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Troisième
partie :
Débats sur Internet
I.
Prononciation et ponctuation des abréviations
À
Typographie, du 17 au 21 décembre 1997.
J.
FONTAINE :
La tentation est grande de trancher le nœud gordien avec des
règles catégoriques et radicales, dans un sens ou dans l’autre,
pour simplifier la vie de tout le monde. Mais ça ne la simplifie
pas toujours, car les règles rigides viennent parfois se
contredire les unes les autres… Je crois que, sur cette
question, chaque cas est particulier.
D’accord
pour récuser les règles simplistes qui ne font que compliquer les
choses. Je suis moins convaincu par votre conclusion… Ne soyez pas
trop radical à votre tour : chaque cas n’est pas particulier…
Ce qu’il faut, c’est rendre les règles subtiles !
J.
FONTAINE :
Les problèmes de terminologie n’aident pas à clarifier toute
cette question. Tous les auteurs (et lecteurs) n’entendent pas
la même chose par sigle, acronyme, abréviation,
mot-valise, lexicalisation… Peut-on appeler sigles
des abréviations comme SDF, PIB et BCBG ?
Si,
si, la terminologie aide à clarifier cette question ! Je
crois même que sans elle on ne peut pas s’en sortir… Si les
auteurs (et les lecteurs) n’entendent pas tous la même chose, tant
pis, le cas n’est pas unique…
S.D.F.,
P.I.B. et B.C.B.G. sont des sigles et ne sont pas
des abréviations (au sens typographique du terme). Examinons le
petit terrain de la graphie en remontant en haut de la
classification, au niveau de la langue… Il existe trois grandes
façons d’abréger un mot (ou une expression).
1.
La troncation. Ma préférée, car c’est une activité de plein
vent, à la portée de tous, qui enrichit la langue. Elle s’effectue
à l’oral et se répercute à l’écrit sans artifice graphique. Pneumatique
> pneu ; faculté > fac,
etc.
Donc ORAL > ÉCRIT
2. L’abréviation. C’est une activité de bureau… Elle est soumise à de nombreuses règles, mais ce n’est pas grave, car elle n’a quasiment aucune influence sur la langue ! Elle s’effectue à l’écrit et ne se traduit pas à l’oral. Mademoiselle > Mlle, zoologie > zool., qui ne se lisent pas mleu et zohol, zol ou zoul… mais mademoiselle et zoologie…
Donc ÉCRIT > ÉCRIT.
3. La siglaison… C’est également une activité de bureau : elle s’effectue à l’écrit mais se répercute à l’oral ! C’est donc une activité beaucoup plus risquée (dangereuse ?) que l’abréviation ! Sans domicile fixe > S.D.F. qui se dit essedéheffe…
Donc ÉCRIT > ORAL…
Hormis
quelques détails, la troncation ne pose aucun problème de
composition. En revanche, l’abréviation et la siglaison, qui se
subdivisent chacune (surtout l’abréviation…) en de nombreuses
catégories, devraient être étudiées finement par tous ceux qui, de
près ou de loin, s’intéressent à la langue écrite. J’observe avec
quelque tristesse que ces questions sont traitées un peu vite (et
souvent assez mal) dans les ouvrages de référence (grammaires,
codes typographiques, etc.). Or, depuis Gutenberg… on n’a jamais
tant usé de l’abréviation et de la siglaison… Problème…
J.
FONTAINE :
Sous-question encore plus grave : dans « M’sieu
Lacroux, S.V.P. ? », ce S.V.P. est-il
une abréviation (prononcez-vous s’il vous plaît ?)
ou un sigle (prononcez-vous esse vé pé ?) ?
Mais…
ce n’est pas au lecteur de résoudre le problème ! c’est au
scripteur ! Si celui-ci, par une étrange lubie, veut que l’on
considère ces trois lettres comme un sigle, il n’a qu’à écrire S.V.P.
(ou éventuellement SVP, beurk…) ; s’il souhaite, avec
raison, que ce soit une abréviation, il écrira S. V. P. ou
éventuellement s. v. p., voire s.v.p… Si enfin il
désire écrire en français et plaire à son correspondant, il
emploiera la formule la plus simple : s’il vous plaît…
J.
FONTAINE :
Devrait-il être en caps ou en bas de casse ?
Pour
S. V. P. ou s. v. p., aucune importance, puisque
leur emploi est familier… Quitte à se relâcher, autant le faire à
fond… Remarque courageuse… car elle rend dérisoire la première
partie de ma réponse !…
En
revanche, T. S. V. P. (abréviation absurde qui figure
parfois dans des documents se voulant « soutenus »)
devrait être composée en caps comme la plupart des abréviations
« autonomes » (non intégrées au texte courant, soit
qu’elles soient isolées dans la page, soit qu’elles jouent un rôle
de titre) : N. D. L. R., P.-S., etc.
J.
FONTAINE :
Et manque-t-il un point d’interrogation à la fin de ma première
phrase ?
Oui…
R. S. V. P. ?…
À
F.L.L.F., du 6 au 11 janvier 2000.
R.
BUDELBERGER :
De même que les Philippe ou Claude conséquents abrègent en Ph.
et Cl.
