
à voir avec Addenda ou Addition.
Voir néanmoins à ces deux mots.
1. Vocabulaire
•••
Alinéa (du latin a « de, depuis », linea
« ligne ») a une triple signification : ligne dont
le premier mot est rentré ; renfoncement ménagé au début
d’une ligne nouvelle ; par extension, portion d’un texte
comprise entre deux de ces renfoncements.
La
dernière partie de la définition, pourtant classique, est
approximative, quasi absurde : à la lettre, elle implique
qu’il ne peut y avoir de dernier alinéa… Il est pourtant sage de
l’adopter et de s’en tenir là : inutile d’ajouter à la
confusion en faisant d’alinéa un synonyme de paragraphe.
Un alinéa (portion de texte) est compris entre deux alinéas
(renfoncements). Un paragraphe est séparé d’un autre paragraphe
par une ou plusieurs lignes blanches (un ou trois astérisques
viennent parfois aider à borner les territoires, voir : Astérisque,
Paragraphe).
Un paragraphe peut accueillir plusieurs alinéas.
Académie
1994, Drillon
1991, Gradus
1980, Grevisse
1986, Impr.
nat. 1990, Littré 1872.
Guéry
1990, Larousse
1999, Lexis 1989,
Richaudeau
1989, Robert
1985.
¶
La composition dite « en alinéa » (seule la première
ligne de chaque alinéa est rentrée d’un alinéa) s’oppose à la
composition dite « en sommaire » (toutes les lignes sont
rentrées à l’exception de la première).
Quelle
que soit la force du corps utilisé, l’alinéa (renfoncement) a en
principe la valeur d’un cadratin (blanc carré de la force du
corps ; pour la mesure du cadratin en P.A.O., voir : Cadratin §3).
Lefevre
1855.
L’alinéa
ne doit pas être mesquin : on ne lui attribuera jamais une
valeur inférieure au cadratin. Dans certaines compositions
« plus ou moins disproportionnées » (exemple :
corps trop petit pour la justification, interlignage généreux), il
sera même judicieux d’augmenter sa valeur jusqu’à un cadratin et
demi, voire deux cadratins. Hormis ces cas, on se gardera de
l’élargir sans motif : nécessairement supérieure à celui-ci,
la longueur des lignes creuses inadmissibles en fin d’alinéa sera
augmentée d’autant. Voir : Ligne
creuse.
Les
logiciels de traitement de texte permettent de créer des
paragraphes (touche Retour) et des
« aller-à-la-ligne-sans-retrait » (touches
Majuscule-Retour). En revanche, et c’est très regrettable, ils ne
peuvent créer de vrais alinéas au sein d’un paragraphe dont la
mise en forme inclut des blancs « interparagraphes ». Si
l’on compose un texte courant avec des alinéas (retraits), il est
sage de donner une valeur nulle aux espaces qui séparent les
paragraphes, afin que la touche Retour engendre des alinéas… Les
vrais paragraphes sont ensuite créés par l’adjonction d’une ligne
blanche. La force de cette ligne dépend de la nature du texte, du
format, de la mise en pages. Voir : Paragraphe.
Williams
1992.
(Si
l’on compose sans retrait, on ne peut hélas échapper à ces blancs
caractéristiques de la correspondance commerciale anglo-saxonne.)
3. ¶ Cas particuliers
3.1.
Les mots en apostrophe au début des lettres ou des discours se
rentrent d’au moins deux cadratins, voire plus sur les grandes
justifications.
Lefevre
1855.
3.2.
Lorsqu’une phrase ou un alinéa sont interrompus par une citation —
ou un exemple — composée sur une justification différente, la
reprise s’effectue sans renfoncement (minuscule initiale dans le
cas d’une phrase interrompue).
En
revanche, s’il n’y a pas de rupture, l’alinéa suivant commence par
un renfoncement.
Frey 1857,
Lefevre
1855.
Marcel
Proust, dans Du côté de chez Swann, fournit de magnifiques
exemples :
3.3.
Poésie.
Alinéas
dans la
composition des
vers, voir : Vers.
Retrait d’alinéa et début de paragraphe
À
France-Langue, le 5 novembre 1998.
P.
LABELLE :
De plus, il est mieux de ne pas mettre de retrait à chaque
paragraphe, utilisez plutôt une espace fine (em dash ou
en dash, en anglais) qui correspond à la taille du
caractère.
Si
je vous lis bien, l’espace fine ou quart de cadratin aurait la
valeur du cadratin (blanc de la force du corps)… et se
traduirait en anglais par des expressions signifiant
« tiret sur cadratin » (em dash) et
« tiret sur demi-cadratin » (en dash)…
Je
me doute bien que ce n’est pas ce que vous avez voulu dire… mais
je redoute que ce ne soit ce qui aura été compris par
quelques-uns de vos lecteurs. Sur l’essentiel, nous sommes
d’accord, le retrait d’alinéa a au minimum (et, par tradition,
idéalement) la valeur du cadratin. Toutefois, ce n’est qu’une
généralité… applicable aux compositions
« ordinaires ». Si certains paramètres (empagement,
justification, chasse du caractère, etc.) s’écartent de
l’« ordinaire », il est sage d’user de ses yeux pour
modifier (augmenter un chouïa…) la valeur du retrait.
Remarque
annexe… Le retrait d’alinéa concerne au premier chef les
alinéas… Pour les paragraphes (qui peuvent contenir plusieurs
alinéas…), il faut autre chose… Du moins dans les acceptions
données à ces deux termes par la langue encore précise des
typographes.
À
Typographie, du 7 au 13 mai 1997.
J.
ANDRÉ :
On appelle renfoncement ou retrait (indentation en franglais
de P.A.O.) le blanc en début d’alinéa. Généralement, il s’agit
d’un cadratin. Pour des petites justifications (journaux,
livres de poche, etc.) ça va. Mais dès que la justif est un
peu longue, je trouve cette valeur bien trop petite : si
ce blanc remplit bien son rôle de marqueur de début d’alinéa,
je trouve que sur une page entière, ça fait des bords
irréguliers (surtout si les alinéas sont eux-mêmes courts,
c’est-à-dire s’il y a peu de lignes dans chacun). Existe-t-il
quelque typographe qui ait écrit quelque chose sur ce
sujet ?
Dans
les compositions « ordinaires » ou équilibrées (corps,
interlettrage et interlignage bien adaptés à la justification,
emploi d’un caractère « raisonnable »), le
renfoncement traditionnel d’un cadratin me semble faire
l’affaire. Toutefois, l’art typographique a ceci de plaisant
qu’il associe conventions rigides et liberté de s’en affranchir
allégrement…
A.
HURTIG :
Voilà une distinction [entre alinéa et paragraphe] un peu
bizarre, et qui ne tombe pas sous le sens commun.
Possible…
Elle figure néanmoins dans quantité de codes et de manuels
publiés au cours des deux siècles précédents (la dactylographie
n’y est pour rien).
Toutefois,
cela n’est pas l’essentiel, car ces ouvrages regorgent de
conventions qui ne tombent pas sous le sens commun… Ce qui
compte, c’est que cette distinction entre paragraphe et alinéa
est mise en œuvre dans quantité de textes, littéraires ou non.
De grands et de petits écrivains l’ont parfaitement maîtrisée.
Oublier les subtilités qu’elle permet serait très dommageable.
A.
HURTIG :
En pratique, pour les indications de mise en pages fournies
par les auteurs, j’écarte par principe celles qui ne rentrent
de toute façon pas dans la charte graphique de la collection
(du genre plein d’espaces entre les par… les alinéas, pardon,
du genre gras-italique-souligné-relief, etc.), et les
fantaisies que rien ne vient justifier (dues uniquement à
l’ivresse de la puissance que donnent les traitements de
textes et autres outils de présentation).
Entièrement
d’accord, mais les exemples que vous donnez sont un peu
caricaturaux. Il me semble abusif de mettre dans le même sac les
délires du genre « gras-italique-souligné-relief » et
la volonté d’un auteur d’articuler subtilement son texte. La
distinction (théorique) entre alinéa et paragraphe relève
davantage de la ponctuation que de la pure typographie. La force
du blanc est sans aucun doute le bien du typographe, non sa
présence.