De
même que ?… Ben alors, on confond l’abréviation
graphique avec le couple sigle/acronyme ?… Rien à voir
pourtant… Vous épelez paix hache ou vous lisez au long
dans le genre ffffff… ? Moi, je lis filip…
Tenez,
encore un petit résumé… dont la présentation hiérarchisée (du
dérisoire à l’important) fera plaisir aux linguistes… (Comme quoi,
nous, dans le camp des graphocentristes forcenés, nous savons
écarter nos œillères quand c’est nécessaire…)
L’abréviation
(Mme, acad.), au sens strict, s’effectue à l’écrit
et elle y reste. Elle n’a aucune incidence sur l’oral. C’est donc
un procédé sans grand intérêt mais soumis à de très strictes
règles de formation et d’emploi.
ÉCRIT > ÉCRIT.
La siglaison (C.G.T., OTAN, ovni) s’effectue elle aussi à l’écrit… mais elle se répercute à l’oral. C’est donc un procédé fécond, risqué, qui enrichit le lexique, directement et par dérivation. Il obéit à des règles de formation mais non d’emploi.
ÉCRIT > ORAL.
La troncation (prof, fac) s’effectue à l’oral et se répercute à l’écrit. Elle ne dépend que de la volonté des locuteurs et des scripteurs. Ce n’est pas une activité de bureau mais de plein vent, c’est là son immense mérite.
ORAL > ÉCRIT.
D.
DIDIER :
Il existe des abréviations qui passent à l’oral et qui sont
prises comme des noms entiers.
Oui,
et de nombreuses. Dès lors, ce ne sont plus des abréviations au
sens strict. Selon les cas, elles deviennent des sigles, des
acronymes ou coïncident (totalement ou partiellement) avec une
troncation. Cela ne change rien au processus initial (formation).
Il s’agit d’un changement de catégorie, souvent ponctuel. Des
retours au bercail s’observent. Encore une fois, et quoi qu’en
pensent les touristes, les horribles graphocentristes
orthotypochoses défendent la liberté du scripteur : vous
pouvez écrire p.-d. g. (abréviation), P.-D.G. ou P.D.G.
(sigles), et même pédégé et président-directeur
général… L’essentiel est de savoir ce que l’on veut
transmettre à un lecteur éventuel.
Si
par ces exemples vous voulez expliquer que la
« lecture » d’une abréviation dépend de sa
compréhension, je vous approuve sans la moindre réserve. Par
exemple, si tout le monde lit p. ex. (par exemple),
plus rares sont ceux qui comprennent del., pourtant
classique. Tout le monde lit V. Hugo : victorugo.
Avec H. Durand, c’est plus problématique, surtout s’il
s’agit de Hans Durand.
Le
statut est très instable (du secret à l’évidence) dans les
abréviations dites de discrétion, beaucoup moins dans les
abréviations dites de décence…
Les
problèmes liés à loc. cit. ou sqq. (déjà évoqués
ici) me poussent à militer pour des abréviations
« françaises » lues aisément par tous, du genre p.
suiv.). Je passe une partie de ma vie à récrire la prose
d’universitaires (littéraires paraît-il, ou humano-scientistes).
J’en ai fréquenté des mecs qui ne savaient pas trois mots de latin
(comme ma pomme, si quand même, il doit bien m’en rester une
petite vingtaine) mais qui tenaient à leurs loc. cit.,
histoire sans doute de pouvoir se foutre de la gueule de
malheureux rombiers lisant loksit ou locution citée).
D.
DIDIER :
Cap (et vous le faites souvent).
Évidemment.
C’est une troncation (d’où la marque du pluriel : caps).
Je prononce kap et non kapital. Si je l’employais
comme abréviation, j’écrirais cap., avec un point
abréviatif, sans marque du pluriel (comme dans p. cap.
pour petites capitales).
D.
DIDIER :
Cf. = (céheffe), etc. (Voui ! je l’ai entendu épelé !
et de la part d’adultes.)
Vous
ne les détrompez pas ? Et s’ils disent « est-ce
cucul » pour « pages suivantes » (sqq.), on
les laisse déconner joyeusement ?
D.
DIDIER :
Mo, MHz chez tous ceux qui découvrent les micros.
Il
ne s’agit pas d’abréviations (ni de sigles), mais de symboles,
catégorie très particulière qui se subdivise en plusieurs
sous-catégories selon les domaines. Les symboles des unités de
mesure sont proches des abréviations (prononciation de la forme
développée), les symboles chimiques en sont très éloignés…
II.
B a ba, c.-à-d. et S. À R.L.
À
Typographie, le 30 janvier 1998.
Si
l’on prononce « société à responsabilité limitée », pas
de problème : S. À R. L. ou (éventuellement…) s.
à r. l.
L’ennui,
c’est qu’ils sont bien rares les locuteurs consciencieux…
Dommage !
Si
l’on prononce « est-ce à airelle », S. À R.L. a
ma préférence mais… cette graphie a deux graves défauts :
—
elle n’est employée par personne, ou presque (alors que la
prononciation qu’elle implique est la plus fréquente…) ;
—
l’espace médiane est troublante (on peut évidemment écrire S.
ÀR.L., mais c’est pire… Quant à S.À.R.L., son point
abréviatif qui n’abrège rien me fait trop souffrir…).
Si
l’on prononce sarle, on a droit à SÀRL ou SARL…
Ceux qui composent les vrais sigles (épelés) sans point abréviatif
(ils ont tort !) peuvent également recourir à ces formes en
principe réservées aux acronymes…
Tout
ça pour dire qu’il est illusoire de vouloir imposer une graphie
unique à un machin dont la prononciation n’est pas figée… en des
temps où la graphie des abrègements divers est elle-même en plein
pastis…
T.