J’ai
reçu quelques messages privés… je réponds ici à tous… où l’on
m’explique que je suis dans l’erreur et qu’un paragraphe est
avant tout défini par un retour à la ligne (on en fait ainsi un
strict synonyme d’alinéa). Je veux bien, mais alors l’Académie,
Drillon, Grevisse, Littré et quelques autres sont dans l’erreur…
sans compter la plupart des typographes.
Ce
qui explique peut-être la confusion, c’est le vocabulaire
imprécis des logiciels et le succès de l’atroce composition sans
renfoncement, qui contraint bien souvent à introduire du blanc
entre deux alinéas.
Je
me suis peut-être mal exprimé, mais je ne crois pas avoir écrit
que la distinction entre paragraphe et alinéa devait
obligatoirement être introduite dans tous les textes… On a bien
le droit d’écrire et de composer sans paragraphe (et même sans
alinéa…). Je me suis borné à rappeler qu’alinéa et paragraphe
correspondent à des degrés différents dans l’articulation de la
pensée, donc du texte, donc de la composition.
Le
paragraphe ne doit pas être d’abord défini par des critères
physiques (en l’occurrence typographiques), et là j’ai été un
peu rapide dans mon précédent message. Ces critères changent (à
l’origine, et c’est la signification étymologique, on le
repérait grâce au signe « ¶ » placé « à
côté » du texte ; depuis fort longtemps, c’est la
ligne de blanc, parfois même les trois astérisques en triangle
en début de paragraphe).
Ce
qui compte, c’est qu’il correspond dans la pensée à une unité
cohérente. Si l’on passe à une autre, on passe à un autre
paragraphe. L’alinéa est beaucoup plus souple d’emploi, et l’on
va à la ligne quand on veut…
À
Typographie, du 24 au 25 janvier 1998.
P.
CAZAUX :
Peut-être suis-je dans le faux, mais voici ce que je crois
savoir : le retrait d’alinéa a pour but de faciliter
l’accroche par l’œil du lecteur du début d’un paragraphe.
Non…
en début d’alinéa…
P.
CAZAUX :
Il a sa raison d’être dans un texte dense composé en continu,
et où l’on ne saute pas de ligne entre les paragraphes. Si
l’on fait ce dernier choix, le retrait de première ligne fait
double emploi et ne se justifie plus.
Si…
Paragraphe et alinéa ne sont pas synonymes. Un paragraphe peut
contenir plusieurs alinéas. La ligne blanche est un des
attributs traditionnels des paragraphes.
P.
CAZAUX :
D’ailleurs, dans une compo soignée, on n’en met pas au premier
paragraphe suivant un titre, car il n’en a pas besoin.
Ça
se discute… (mais pas à cette heure-ci… enfin si, juste un mot…
à ce compte-là, pourquoi diable mettre des lettrines pour
indiquer l’évidence : « On commence
ici » ?).
P.
CAZAUX :
Pour ma part, je préfère le retrait d’alinéa […] au saut de
ligne qui me paraît être une rupture trop importante.
Il
n’y a pas à choisir, puisqu’il s’agit de deux signaux
différents… Retrait d’alinéa pour les alinéas, ligne blanche
pour les paragraphes.
J.
MELOT :
En réalité, cela nous vient d’Amérique du Nord ou, je dirais,
plus probablement, de Grande-Bretagne, comme le plus souvent.
C’est
exact… mais je voudrais nuancer le propos. Cela nous vient des
« mauvais » typographes anglo-saxons, qui, comme chez
nous, sont par nature les plus nombreux… Si vous observez bien
le travail de certains typographes, anglais et raffinés, vous
verrez que dans les paragraphes initiaux composés sans retrait,
le ou les termes initiaux sont composés en petites capitales…
c’est-à-dire en suivant la règle applicable aux lettrines !
Lorsque les termes initiaux sont composés en bas de casse, les
bons typographes anglais introduisent un retrait d’alinéa même
au premier paragraphe d’un chapitre.
À
Typographie, le 9 novembre 1999.
F.
POMMEREAU :
Les alinéas (ou paragraphes, on ne va pas se battre).
Si…
justement, je suis prêt à me
battre… Car cette distinction est essentielle ! C’est bien
parce qu’ils l’ignorent que Perrousseaux et d’autres (ici même…)
racontent n’importe quoi.