BOUCHE :
À mon point de vue, qui vaut ce qu’il vaut, donc rien, S.À.R.L.
est aberrant, tandis que S.A.R.L. est assez cohérent (en
plus, le point qui suit le A est bien abréviatif
puisqu’on a abrégé (verticalement) la lettre À).
Pas
con… Perché sur cet angle aigu, l’accent grave ne pouvait tenir
longtemps, il a glissé, est tombé à droite et gît au sol,
fracassé, réduit à presque rien.
À
F.L.L.F., le 23 mars 2000.
D.
B. : Vous nous aviez promis de chercher des exemples où un
mot d’une lettre écrite en minuscule s’abrégeait (si l’on peut
dire, car il s’agit plutôt d’un allongement) par ladite lettre
suivie d’un point, comme le c. de c’est-à-dire.
Mais…
si ma mémoire ne me joue pas un vilain tour, j’ai tenu ma promesse
(m’étonnerait d’ailleurs que j’aie « promis » quoi que
ce soit…). Je crois bien avoir immédiatement répondu avec s.v.p. !
« s. » pour s[’il], comme
« c. » pour c[’est].
À
F.L.L.F., le 14 janvier 2002.
A.
D. : Je sais qu’elle [la dictée de Bernard Pivot] a
mauvaise presse chez certains.
Je
n’ai pas regardé l’annuelle pantalonnade, mais ce que j’ai entendu
ce matin à la radio conforte mon sentiment. Ainsi, il serait
fautif d’employer une autre graphie que b.a.-ba… Ah !
les braves gens… Demandez-leur ce qu’abrègent les deux points
abréviatifs.
D.
B. : Ne les appelez pas abréviatifs.
Finals ?
Non… Alors ? Séparateurs ? comme dans noos.com
ou EUR 10.50 ? Sans moi…
D.
B. : Ce sont les mêmes points décoratifs que ceux de l’A.B.C.
du Petit Robert.
Hum…
Dans le Petit Robert, moi, je vois a b c (et dans
le Petit Larousse : abc…).
Merveille
de la cohérence : le renvoi qui figure à l’entrée robertienne
b.a.-ba [sic] (où la seule citation donne la graphie
b a-ba…) est a. b. c., mais l’entrée est
heureusement a b c, sans la moindre trace de point,
abréviatif ou non. Son « vaste réseau de renvois » est
une des fiertés du Petit Robert : il faut s’en
servir, c’est instructif.
D.
B. : Tant que le Monde ne se ralliera pas à la
capuscule, vous devrez souffrir.
J’ignore
ce qu’est une capuscule, mais je ne souffre pas : je ne lis
plus le Monde depuis des années. Sauf quand on me signale
que ce quotidien aborde certains sujets : alors, je me
précipite sur lui, car j’aime bien me marrer. Le dossier consacré
à sa nouvelle formule et à sa typographie est emblématique :
les neuf premières lignes offrent six fautes typographiques
graves…
À
F.L.L.F., le 23 mai 2002.
J.-C.
MARIOTTE :
Et peut-on abréger indifféremment en c’-à-d ou c-à-d
ou càd ?
Rien
de tout ça… (Je sais, certains « typographes » tolèrent
c-à-d, que la honte soit sur eux pour les siècles des
siècles.) Une seule forme « correcte » (quoique
discutable…) : c.-à-d. (Pas de point abréviatif après
« à ».)
S.
JEAN :
Les abréviations étant personnelles…
Ah ?…
Même les abréviations conventionnelles ?
S.
JEAN :
…je propose le plus simple : càd, càd.
Et,
par exemple, pex pour par exemple et chl
pour chef-lieu ?
S.
JEAN :
Aucune abréviation n’est admise dans les devoirs.
Pas
même etc. ? Pas même no ou Mme,
qui dans certaines circonstances sont pourtant obligatoires ?
III.
P.-D.G. et P.D.G. : sigle ou abréviation ?
À
Typographie, les 17 et 18 mars 1998.
J.
FONTAINE :
Tiens, personne n’a pensé à p.-d. g. ? C’est la
graphie à laquelle je me serais attendu.
C’est
effectivement une graphie possible… si l’on souhaite que p.-d.
g. (avec une espace) soit considéré comme une abréviation
(lue : président-directeur général) et non comme un
sigle (lu : pédégé)…
Si
c’est un sigle, je préfère P.-D.G. (ça me fait tout drôle
d’être d’accord avec Hanse sur ce point), mais P.D.G. est
acceptable… Cela dit, je milite (sans espoir) pour la suppression
de ce genre d’emplois…
T.
BOUCHE :
« Jean-Pierre Lacroux »… qui s’abrège donc en j.-p.
l. ?
[…]
Il s’agit de deux prénoms et d’un patronyme, qui sous leur forme
complète ont chacun droit à une majuscule initiale. L’abréviation
est nécessairement : J.-P. L.
En
revanche… pour « président-directeur général », qui n’a
droit à aucune majuscule initiale, l’abréviation est « p.-d.
g. » ; le sigle, « P.-D.G. » ou
« P.D.G. »… Seuls ceux qui accordent des majuscules
flagorneuses à cette fonction se retrouvent dans la confusion… et
c’est bien fait !
J.-D.
RONDINET :
Halte là ! Sans discuter sur la div […] le reste ne va pas
du tout : des caps dans l’abréviation aux mots qui ont des
caps quand ils sont écrits au long ?
Ben
oui… c’est une des règles de l’abréviation… je dis bien de
l’« abréviation »… C’est pas con… ça permet de
distinguer Acad. et acad., Angl. et angl.,
ou, plus vicieux, Alg. et alg… La siglaison, c’est
une autre affaire ! Il se trouve que les
présidents-directeurs généraux sont plus siglés qu’abrégés. Il
convient donc d’écrire P.-D.G. ou P.D.G. (voire PDG,
si l’on a affaire à des extrémistes), formes lues pédégé,
mais je ne vois pas ce qui pourrait m’interdire d’abréger ce mot
composé, et, dans ce cas, j’écrirai p.-d. g., forme lue président-directeur
général ou présidents-directeurs généraux !
J.-D.
RONDINET :
Je te somme de t’expliquer !
Pour
l’abréviation, le fait que les mots qui ont une capitale initiale
la conservent dans la forme abrégée n’implique pas que les mots
qui n’en ont pas ne puissent pas en acquérir une dans la forme
abrégée… C’est par exemple le cas pour les abréviations autonomes,
du genre P.-S. (post-scriptum). À propos de la div…
t’écris ça P.S. ?
IV.
Abréviations au pluriel
À
Typographie, le 7 mars 2001.
L.
BENTZ :
Je souhaiterais savoir si les abréviations s’accordent au
pluriel.
Non.
L’idée même est absurde, bien qu’elle soit admise par de nombreux
experts… […]
L.
BENTZ :
Pour les abréviations, il y a de nombreux cas d’espèces (MM.
est ainsi un pluriel pour M., MMmes pour Mme).
Non…
MM. n’est pas le pluriel de M., abréviation
(navrante…) de Monsieur, c’est l’abréviation de Messieurs.
Mmes n’est pas l’abréviation de Madame
plus la marque du pluriel, c’est l’abréviation de Mesdames…
Rien
de plus simple !
À F.L.L.F., le 19 décembre 2001.
T.
DONOT :
Pour donner les pages d’une citation dans une dissertation,
devrais-je écrire p. 10-12, ou pp. 10-12 ? Merci d’avance.
P.
10-12. Je sais, certains arriérés défendent pp., mais
il faut être franchement faible d’esprit pour s’imaginer que
d’autres crétins vont croire que de la page 10 à la page 12 il n’y
a éventuellement qu’une page… et qu’il est donc indispensable
d’accorder une marque archaïque du pluriel à l’abréviation de
« page », afin de bien faire comprendre que de la page
10 à la page 12 il y a effectivement plusieurs pages… Le seul
emploi tolérable pourrait être pp. suiv., qui diffère
(parfois très peu) de p. suiv., mais trois secondes de
réflexion suffisent à comprendre que c’est à peine moins idiot…
Remarque
annexe… La virgule signifie et. Le trait d’union signifie
à. Donc p. 10, 11… et p. 10, 12 si la page
11 est exclue.
IN
ILLO
TEMPORE :
Je sais, certains arriérés défendent pp. Oui, moi.
Exemple : les RR. PP. jésuites.
Certainement
pas. Dans une telle occurrence, l’emploi de l’abréviation est
lourdement fautif, même chez les loyolistes. Vous auriez été mieux
inspiré en proposant : les RR. PP. Dugland et Dugenou…
Mais revenons à nos moutons. Ainsi, vous défendez pp. pour
pages… Comme je sais que vous n’aimez pas les exceptions,
je suppose que vous abrégez tomes I à IV en tt. I-IV,
vers 12 à 18 en vv. 12-18, lignes 43 à 56
en ll. 43-56 ? Si c’est le cas, vous devez vous
sentir bien seul, parfois.
IN
ILLO
TEMPORE :
Blaise Pascal, les Provinciales, ou les Lettres écrites par
Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP.
Jésuites.
Arf !
C’est bien ce que je pensais… Quand vous ouvrez un livre, vous
vous arrêtez à la page de grand titre et à ses fantaisies
typographiques (imprimées à Cologne). Vous avez tort. Il faut
tourner les autres pages. Pascal, c’est bien, c’est intéressant,
et quel style ! Je vous suggère, non de vous plonger
immédiatement dans le texte, n’exagérons pas, mais de simplement
lire les premières lignes des lettres 12 à 16… Vous découvririez
ceci : « Douzième (Treizième, etc.) Lettre aux Révérends
Pères Jésuites. »
C.
CHALAND :
J’ignorais que pp. était une marque du pluriel. Je
m’endormirai moins ignare ce soir.
Ne
vous endormez pas trop vite. Ce n’est pas pp. qui est une
marque archaïque du pluriel… c’est le redoublement ! Comme
dans le si fréquent MM., ou le grotesque LL. AA. SS.
ou le RR. PP. d’In vivo tempéré.
V.
Abréviations d’origine étrangère
À
Typographie, le 12 mars 1999.
O.
RANDIER :
Qu’est-ce que ça donnerait si on le composait au long ?
[Par exemple :] Post-scriptum. Bla bla bla…
Post-scriptum : Bla bla bla… Post-scriptum — Bla bla bla…
La deuxième solution me paraît de loin la plus logique.