Elle
est si importante, si liée à la structure d’un texte donné,
qu’elle ne dépend pas des typographes d’hier ou d’aujourd’hui…
Heureusement… Manquerait plus que ça…
Et
si on leur demandait de décider ce qu’est un chapitre ? ou
une phrase ?
Ou
un vers ?
Dieu
que les « paragraphes » sont nombreux dans
la poésie !… À n’y pas croire…
« Certes
aucun imbécile n’eût songé jadis
à nier le caractère universel de la Douleur,
mais la douleur universelle était discrète. »
Georges BERNANOS,
les Grands Cimetières sous la lune.
Les noms communs désignant des allégories (personnification ou
expression par une image quelconque d’une idée abstraite) ou des
symboles s’écrivent en principe avec une majuscule initiale.
Impr.
nat. 1990.
Exemples.
— Ils sont morts pour le Drapeau ; la Vérité retourne
dans son puits.
« Les
allemands [sic], pour avoir inventé l’art
Typographique, sont ceux qui y ont fait
jusqu’ici le moins de progrès. Ils sont dans
l’usage d’espacer les titres faits du caractère
bas de casse, ce qui n’est point agréable à
l’œil, parce que ces lettres doivent être liées
les unes avec les autres. »
Antoine-François MOMORO,
Traité élémentaire de l’imprimerie.
Si
l’on doit intégrer une citation allemande au sein d’un texte
français, on se gardera d’adopter toutes les conventions
typographiques allemandes. En revanche, on respectera les
conventions orthographiques, par exemple la majuscule initiale
des substantifs :
»Nr. 2:
Dr. Martin, 19. Jahrhundert.« devient « No 2 :
Dr Martin, XIXe siècle. »
Abréviations
Abb.
|
Abbildung
|
figure |
fig.
|
|||
Bd.,
Bde.
|
Band,
Bände
|
volume(s)
|
vol.
|
|||
d.
h.
|
das
heißt
|
c’est-à-dire
|
c.-à-d.
|
|||
Dr.
|
Doktor
|
docteur
|
Dr
|
|||
Fr.
|
Frau
|
Madame
|
Mme
|
|||
Frl.
|
Fräulein
|
Mademoiselle
|
Mlle
|
|||
Hr.
|
Herr
|
Monsieur
|
M.
|
|||
Hs.
|
Handschrift
|
manuscrit
|
ms.
|
|||
Hss.
|
Handschriften
|
manuscrits
|
mss
|
|||
K.,
Kap.
|
Kapitel
|
chapitre
|
chap.
|
|||
n.
Chr.
|
nach
Christus
|
après
Jésus-Christ
|
apr.
J.-C.
|
|||
Nr.
|
Nummer
|
numéro
|
no
|
|||
o.
J.
|
ohne
Jahr
|
sans
date
|
s.
d.
|
|||
o.
O.
|
ohne
Ort
|
sans
lieu
|
s.
l.
|
|||
s.
|
siehe
|
voir
|
|
|||
S.
|
Seite
|
page(s)
|
p.
|
|||
usw.
|
und
so weiter
|
et
cetera
|
etc.
|
|||
v.
Chr.
|
vor
Christus
|
avant
Jésus-Christ
|
av.
J.-C.
|
|||
vgl.
|
vergleiche
|
confer
(comparer)
|
cf.,
cf.
|
|||
z.
B.
|
zum
Beispiel
|
par
exemple
|
p.
ex.
|
Sigles
Dans les textes composés en allemand, les sigles ne prennent pas de point abréviatif : Die Koalition von CDU und FDP. En revanche, dans les textes composés en français, les sigles allemands obéissent à la règle française : la coalition de la C.D.U. et du F.D.P.
AG
|
société anonyme | |
GmbH
|
société à responsabilité limitée | |
IG
|
groupement d’intérêts |
Accents
Tréma :
ä, ö, ü
Division
On
ne coupe pas « ch » et « sch ».
Ponctuation
Les
signes de ponctuation haute sont collés au signe qui les précède.
Les
guillemets »allemands« ont un comportement opposé à
celui de leurs homologues « français ». Lorsque les
nôtres « ouvrent », eux »ferment«, et vice versa.
Les
nombres ordinaux sont marqués d’un point après le dernier
chiffre : 15. (français : 15e).