Pas
d’accord… Après tout, P.-S. est une sorte d’intertitre, et
l’on évite généralement de mettre un deux-points après un
intertitre (car, sans alinéa, ce qui est annoncé par le
deux-points est souvent perçu comme s’achevant avec le premier
point). C’est la même chose pour Remarque, tu ne composes
pas Remarque : Blaaa. Blaaa, mais Remarque.
— Blaaa. Blaaa.
La
première forme (P.-S. Blabla) est correcte, mais… je
préfère […] P.-S. — Blabla.
Pas
pour la raison évoquée plus haut (ici, il faut bien le dire, les
risques sont nuls…), mais parce que les autres ont des
inconvénients…
Exemples :
P.-S. G. Duhamel ne dit pas le contraire. P.-S. : Il m’a
dit : Blabla.
(Je
ne vois pas ce qui pourrait interdire ici la cap initiale après le
deux-points, mais pour ceux qu’elle gêne on a : P.-S. :
c’est ici : blabla, qui ne vaut guère mieux.)
Cela
dit… cette préférence est stupidement typographique : sauf
chez les vendeurs de grosses ficelles, un post-scriptum composé
n’a réellement de sens que dans la restitution fidèle d’une
missive manuscrite… Si le terme ou son abréviation y figure… ce
qui est loin d’être toujours le cas : l’art épistolaire
n’imposait pas que l’on qualifie lourdement les évidences… Un
jour, on nous demandera peut-être d’écrire « date »
avant la date. Par ailleurs… beaucoup de post-scriptum nous
viennent d’époques où l’on abrégeait P. S., sans trait
d’union…
De
nos jours (où le texte en train de naître à l’écran est moins
fâcheusement figé que sur une feuille), les post-scriptum
(variante « post-script », hélas tombée en désuétude) ne
valent pas mieux que la plupart des notes : hormis
quelques-uns (farceurs, précieux ou prémédités, genre smiley pour
intellographes), ils sont l’indice d’une paresse, d’une
désinvolture ou d’une incapacité (temporaires ou permanentes). On
est donc en droit d’espérer qu’ils se raréfient (même si la petite
fille Espérance n’a ces jours-ci pas bonne mine).
À
Typographie, le 10 novembre 2000.
F.
FEDER :
Une petite question toute simple…
Hihi…
F.
FEDER :
… qui concerne les locutions latines couramment utilisées telles
que s.l., s.s., i.e., e.g.,
etc. ! Je les mets (évidemment) en italique mais je me
demande si il y a des règles pour les écrire en toutes lettres
ou pas… et quand.
D’abord,
deux rappels…
1.
La caractéristique fondamentale de l’abréviation (au sens strict)
est de n’être qu’une réduction graphique : la forme
développée est lue… sinon, il ne s’agit pas (ou plus…) d’une
abréviation, mais d’autre chose (sigle, symbole, pitrerie
hapaxienne, etc.) qui obéit à d’autres règles…
2.
Un mot ou une expression qui sous sa forme développée se compose
en italique se compose également en ital sous sa forme abrégée…
sinon, il y aurait de quoi perdre son latin et quelques autres
langues. […]
Vos
exemples appartiennent à des catégories bien différentes.
Pour
moi, s. l. n’abrège plus une locution latine, mais sans
lieu [de publication]. En romain, donc.
Pour
s.s., je suis dans le flou. C’est quoi t’est-ce, n’en quel
contexte ?
Si
etc. appartient à la liste… en romain aussi. Ce n’est plus
du latin, c’est du français… depuis fort longtemps.
Si
vous tenez aux anglo-latinismes (à ne pas confondre avec les
anglicismes latinos) i.e. et e.g., problème… et
pas simple… Why ? Primo, je ne suis pas sûr qu’il s’agisse
encore d’abréviations pour les francophones (ni pour la plupart
des anglophones et assimilés, mais ce n’est pas notre problème…).
Rares sont ceux qui liront et prononceront id est et exempli
gratia. Nous avons donc affaire à d’étranges symboles (au
mieux… quand le « sens » est perçu…), ou à des sigles
insensés (hiheu, eugé…), ou à des ognis (objets
graphiques non identifiés).
Deuzio,
les anglophones composent ces deux abréviations en romain (alors
qu’ils composent — les bons, parce qu’il y a aussi des mauvais
chez eux, et en nombre… —, par exemple et comme nous, et al.
ou op. cit. en ital… mais, là encore, c’est leur problème)
et sans espace entre les éléments. Or, dans les textes composés en
français, l’emploi de plus en plus fréquent de ces fausses
abréviations tient plus au mimétisme irréfléchi qu’à autre chose…
Donc, quitte à se conformer au modèle que l’on a
« choisi » en connaissance de cause, autant s’y
conformer jusqu’au bout… Dans ce secteur, je suis pour la
politique du pire… (Plus sérieusement… je vous conseille quand
même l’ital…)
Troizio
et en conclusiondo, rien ne vaut c.-à-d. et p. ex.,
que tout lecteur francophone comprendra sans peine, mais qui, il
est vrai et par ce simple fait, sont infiniment moins classieux…
F.
FEDER :
Pour qu’un document soit homogène, faut-il donc que toutes ces
expressions soient en abrégé systématiquement ou est-ce au bon
goût de chacun ?
« Chacun »
a le plus souvent mauvais goût… donc, ne pas s’y fier. Le principe
(ça faisait longtemps…) est le suivant : si l’on emploie une
forme abrégée dans une circonstance donnée, elle devra être
systématiquement et obligatoirement employée dans toutes les
circonstances similaires. C’est une des « règles » les
plus motivées de l’orthotypographie ! Elle aide grandement le
lecteur et, contrairement aux apparences, elle est très peu
contraignante, pour peu que l’on ait en permanence à l’esprit la
notion de « circonstance similaire ». (Ceci n’est
évidemment pas valable pour etc. et pour quelques autres
abrév. entrées dans l’usage courant… Il n’est pas né celui qui
nous interdira d’écrire, à l’occasion, pour rire ou pour
pontifier, un petit et cetera impromptu…)
À
F.L.L.F., le 3 décembre 2000.
R.
BUDELBERGER :
P.-S. : Bravo, vos « P.-S. : » ! Vous
avez appris ça ici ? Savez-vous qu’il y a deux
écoles ?… Trois, même, en comptant l’une qui dit qu’après
tout, il n’y en plus besoin (de post-scriptum)…
Non,
deux… car la bonne (P.-S.) est aussi celle qui considère
que ces machins sont désormais inutiles ou, à tout le moins,
franchement discourtois ou niais, pour ne pas dire très cons, car
à qui fera-t-on croire qu’une signature électrochosée ne peut se
déplacer ?
P.-S. :
La niaiserie se pare souvent d’oripeaux burlesques.
À
F.L.L.F., le 1er février 2001.
D.
PIVARD :
Quelle est l’abréviation correcte de confer ?
Cf.
avec point abréviatif, puisque f n’est pas la dernière
lettre de confer… Cf. vx… où x est la dernière lettre de
vieux.
D.
PIVARD :
Le Robert donne Cf (sans point), le Larousse
Cf. (avec un point).
De
quelle édition de quel Robert parlez-vous ?… Chez Larousse
comme chez Robert, le point abréviatif s’impose…
D.
PIVARD :
Faut-il mettre le C en majuscule si le confer en
question introduit une remarque entre parenthèses ?
Dans
la plupart des cas, non : Xxxxxx (cf. xxxx).
Parfois,
si : Xxxxxx. (Cf. xxxx.) Xxxxx.
Ici,
le jeu de l’initiale minuscule ou majuscule obéit à la règle
commune des termes communs…
À
F.L.L.F., le 24 mars 2002.
R.
CHRI :
Je vois que le Robert donne P.-S. tandis que le Grevisse
(§ 111, a, 1) note P.S. sans que d’ailleurs ce dernier dise que
l’autre abréviation ne serait pas correcte.
En
français, « post-scriptum » n’est pas une locution mais
un substantif. Le Robert a donc raison, évidemment (post-scriptum
> P.-S.), mais Grevisse ne commet pas une
« erreur » orthotypographique en abrégeant ainsi,
puisqu’il écrit post scriptum… S’il faut le critiquer,
c’est sur la graphie de la forme développée.
À
F.L.L.F., le 2 mai 2002.
J.-C.
MARIOTTE :
1° comme primo, etc.
En
bonne typographie, non. Le « o » de primo (et
de ses frères, ainsi que celui de recto, verso, etc.) n’est pas un
degré mais une lettre supérieure.
Dans
l’usage rustique […], la substitution est admissible (puisqu’elle
est inévitable…). Toutefois, elle présente un risque :
l’acquisition d’automatismes néfastes.
VI.
Abréviation des prénoms et des noms
À
F.L.L.F., les 7 et 8 novembre 2000.
M.
GUILLOU :
Il s’agit bien, quand on les écrit, d’éléments séparés. Pourquoi
faudrait-il les accoler quand ils sont abrégés ? Non, j’ai
beau chercher, je ne vois aucune raison de ne pas les séparer
d’une espace.
D’accord
pour l’espace, bien sûr, mais attention ! ton argument doit
être manié avec précaution… Les espaces sont aujourd’hui réservées
aux abréviations véritables mais ont été abandonnées dans les
sigles (qui, développés, sont pourtant composés d’« éléments
séparés »…).
Donc…
John Fitzgerald Kennedy peut s’écrire : John F.
Kennedy, J. F. Kennedy (espace insécable entre
toutes les initiales), J.F.K. (pas d’espace), voire, pour
les globalisés du bulbe, JFK.
Cela
dit… je pense que l’abréviation des prénoms dans les
bibliographies est une sale manie qui ne rend pas au lecteur le
service qu’il est en droit d’attendre…
Dans
le texte, il est légitime d’écrire H. G. Wells, mais dans
une bibliographie, rien ne vaut WELLS
(Herbert George).
Le
cas de Wells est évidemment peu probant… mais quand le lecteur a
droit à DUBOIS
(J.) pour Jean Dubois et Jacques Dubois,
y a comme qui dirait de l’abus… et même du foutage de gueule…
J.
ANDRÉ :
Dans le monde des bibliothécaires (fiches, catalogues, etc.) on
met des points sans espace. Par exemple la norme Z44-080 [de
l’Afnor] dit explicitement (paragraphe 4.3.5) que « le
point est équivalent à un espace » et donne comme exemple
A.W. Mellon.
Le
4.3.5 ne traite pas des patronymes et des prénoms, mais des
titres… Deuzio, l’extrait que tu cites ne signifie pas que le
point exclut l’espace… mais qu’il a la même « valeur »
de classement (et celle-ci est nulle… sauf en cas d’homographie ou
de confrontation avec d’autres signes non alphabétiques). Le texte
complet est celui-ci : « Initiales et sigles : on
classe sur la forme transcrite, en fonction de la hiérarchie des
caractères de classement (voir 5.1) : le point est équivalent
à un espace. » [Sic à tire-larigot…] Si cette phrase
(certes rédigée par un normalisateur approximatif…) avait le sens
que tu lui accordes, il leur faudrait écrire V. Hugo ou J.
André…
Je
sais bien que ces gens-là sont capables de tout… mais quand même…
C’était juste pour pinailler… car la norme Z44-080 (et ses sœurs…)
est une sinistre farce, un recueil d’erreurs à éviter… hors des
cercles obscurs de l’archéocatalogage…
J.
ANDRÉ :
Les divers manuels de bibliothécaires que j’ai regardés ne
précisent pas cette règle, mais par exemple écrivent
systématiquement : DUPONT
J.-P.
Encore
heureux… Il n’y a pas d’espace dans la forme développée. (Le fait
que l’on n’en introduise pas une ici n’implique pas qu’il faille
supprimer celles qui existent ailleurs…)
J.
ANDRÉ :
Certains comme le Ramat font même un distinguo en
fonction du nombre de lettres (n. m. mais p. ex.).
Il
ne s’agit plus de sigles mais uniquement d’abréviations associant
deux éléments… réduits chacun à une seule lettre… et intégralement
composées en bas de casse… La distinction effectuée par le Ramat
est discutable, mais c’est une autre histoire…
À
Typographie, le 5 novembre 2001.
A.
JUILLY :
Extrait du livre d’Albert Doppagne, Majuscules,
abréviation, symboles et sigles : « Quand le prénom
commence par un digramme (groupe de deux lettres représentant un
seul son), on garde les deux lettres. Ch. pour Charles,
Gh. pour Ghislain, Ph. pour Philippe, Th.
pour Thérèse, etc. »
Dans
l’opuscule cité, Doppagne dit beaucoup de bêtises, aussi n’est-il
pas nécessaire de lui en attribuer d’inédites… Il écrit :
« Digramme (groupe de deux consonnes représentant un seul
son). » Certes, sa parenthèse malmène monstrueusement la
définition de « digramme » — de ce point de vue, vous
avez eu raison de la rectifier… —, mais elle a le mérite de ne pas
perturber le lecteur… En effet, si l’on s’en tient à la seule
définition valide de « digramme » et à votre
« citation » de Doppagne, il faudrait abréger
ainsi :
André,
Antoine
|
|
An. |
Auguste,
Aurélien
|
|
Au. |
Aimé
|
|
Ai. |
Eulalie
|
|
Eu. |
Oussama
|
|
Ou. |
Etc. Sans oublier les trigrammes :
Henri
|
|
Hen. |
Bref,
sauf pour ceux qui auraient l’audace cohérente d’écrire « E.
Th. A. Hoffmann », le mieux est d’oublier cet usage ingérable
et d’abréger (quand c’est nécessaire, ce qui devrait être
exceptionnel…) par la seule initiale.
VII.
En vrac :
Dr, S.N.C.F, V.G.E. et autres problèmes
À
Typographie, le 6 mai 1997.
S.
WALTER :
À propos, peut-on couper un sigle en bout de ligne ? La
réponse me semble être trivialement « oui », mais
j’aimerais une confirmation.
On
ne coupe pas les sigles et les acronymes en fin de ligne, pas plus
que les abréviations et les symboles. En revanche, rien n’interdit
de couper leurs dérivés et les acronymes lexicalisés.
À
Typographie, le 18 mars 1998.
J.-D.
RONDINET :
Remarque que je ne mets pas de div car ça m’entraînerait par
exemple à l’abréviation L-RNA-S-M pour « lance-roquettes
nucléaires anti-sous-marins ». Ça serait laid… sans compter
que notre « cher » logiciel de mise en pages césurera
à toutes les div.
L-RNA-S-M
n’est pas une abréviation…
Dans
une abréviation, faut des div… comme dans c.-à-d., ch.-l.
ou P.-S… : l.-r. n. a.-s.-m. Si c’est un
sigle : L.-R.N.A.-S.-M. (t’as raison, c’est
franchement moche*) ou L.R.N.A.S.M. Pourquoi pas un
acronyme ? LARNASM…
*
Mais à qui la faute ? Faut imposer des règles qui mettent le
nez des sigleurs obsessionnels dans leur propre merde… C’est la
voie du salut! Ils se calmeront peut-être… Quant aux logiciels,
faut les tenir en respect avec des traits d’union insécables.
À
Typographie, le 12 mars 1999.
F.
GUILLAUME :
Il me paraît pourtant clair que l’usage tend à supprimer les
points et les espaces dans les abréviations courantes.
Ah ?
Voici ce qu’il est convenu d’appeler des abréviations
courantes : etc., p. ex., loc. cit.
Vous écrivez etc, pex, loccit ?
F.
GUILLAUME :
Qui n’utilise pas SNCF ? ANPE ?
Moi,
et quantité de gens mal informés. Il est vrai que notre bon JO
sort de l’IN.
À
Typographie, le 16 juillet 1999.
J.
ANDRÉ :
Doit-on en conclure que l’on n’abrège pas tableau ?
On
peut très bien abréger en tabl…
Le
problème de tab. est que cette forme introduit une
nouvelle exception à la sacro-sainte règle de l’abréviation
régulière par apocope (après une consonne et avant une
voyelle…). Comme il ne s’agit pas d’une abréviation
conventionnelle entrée dans l’usage (on a déjà l’ignoble liv.,
ça suffit comme ça…), il faut la refuser !
J.
ANDRÉ :
Ce qui est cocasse c’est que le tapuscrit abrège table en tabl.
(ce qui revient à remplacer 5 lettres par 4 lettres et un
point !
Cette
cocasserie est une erreur grôssiaire… Interdiction formelle
d’éliminer une seule lettre ! Règle à respecter ! car,
même si elle n’est pas connue en tant que telle, elle est
« perçue » par la quasi-totalité des lecteurs. Pour eux,
angl. n’évoque jamais un angle ! Exceptions évidemment
admises : les mots pris dans une expression abrégée dans son
intégralité, par exemple s. l. n. d. (sans lieu ni date),
loc. cit. (loco citato).
À
Typographie, le 29 janvier 2000.
É.
ANDRIEU :
Pour une note : Philon (20 av. J.-C.-54 ap. J.-C.),
existe-t-il une façon d’écrire ces dates avec peut-être un peu
moins de tirets et plus de légèreté ?
Pas
vraiment… Y a même encore plus lourd… En tout cas, jamais de ap.
mais apr. ! Et des espaces autour de la
séparation ! sinon elle est perçue comme un moins… ce qui
n’est pas souhaitable pour une date de notre ère…
À
Typographie, le 1er mars 2000.
SCON :
Personnellement, j’ai toujours utilisé à l’écrit fév.
pour abréger février (car trois lettres au lieu de sept, cela me
semble une bonne affaire tandis que quatre au lieu de sept,
c’est même pas la moyenne…). J’ai certainement tort.
Oui…
SCON :
Mais pourquoi ?
Parce
que, sauf exceptions hélas conventionnelles (du genre liv.
pour livre), on coupe après une consonne et avant une
voyelle… Règle très utile et à respecter impérativement… Elle
permet, par exemple, de savoir que cosmog. abrège cosmogonie
et non cosmographie (cosmogr.).
SCON :
Abrège-t-on févr. parce que fé. est trop court
et févri. trop long (et ridicule à l’oreille) ?
L’oreille
n’a rien à voir et encore moins à entendre ici. L’abréviation (au
sens strict) est uniquement graphique. On « lit » la
forme complète. Si l’on n’y parvient pas, c’est que la graphie est
obscure, mal adaptée au lectorat.
À
F.L.L.F., le 30 novembre 2000.
C.
MICHEL :
Si je suis d’accord avec [des lettres en exposant] pour numéro
et premier, il me semble que l’abréviation Dr
pour Docteur ne nécessite pas cette surélévation. Ai-je
tort ?
Tout
dépend de ce que vous entendez par « nécessite »… et du
lieu des éventuelles nécessités.
D’abord,
il faut rappeler qu’en France « docteur » n’est pas un
titre de civilité. Point très important… Par conséquent, il n’est
jamais nécessaire (obligatoire…) de l’abréger. Ce qui ne signifie
évidemment pas que cela soit toujours interdit…
Tous
ceux — et ils sont nombreux… — qui considèrent que Dr
appartient strictement à la même série que les abréviations des
titres de civilité (M. ou Mr, Mme, Mlle,
Me, Mgr) se plantent… Un indice : dans
quelles circonstances pouvez-vous employer, au sein d’une phrase
et devant un patronyme, le terme docteur sans
article ? Lorsque vous vous adressez à un docteur. Donc,
déjà, dehors l’abréviation, du balai, faute grave…
Maintenant,
associons un docteur à un quidam quelconque, à une dame, à une
demoiselle, à un avocat et à un évêque… et évoquons tout ce beau
monde : « Hier, j’ai rencontré M. (ou Mr)
Dugenou, Mme Machin, Mlle Untel, Me
Ruban, Mgr Dupanloup et… Dr
Duberger » ? Non, évidemment : « Le
docteur Duberger ». Pour un docteur en médecine (les autres
ne comptent pas…) français impliqué dans une phrase française, la
graphie « le Dr Duberger » ne serait pas
atrocement fautive (milliers d’exemples disponibles…), mais elle
est foutrement déconseillée… Kif-kif pour les
« professeurs » abrégés…
Dans
les « textes » où le recours aux abréviations « non
obligatoires » est légitime (biblios, notes, annuaires,
tampons encreurs, plaques d’immeuble, etc.), l’abréviation Dr
est évidemment correcte.
Quant
au r supérieur… ça dépend aussi… Il est très fortement
conseillé, mais il ne peut hélas être imposé… Pourquoi ?
Parce que la seule obligation motivée concerne les abréviations où
l’absence de lettre supérieure engendrerait une
« lecture » indésirable (ro, vo, no…)
et parfois une graphie identique à une forme développée : Me
pour « maître », Con (vieux) pour
« canton », Bonne pour « baronne »…
Toutefois, si l’environnement technique le permet (ce qui est de
plus en plus souvent le cas), il est plus que préférable
d’employer systématiquement les lettres supérieures.
Fin de la
troisième partie
Lire la première partie
(« Définitions »)
Lire la deuxième partie
(« Quelques abréviations »)